Ça y était. C'était le grand jour. La veille, la lionne nordique avait fait ses adieux aux membres du clan. Elle avait dit au revoir à sa nourrice, à ses "faux-frères", à ses amis. Mais avant tout, elle avait dit au revoir à son père et sa tante. Iqhwa et Ideha étaient morts dans une situation tragique. Personne n'aurait pu prédire le départ de ces lions, même si leur âge ne les avantageaient pas vraiment. Suite à cette chute mortelle, Ayo n'avait pas su se relever. Elle n'en avait pas eu le cœur, pas eu le courage. Elle aurait pu se laisser dépérir dans le glacial hiver de la montagne.

Mais c'était sans compter sur ce rêve étrange. Ce rêve où elle voyait son père, pour de vrai. Elle lui parlait, elle le touchait, elle avait la sensation qu'il était vivant, qu'il était là, qu'il était présent. Ayo l'avait ressenti au plus profond de son être, et cela lui avait fait un bien fou. Sans ce rêve, Ayo ne se serrait jamais décidée à partir. Et puis, il y avait Shaka et Maficho, qui lui étaient venu en aide.

La lionne au pelage clair était assise sur un rocher, en regardant l'horizon. C'était le chemin qui menait vers Shaka. C'était le chemin qui menait à sa future vie, à ses futures occupations, à son destin. Elle qui voulait faire du social, aider les animaux, allait être gâtée dans le monde d'en bas. Elle était certaine que beaucoup d'âme en peinte n'attendaient que son arrivée.
Et puis... Il y avait la montagne. Le chemin en sens inverse. Le chemin qui menait à sa vie d'avant, à son enfance, à son père, sa nourrice, et son mentor.

Maficho... Il avait tant fait pour elle. Il était un lion aux épaules larges et solides, et Ayo était pressée de revenir dans le nord pour avoir de ses nouvelles. Elle s'attendait à le voir avec une place importante dans les Nokosis, aux côtés d'une femelle radieuse et aimante. Et il oubliera la sang mêlé.

Son cœur se serra brusquement. En quittant ce monde, elle allait quitter l'esprit des ses occupants. Elle le savait. Elle le sentait au fond d'elle. Ota ne l'oublierai jamais, elle en était certaine. Mais Maficho... Maficho.

La lionne tourna ses oreilles vers le murmure. Kuona était là. Comment elle avait fait pour ne pas remarquer sa présence ? Il fallait dire que l'aveugle était douée pour avancer à pas de velours... Mais apparemment, elle n'avait pas remarqué celle d'Ayo, elle aussi.

- Tiens, Kuona, dit-elle. Je ne m'attendais pas à te voir ici.

Elle ne s'attendais pas à voir quiconque, en faite.

↠ Ayo cherche son papa ! ↞

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Ayo s'assit en face de la lionne bleutée. Elle avait ce pelage si caractéristique des Nordiques. En revanche, le fait qu'elle soit aveugle était une grande faiblesse. Ayo pensait que la lionne avait beaucoup de courage pour avancer dans un monde si noir, tous les jours. Elle se demandait comment elle aurait réagit, si elle avait été privée de la vue. A bien y réfléchir, elle serait certainement morte et enterrée. Il fallait dire que, même avec ses yeux, elle avait du mal à ne pas tomber dans un piège...

Ayo posa son regard sur l'horizon, lorsque Kuona le mentionna. Cela la fit sourire. Elle était prête à partir, en faite, elle était déjà en chemin. Mais ça, la nordique ne pouvait pas le savoir.

- Eh non, répondit-elle amusée, je suis encore là. Je descend la montagne petit à petit, je lui fais mes adieux.

La lionne inspira profondément. D'en bas, elle verra la montagne sous un oeil nouveau. Elle pourra raconter aux gens qu'elle rencontre, qu'elle a vécu à l'intérieur de ces grandes dunes blanches. Et cela lui fit chaud au coeur. Elle avait tant de choses à voir et d'histoires à raconter... Lorsque la lionne hoqueta, Ayo tourna brusquement sa tête vers Kuona. Elle ne s'y ferait jamais, à ce drôle de bruit.

- Oui, confirma-t-elle, c'est dangereux ici pour toi.

Ayo avait parfois du mal à marcher ici sans trébucher sur un caillou, alors elle n'imaginait pas la peine qu'avait Kuona à se déplacer ici, à l'aveuglette en plus. Mais lorsque la lionne lui demanda si elle était nostaligique, elle plissa les yeux. Apparement, un aveugle voyait bien plus loin qu'un lion normal.

- C'est dur, lui confia-t-elle. Je vais partir en laissant un bout de mon histoire derrière moi.

Elle inspira profondément. Après tout, elle pouvait se confier à Kuona: dans tous les cas, elle allait partir.

- Maficho me manquera beaucoup.

↠ Ayo cherche son papa ! ↞

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Ayo eut un long soupir. Oui, Maficho était quelqu'un de bien. Il avait veillé sur elle à la mort de son père, et l'avait entrainé avant son départ. Elle lui devait beaucoup. D'une certaine manière, elle le considérait plus que l'un de ses "faux" frères, qui avaient pourtant le même âge que Maficho. Kuona avait parfaitement raison dans ses paroles: il était admirable et sincère.

- J'ai grandi à côté de lui, et ce n'est qu'au moment où je pars que je me rend compte que je tiens beaucoup à lui.

Ayo se mordilla une babine. Elle avait réussi à dire aurevoir à son père, alors elle pouvait bien quitter Maficho. Néanmoins, son coeur se serrait à chaque fois qu'elle pensait à lui. Elle espérait de tout coeur qu'ils se reverraient.
Mais lorsque Kuona prononça sa deuxième phrase, Ayo tourna une oreille vers elle. Son coeur se serra une nouvelle fois. Qu'était ce sentiment ? De la peur ? Des regrets ?
Non. De la jalousie.

Ayo n'avait jamais connu ça. A vrai dire, elle n'avait jamais rien partagé dans sa vie. Etant fille unique, Iqhwa avait veillé sur elle comme la prunelle de ses yeux, et la jeune lionne avait toujours été gâtée. Et dans les paroles de l'aveugle, la sang-mêlé y vit une menace.

Voilà donc comment était le monde, hein ? Ayo avait dévoué son enfance et son âme aux terres du nord, et voilà comment on la remerciait. Ils allaient l'oublier.

- Ben voyons, souffla-t-elle, agacée.

Kuona aimait Maficho, cela ne faisait aucun doutes. Et elle avait le culot de venir en parler là, maintenant, alors qu'Ayo s'apprêtait à partir, à tout quitter. Une dernière claque avant le départ, comme si tout ce qu'elle avait vécu et perdu ne suffisait pas, non. Il fallait qu'on lui rappelle une dernière fois, que tout ce qu'elle aime ne lui appartiendra jamais.

↠ Ayo cherche son papa ! ↞

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Jalouse ? Ayo tiqua à ce mot, et lança un regard assasin vers son interlocutrice. Mais lorsque son regard se posa sur ses yeux vitreux, la jeune lionne comprit que l'intimidation visuelle n'avait aucun intéret. Après tout, elle ne voyait rien du tout.

- Non, se contenta-t-elle de répondre froidement.

Mais malheureusement, la rapidité et l’assurance de sa réponse trahissait ses réelles pensées. Oui, évidement qu'elle était jalouse. Comment ne pas l'être ? Il aurait fallut qu'Ayo quitte le territoire en donnant tous ses vœux de bonheur pour leur futur couple ? Certainement pas.
Tu l'aimes ? La lionne tiqua de nouveau. Sa queue balayait le sol à une vitesse impressionnante, trahissant ainsi son état de stress. Elle avait été piégée: Kuona n'était pas née de la dernière pluie. Elle aussi, devait sentir son attachement plus qu'amical envers Maficho. Mais Ayo venait tout juste de ce rendre compte de ce sentiment, et la mettre au pied du mur la mettait un peu en colère à vrai dire. Après tout, beaucoup de facteurs la rendaient très sensibles, et son départ était en grande partie responsable de son agacement. Être en colère était aussi un moyen de cacher sa tristesse.

Et sa colère ne cessait de grandir. Kuona s'enfonçait au plus elle parlait, et elle le savait. Durant un court instant, la jeune nordique avait l'impression de reprendre le dessus sur son interlocutrice. Maintenant, ce n'était plus elle qui était au pied du mur, mais Kuona. Et c'était assez plaisant à voir. Malsain, mais plaisant. Mais lorsqu'elle prononça sa dernière phrase, Ayo serra les dents, se retenant de toutes ses forces de ne pas envoyer un coup de griffe dans la face de la lionne bleutée.

Avait-elle bien entendue ? Une des preuves de l'amour c'est de laisser partir l'autre. Oui, en effet, cela marchait: mais dans l'autre sens. Si Maficho aurait été amoureux d'elle, il aurait été obligé de laisser partir Ayo, sans quoi, sa mort serait inévitable. Mais là, c'était l'inverse: elle était peut être amoureuse de lui, et était obligée de quitter le nord. Il n'y avait aucun sacrifice là dedans, vu que Maficho ne souffrirait certainement pas de cette séparation. En revanche, Ayo, si.

La jeune lionne tenta de garder son calme le plus possible. Elle ne voulait pas lui faire de mal, mais intérieurement, elle l'avait déjà tuer milles fois. Cette violence n'était pas nécessaire, et la meilleure des solutions était la parole. Ça, c'était son père qui le lui avait apprit.

- Tu te mêles beaucoup de ce qui ne te regarde pas, Kuona, lâcha-t-elle, aussi froide que la glace.

Son regard bleuté vint se planter dans les yeux de l'aveugle. Finalement, sa colère était trop grande pour qu'elle s'en sorte comme ça.

- Une preuve d'amour tu dis ? Ça t'arrange pas mal que je m'en aille. N'essayes pas de faire la gentille, tu ne m'auras pas.

La lionne leva ses fesses, et repris sa marche, plus énervée que jamais. Par dessus son épaule, elle cria un:

- Je te souhaite une longue vie d'amour avec lui, et pleins de bébés aveugles.

Pétasse.

↠ Ayo cherche son papa ! ↞

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D'un pas prudent, Maficho arpentait les frontière dangereuse du Royaume du Nord. Il ne savait pas trop pourquoi il faisait ça. Il attendait la prochaine réunion des Nokosis pour leur faire part de tout ce qu'il avait apprit en sillonnant le Nord et en parlant à ses habitants ainsi que des idées qui avaient pu germer pour améliorer les choses. Il voulait être prêt et montrer qu'il était digne de son rang. Sans doute n'impressionnerait-il personne, mais là n'était pas son but. Ce que voulait le jeune mâle, c'était avant tout prouver qu'il y avait au moins une personne dans le Conseil prête à faire bouger les choses. Et puis, s'il pouvait aussi rendre son père fier, il n'allait pas se priver. Bien qu'il ne savait pas encore ce que son paternel allait penser de tout ça... C'était le genre de chose dont il préférait ne pas parler en famille : les Nokosis. Pas que c'était un sujet à débat mais juste parce qu'il estimait que le travail devait rester en dehors du cocon familiale. Lors des Conseil, Amakhaza était son égal, ailleurs, il était son père.

Quoi qu'il en soit, ça ne l'éclairait pas trop sur le pourquoi avait-il eu besoin de passer le temps ici. Au frontière. Peut êtres espérait-il y croiser Ayo ? La jeune femelle devait partir aujourd'hui. Oui. Peut être que c'était ça. La jeune lionne allait lui manquer. Il soupira. Elle devait sans doute être déjà loin. Nul doute qu'elle vivrait de grandes aventures en bas des montagne. Et si les Nordiques allaient lui manquer un temps, c'était loin d'eux qu'elle construirai sa vie et ils lui manqueraient de moins en moins. C'était triste mais pas moins normal. Maficho s'apprêtait à faire demi-tour lorsque des éclats de voix lui parvinrent. Ses oreilles s'agitèrent. Il ne parvenait pas à entendre les mots, mais c'est voix lui était familière. Y avait-il un problème ? Inquiet, le félin crème suivit son audition. Il aperçu alors Ayo et Kuona en train de "discuter". Il arriva pile pour voir la jeune sang-mêlé s'éloigner et lancer un :

- Je te souhaite une longue vie d'amour avec lui, et pleins de bébés aveugles.

D'abord surpris, le visage de Maficho passa rapidement à la désapprobation. Il n'aimait pas ce ton. De toute évidence, les deux lionnes s'étaient disputés, sans doute à cause d'un idiot de mâle de ce qu'il comprenait, mais cela n'était pas une raison pour qu'Ayo se montre aussi désagréable. Oui, s'éloigner de quelqu'un pour qui elle avait des sentiments ne devait pas la mettre de bonne humeur, surtout si elle avait une "rivale", mais ce n'était pas une raison.

D'un pas lourd, Maficho rejoignit le duo alors qu'Ayo s'éloignait. Il se racla la gorge bruyamment, pour être certains que toutes l'entendent.

-AHEM.

Son regard sévère se posa sur les deux lionnes l'une après l'autre. ... Même si de toute évidence, seul Ayo le verrait.

- Ayo. Kuona. L'une de vous daignerait-elle m'expliquer ce qu'il se passe ici ?

Sa queue battait de droite à gauche, caressant la neige et traduisant un certain agacement.

Si sa marche était rapide, cela n'empêcha pas le pire de se produire.

Ayo était bien déterminée à quitter le nord. Non pas parce qu'elle ne l'aimait plus, mais parce que ce territoire allait la rendre malade. Malade au point d'un mourir, malade au point de vouloir trucider Kuona pour ses paroles. Elle ne savait pas ce qu'elle disait, et à quelle point ses mots étaient des pierres dans son cœur. Au fond, les lions étaient tous des êtres égoïstes, incapables de garder leur langue dans leur poche. Incapable de ne pas céder à une tentation aussi forte que celle de la vengeance, de l'amour... Et de la jalousie. Oui, Ayo faisait partie de ces lions, de tous les lions en faîte. Si l'un d'entre eux démentait ne pas en faire parti, c'est qu'il était tout simplement hypocrite.

Un raclement de gorge stoppa sa route. Lorsqu'elle se retourna, elle reconnu Maficho, au loin. Son cœur se déchira un peu plus. C'était certainement le début de la fin. Depuis quand il était là ? Avait-il tout entendu ? Une vague de honte monta en Ayo. Maintenant, il fallait qu'elle parle. Jetant un rapide coup d’œil à Kuona, elle s’aperçut avec surprise que la lionne était complètement déconfite. Ses paroles lui auraient-elle fait du mal ? Oh, quelle tristesse. Attaquer sur les points faibles des autres, ce n'était pas joli, elle le savait. Mais c'était bien ce que son mentor lui avait apprit... Non ? Attaquer là où ça fait mal. Pour la première fois, la jeune lionne comprit qu'elle pouvait se montrer bien plus puissante avec des mots, plutôt qu'avec des gestes. Sa première vraie bataille fut gagnée avec des paroles.

Ayo sut enfin, qu'elle était prête à partir. Maficho l'avait suffisamment entraînée pour qu'elle puisse survivre. Mais là n'était pas la question. La situation était dangereusement glissante, et possiblement sans retours. Il allait falloir user de malice pour retourner la situation à son avantage. Se battre avec des mots. Sa meilleure arme.

- Maficho... Souffla la lionne.

Et là, elle tout s'effaça. La guerrière qui était apparue en elle disparue en une fraction de seconde. Pouf, envolée. La colère était responsable de ses paroles, et face au lion blanc, elle ne pouvait plus être désagréable: tout simplement parce qu'elle tenait beaucoup à lui, et qu'il ne lui avait jamais fait de mal.

- Je... Eum...

Perdue. Comme Kuona, apparement. La jeune lionne bleutée avait les larmes aux yeux, blessée par les paroles de la métissée. Soudainement, après la tristesse, la colère et la jalousie, vint les regrets. Elle avait été méchante. Malgré des paroles justes et sincère, elle n'avait tout de même pas de le droit de dire ce genre de chose. C'était sa... Formulation, qui pêchait.

- Moi aussi, répondit-elle plus pour Kuona que pour Maficho. Je suis tendue, et j'ai dis des trucs pas sympa.

Pourtant, le mot "désolé" n'arrivait pas à sortir de sa bouche. La jalousie était toujours présente, mais certainement refoulée. La lionne métissée baissa la tête un instant, n'arrivant pas à se confronter au regard de Maficho. C'était la dernière fois qu'ils se voyaient, et elle n'arrivait même pas à le regarder. Pas avec Kuona à côté d'eux.

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Le Nokosis souffla doucement. Il n'appréciait pas la tournure de la discussion. Aucune des deux lionnes ne semblaient disposées à lui expliquer exactement ce qu'il se passait et cela l'agaçait. Finalement, il secoua la tête avec lassitude et un soupir. Oh, et puis après tout, si elles préféraient garder ça pour elles, elles avaient bien le droit. Là n'était pas le problème, du moment qu'elles ne se sautaient pas à la gorge.

- Je vois.

Il fit une courte pause. Son regard allait doucement d'Ayo à Kuona puis inversement.

- J'ose alors espérer que ce genre d'incident ne recommencera pas.

Car si ça devait devenir une habitude, ce serait fort regrettable. A une époque, cela l'aurait été parce que les Nordiques se devaient de rester unis et que ce genre d'enfantillage ne servait qu'à semer la discorde. Mais aujourd'hui, Ayo n'était plus une Nordique. Et qui sait ce qu'il pouvait se passer si la situation s'envenimait ainsi avec un lion ou une lionne appartenant au clan duquel elle visitait le territoire ? Les choses dégénéreraient bien vite. Trop vite.

Maficho s'attarda un instant sur Ayo.

- Je comprend que tu sois tendue mais il faut te détendre. Tu ne quittes pas le Nord pour toujours après tout, tu reviendras nous voir. Et puis, tu vas avoir la chance de découvrir la vie au delà des Montagnes.

Pour beaucoup de lions, une telle expérience était un rêve. Pas pour Maficho mais il cherchait à détendre l'atmosphère un maximum.

Les paroles de Kuona lui donnaient envie de l'étriper. Elle était tellement niaise. Je suis désolée, blablabla, c'était un terrain glissant blablabla, ses sentiments blablabla. Ayo lui jeta un regard aussi froid que la glace qui recouvrait le mont blanc. Même si elle ne pouvait pas la voir, elle pourrait au moins sentir toute l’amertume qu'Ayo avait pour la lionne bleutée. Quelque chose dans son cœur et son corps, criait haut et fort: ferme ta gueule.

Elle n'était pas à sa place. Elle ne connaissait pas sa vie, et encore moins ce qu'il l'attendait. Kuona vivrait toujours dans ce cocon douillet de la famille nordique, sans jamais connaitre ce grand déchirement de tout perdre. Non, Kuona ne pouvait pas se permettre de s’excuser parce qu'elle est incapable de s'exprimer correctement. Dans ce cas là ma grande, la meilleure des solutions est encore de ne rien dire.

Ce fut au tour de Maficho de prendre la parole. Ses sermons lui fit baisser ses oreilles, même si au fond, la jeune adulte en avait marre d'être prise comme une éternelle enfant. Elle allait quitter le nord, quitter sa vie, sa "fausse" famille, quitter ses amis, et là encore, on trouvait le moyen de lui dire qu'il fallait qu'elle se comporte bien ? Était-ce une blague ?

La jeune lionne serra les dents, sans dire un mot. La présence de Kuona lui était insupportable, et celle de Maficho la rendait infiniment triste. Cela aurait été plus facile de partir sans lui dire au revoir de cette façon.
Mais finalement, ce fut le lion blanc qui lui porta le coup de grâce. Tu vas avoir la chance de découvrir la vie au delà des Montagnes, lui dit-il, l'air confiant, comme si cela était normal. Si beaucoup de nordique en rêvaient, et si Ayo avait rêvé de ce moment elle aussi, c'était une grande étape de sa vie qui se terminait, et il lui fallait un grand courage pour réussir à surmonter cette épreuve.

Car rien n'est plus dur que de se jeter dans l'inconnu de force, et sans personne pour nous épauler.

Ayo allait partir seule, découvrir le monde seule, et lorsqu'elle reviendra dans le nord, la moitié de ses habitants l'auront oubliés depuis longtemps. Et de nouveau, elle sera encore seule.

- Une chance... Souffla-t-elle, les larmes aux bords des yeux.

Son cœur fit un bond dans sa poitrine. La jeune lionne leva la tête, et senti son poitrail s'enflammer, comme si l'enfer avait trouvé une brèche pour pénétrer dans son cœur. Son regard bleuté devint noir, et Ayo regardait Maficho à travers le brouillard de ses larmes.

- Quelle chance de tout quitter. Quelle chance d'être arrachée à sa terre natale. Quelle chance de savoir que je vais être oubliée.

Elle fronça les sourcils.

- Quelle chance de quitter le lion que j'aime, rajouta-t-elle, une larme coulante sur sa joue. Merci Maficho, de me faire rappeler que ma vie n'est plus ici, et qu'elle ne le sera jamais plus.

La jeune lionne prit une grande inspiration, et fit volte face, cette fois ci bien déterminée à quitter les lieux pour de bon. D'un pas rapide, elle tourna sa tête cria assez fort pour qu'ils puissent l'entendre:

- Si par miracle je survie en bas, et que je remonte dans la montagne un de ces jours, faîtes semblant de me reconnaître, s'il vous plais. Oh, et Kuona... Tous mes vœux de bonheur pour toi et Maficho.

Lorsque la lionne baissa la tête de nouveau, son visage devint plus fermé, plus stricte. Une part de son innocence s'était envolée, et le nord avait perdu aujourd'hui l'un de ses plus fidèle enfant.
La dynamique, la joyeuse, et la souriante Ayo, n'était plus.

HRP:

↠ Ayo cherche son papa ! ↞

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Si les mots de Maficho se voulait encourageant, il n'eurent pas l'effet escomptés et semblèrent enfoncer la jeune lionne plutôt que de l'aider. Le Nokosis fit de son mieux pour cacher son malaise et sa culpabilité mais le fait était qu'il ne savait pas quoi répondre à Ayo. Il espérait simplement qu'elle avait eu le temps de passer du temps avec le fameux lion dont elle parlait avant de partir... Et qu'elle avait pu lui avouer ses sentiments aussi. Cela devait être une croix bien lourde à porter qu'un tel secret. Cependant... Cependant il ne croyait pas un seul mot concernant le fait qu'elle serait oublier. Pensait-elle donc qu'elle n'avait jamais eu une place importante dans la vie de certains Nordiques, dont lui ? Pensait-elle qu'elle serait la seule à souffrir de se départ ? Si oui, elle était bien égoïste de le penser. Non, Maficho ne l'oublierai pas. Tout comme les lions qu'elle avait côtoyée en vivant ici. Ils lui manqueraient, oui. Et elle leur maquerait aussi. C'était ainsi.

Avant qu'il puisse ajouter quoi que ce soit, Ayo commençait déjà à s'éloigner. Il l'entendit juste crier.

- Si par miracle je survie en bas, et que je remonte dans la montagne un de ces jours, faîtes semblant de me reconnaître, s'il vous plais. Oh, et Kuona... Tous mes vœux de bonheur pour toi et Maficho.

Il soupira de lassitude. Avec le temps, elle apprendrai que non, il ne suffisait pas de partir pour que les gens vous oublie. Mais... Mais il semblait qu'elle ne soit pas en état de se raisonner. Maficho était simplement attristé d'avoir quitter sa disciple sur une telle interaction. Il ne releva même pas sa dernière phrase. Le félin secoua doucement la tête avant de se tourner vers Kuona.

- Nous devrions rentrer. Viens.

Il n'attendit pas de réponse et tourna les talons pour retourner au cœur des montagnes.