Le vent soufflait contre lui, emportant son odeur dans d'autres lieux qui l'indifféraient et surtout, qui ne gêneraient pas sa prise. Tapi dans les mêmes feuillasses du champ herbeux, Enyeto ne quittait pas la mangouste du regard. Le temps des gerbilles était révolu, il pouvait enfin s'attaquer à de plus grosses prises et avec succès. Au moment propice, le jeune lion bondit avec fougue pour abattre ses crocs sur le corps frêle de l'animal, brisant sa nuque d'un coup sec. C'était presque trop facile. A défaut de pouvoir combattre des congénères de son âge, Enyeto avait adapté les enseignements de son feu mentor à la chasse et ne rentrait plus les pattes vides. Une petite victoire certes mais qui laissait un goût amer en bouche.

Ce jour-là, il ne se dirigea pas vers l'amont favori de sa grand-mère et violant ses habitudes, il s'engouffra dans la termitière. C'était rare de le voir par ici, au milieu de son clan. L'âge ne l'avait guère rendu plus sociable et Shaba craignait même que cela n'empire. La foule n'avait guère son affection mais il pouvait faire entorse pour une certaine personne, la pauvre était bien plus en sécurité parmi les leurs surtout quand on la savait capable de folie spontanée. Il passa sans un regard pour les autres, cherchant du regard l'unique lionne au pelage dorée qui faisait à elle seule office de soleil parmi cette pénombre lugubre. Elle n'était guère difficile à trouver. Il trottina jusqu'à elle, presque avec entrain et déposa le cadavre fraîchement tué à ses pattes.

« Bonjour Zary, je t'ai trouvé un suricate aujourd'hui, j'espère que ça sera à ton goût. »

Sa moue ne sourcilla guère mais son regard lui faisait office d'un sourire. La vieille lionne était l'une des rares personnes qu'il affectionnait au sein du clan et ces visites hebdomadaires ne le gênait pas, quelques fois il déposait simplement son dû et d'autres fois il prenait le temps de lui tenir compagnie. Ou alors était-ce elle qui lui tenait compagnie. Peut-être des deux.

« Comment vas-tu ? Complètement remise de ta folie ? »

Il ne se gênait jamais pour lui rappeler qu'elle était folle mais n'oubliait pas pour autant qu'il lui était redevable, une sorte de boutade cynique. Sans elle, le suricate aurait probablement eu la vie sauve tant le lionceau aurait fini dans la gueule d'un crocodile. Le temps avait fait son oeuvre et les blessures avaient probablement guéris depuis mais cela ne l'empêchait pas de prendre des nouvelles et de s'inquiéter pour elle. A son âge, elle ne devrait pas prendre de tels risques.

Sa boutade eut l’effet escompté et Zary se mit à rire graillement, ses pattes d’oies se tordant dans une mimique douce avant qu’un craquement provenant des os de son dos ne torde son visage de douleur. Enyeto fronça les sourcils, soucieux avant de masquer son inquiétude par une autre réplique cynique :

« C’est pas avec ton corps d’ancêtre que tu pourras appliquer tes menaces … T’agites pas trop mamie. »

Zary était toujours si souriante et heureuse d’aider son prochain qu’il était difficilement envisageable que son corps ne suive pas la cadence et pourtant. La culpabilité de l’avoir entraîné dans ses bêtises ne disparaîtrait pas de sitôt. Oubliant ses idées de sanction pour insolence, la matriarche se rallongea doucement tandis que le jeune lion s’asseyait à côté d’elle, glissant un regard discret vers son dos trop bruyant à son goût. L’âge la rattrapait disait-elle … cela non plus ne lui plaisait pas. Enyeto avait la fâcheuse tendance à se rapprocher des lions eux-mêmes plus proche de la mort que de l’âge vigoureux. Était-ce parce qu’il était élevé par une vieille lionne seule, sans autre parent référent ? Les lions mûrs étaient plus plaisants à écouter, moins arrogant que les jeunes et sûrs d’expérience toutefois ils ne faisaient pas de bons amis. Les bons amis restaient à vos côtés et s’élever avec vous … eux partaient avant que ne vous puissiez leur montrer vos progrès, comme Jeuri l’avait fait.

« Ouais bien dormi … mais les jours me semblent longs. Tous les autres ont déjà des crinières d’adolescents, moi je n’ai que cette touffe de poil en guise de crins. Je me demande quand est-ce que ça va pousser … » maugréait-il en grattant son torse à la recherche de pousse de poils.

Un complexe d’infériorité était né depuis sa rencontre avec Shagan. Il le détestait toujours autant et l’âge avancé de son rival n’arrangeait rien. Sans crinière, Enyeto restait toujours un petit lionceau en comparaison du fils de Jeuri. Ça l’agaçait profondément.

Il laissa son corps glisser sous son poids et s’allongea mollement aux côtés de la lionne, observant les quelques passants ou groupes endormis.

« Tu l’as connu toi l’Outland d’avant ? »

Enyeto avait déjà tenté d’aborder le sujet avec sa grand-mère mais cela n’avait pas fonctionné, elle ne lui avait pas répondu en détournant aussi subtilement que toujours sa question. Shaba était très douée pour cela mais peut-être que Zary accepterait de se confier sur cette époque. S’il n’était pas curieux des autres, Enyeto s’intéressait toutefois au temps où Outland abritait l’intégralité de son clan avant la scission connue, cette époque où ses parents avaient foulé le même sol que lui.

Il dressa son regard vers la lionne, un sourcil haussé en attente de réponse.

A la question du lionceau, Zary lui répondit vite par l’affirmative et offrit même à son cadet l’occasion de l’interroger précisément sur les sujets voulus. Enyeto retenu un sourire, convaincu que la vieille lionne ne ferait pas langue de bois. Zary était une lionne généreuse, y compris dans ses mots et dans ses souvenirs. Enyeto avait beaucoup de question en tête aussi s’arrangea-t-il pour les organiser le plus simplement possible :

« Au départ on était un clan uni, c’est bien ça ? Les Outlanders ne faisaient qu’un sous le règne de Massempo mais ensuite le clan s’est scindé en deux. Pourquoi ? Pourquoi certains ont choisi Hourasi et d’autres Tahani, qu’est-ce qui les opposait au point que le clan entre en guerre contre lui-même ? »

De son point de vue, c’était complètement stupide. Les Outlanders s’étaient éparpillés. Il avait connaissance de la scission entre les deux enfants du précédent roi et pour cause ses parents s’étaient battus pour le fils mais pourquoi lui, pourquoi pas la fille ? Et pourquoi tout ça d’ailleurs, pourquoi devaient-ils craindre les exilés partisans de cette reine morte dans un feu et qui prêtaient désormais allégeance à sa fille, faute du décès de son fils. Ça faisait beaucoup de morts … et pour quoi au final, parce que deux lions n’ont pas su mettre leur querelle de côté ?

Fidèle à la mémoire de ses parents, Enyeto avait souhaité reprendre leur combat dès qu’il avait été en âge de faire des choix mais maintenant, il souhaitait comprendre. Il ne remettait pas en cause l’allégeance de ses parents, Aresak et Eshina avaient forcément fait le bon choix en choisissant de défendre Hourasi mais au final, celui-ci n’avait même pas récupéré son trône, Soto l’avait tué avant qu’il en ait l’occasion. A contrario de la mère qu’il appréciait et respectait, Enyeto ne savait comment se positionner par rapport au fils nouveau leader du clan.

« Tu n’as pas peur qu’ils reviennent les autres ? C’était aussi leur foyer après tout. »

Les exilés s’étaient battu pour retrouver un foyer et une terre accueillante mais au prix de placer d’autres dans leur situation. Oui, tout ceci était tout bonnement stupide et quand les partisans de Waasi reviendront, une nouvelle guerre se déclenchera, une guerre où il sera en âge de participer mais pour quoi se battrait-il au juste ? Ses parents étaient fidèles au prince, pas à l’usurpateur.

Alors le clan s’était entretué simplement parce que certains étaient mécontents du choix du dernier roi d’Outland ? Pourquoi Tahani serait-elle plus légitime que son demi-frère ? L’un comme l’autre était l’enfant de Massempo et c’était au Roi de transmettre la couronne, pas sa compagne. Zary passant sous silence les idées des deux prétendants à la couronne, Enyeto conclu que c’était simplement une course à l’égo pour qui récupérerait l’héritage du père. Une quête du pouvoir bien stupide à son goût … Massempo n’avait-il pas donné le nom de son successeur avant sa mort ? Ou alors les ambitieux avaient-ils remis en doute la parole de leur Roi. Peu importe.

« Mmh, ils auront eu raison de la monarchie par leur querelle. Quelle stupidité … »

L’ambition était finalement l’ennemi le plus dangereux et quelque part, Enyeto regrettait que ses parents aient joué ce jeu mais ils devaient avoir leur raison. A vrai dire, il ne pouvait comprendre leur fidélité au prince déchu car Enyeto n’avait pas de chef qu’il suivrait jusqu’à la mort ni même de lion à qui il avait prêté allégeance. Il faisait cavalier seul. Peut-être un jour trouverait-il un lion dôté d’idée suffisament grande pour qu’il le suive mais pour le moment, il n’y avait personne de ce gabarit et ce n’était certainement pas Soto qui ferait naître en lui un désir d’allégeance. Enfin, si Enyeto s’attendait à ce que Zary lui confie ses craintes de voir les opposants de son fils de retour, que nenni. Réaliste ou tout simplement fatiguée d’avoir trop vécue, la vieille lionne murmura que la peur n’avait pas sa place face au temps qui courrait et s’ils revenaient un jour, Zary ne serait plus là pour les attendre. Enyeto la foudroya la lionne du regard.

« On dirait que tu attends que la mort vienne te cueillir … »

Il était agacé. Pourquoi Zary songeait à la mort alors qu’elle respirait encore ? Il appréciait trop la vieille lionne pour songer à son départ mais il était inutile de fermer les yeux sur la réalité. Elle était vieille, fatiguée et vulnérable. Il souffla du museau avant de reprendre :

« C’est à toi de décider du temps qu’il te reste, si tu vas te battre ou non. La mort viendra vite te chercher plus vite si elle sent ta lassitude. »

Mine de rien, Zary avait pris une place importante pour le lionceau. Il pensait n’avoir que sa grand-mère au monde mais il se trompait, son maigre équilibre partirait bientôt en poussière au fur et à mesure que le ventre de Shaba s’arrondissait. Un oncle … comme s’il avait besoin de ça. Ce n’était pas dans la nature des choses, Shaba était trop vieille pour enfanter de nouveau et il avait peur que cela ne nuise à sa santé mais plus fort que la peur de la voir s’affaiblir persistait ce sentiment d’abandon. Elle avait formé une nouvelle famille avec le Kulishas, une famille où il ne se sentait pas à sa place. Pourquoi diable avait-elle eu besoin d’un autre fils à élever … Il avait naïvement pensé lui suffire.

Il balança son regard parmi la foule, pensif et comme si ce n’était qu’un songe qui lui échappait il murmura à l’intention de la vieille lionne :

« Moi je n’ai pas envie que tu partes. »

La mort de Jeuri l’avait déjà ébranlé, c’était une figure parentale fraîchement établie qui s’était évanouie aussi vite qu’elle était apparue. Zary elle lui apportait la douceur maternelle, cette présence qu’il ne trouvait plus chez Shaba et d’une façon qu’il ne pouvait décrire, elle lui apportait une once de chaleur qu’il cherchait désespérément. Car Enyeto avait beau joué les mauvais garçons et se promener avec nonchalance, c’était encore un lionceau et surtout un lionceau seul et isolé. Il n’avait pas d’amis seulement une vieille lionne dont il s’occupait prétendant n’avoir rien de mieux à faire mais c’était faux.

« Si t’as peur que les exilés s’en prennent à toi, je te protégerai. J’aurais bientôt une crinière, je pourrai me battre avec les autres et progresser, t’es trop vieille pour te battre de toute façon alors je le ferai à ta place. Et entre nous, t’arrives même pas à me flanquer une raclée quand j’te traite de vieille folle … »

Sur ces derniers mots, il lui adressa un regard complice et osa enfin sourire. Il ne préférait pas s’attarder sur sa fin mais plutôt sur les moments qu’ils pouvaient encore partager. La mort faisait partie de leur quotidien mais c’était à eux de choisir comment l’affronter : se laisser abattre ou continuer à vivre. Dès sa naissance, Enyeto n’avait eu d’autre choix que de choisir la seconde option.

La belle lionne d’or se mit à rire aux propos du lionceau ce qui mua son sourire d’un air amusé. Venant d’un autre il aurait été vexé d’une telle exclamation, pensant que l’adulte se moquait de ses prétentions mais pas avec Zary. Ils se chamaillaient mais se respectaient également. Enfin respect… tout était question de nuance lorsqu’Enyeto la traitait de vieille folle mais c’en était devenu affectueux. Après après tout, Zary était vraiment folle mais cela faisait son charme.

Prenant le lionceau au dépourvu, la matriarche vint coller son museau contre le sien ce qui le fit frissonner. Il mima un air agacé. Enyeto ne s’accordait des gestes de tendresse qu’auprès de Shaba mais la douceur de la lionne dorée ne le gênait pas, c’était même réconfortant. Il avait simplement une réputation à tenir et ils étaient en présence d’un public après tout.

Le félicitant d’être aussi brave, Zary enchaîna en lui demandant ce qu’étaient ses prétentions pour l’avenir. C’était sûrement la question la plus entendu auprès des jeunes lions, sûrement un rite de passage obligatoire. Enyeto haussa mollement des épaules.

« J’sais pas trop. Être un guerrier je suppose mais j’sais pas vraiment si on peut appeler ça un but. C’est juste que ça paraît être dans la logique des choses … Qu’est-ce que je pourrais être sinon ? J’ai pas vraiment d’ambitions pour le moment si ce n’est prendre soin de ma grand-mère. »

Ce n’était pas comme si milles options s’offraient aux jeunes … Les femelles s’orientaient plutôt vers la chasse, les mâles vers le combat, d’autres choisissaient de devenir guérisseur mais les options étaient plutôt limités. C’était quoi sinon, devenir voyageur ? ça ne l’intéressait nullement, il préférait rester aux côtés de sa grand-mère mais que ferait-il une fois cette dernière partie ? Il n’en avait pas la moindre idée. Un bon guerrier devait avoir des choses à protéger, que ce soit son honneur, ses proches ou même un chef. C’était encore trop tôt pour lui de se décider.

« Je crois que ça vient surtout du fait que mes parents étaient dévoués à une cause et qu’ils se sont battus pour celle-ci. Quelque part c’est suivre leurs pas mais moi je n’ai d’allégeance pour personne. Désolé je sais que c’est ton fils qui est aux commandes d’Outland mais pour moi ce qu’est qu’un leader qui tient le clan organisé, ma loyauté n’est pas pour lui. »

Il dressa un regard furtif vers la lionne, se demandant ce qu’elle penserait de cela et si elle en serait offusquée. Zary ne parlait jamais de son fils après tout.

Malgré ses propos, Zary n’était nullement offensée et comme lui avait déjà dit sa grand-mère, elle lui rappela qu’Enyeto était seul maître de ses pensées et qu’il ne pouvait être forcé à rien. Il soupira doucement. La vieille lionne semblait presque habituée d’entendre ce genre de chose … n’était-il donc pas le seul dans ce cas ? C’était tout de même osée de confier à la mère du chef qu’on ne vouait aucune fidélité à son fils, Enyeto avait simplement osé parce qu’ils étaient amis.

« Ça te fait quoi toi que ton fils soit devenu le chef ? Tu soutiens ses actions comme une lionne devant son chef ou comme une mère devant face à son fils ? »

Le règne du lion doré était encore fragile, il tenait pour le moment les Outlanders fort de son autorité mais son règne avait débuté dans le sang du prince légitime, il avait usurpé ce pouvoir qui était désormais le sien. Un jour ou l’autre, Soto tomberait à son tour … mais par qui ? Enyeto ne serait même pas surpris que le pouvoir en interne plutôt que sous le retour des Waasiens. A vrai il préférait même cette option, ils ne savaient rien de ces lions exilés et nul doute qu’avec toutes les tensions, les deux groupes d’Outlanders ne pourraient plus cohabité.

Son sourire qui semblait immortel s’évanouit des babines de la lionne dorée qui, dès lors, adopta un air plus soucieux et songeur. Après quelques hésitations, elle lui confia être plus ou moins satisfaite du résultat, laissant entrevoir ses inquiétudes. Enyeto dressa l’oreille et se rapprocha doucement de la vieille lionne, conscient que cette conversation n’était pas facile pour elle. Il ne voulait la forcer à rien, Zary n’avait qu’à lui confier ce qu’elle consentait à donner et il n’en demanderait pas plus. Il n’aimait pas la mettre dans l’embarras.

Hésitante et visiblement tiraillée, Zary lui confia son regret d’avoir vu tant des leurs tomber pour en arriver là. Enyeto déglutit, ses pensées allant de facto envers ses parents. Leur sacrifice avait-il eu pour but ce résultat ? Il en doutait mais après tout, beaucoup de lions s’étaient battu pour Hourasi pour finalement le voir tomber à son tour. Rien n’était jamais fixé. Mais les derniers mots de la lionne l’interpellèrent lorsque Zary confia ne se sentir à son aise.

« Je ne connais pas vraiment Soto, pas du tout même mais je sais qu’il ne cessera jamais de veiller sur toi. Tu es sa mère après tout, personne ne peut te remplacer. »

Il essayait de la rassurer mais tout ce qu’il disait, Zary le savait déjà. Il devait trouver autre chose. Enyeto se mordilla les babines à la recherche des bons mots pour réconforter la lionne et ajouta :

« Tu n’es pas responsable de ses actions. Toute bataille entraîne des morts et ceux qui ont marché vers Outland savaient à quoi s’attendre. »

Il faisait bonne figure mais tous ces mots lui coûtaient, surtout parler de l’amour d’un fils envers sa mère. Enyeto avait grandi avec l’idée qu’il ne connaîtrait jamais ses parents, il s’y était fait mais l’absence d’Eshina était la plus dur à supporter, plus encore que celle d’Aresak puisqu’il avait su trouver un père de substitution en Jeuri. Le vieux lion était mort désormais et l’idée avec lui mais le songe d’une mère serait éternellement présent. Peut-être parce qu’il se sentait responsable de sa mort.

Il ignorait si ses mots d’enfants étaient parvenu à panser ses plaies, ses songes étaient sûrement éloignés de ceux de Zary et peut-être ne saisissait-il pas toute l’ampleur de son mal être mais il essayait.

« Est-ce que je peux faire quelque chose pour que tu sentes mieux ? »

Quand Shaba était triste ou fatiguée, Enyeto la câlinait ou lui ramener de quoi se remplir la panse. C'était simplet mais se nourrir était un moyen efficace de lutter contre ses malheurs. De toute évidence le pré-ado ne se prêterait pas à une séance de badinage en public mais il était tout ouïe quant aux éventuelles demandes de la lionne dorée. C'était la première fois qu'il la voyait aborder un air si triste et découvrait qu'il n'aimait pas ça, préférant de loin son beau sourire éclatant.

Visiblement émue des mots du petit lion, la vieille lionne passa une patte dans son dos pour le ramener auprès de son sein et lui confia que sa seule présence était un remède suffisant.

« Me câline pas comme ça, vieille folle ! » grondait-il en jouant la carte du caïd.

Pourtant, Enyeto était troublé de cette affection. C’était étrange de se laisser aller avec une autre que Shaba mais c’était aussi réconfortant … Et malgré ses protestations, le lionceau ne se dégagea pas, demeurant quelques instants contre la lionne. Sans doute s’apportaient-ils un réconfort mutuel.

« Je reviendrai te voir demain. » promit-il. « Portes-toi bien en attendant et évites les bêtises. »

Il la sermonnait comme un enfant mais ce n’était pas un défaut de respect, seulement une inquiétude sincère. Zary lui avait déjà prouvé par le passé qu’elle était capable de grandes folies aussi mieux valait-il l’avertir.

Il passa sa rapidement sa patte sur le crâne de la lionne dorée pour remettre en place une mèche rebelle. Voilà c’était mieux. Il lui murmura un « à demain » avant de s’éclipser, laissant enfin paraître un visage soucieux qu’il lui cachait depuis tout ce temps. Elle avait raison de lui parler de son départ prochain, il pourrait ainsi se préparer mais était-on jamais prêt à voir nos proches partir ? Il se frotta prudemment le ventre, soucieux de faire disparaître cette boule qui le tordait.

[Fin pour moi, merci pour ce RP mamie zinzin ]