Love lives in the water

Jamais je ne m'étais levée aussi tôt. A peine avais-je les yeux ouverts que je me ruai vers Banguko avec un grand sourire. Il dormait près de moi, donc loin d'Amaya ce qui ne put que me satisfaire. Instinctivement, je lui donnai un coup de museau affectueux pour le réveiller avant de sautiller autour de lui en riant :

« Oh Banguko je suis si heureuse ! Enfin je vais voir le Nord avec ses couleurs d'argent ! »

Je ne pouvais dissimuler ma joie et trottinai auprès de mon ami. Nous marchâmes un bon moment, partageant des œillades complices. Je crois bien que mon enthousiasme l'amusait. Finalement, nous arrivâmes face au Passage Marécageux et je ne pus me retenir de rire en me jetant dans la boue. J'étais si heureuse avec lui. Cependant, il semblait plus sérieux que d'habitude, comme s'il se méfiait des marécages. Je le regardai, trempée en lui offrant le plus beau de mes sourires. Finalement, je sentis que mes pattes s'enfonçaient légèrement et je retournai près de Banguko aussi vite de possible en m'ébrouant, le salissant au passage. Je ne pus cacher ma surprise lorsque je vis son pelage trempé et sale. Je ris un instant avant d'approcher mon museau de sa fourrure pour lui enlever le maximum de saleté comme l'aurait fait une mère à son petit. Je réalisai alors que mon visage était plein de boue et je rougis en reculant. J'essayai d'enlever la crasse de mon visage mais n'y parvins guère. Instinctivement je plongeais ma tête dans l'eau pour me nettoyer puis sentis la fourrure douce de Banguko frôler la mienne et je redressai ma tête lentement, le pelage trempé par l'eau. Mon regard vert pomme parcourait la fourrure de Banguko et je souris doucement. J'étais tellement heureuse que je crus un instant que mon cœur se détacherait de mon poitrail. Cette fois, je ne secouai pas ma fourrure et préférai rester dans le froid, lorgnant le géant gris avec un air amusé. Mais contrairement à ce que je pensais, il ne semblait pas décider à me repousser.

«  J'ai tellement hâte d'arriver dans le Nord ! Je vais pouvoir voir l'endroit où vous avez vécu dans votre jeunesse et là où Uka a posé ses pattes ! Oh Banguko j'ai tellement hâte ! Et surtout... Je serais en bonne compagnie... C'est toujours mieux entre amis pas vrai ? »

Je me réfugiai dans la fourrure chaude du gris en soupirant de bonheur. Même si le mot ami me coûtait je réalisai que le vieux gris était bien plus qu'un amour pour moi... Il était mon plus cher ami... Je lui soufflai avec tendresse :

«  J'ai l'impression qu'avec quelqu'un comme vous je pourrai faire le tour du monde sans jamais me lasser... Rien que vous voir pourrait égayer la plus pâle de mes journées. Est-ce que ça fait ça à toutes les personnes qui vous rencontre ? »

Codage par Libella sur Graphiorum

Love lives in the water

Lorsque j’eus fini sa toilette, le beau gris se dégagea avec un air faussement en colère qui s’apparentait à celui d’un père grondant son enfant. Je ne pus m’empêcher de sourire lorsqu’il me tutoya, c’était une première ! Je baissai les yeux un instant et dis avec un air taquin :

« D’accord Papa ! »

Je ris doucement avant de sursauter lorsqu’il commença à me débarbouiller. Il me complimenta alors en disant que j’étais beaucoup plus belle sans cette boue collante. Je battis des cils avec un air doux avant de le suivre sur le pont de pierres aussi agilement que possible. Mais la roche était glissante et je ne pouvais réellement dire combien de temps je pourrai rester aussi stable sur ces gros cailloux. Tandis que Banguko marchait calmement, je regardai le marécage avec un air absent, l’eau semblait habitée par de drôles de bêtes. Sans le savoir, je m’étais laissée distancée par Banguko qui était à quelques longueurs de queues de moi. Je vis alors du mouvement et quittai les rochers pour voir ce qu'il y avait. Et contre toute attente, c'est une grenouille qui me répondit lorsque je miaulai légèrement pour voir ce qu'il se trouvait dans ces terres. Je restai immobile un instant mais au moment où je voulus rejoindre le lion gris, je me retrouvai coincée. Paniquée, je tentai de me dégager, en vain, j'étais... Bloquée... Mes yeux verts s'écarquillèrent tant qu'on aurait pu croire qu'ils avaient doublés de volume, les oreilles rabattues en arrière, je poussai un couinement :

" Banguko ! Je... Je suis coincée..."

Je continuai ma lutte avec la motte de terre humide mais m'enfonçai à chaque mouvement. Un mouvement de patte mal calculé me fit tomber la tête la première dans la boue. La panique se faisait sentir et je poussai un feulement paniqué. Bon sang ! Je ne voyais plus rien ! Je rugis mais de la boue s'infiltrait dans ma gueule. Je hoquetai, j'avais besoin du lion gris, une fois de plus.

Codage par Libella sur Graphiorum

Love lives in the water

Avant de faire quoi que ce soit, un brin de toilette était inévitable, j'entrepris donc de nettoyer mon visage pour éviter de faire mauvaise impression. Mais mon sourire demeurait toujours et rien n'aurait pu le faire pâlir. Je bondis alors aux côtés du vieux gris et me mis à marcher, toujours avec ma démarche guillerette. Ma queue s'agitait doucement et mes belles pattes s'activaient gracieusement. Un air sérieux et gracieux vint se nicher sur mon visage lorsque petit à petit, nous atteignîmes les montagnes du Nord et un climat beaucoup plus froid vint s'installer. Mes pattes commençaient à trembler son le contact d'une substance glacée et mordante. C'est alors que je la vis, celle que je désirais plus que tout voir :

La neige...

C'est alors que je compris, que j'y étais. Le royaume blanc avec ses couleurs pâles et froide, sa grâce sans limite et sa beauté agressive. Je regardai Banguko avec un air doux avant de poser mes yeux sur les grands rochers qui nous accueillaient tandis que le vent nous chantait la bienvenue. Nous y étions.

Codage par Libella sur Graphiorum