Ton père t’avait accordé un répit. L’entrainement d’aujourd’hui avait été plus intense que les précédents, sans doute à cause de l’intervention de Jeith. Cette dernière était venue te voir à l’œuvre et, semblait-il, t’encourager. Il était surprenant de voir l’effet que cela t’avais fait, d’être regardé. Tu avais redoublé d’effort et t’étais débattu comme une bête acculée ! Même Hanska avait été surpris.

Cela était-il un signe que ta compagne te plaisait ? Tu en doutais…Et elle, alors ? Est-ce que tu lui plaisais ? Que pouvait-elle bien penser de toi ? Pourquoi te posais-tu de telles questions ?! C’était ridicule !

Vous vous étiez éloignés du lieu privilégié de ton géniteur.

- Tu t’es très bien battu, Nazhir. Osa timidement la lionne derrière une expression neutre.

Pour sûr, tu aimais les compliments. Mais venant de cette femelle, tu ne savais trop comment réagir. C’était troublant.

- Merci. Réponds-tu, masquant ton trouble.

Et la discutions semblait s’arrêter là. C’était déjà un pas en avant, en quelque sorte…Néanmoins, lorsque Jeith rouvrit la gueule, une voix vint l’interrompre.

- Hé ! Toi ! Qui t'a permis de toucher à ma filleule ?

Suivit d’une bourrade dans ton épaule qui t’arracha une grimace de dégout. Indigné par ce contact aussi inattendu que désagréable, tu lèves les yeux pour fixer l’importun.

Tu ignores qui est cet individu, encore plus à qui il fait allusion. A tes côtés, Jeith s’écarte, ses yeux dévisageant l’inconnu et ta personne tour à tour.

- Bein voyons. Et à qui ais-je le déshonneur ? Réponds-tu, les muscles tendus. Tu te plantes face à lui, la queue oscillant nerveusement, le regard mauvais. A en juger par l’attitude du mâle en face de toi, il est clair que celui-ci avait envie d’en venir aux griffes.

Et si tel était son désir, alors tu allais le combler ! Cet abruti, peu importe qui il était, ne te faisait pas peur. Qui plus est, avec le recul, tu commençais à comprendre quel était la raison de sa venue.

Alors comme ça, le démon sans queue et sa répugnante descendance avaient des fidèles ? Quelle honte !

Tu te préparais à esquiver un possible coup. Ta future femme, quant à elle, recula pour se protéger parmi la foule qui se massait en cercle autour de vous.

Tu n’eus guerre le temps de répondre. Le futur adulte tournais déjà autour de toi, le regard aussi haineux que le tien.

Alors comme ça, cet abruti s’était joint de son plein-grès à la famille du Démon sans queue ? La honte ! Le pire, selon toi, était qu’il s’en vantait !

Akef lança le premier assaut, te faisant trébucher face contre terre. Réactif, tu ne perdis pas une seconde pour rouler sur le dos, dégager la patte qu’il tentait d’abattre sur toi, et de ton autre antérieure, lui asséner une violente gifle chargée d’une gerbe de sable. Tu sentis ton extrémité percuter son visage de rat, tes griffes parcourir son museau. Il était temps de lui remettre les idées en place !

Une fois ton adversaire écarté, tu te relevais rapidement, t’écartant avec un grand sourire sur les babines. L’adrénaline te montait à la tête, cela te rendait fou ! Tu savais pertinemment qu’il ne s’agissait pas d’un entrainement, mais d’un vrai combat !

Autour de vous, les spectateurs rugissaient à vos moindre fais et gestes. Les acclamations en ta faveur faisaient bouillonner ton sang tandis que celles en faveur d’Akef te donnaient la rage de vaincre. Tu espérais que ton père figure parmi la foule…

- Aww, ça alors ! Tu as rejoint la famille du démon sans queue. Dis-tu, faussement attendrit. Ça va ? Il t’a bien retourné l’esprit ?

Tu tournais autour de ton ennemi, analysant la posture de ce dernier. Tu devais garder ton calme et ne pas céder à l’envie d’en finir. Etant plus âgé que toi, ton rival possédait une meilleure force. Il fallait donc miser sur la vitesse et la ruse.

- T’es autant une honte au grand désert que lui ! Crachas-tu avec mépris, les oreilles plaquées contre ton crâne.

Il tenait à ce point à sa famille de dégénérés ? Bien, tu allais utiliser ce point pour le piquer et le forcer à attaquer. Si cela fonctionnait, alors il faudrait attendre et esquiver jusqu’à ce qu’il soit épuisé, tu pourrais ensuite faire ce que tu veux de lui.

Ellyn, évidemment. Aussi impure que son père ! Elle mériterait d’être tuée pour la gloire du Grand Désert, comme toute sa famille, d’ailleurs ! Comment les jangowas avaient-ils put devenir aussi laxistes ?! Aussi blasphémateurs ?! C’était intolérable ! Pour cette insulte à la déité suprême, Akef mériterait d’être égorgé en même temps que ces monstres qu’il considérait comme ses "amis" !

Tu n’eus guère le temps d’y penser d’avantage. Ton ennemi te balança une vague de sable qu’une brise vint diriger sur ton visage. Voyant le coup arriver, tu fermais les yeux, détournant légèrement la tête.

Quelle erreur…

Akef t’avais cloué au sol ! Puis, une douleur vive vint irradier ton côté gauche. Tu poussais un rugissement de rage lorsque tes yeux se posèrent sur ton ennemi. Sa gorge était très proche de ton visage…

Vraiment trop proche.

Sans réfléchir d’avantage, tu profites de cette proximité. Tu enserres le cou du blasphémateur entre tes pattes avant, ignorant tant bien que mal la brûlure qui enflamme ton épaule. Tu plantes tes griffes dans la nuque d’Akef pour l’accrocher tandis que tes crocs d’ivoire se frayent un chemin dans la partie la moins protégée de sa gorge. Puis, dans des à-coups rageurs, tu secoues ta prise.

Tu avais envie de le tuer ! De le TUER !

A présent, seule la résistance à la douleur déterminerait le vainqueur de ce combat ! Autour de vous, les autres lions sont encore plus nerveux. Tu aperçois brièvement Jeith, dont les yeux fous d’inquiétude passent de ton ennemi à ta personne. Mais mieux encore ! Non loin, cachée à l’ombre d’un adulte, tu entrevois Anaya !

Ta rage ne cessait de grandir ! Mêlée à l’adrénaline qui affluait dans ton sang, elle anesthésiait presque la douleur, sans la faire disparaitre néanmoins. Tu retenais les larmes de souffrance qui menaçaient de couler hors de tes yeux. Cela serait indigne de toi ! Tu avais vécu bien pire ! A présent, vous étiez lancé dans un jeu pervers dont seul le plus résistant sortirait vainqueur. Et tu ne serais pas perdant ! Jamais ! Pas face à un traitre adorateur du Diable !

Alors que les crocs d’Akef s’enfonçaient d’avantage dans ton épaule, tu raffermissais la prise de tes mâchoires sur sa gorge, resserrant ta patte autour de son cou. Tu le sentais haletant...l'odeur, le gout de son sang et ta propre agonie te rendaient fou !

Un rictus vint étendre tes babines, tandis que, dans des impulsions rageuses, tu commençais à tirer sur la chair de l’ennemi pour la lui arracher. Tant pis pour les conséquences, tant que tu pouvais débarrasser le Désert de cet idiot incapable d’entendre raison !

Soudain, la pression sur son épaule disparu. Akef releva la tête, soulevant te soulevant légèrement. Tu lâchas prise à ton tour, avant de retomber essoufflé dos contre le sable lorsque l’adulte te frappa au ventre. Puis, une gerbe de sang t’atterrit en pleine face. Le tien, en l’occurrence… Haletant, tu observais ton adversaire avec mépris. Tu te relevais d’un bond quand celui-ci insulta, une fois encore, l’idéologie des jangowas.

- F…Ferme la !... Râlas-tu en entre deux respirations difficiles. Tu avais mal partout ! Cela te frustrait énormément de ne pas pouvoir te jeter de nouveau sur cette ordure !

- Ça ne sert à rien de t'acharner sur Ellyn. Reprit l’autre Tu es juste jaloux de son père qui, lui, est revenu de l'exil. Alors que toi…Je ne donne pas cher de ta peau.

Tu laissas échapper un ricanement sarcastique et mauvais lorsqu’Akef s’éloigna. Il avait proféré une insulte qui te fit bouillir de rage. Mais il était suicidaire de relancer un combat dans ton état…et mourir en essayant de raisonner cet imbécile ne servirait rien, endoctriné comme il l’était.

- C’est ça ! Retourne baiser ton Démon sans queue, toi qu’a l’air d’avoir des problèmes avec les lionnes ! Hurlas-tu. Tu regardais ton ennemi disparaitre, tremblant de rage, léchant le sang qu’il t’avait craché à la tronche. C’était plutôt bon, en fait !

- Nazhir ?

La voix de Jeith vint mettre de l’huile sur le feu de ton agacement. Sans t’intéresser à elle, tu te détournais de l’arène, poussant avec hargne les lions qui osaient te barrer la route. Ton épaule blessée vint tâcher le pelage de quelques uns qui te grondèrent dessus. Mais tu t’en fichais éperdument ! Tu boitillais hors de l’assemblée, pestant contre toi-même et le monde entier. Comment un tel abruti avait-il put revenir d’Exil ?! C’était impensable !

Mais mine de rien, ce traitre t’avait ragaillardit. Plus que jamais, tu allais tout donner pour triompher de l’épreuve qui t’attendais. A ton retour, tu allais lui montrer ce qu’était, un DIGNE fils des sables !