We need a break ft Banguko

Shana ‡ Banguko

Je baissai la tête lorsqu'il me dit qu'il avait mal, terriblement mal. Instinctivement, je le regardai avec un air paniqué, il semblait si frêle, si abîmé... Si détruit... Mon cœur saignait et me torturait tant je soufrais de le voir dans un tel état. Puis, avec une délicatesse infinie, il prit ma patte et le posa sur sa poitrine, faisant accélérer drastiquement mon rythme cardiaque. Je le regardai avec un air surpris avec une once de détresse. Je ne savais que faire en cette situation... C'était une torture infâme que les Grands Esprits avaient décidés de m'infliger. Ils m'avaient fait aimer pour tester mon honneur, mais à ce jeu là, je n'étais pas sûre de gagner...Mes prunelles d'émeraude fixaient le père de famille avec tristesse.


« Est-ce que...Mes pulsations cardiaques sont anormales ? Peut être que mon âge commence à me rattraper... »

Ces mots me brisèrent et m'attendrirent à la fois... Quelle tragédie que la vieillesse... Si j'avais pu, je l'aurais enlacé, lui disant que je l'aimais et que c'était fini, que nous serions ensemble à jamais. Mais... Il y avait elle... Amaya. Cette fichue lionne même pas apte à rendre heureuse son amour. Ô, il était évident que si j'avais pu me mettre avec lui, je l'aurais fais. Mais il ne fallait pas toujours penser à soi et à cet instant, il n'y avait que lui. Et lui... Ne m'aimait sûrement pas... C'était triste ; mais c'était ainsi... Je dis alors, la gorge serrée :

«  Cela très cher... N'est pas le bruit d'un cœur malade... C'est celui d'un cœur brisé... Exactement comme le mien... »

Je le regardai alors en silence, le cœur battant. Mes larmes commençaient à se débattre pour quitter mes paupières mais je luttais. Je me contenais tant bien que mal et collai légèrement mon front au sien en disant avec émotion :

«  Rassurez-vous, les cœurs brisés finissent toujours par se réparer... Grâce au temps... Il n'y a que cela qui soigne le cœur... Même si moi il prend du temps » dis-je en riant légèrement.

Après cela, je reculai, lui laissant un peu d'espace, des larmes commençaient à perler sur mes joues et je les essuyai doucement en hoquetant. Je reniflai un instant avant de dire, en pleurs :

« Pardonnez-moi... Je suis toujours trop démonstrative avec les gens que j'apprécie... Je... Je suis sotte... Je l'ai toujours été... Et là encore, je continue de me plaindre alors que c'est vous qui souffrez... Je suis insupportable... »

Je ne reculai pas, je gardai la tête basse mais je posai ma patte sur celle de Banguko et dis avec une boule dans la gorge.

« Je sais que l'on ne se connaît pas vraiment mais sachez que si un jour vous avez besoin d'une... D'une oreille attentive pour écouter vos tracas ou... Ou juste vos sentiments... Je suis là... »

Mes yeux étaient encore une fois remplis de larmes... Bon dieu Shana, ce que tu peux être pleurnicharde! Mais j'attendais sa réponse. Je ne m'attendais pas à quelque chose de tendre. Ni quelque chose de calme. Sans doute dans sa douleur m'enverrait-il paître, pretextant que je n'étais qu'une pridelander sans cervelle... Et là encore... Il aurait raison...

#FK.015 pour epicode

We need a break ft Banguko

Shana ‡ Banguko

Le lion gris se mit alors à pleurer, dévoilant désormais ses faiblesses et sa douleur en arrachant mon cœur à sa poitrine. Mes yeux s'écarquillèrent et je serrai mes crocs, accueillant sa tristesse comme l'aurait fait une boule de mousse avec de l'eau.

-Je...Je vois que je ne suis pas le seul à souffrir...Shana...Je ne sais pas quoi faire...Je...Je me sent rejeter par ma propre compagne...Je ne sais vraiment pas quoi faire Shana...Peut être que...Que je dois...Mettre fin à mes jours ici et maintenant...

On dit parfois que les mots font aussi mal que des morsures... Mais là c'était totalement faux. Ces mots me transperçaient, me brisaient, me retournaient l'estomac et provoquaient en moi un profond dégoût de la vie. Elle l'avait pour elle seule et elle n'était même pas capable de le rendre heureux ? Elle ne pensait donc qu'à elle-même ? Celle qui se dit sage était donc incapable de voir la douleur qu'elle provoquait ? Et il voulait abandonner la vie... Ici... Maintenant... Pour elle ? Non. Non non non et non ! Je plongeai mon regard humide dans le sien avec soudain une mine sérieuse<

«  Non... Ce n'est pas la bonne chose à faire... »

Je me collai soudain à lui avec l'air le plus amical possible et lui dis :

«  Je suppose que vous avez fait de votre mieux. Je n'ai aucun doute sur le fait que vous ayez fait des concessions pour elle, que vous ayez renoncé à pleins de choses pour elle et que son indifférence vous touche mais... Je suis sûre qu'il y a pleins d'animaux qui seraient prêts à vous montrer toute l'affection dont vous avez besoin et... Et que vous méritez... »

Je le regardai alors dans les yeux, son regard était perçant, je me perdais dans cette lueur mauve. Mes larmes commençaient à se dissiper lorsque je dis, la gorge serrée :

«  A commencer par Kyu... Lui... Il serait prêt à tout pour son Papa adoré... Et moi... Je n'hésiterai pas à vous soutenir lorsque la lumière se fera traîtresse. »

Je collai alors ma tête à la sienne en soupirant. A cet instant, plus rien ne comptait, juste lui. Banguko. Un nom simple et qui pourtant provoquait un océan de sentiments aussi complexes que stupéfiants. Je l'aimais...

Plus que la vie elle-même

#FK.015 pour epicode

We need a break ft Banguko

Shana ‡ Banguko

Banguko me dit qu'il connaissait l'admiration qu'éprouvait son fils à son égard. J'agitai une de mes oreilles, il était vrai que l'amour d'un lionceau pour un de ses parents m'était totalement inconnu. J'avais presque oublié les moments passés avec ma mère et ceux avec mon père commençaient déjà à s'échapper de ma tête. Bien sûr, je sentais l'affection de mes neveux, mais il était clair que ce n'était pas vraiment la même chose que ce que devait ressentir Ukarimu. Je lui souris avant de dire avec un air triste :

«  Il est vrai que je ne suis pas extrêmement bien placée pour parler des relations parentales étant donné que je n'en suis pas concernée. Mais, je suppose qu'un père est bien placé pour connaître le ressenti de ses enfants. »

Soudain, son regard se fit plus déterminé, plus sérieux. Il me dit qu'il avait besoin de mettre ses soucis de côté, de partir... Mais partir où ? Et avec qui? Puis il répondit à la question que je m'étais moi-même posée. Il voulait partir... Avec moi. Mon regard s'éclaira et un sourire doux comme la fourrure d'un lionceau vint se poser sur mon visage pendant quelques secondes. Je me laissai aller à un petit rire et dit avec un air apaisé :

« Ce serait un plaisir, cher guide. »

En temps normal, j'aurais poussé un cri de joie et me serai mise à bondir autour de l'arbre en me dandinant. Mais là, j'étais trop heureuse pour quitter son visage. Mes yeux émeraudes le dévoraient mais cet fois pas par amour, mais par tendresse. Il avait besoin d'attention en ces temps cruels et j'étais prête à lui donner. Pour l'heure il fallait lui changer les idées.

«  Maintenant... Pouvez-vous m'en dire plus sur vos terres natales ? Je suis sûre qu'elles sont magnifiques, comme votre pelage. Cependant, j'ai une question qui va sans doute vous surprendre mais... Les nordiques ont-ils tous une absence de crinière ? »

Il est vrai que je ne savais pas vraiment d'où venait l'absence de crins du beau gris et cela m'intriguait. Qui sait, peut-être les nordiques étaient tous comme cela.

« Non pas que je ne trouve pas ça beau... Au contraire ! Oh euh... »

Je baissai les yeux, gênée. Pour le coup je ne savais plus où me mettre, j'avais osé lui dire ce que je pensais. Je grattai le sol nerveusement, à la fois désireuse de lui dire ce que je pensais et à la fois muselée par ma conscience.

#FK.015 pour epicode

We need a break ft Banguko

Shana ‡ Banguko

Mon cœur battait la chamade au rythme de l’effondrement de mes larmes. Le mâle me caressait le dos avec douceur et je me sentis partir. Ô que j’avais mal. Mon cœur était comme un arbre enflammé : il était dévoré par les flammes et se décomposait lentement. Je m’abandonnais à lui, humant son parfum avec tant de douceur que mon souffle en était timide. Je fermai les yeux et le liquide salé quitta mes paupières pour la énième fois. Je ne voulais plus le quitter, plus jamais. Je voulais juste qu’il soit là pour toujours avec moi. Ou qu’au moins je puisse l’entendre me dire les mots... Ceux que je luttai pour contenir. J’avais l’impression d’être une souillon, une traîtresse, une lionne fourbe et pourtant... La seule chose que je voulais... C’était entendre trois malheureux mots... Des mots simples mais que la vie m’avait toujours refusé. Puis il me demanda pourquoi. Pourquoi ces larmes... Pourquoi cette douleur. Il n’avait pas comprit... Je baissai la tête et après avoir sentis une dernière fois son pelage, je m’éloignais :

« J’ai beau me dire que c’est comme ça... Que sans vieillir... On oublie pas... Je ne peux pas...» Je soupirai, en larmes.

Je regardai le ciel un instant avant de planter mes griffes dans le sol et grogner :

« J’ai toujours cherché l’amour... Oui, je l’avoue... J’aurais voulu être aimée... Mais aujourd’hui je crois que je chercherai toujours... Sans jamais trouver... Je crois que je suis condamnée à rester seule Banguko...»

Je le regardai, tremblante, les crocs serrés, je l’avais dis et étonnamment, je ne me sentais ni mieux ni plus mal... Je levai la tête et dis simplement :

« Je sais que l’envie est quelque chose de mal mais... Est-ce un crime de vouloir se sentir aimer ? Je ne sais pas...» Je sanglotai, prête à m’évanouir. Jamais mon cœur ne m’avait été aussi douloureux...

Je me mis à tourner en rond, comme l’aurait fait une enfant à qui on refusait quelque chose. Mes griffes étaient sorties et se plantaient dans le sol à chacun de mes pas. Je m’approchai de l’arbre et frappais avec ma puissante paire de griffes l’écorce du tronc en feulant. Finalement, je grondai :

« Ce n’est pas un coup de théâtre Banguko... C’est un cri du cœur... »

Je restai immobile un instant, luttant contre ces sentiments instables qui m’assaillaient sans relâche. Peu après, je posais mon regard d’émeraude sur Banguko qui semblait étonnamment soucieux. Je m’avançai près de lui et m’assis près de lui, plus frêle que jamais.

« Pardonnez moi cher ami... Je pense que moi aussi, j’ai besoin de fuir ces soucis... Et il n’y guère meilleur moyen que de le faire avec un ami... »

Je lui donnai finalement un coup de langue sur la joue avant de l’observer avec tendresse. Mon affection pour lui ne cessait de croître et ce coup de langue n’avait rien arrangé. Je posai mes yeux verts sur la petite touffe de poils grise qui ornait le crâne du lion gris et l’effleurai de la patte avant de regarder mes coussinets, des poils poivre et sel gisant sur ceux-ci. Je dis simplement avec un sourire tendre :

« Vous avez une fourrure magnifique... Pas étonnant que vos enfants soient si charmants... »

Oui, le lion avait une descendance radieuse, son fils ayant hérité d’un pelage jangowas et sa fille de ses yeux violets. Je lui donnai un coup de tête amical et ris un instant :

« Les enfants sont vraiment des créatures fascinantes... C’est fou de savoir que des animaux aussi fatiguant puissent avoir autant d’emprise sur leurs géniteurs. Je me souviens, quand j’étais jeune, je me servais de mes yeux verts pour attendrir mes parents. J’adorais faire tourner mes parents en bourrique... J’étais une vraie petite chipie ! Et puis... »

Je sentis une boule se coincer dans ma gorge et je regardai le ciel :

«  Et puis un soir... Maman n’est pas revenue de la chasse... Brisant à jamais notre enfance... »

Je secouais la tête et dis en gémissant :

« J’ai réussi a passer cette épreuve mais... Ma sœur Ukarimu était totalement changée par cette expérience et nous nous disputions toujours... Et... Malgré le fait que j’arrivais toujours à sourire... J’avais mal... Et puis... Papa...»

Je claquai ma mâchoire puis plongeai mon museau dans la fourrure de mon ami et dis en tremblant :

« Papa est mort alors que je venais de me réconcilier avec ma sœur... Et puis... La Reine est morte... Et après... Ma sœur est partie en voyage... Et moi... J’étais seule... »

Mes larmes trempaient la fourrure de Banguko et je profitais de sa présence en tremblant. Les yeux clos, je lui léchais la fourrure, concentrée sur les coups de langues que je lui conférais, priant pour qu’il ne me repousse pas... J’avais besoin de ça... J’avais besoin de sa présence...

#FK.015 pour epicode

We need a break ft Banguko

Shana ‡ Banguko

Bang. Bang. Mon cœur battait tellement vite lorsque le lion m'enlaça, je lui léchai tendrement le museau, incapable de me détacher de lui. Il tenta de me rassurer en me parlant du voyage. Mes yeux verts pomme se posèrent sur lui et mon corps se mit à trembler à l'idée de parcourir les terres natales du beau gris. J'allais voir les endroits où, dans sa jeunesse, il avait posé ses pattes. Qui sait, peut-être avait-il de la famille là bas ? Qui savait quelles bonnes surprises m'attendaient à ses côtés ? Bien que des larmes coulaient encore sur mes joues, je lui offris un sourire angélique. Le même que je donnais à Papa lorsque je voulais quelque chose. Finalement, il passa sa langue sur mon oreille et je sentais tout mon corps se crisper avant de se détendre totalement. Il me dit alors qu'il fallait rentrer. Je regardai en direction de Prideland. Avant même que je puisse dire quoi que ce soit, le lion gris s'était déjà allongé. Je restai immobile un instant songeuse. Finalement, le vent se mit à souffler légèrement plus fort en direction de Banguko et je soupirai avant de me tourner vers lui puis dire :

«  Aujourd'hui, vous ne dormirez pas avec celle que vous aimez... Mais avec une amie... »

Sans un mot de plus, je m'allongeai près de lui et nous nous regardâmes un instant. Le mâle semblait bien trop fatigué pour répondre, il se contentait de me regarder. J'ignorai totalement à quoi il pensait mais son regard était doux. Un instant plus tard, je posai ma patte sur la sienne et m'endormis. Il ne se passa rien, mais à ce moment là... Nous savions... Que nous n'étions pas seuls.

#FK.015 pour epicode