Ce jour là, s'il semblait ordinaire, ne le serait pas. Tumaïni grandissait, vite et bien. Mapinduzi n'aurait pu être plus fier de son fils. Malheureusement, le chef de troupeau ne pouvait se permettre de laisser son fils profiter entièrement de son enfance. Il se devait de le former. Une chance cependant : le jeune appréciait ces moments en compagnie de son père et semblait ravi de son apprentissage afin de devenir un chef de troupeau exemplaire, comme son Papa, ajoutait-il. Ces paroles faisaient toujours s'afficher un sourire sur le visage de Mapinduzi, le grand cornu n'y pouvait rien.

Comme à son habitude, donc, Mapinduzi alla retrouver son fils. L'enfant, d'abord tout joyeux, perdit vite son sourire lorsqu'il vit la mine sérieuse de son père. Il ravala sa salive, demandant même à l'hippotrague s'il avait fait une bêtise. Le cornu secoua doucement la tête avant de se mettre en marche.

- Fils, j'ai à te parler. Suis-moi.

Il inspira profondément avant de continuer :

- Un jour, Fils, tu prendras ma place en tant que chef. Sache alors qu'il te faudra prendre des décisions difficile des fois. Des décisions que beaucoup verrons comme pure folie... Mais ça ne veut pas dire que ce ne sont pas les bonnes. Ce jour là, Fils, il faudra que tu te fasses confiance.

Attentif, l'enfant fixait son père avec intérêt.

- D'accord mais Papa, pourquoi tu me raconte ça ?

Le grand mâle fixa l'horizon.

- Parce qu'aujourd'hui je voudrais te présenter quelqu'un.

Puis il se tût. Peu importe les questions que lui posaient son fils, il ne lui révéla pas davantage d'informations. L'enfant allait devoir se montrer patient.

Après un petit moment, le duo d'herbivore franchit la frontière de la terre des Hyènes. Instinctivement, un peu méfiant vis à vis de ce nouveau lieu, Tumaïni se rapprocha de son père. C'est alors qu'il la vit. Cette grande masse sombre, inquiétante, menaçante, dangereuse et... Avec une voix de fille ? Le jeune herbivore jeta un coup d'oeil à son père, il semblait parfaitement à l'aise. Dans ce cas... Ce n'était sans doute pas une menace.

- Plaisir partager, Dame Shasta. Je suis venu accompagné.

Il désigna du regard l'enfant à ses côtés.

- Si vous me le permettez, je voudrais vous présenter mon fils, Tumaïni. Tumaïni, voici Dame Shasta, la dirigeante des hyènes.

Le regard du petit alla de son père à l'étrange créature, qui était une hyène donc. Il n'en avait vu qu'une fois. Enfin... Vu était un bien grand mot : il ne s'en souvenait pas, après tout, cela datait de sa naissance. Mais ce n'était pas tant le fait qu'il s'agissait d'une hyène qui le perturbait. Non. C'était bien autre chose.

- ... C'est une fille qui dirige ? C'est bizarre !

En entendant ces mots, Mapinduzi se racla la gorge, toisant son fils d'un regard sévère. Ce dernier baissa doucement les oreilles avant de se redresser et de regarder Shasta.

- Heu... Heu, bonjour Madame !

En soit, sa remarque n'était pas faite pour être blessante, elle était même compréhensible. Chez les hippotragues, c'étaient les mâles qui dirigeaient. Jamais les femelles. Pourquoi ? Parce que le devoir d'un chef est de protéger le troupeau. Les mâle avait toujours été mieux tailler pour cela. Pourtant, il commençait à y avoir de léger changement : après tout, Mapinduzi avait autorisé des femelles à rejoindre l'entrainement pour défendre le troupeau, entrainement autrefois réservé aux mâle. Nul doute qu'avoir côtoyé le caractère enflammé d'Imani y était pour quelque chose...

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Le rire de la hyène fit sursauter le petit herbivore qui se colla à son père. Ce dernier, lui, ne bougea pas d'un pouce. Il ne s'inquiétait pas pour la sécurité de son fils. Pour l'heure, Shasta n'avait donné aucune raison de douté de sa droiture et de sa fidélité à leur arrangement, alors le grand cornu ne doutait pas. Lorsque la chef des hyène salua Tumaïni, celui-ci jeta un regard vers son père qui se contenta de le hocher la tête, se voulant rassurant. Puis, il tourna son regard vers Shasta qui s'adressait à lui.

- Je n’ai guère eu le temps de vous faire part de mes félicitations, mon devoir m’a pris beaucoup de temps. Mais c’est un bon garçon, que vous avez là !

Un large sourire apparut sur les babines du "bon garçon" en question. Le regard emplit de fierté, et de petites étoiles, il se mit à piaffer sur place, son regard allant de son père à la hyène. Emporté par le compliment, il déclara :

- Oui ! Et même que plus tard, je serais le chef du troupeau. Et ce sera à moi de chasser les lions, comme Papa ! Paf, paf et paf le lion !

Comme pour être plus démonstratif, il se mit à mimer les coups de sabots qu'il mettait à un lion imaginaire. Mapinduzi leva les yeux au ciel avec un léger sourire.

- Je les battrai tous !

Le grand cornu secoua doucement la tête, reportant son attention vers la hyène.

- Oui, c'est un bon garçon. Comme vous pouvez le voir, il a hâte de commencer ses premières leçons. ... Et comment se porte vos petits à vous ?

Le chef de troupeau avait cru comprendre que Shasta était elle même mère de famille. Bien qu'il n'ait jamais rencontrer les petites hyènes en question, il était important pour lui de savoir comment se portaient les enfants de son alliées. L'esprit de troupeau sans doute.

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Mapinduzi écouta Shasta, l'air satisfait. Il était sincèrement content pour elle. Son fils était sa plus grande fierté... Et également sa plus grande joie. Il ne doutait pas que c'était la même chose pour la cheffe des hyènes. Il jette un rapide coup d'oeil à son fils, espérant que lui aussi trouverait sa place. Il n'en doute pas, mais c'est aussi le rôle d'un père de s'inquiéter de l'avenir de son enfant. Enfin, Tumaïni semblait déjà bien savoir ce qu'il voulait faire de sa vie... C'était rassurant quelques parts. Ses yeux s'attardèrent un instant sur son fils lorsque les mots de Shasta attirèrent son attention.

- Connaissez-vous la situation de Prideland ? J’ai cru comprendre que des rumeurs de mauvaise augure circulaient ?

Mapinduzi se tourna vers la hyène et son fils l'imita.

- Elle veut parler de ce que raconte les oiseaux tu crois Papa ?

Le dirigeant cornu hocha doucement la tête. Les oiseaux qui se posaient parfois sur les cornes des hippotragues étaient des bavards... Mais des bavards aux yeux perçant et aux oreilles attentives.

- Effectivement, je vois que vous êtes bien informé.

Mapinduzi prit le temps de rassembler ses pensées et ses souvenirs concernant les dires de ces pipelettes ailées.

- Il s'est passé quelque chose sur Outland. Prideland aurait apparemment trahis ses alliés. Mais j'admets ne pas en savoir beaucoup plus, je ne suis pas très au fait des alliances des lions.

Ce qui était peut être une erreur en fin de compte... Le grand cornu se tût, songeur. Peut être devrait-il davantage s'y intéresser. Qui sait ? Cela pourrait s'avérer utile plus tard.


- Je tâcherai de me renseigner davantage. Je vous tiendrais au courant, soyez en certaine.

Il hocha la tête, plus pour lui même que pour Shasta. Et une bonne résolution de prise.

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Mapinduzi répondit à Shasta d'un hochement de tête. Il était plaisant de voir que la chef de troupeaux... Pardon. De meute, mettais autant d’effort que lui à faire marcher cette alliance. Le grand cornu ne doutait pas un instant qu'en cas de conflit, les hyènes accourraient à leur secoure et il n’espérait qu'une chose, que la dominante n'est aucun doute sur le fait que cela serait réciproque. Silencieux, Tumaïni suivait l'échange avec intérêt et l'hippotrague n'aurait pu être plus fier de son fils. Bien. S'il se montrait intéressé dès maintenant par le jeu des alliances, il apprendrait vite et bien.

Quand Shasta mentionna le Don, les oreilles du dirigeant s'agitèrent. Il espérait ne pas avoir à arriver à de telle extrémité mais était heureux d'entendre que ce serait une possibilité. Néanmoins, il lui faudrait convaincre les siens de s'approcher à ce point des hyènes. Ce ne serait pas simple. Mais Mapinduzi était déjà confiant sur une chose : il ne pourrait empêcher les hyènes de dévorer les siens si certains venaient à les quitter, mais ils leur faisait au moins confiance pour ne s'attaquer qu'aux morts ou au mourant et de manière plus respectueuse que les lions. Lui même, à choisir préférait nourrir les rieuses plutôt que les montres à crinière.

- Oh ! Et sachez aussi que mes vautours m’ont annoncé l’existence d’un traitre de la meute. Son nom est Jaherys. D’après ce que j’ai compris, il résiderait sur Prideland. Une hyène au pelage gris et aux yeux rouges.

Tiens donc... Cette description lui disait quelque chose. L'avait-il déjà croisé ? Peut être.

- Si vous le croisez, soyez prudent. Il a des affinités avec les poisons mortels et j’ai cru comprendre qu’il menait ses recherches sur des herbivores. Notre guérisseuse travaille actuellement sur leurs antidotes. Sur ceux, Mapinduzi, Tumaïni, je dois vous laisser.

Bien. Il faudra donc faire preuve de prudence. Et d'aucune pitié au cas où il croiserait la route des hippotragues.

- Vous inquiètez pas, m'dame Shasta, si on le trouve, on vous le ramènera mais il sera plus en état d'aller nul part !

Apparemment, le jeune n'avait pas aimé cette idée de se servir de son peuple en cobaye. Cela ne plaisait pas non plus à son père à vrai dire. Si bien qu'il ne le reprit pas. Il se contenta donc d'un salut respectueux avant de tourner les talons à son tour, accompagné de son fils.

- Tumaïni.

Fit le grand cornu.

- Tu t'es très bien comporté, je suis fier de toi.

Cela lui semblait important de préciser. Mapinduzi était sévère avec son fils et n'hésitez pas à lui dire lorsqu'il faisait mal les choses. Néanmoins, il était tout aussi essentiel pour lui de dire lorsque les choses allaient. Tuma' parut d'ailleurs ravi de cette remarque et leva haut le museau. Tout fier.

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