Infiltration

Adana poussa un long soupir, profonde symbolique du courage qu'elle cherchait à contenir en elle.
Devant ses pattes, la frontière d'Outland. Elle se trouvait dans la Lande aux Sans-Terres. Vita l'avait quittée il y a peu de temps. Ils s'étaient séparés pour la quête d'informations. Il ne restait plus qu'elle, devant sa destinée. Et devant celle de Kutoa si elle parvenait à le tuer.
La demoiselle brune fit un pas, puis un autre. Puis des dizaines d'autres. Bientôt, elle atteint la Plaine Aride. C'était un lieu qui encerclait le domaine central d'Outland. Ce bout de territoire devait être très connu des patrouilleurs frontaliers. Elle regarda à droite, puis à gauche, jetant un œil à la terre sèche, à ce soleil qui lui donnait mal au crâne. C'est ce que Sayidi avait dit : l'après midi, les Outlanders cherchaient de l'ombre. Peut-être aurait-elle une petite chance de ne pas croiser d'Outlanders au cours de sa séance de repérage. Ses prunelles dorées balayaient les alentours avec minutie, attention et prenant soin de mémoriser les moindres détails importants qu'elles pouvaient distinguer dans le paysage. Bien sûr, la Mositu se doutait qu'elle finirait par oublier les détails les plus quelconques ; ça ne l'empêchait, malgré tout, de tenter l'expérience.

Elle leva la truffe et s'intéressa aux odeurs particulières du royaume. Imaginant la Reine Tahani, sa famille et puis les exilés en train de vadrouiller sur la Plaine Aride. Vita qui rendait visite à Ishana et ses enfants, et se prélassait dans un coin en digne profiteur qu'il était. Adana eut un léger sourire. Léger sourire qui disparut à la distinction d'une tache rouge dans le lointain. Qu'était-ce … ? Elle semblait provenir du cœur du royaume. La brune soupira puis inspira un bon coup, se souhaitant un bon courage pour mentir à cette nouvelle venue. Son cœur cognait contre son poitrail avec force mais elle essaya de ne plus l'entendre, de s'intéresser à ce futur Outlander à qui elle parlerait … probablement.

Infiltration

Cette tache rouge, elle la voyait encore. Toujours. Adana se prépara à la toute première conversation de sa vie où elle devrait ne pas être franche … ni honnête avec la personne. Si elle commençait à se faire entendre de certains Outlanders, on ne la laisserait plus traîner dans le royaume – du moins, s'ils n'étaient pas xénophobes – et elle pourrait encore moins atteindre Kutoa. Et s'il y avait bien une chose qu'elle ne laisserait point passer, c'était ce lion gris qui avait commis beaucoup de torts dans sa vie. Il regretterait d'avoir fait une tentative de noyade dans les marécages. De lui avoir volé l'un de ses oiseaux. D'avoir tué son père. Elle le lui ferait payer amèrement.
Petit à petit, la tache rouge prit forme. Révélant les courbes d'une femelle rouge musclée, aux oreilles sombres, aux prunelles dorées et aux crins et à la mèche masculine. Un étrange constat qui fit hausser un léger sourcil à Adana. Elle n'avait jamais vu pareil spécimen. L'inconnue lui jeta un regard méfiant, puis s'approcha d'elle.

« Bonjour … Etes-vous une voyageuse ? »

Ok, reste calme. Tu vas rester naturelle et … Eviter de mentir, si ce n'est pour tes intentions.
La femelle brune la regarda, sans toutefois exprimer une quelconque émotion. Elle était une voyageuse, oui … Pourquoi devrait-elle falsifier une telle vérité ? Moins elle mentirait sur ce qu'elle était, mieux cela passerait. Probablement. Cette Outlander n'irait pas jusqu'à lui sonder l'âme, n'est-ce pas ?

« Bonjour. Je suis une voyageuse, en effet. Hmm ... » Elle fit mine de regarder autour d'elle, suspicieuse. « Je suis sur Outland, c'est ça ? Je ne suis jamais aventurée sur ce territoire avant aujourd'hui. »

Pour le moment, elle ne mentait pas. Peut-être n'aurait-elle pas besoin de le faire au cours de sa conversation avec la femelle rouge. Femelle dont la couleur du pelage régala ses yeux et pour cause, elle lui rappelait celle de Vita, en plus clair. Le vagabond lui manquait un peu, alors qu'ils s'étaient quittés il n'y a pas longtemps. Elle allait devoir rester concentrée.

« Au fait, je m'appelle Adana. Et toi ? » s'enquit-elle, penchant légèrement la tête sur le côté.

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Connaître le nom de la personne à qui elle avait affaire serait un bon début, n'est-ce pas ? Adana estimait qu'elle n'aurait rien à craindre venant de son interlocutrice si elle lui divulguait son prénom. Au mieux elle finirait par l'oublier, au pire elle ne ferait peut-être pas le lien entre celui-ci et le meurtre qu'il y aurait bientôt. Amusée, la demoiselle rouge fit frétiller ses moustaches. Point positif : elle n'avait pas l'air de vouloir se battre avec quiconque. Peut-être était-elle gentille, derrière son masque de garde frontière ? Toutefois, son air amusé disparut à la prise de parole de la brune. Toujours pas de mauvais signe. Imperceptible, l'Outlander écouta ses propos et déclara d'une voix calme :

« Oui. Tu es bien sur Outland ! Et bien ... Bienvenue. »

Adana hocha légèrement la tête, faisant mine de la remercier. Elle constata son passage au tutoiement, détail qui ne l'agaça pas le moins du monde. Elle-même se plaisait à tutoyer tous les gens à qui elle parlait, même à ses prétendus « supérieurs ». Alors entendre quelqu'un le faire devant elle, ça ne la changeait pas tellement dans ses habitudes. Son interlocutrice afficha un nouveau sourire, cette fois-ci malicieux. Et elle reprit, se présentant au passage.

« Je suis Tasa. Enchantée ! Quel curieux hasard t'as fait venir sur Outland ? Tu recherches quelqu'un ? Ou, tu es perdue ? »

Tasa. La demoiselle sombre ferait en sorte de le retenir, au moins le temps de son séjour sur Outland. Qui sait … Peut-être lui servirait-il à quelque chose, finalement ? Elle réfléchit à ses paroles. Hmm … Elle ne pouvait pas prétendre s'être perdue … Ni qu'elle recherchait quelqu'un. En revanche, elle pourrait certainement dire quelque chose proche de la vérité ; comme quoi elle était venue sur Outland pour découvrir le territoire, sans toutefois trop connaître ses délimitations … Et puis, si son interlocutrice avait des connaissances sur le monde extérieur, elle ferait sûrement le lien entre elle et les Mositus, les lions au pelage foncé. Pourquoi ne pas prétendre rechercher des informations sur la Terre Promise ?

« Très bien, Tasa ! Je cherchais Outland, justement. Comme je te l'ai dit précédemment, je ne savais pas trop où il se trouvait … on m'a donné des précisions sur son emplacement et j'ai fait ma petite recherche. Contente de ne pas m'être plantée, en tout cas ! » soupira-t-elle, faussement soulagée. « Et non, je ne cherche personne. J'ignore si tu as déjà entendu parler de mon Clan, les Mositus … On cherche un nouveau territoire et on aurait besoin d'informations. Petit à petit, on visite tous les territoires et on recueille des informations auprès de ses habitants afin de savoir où on pourrait trouver un petit coin de paradis … et puis, je ne te cache pas que j'ai toujours beaucoup aimé voyager. Alors cette quête d'informations me permettra de visiter un peu tout ton royaume ! »

Partagée entre l'illusion et la vérité, la fille de Kimiria fit mine d'être excitée. C'est vrai que d'un côté, elle aimerait bien découvrir Outland, l'ancien territoire de la famille de Vita. D'un autre … eh bien, elle était obligée d'extrapoler un peu. Un petit coin de paradis, qu'elle disait … Cette bonne blague ! Elle croyait en la trouvaille d'un futur territoire mais se fichait peu à peu un peu plus de son Clan à mesure que les journées passent. Se faire passer pour une petite Mositu dévouée et gentille, c'était bien une chose qui lui donnait la gerbe. Encore fallait-il que Tasa ne se mette pas à se méfier d'elle pour si peu.

« Enfin, je dis ça parce que j'en ai envie … J'ignore pratiquement tout sur ton territoire et ton clan. J'ignore si c'est dans vos valeurs d'accepter la présence d'une étrangère temporaire comme moi par ici. »

Il y avait des Clans xénophobes, d'autres non. Et bien sûr, il fallait qu'elle prenne en compte la réceptivité du Clan de sa future victime. Pour le moment, tout marchait comme sur des roulettes.

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Face aux propos de la belle Mositu, les prunelles dorées de Tasa semblaient allumées d'une étincelle de curiosité. Adana non plus, n'en perdait pas une miette : elle se demanda intérieurement si cette Outlander était au courant de l'existence des Mositus sur la Terre des Lions. Une telle situation provoquerait sûrement une série de questions, ou une confiance naïve envers la lionne sombre. Pour le moment, elle semblait d'avis à répondre, à informer. Que pourrait-elle lui dire de faux dans cette quête d'informations ? Rien de tout cela n'était illégal à ce qu'elle sache. Mais ne savait-on jamais … Tasa se mit à fouetter le vide de sa queue, semblant songer à quelque chose. Bien que la fille d'Athar se demandât de quoi il s'agissait, elle préféra se taire plutôt que de s'immiscer dans des histoires qui n'étaient pas les siennes. Elle avait déjà suffisamment affaire avec Kutoa, actuellement.

« Outland chasse souvent les inconnus. Mais ... Je suis seule à patrouiller, cette après-midi. Tu n'as rien à craindre, sur cette terre, en tout cas. Tant que personne ne te vois, ça devrait bien aller. Si quelqu'un t'aperçoit, tente de rester calme. Les Outlanders ont un grand sang froid, enfin, sauf pour certains ... »

Informations intéressantes. Outland chassait souvent les inconnus, elle avait cru le comprendre peu avant son arrivée sur le territoire même. Il ne fallait pas que certains Outlanders la voient. Un Clan de nerveux, sans doute. Malheureusement … La demoiselle sombre ne comptait pas abandonner sa quête d'informations pour une bande de tas d'os croulants qui craignaient la contre-attaque de ceux qu'ils avaient chassés. Du moins, elle l'imaginait ainsi : la famille de Vita semblait particulièrement attachée à certaines traditions et valeurs et elle ne se doutait du fait qu'elle se vengerait peut-être un jour … à moins qu'elle ait trouvé un nouvel oasis où s'installer définitivement, entre-temps. Pourrait-elle tenter quelque chose pour contrer cette fatalité ? En utilisant Tasa comme son bouclier ? Ou en demandant des noms, des descriptions pour qu'elle puisse faire la différence entre un récepteur bienveillant et fou furieux ?

« Vraiment ? C'est dommage. Jusque-là je n'ai pas vu de territoire semblable au vôtre. Je suis certaine que les voyageurs auraient été heureux de pouvoir le visiter. Enfin bon, ce n'est pas le sujet. » dit-elle simplement. « Aurais-tu des noms ou des descriptions physiques à me donner, par hasard ? Je ne peux pas abandonner après tout ce chemin … Je pourrais peut-être faire en sorte d'éviter les Outlanders nerveux et interpeller ceux qui ont l'air bienveillant. Comme toi, par-exemple. Ou alors … Tu pourrais m'accompagner tout au long de mon voyage sur Outland. Comme ça, tu pourrais me le faire découvrir, répondre à mes questions et me protéger des tiens. »

Elle songea à ce qu'avait dit Tasa précédemment : elle était la seule à patrouiller cet après-midi. N'aurait-il pas été mieux qu'elle soit accompagnée afin d'éviter les mauvaises surprises, les lourdes attaques ? Bien sûr, elle ne comptait pas lui souffler l'idée. Ça ne faisait que confirmer les propos de Vita : Outland concentrait beaucoup trop de chaleur en son sein lors des après midi. Un avantage, ou plutôt un désavantage temporaire pour la lionne brune qui sentait sous ses pattes le sol aride et brûlant. Mais ce n'était pas suffisant pour lui faire faire demi-tour.

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Malgré la naïveté apparente de la demoiselle rouge, il semblait évident pour Adana qu'elle n'obtiendrait pas des informations de sa bouche aussi rapidement. Après tout, elle était garde-frontière, et ses expressions faciales avaient l'air d'en dire bien plus que ses propres mots. Elle analysait les propos de la brune, y réfléchissait puis répondait comme si de rien n'était. La fille de Kimiria ne lâcherait rien, en tout cas. Le regard plein de curiosité, elle attendit des renseignements provenant de Tasa. De qui devait-elle se méfier ? Obtenir de telles informations l'aiderait grandement au cours de sa mission. Elle saurait qui étaient les lions plus énervés du groupe … et les plus crétins par conséquent. Seulement … Un souci vint noircir le tableau parfait que la demoiselle sombre venait d'établir.

« J'ai bien des noms en tête mais … Je ne sais pas ce que vous allez faire de ces informations. » déclara l'Outlander.

Un léger sourire amusé s'afficha sur les babines de la rebelle. Toujours aussi méfiante, pas vrai ? Ça ne l'étonnait pas tellement. A sa place, la Mositu l'aurait été deux fois plus. Mais ce n'est pas cette réplique qui désarçonnerait Adana de la sorte. Actuellement – et c'était assez vrai – c'était la brune qui avait le plus à craindre dans l'histoire, pas les Outlanders. Qu'elle soit émissaire de la Jungle ou meurtrière en devenir.

« Ne t'inquiète pas, tu n'as aucune crainte à avoir. Je me servirais simplement de tes informations pour les éviter. Je ne vois pas pourquoi j'irais chercher des ennuis à un Clan qui m'accueille déjà à contre-cœur sur son territoire. » tenta-t-elle de la rassurer, dans un haussement d'épaules et le minois faussement perplexe.

Que dire de plus ? Pour une fois, Adana se sentait fière de ses origines Mositus. Si Tasa avait suffisamment de culture générale, elle saurait que les Mositus avaient toujours eu un tempérament doux et pacifiste. Pourquoi ne le serait-elle pas également ? Elle ne comprenait pas.
Poussant un léger soupir, Tasa reprit, d'une voix plutôt ferme :

« Je ne te serai peut-être pas d'une grande aide mais je peux au moins t'aider à ne pas te perdre sur Outland. »

Adana considéra son regard doré, pensive. Il y avait comme une drôle de lueur qui y brillait mais elle tardait encore à savoir quoi. On aurait dit … Que Tasa se méfiait d'elle, mais d'une méfiance plutôt, hm … craintive ? Elle pencha légèrement la tête sur le côté. Avait-elle l'air d'être à ce point dangereuse ? Ce n'était qu'une « Mositu ». Enfin, peut-être craignait-elle encore les vendettas de la famille de Vita ? C'était possible, surtout lorsqu'on savait de quoi cette dernière pouvait être capable ...

« Ton aide me ferait beaucoup plaisir, Tasa. Enfin … ça ne va pas ? J'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui te tracasse chez moi. Il y a un souci ? » s'interrogea-t-elle, perplexe.

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Peut-être commençait-elle à se poser des questions concernant la brune. Adana pencha légèrement la tête, songeant à cette possibilité fortement intrigante ; Tasa lui avait pourtant paru un minimum conquis aux dernières nouvelles. Pourquoi retournait-elle sa fourrure* (sa veste*) aussi rapidement ? Elle avait encore dû mal à comprendre le souci. Son interlocutrice rouge haussa un sourcil, puis l'observa longuement. La fille de Kimiria releva la tête, imitant sa congénère. Bataille de regards. Une bataille quoique gênante que la Mositu fit durer le plus possible, comme le lui avait enseigné Vita. La moindre esquisse d'un geste suspect pouvait lui coûter cher. Surtout qu'elle avait face à elle une garde-frontière, et si cette dernière la recalait aussitôt, ce serait assez mauvais signe pour elle. M'enfin ! Elle n'avait pas encore prononcé d'accusations. Ça devrait aller n'est-ce pas ?

« Je m'excuse mais c'est un « non » catégorique. Vous n'aurez pas d'informations à ce sujet. Si vous voulez connaître le nom de mes camarades, vous n'avez qu'à leur demander de vive voix, bien que cela m'étonnerai que vous soyez bien reçue. » grommela la femelle au pelage rougeâtre.

Adana retint un grondement frustré. Si près du but … et voilà que Tasa se défilait, refusant de lui donner des noms ou des descriptions qui pourraient grandement l'aider à faire le tri parmi les Outlanders. Pouvait-elle seulement insister ? Ce serait risqué de l'agacer dans un pareil moment. Son cœur révolté rugissait sa haine. Mais elle ne devait pas laisser place aux émotions négatives. Cette vengeance, elle l'aurait.

Tasa sembla d'ailleurs surprise face à la question de la lionne au regard d'or. Avait-elle tapé en plein dans le mille ? On dirait … De la gêne apparut sur le visage de la garde-frontière.

« Hum … C'est bien rare de voir des inconnus, par ici. Votre venue me semble bien étrange. Je … Je sais, c'est stupide mais, je ne voulais pas emmener une inconnue comme ça sur nos terres. Vous êtes peut-être dangereuse … Je donne trop facilement ma confiance, je le sais. Enfin, du moment que vous n'embêtez pas Outland, je suppose que ça peut aller. »

Comment pourrait-elle lui prouver sa bonne foi ? Ou plutôt, sa mauvaise foi compte tenu de la situation … Adana n'exprima aucune émotion, si ce n'est un petit haussement de sourcil surpris. Cette Tasa semblait être un vrai casse-tête … Elle modifiait ses humeurs et ses tactiques toutes les secondes. Une fatalité qui ne plut guère à la femelle en mission qui ne savait sur quelle patte danser avec elle. Soupirant doucement, la voyageuse sombre reprit, tentant une fois de plus la sympathie.

« Je comprends. Ça ne me vexe pas du tout. Comment pourrais-je te prouver mes bonnes intentions ? Pourquoi n'irais-tu pas questionner les animaux qui vivent autour de ton territoire ? Tu pourrais leur demander si les Mositus voyagent vraiment et tu verras bien ce qu'ils te diront. La même chose si tu croises un Mositu. Demande-lui si je suis en mission, je peux te parier qu'il n'hésitera pas deux secondes avant de te répondre. Je peux te dire que je dis la vérité et que tu n'entendras jamais parler de moi sur Outland. »

Elle espérait l'avoir convaincue. Bien que cela semble compliqué avec Tasa. Vita l'aurait sûrement disputé pour son audace mais … On ne pouvait changer quelqu'un qui n'avait jamais l'habitude de mentir. Elle mêlait dangereusement la vie privée au futur meurtre qu'elle officialiserait bientôt, sans s'en inquiéter. Typique naiveté des apprenties vengeresses de son niveau.

« J'accepte ton refus, en tout cas. Je ne souhaite pas te déranger davantage que cela dans ta patrouille de l'après-midi. Si tu me le permets, je pense que je vais te quitter et m'enfoncer un peu plus sur le territoire, à la recherche d'un autre Outlander qui voudra bien me faire visiter tout ça ... » lâcha-t-elle, légèrement embarrassée.

La vérité était que c'était assez … chiant, en fait. Mais que pouvait-elle faire d'autre ? Mieux valait qu'elle se cherche un autre Outlander à « amadouer » plutôt que de forcer sur une lionne qui ne l'emmènerait nulle part autre qu'aux frontières du royaume. Elle était prête à s'en aller, désormais.

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Demeurait cependant une dernière question non résolue : Tasa la laisserait-elle passer ? Il ne fallait qu'un oui, un simple « oui » pour que toute une étape de la mission s'achève grâce à elle. Si la brune parvenait à pénétrer dans Outland, elle pourrait se satisfaire de son avancée et croire en la réussite de sa vengeance. Si la lionne rouge refusait … eh bien, elle devrait faire demi-tour, puis revenir, à un autre moment de la journée. Quand la garde-frontière têtue ne serait plus là pour l'embêter. Enfin, à choisir, Adana préférait largement la première option. Elle n'avait pas envie de devoir surveiller les déplacements de Tasa et de Kutoa à la fois pour ne pas se faire piéger. Et puis, qui sait si elle racontait sa mésaventure à ses collègues ? La situation serait encore plus compliquée pour l'espionne.
Un sourire quelque peu étrange apparut sur les babines de Tasa, qui avait l'air satisfaite d'entendre ses « excuses ». Quand la fille de Kimiria lui demanda si elle pouvait disposer, il y eut comme un changement de tactique. Un jeu d'émotions sans fin. Tasa esquiva le regard de la brunette puis balbutia :

« Très bien … Hum … Au revoir ? »

Elle retint un soupir exaspéré, consciente qu'elle portait encore le masque d'une Mositu loyale et naïve. Voilà que Tasa décidait de l'abandonner. Bien. C'était mieux ça que rien n'est-ce pas ? Sa réaction surprit intérieurement la féline, ceci dit ; elle la laissait passer, sans discussion. Croyant probablement avoir affaire à une doucereuse voyageuse à la recherche d'informations pour la Terre Promise. Un sentiment de fierté envahit le cœur d'Adana qui s'imagina sans mal en train d'expliquer à son compagnon de route, à son retour, sa mission d'espionnage et la victoire qu'elle avait remportée face à la garde-frontière. Remporterait-elle d'autres victoires contre d'autres Outlanders à l'avenir ? Elle l'ignorait, mais ne comptait pas abandonner de suite. Pas avant d'avoir écorché la malheureuse fourrure de Kutoa.

« Attendez ! »

Retournement de situation. Encore Tasa qui ne lui avait toujours pas laissé le temps de partir. Avait-elle réfléchi à ses propos ? Comptait-elle se raviser et la ramener aux frontières ? Malgré la nervosité de la demoiselle sombre, elle essaya de se détendre et posa son regard doré dans celui de son interlocutrice, intriguée. Tasa soupira.

« Je ne vous serai pas d’une grande aide … Mais, je sais que quelqu’un pourra vous aider … Elle se nomme Zary, une lionne au pelage jaune vif. Vous ne pourrez pas la rater. Elle, elle pourra vous aider ! Suivez-moi. Je pourrais au moins vous la montrer. »

Écarquillant légèrement les yeux, Adana retint ce nom : Zary, une lionne au pelage jaune vif. Un peu comme le soleil non ? Une lionne au pelage de soleil. Comme Awena, sans doute. Enfin, ce n'est pas ce qui l'intéressait le plus dans cette histoire. Son cœur s'emballa un peu lorsqu'elle comprit que cette Zary pourrait l'aider dans sa quête. Elle croyait que Tasa l'avait abandonné. Se serait-elle trompée ? Elle lui mâchait justement le travail. Que c'était gentil de sa part !

« Vraiment ? Je me hâte de la rencontrer ! Je te suis. » s'exclama-t-elle, un léger sourire et le regard plein d'impatience.

Tasa fit volte-face et s'enfonça sur les terres d'Outland. A la hauteur de ses hanches, Adana la suivait. Intérieurement fière à l'idée d'avoir réussi à enfoncer la porte du royaume. Peut-être était-ce un piège ? Tasa avait peut-être vu clair dans son jeu ? Elle l'ignorait et ne cherchait pas à savoir. Refusait d'y croire. Préférant largement croire en cette chance qui s'offrait à elle. Tête levée, la brune en profita pour jeter des regards aux alentours, admirant malgré tout l'originalité des paysages d'Outland.