« Pom pom, petite dame Lila Lander, qui était venu d'ailleurs ♪ Pourquoi venir sur nos terres ? Parce qu'elle est célibataire ♫ Pom pom pom.... »

Ils s’étaient séparés. Les Mositus étaient partis devant, continuant leurs recherches à travers la Lande. Quant à la Noble, elle remuait cette dernière, guettant la moindre preuve pouvant l’aiguiller sur la localisation de Ceset. Aro lui avait proposé son aide, mais la guerrière avait vivement refusé, préférant envoyer le volatile en éclaireur sur ses terres natales.

Éreintée par son entreprise infructueuse, la lionne s’était installée dans une caverne pour méditer. Partagés entre ironie et cruauté, c’est à cet endroit précis que les Esprits avaient laissés le premier indice tant désiré : Une touffe de poils noirs ! Lorsque la Noble vint renifler la pièce à conviction, ses yeux s’étaient écarquillés.

Son aîné était passé par là ! Mais il y avait autre chose…

Les pluies de l’avant-veille avaient fait surgir les secrets enfouis dans la terre. Des odeurs par milliers dont certaines –les plus anciennes– laissaient penser que plusieurs félins avaient séjournés sur cette zone ! Sierra l’avait fouillée, reniflant la moindre parcelle de terre telle une hyène. Bien qu’à demie effacées par le temps, des traces olfactives témoignaient effectivement d’un passage important, dont les convoyeurs étaient marqués d’un parfum particulier. Il devait s’agir de lions appartenant au même clan ! Mais pourquoi son frère se serait-il joint à une telle procession ?

La Noble avait cherché, quitte à s’enfoncer dans la plaine désertique. Il fallait qu’elle sache si Ceset avait suivi des étrangers et surtout, pourquoi l’avait-il fait ? Les rares empreintes qu’elle put trouver suivaient toutes le même chemin, si bien qu’en les suivant, la lionne tomba truffe à truffe avec des vestiges de la plus haute importance : des coques de fruit vides avec, à l’intérieur, les restes d’une mixture séchée, des pierres plates visiblement utilisées pour concasser des ingrédients.

En observant attentivement, les rochers et arbres alentours étaient incrustés de différents poils, dont certains, plus noirâtres que les autres, ne faisaient que confirmer la présence d’un félidé à la couleur atypique, très proche de celle de son frère.

Dorénavant, elle suivrait cette piste ! Ragaillardie par ses découvertes, Sierra avait continué ses recherches. Quand le soleil avait commencé à poindre, la lionne en était venue à la conclusion que son frère avait voyagé en compagnie d’autres lions d’un même clan, dont certains avaient été blessés, si l’on en croyait les traces de sang séché laissées ici et là…Cela n’augurait rien de bon ! D’autant plus que l’odeur de son frère elle-même avait subie des changements.

La Noble s’en était retournée au Grand Baobab, remplie d’espoir et de craintes. Elle refusait de se l’admettre, mais elle s’inquiétait pour Ceset. Pire encore ! Penser qu’elle pouvait le retrouver lui procurait de la joie ! De la joie ! Vous rendez-vous compte ?! A moins que cela ne soit l’idée de revoir Luso ?

Le jour s’était levé quand la femelle retrouva l’arbre géant, phare immanquable dans ce désert rouge. Le temps de s’ébrouer et de laver son pelage dans un étang, et la guerrière venue d’ailleurs fut fin prête !

Toutefois, elle n’allait pas se présenter de suite ! Tapie dans les buissons, la chasseresse contourna l’arbre, vérifiant que le mâle soit arrivé. Et en effet, le voilà allongé dans l’herbe jaune, dans la sécurité réconfortante des ombres. Quelle lascivité ! Qui ne déplut curieusement pas à la lionne. Après tout, il n’était pas si mal, pour un sauvage…

Elle secoua vivement la tête, chassant la tentative de voyeurisme qui lui venait à l’esprit. Ça n’était pas digne d’elle !

Un rictus cruel se dessina sur ses babines. Elle jaillit des hautes herbes, rugissant à pleins poumons, exultant toutes les émotions qui c’étaient bousculées dans son esprit durant la nuit. Elle était d’humeur joueuse, aujourd’hui. Au diable les tracas !

Son saut la fit atterrir devant la truffe du chef des guerriers tandis que son cri continuait de résonner dans le vide de la Lande…Oups. Elle espérait n’attirer personne. Fière d'elle, elle se permit un petit gloussement amusé, posant délicatement sa patte devant son museau.

« Hilarant ! Heureusement que je vous avais reconnu de loin, sans quoi, vous ne seriez plus qu'un tas de fourrure déchiquetée au sol ! » se vanta-t-il pour cacher sa surprise.

La remarque du brun arracha un ricanement moqueur à son homologue.

- Reconnue de loin ? Alors que vous vous rouliez à terre comme ein asticot dégénéré ?

Lui tournant le dos, elle laissa sa queue taper délicatement le museau de Luso. Depuis combien de temps n’avait-elle pas plaisanté de la sorte ? Son rugissement l’avait débarrassée de tous les tracas qui s’étaient bousculés dans son esprit, si bien qu’elle se sentait légère comme la brise. Ce moment lui rappelait, quelque part, ses escapades avec son époux. A la nuance que le Freelander était bien plus impressionnant en carrure. Et que lui, au moins, possédait toute sa crinière !

- Bon. Levez-vous. On va voir si on peut faire quelque chose de votre carcasse !

Il voulait une leçon d’espionnage ? Très bien, il allait en avoir une !

« Bon, qui allons-nous espionner ? Parce que... Mis à part ce baobab... Y'a vraiment rien ici. »

- Bon, qui allons-nous espionner ? Lança-t-il derrière son dos tandis qu’elle humait l’air. Quel manque d’observation ! Pas étonnant que les terres libres soient victimes d’attaques, avec un tel manque de discernement ! Parce que... Mis à part ce baobab... Y'a vraiment rien ici.

- C’est parce que ne vous ne savez pas écouter, mein liebe !

Les rares brises avaient porté une odeur familière à la Noble. Celle d’un troupeau d’herbivores ! A en juger par la densité du fumet, les animaux devaient se situer à quelques minutes de marche seulement.

- Venez ! Dit-elle, lançant brièvement un regard en arrière. Puis, elle se mit en route, optant pour une démarche aux pas feutrés. Mieux valait rester discret, quand bien même leur centre d’intérêt se trouvait par-delà leur champ visuel. A l’occasion de cet exercice, Sierra se plaça aux côtés du mâle brun, allant jusqu’à effleurer leurs pelages. C’était une sensation agréable ! Quelque chose qu’elle n’avait pas ressenti depuis fort longtemps. Et qui lui manquait un peu…

- Vous sentez ? Cette odeur de proie ? Demanda-t-elle, ses instincts de prédatrices prenant le dessus. Elle abaissa son corps, afin de se dissimuler dans les herbes sèches.

« J'écoute, j'écoute. » râla Luso ne levant les yeux au ciel.

« Ça sent surtout la merde... Un troupeau ? » dit-il en observant la réaction de la lionne face à ce mot grossier.

- Ça sent surtout la merde… Un rire cristallin vint secouer les épaules de la noble. Un troupeau ?

- Ja. Répondit-elle, taquine. Silencieusement, elle se glissa entre les herbes, s’approchant des animaux concernés. Il s’agissait d’un groupe de gnous. Lorsqu’ils apparurent, tous occupés qu’ils étaient à ruminer, la Lady se tourna vers Luso. Voilà ce que vous allez espionner, essayez de les contourner sans qu’ils ne vous repèrent !

C’était un défi de taille…dangereux, même ! Mais n’était-ce pas là le plus excitant ? Elle Plongea ses yeux de sang dans ceux du mâle, se permettant d’inspecter celui-ci. Il avait de larges épaules et sa fourrure dissimulait une jungle de muscles noueux. Même elle n’en laissait rien paraitre, ce tableau n’avait rien pour lui déplaire. Elle toussota néanmoins, reportant son attention sur les herbivores, presque gênée de s’être laissée divaguée sur de telles observations.

« Et on attaque quand ? » plaisanta-t-il avant d'anticiper la réponse de Sierra : « Ok, j'y vais... »

« Bordel à c-... »

Sierra observa, levant les yeux au ciel d’un air amusé en voyant Luso se dandiner. Pour sûr, ce n’était pas un cours d’espionnage qui l’avait motivé à quitter ses terres… Si elle s’en était doutée, elle en était certaine, maintenant !

Alors qu’il s’approchait du troupeau, le mâle se mit à hurler comme un dégénéré. Les oreilles de la lionne se dressèrent, craignant que les proies décident de se retourner contre Luso. Mais ces dernières s’enfuirent sans demander leur reste. Parfait ! Ils n’auraient pas à fuir un troupeau en colère !

Le visage du brun se tourna finalement vers sa « professeure ». Cette dernière bondit hors des hautes herbes.

- Quelle impressionnante démonstration ! Mais je ne vous intégrerait pas de sitôt chez mes espions ! Ricana-t-elle.

« Non mais, je l'ai fait exprès. Pour leur laisser une petite chance de survivre, mais sinon, je suis le meilleur ! »

« Mais au diable l'espionnage ! » s'exclama-t-il n se roulant sur le dos devant l'élégante lionne. « Je me rends compte que je sais si peu de choses sur vous. Vous avez de la famille ? Elle doit être aussi charmante que vous, sans exagération. »