HRP : Le RP va se situer dans le Kasoto en général,
pas seulement dans le Passage.

Des mois s’étaient écoulés, interminables et pénibles. Wimbo n’aurait même pas su dire combien de temps il avait passé avec pour seule compagnie Inuwa, arpentant en long, en large, et en travers jusqu’aux terres plus au Nord que la Lande et les Montagnes de la Terre des Lions elles-mêmes. Des semaines, des mois, peut-être un an ? Il en regrettait presque qu’à la croisée de leurs chemins, les trois Mositus chargés comme émissaires auprès des lions blancs n’eussent pas pu les accompagner. Qu’advenait-il de leur clan, de leurs familles ? Nahma et son compagnon étaient-ils heureux ? Le nouveau Roi des Pridelands, le cousin même de Inuwa réussissait-il à satisfaire son peuple ? Ajjin se remettait-il correctement de ses traumatismes, où qu’il fusse ?

L’espoir suscité par les légendes de Kuzaidia, la shaman des Pridelands, avait peu à peu perdu sa saveur, que les deux lions tentaient de retrouver. Ils étaient les derniers atouts, farfouillaient les dernière terres semblait-il du monde restées sans maîtres. Les climats étaient souvent désastreux, les plaines arides. Bref, inhabitables. Parfois ils avaient croisés d’étranges tribus animales et s’en étaient tenus à distance quand cela avait été possible. Autrement, il leur avait fallu regorger d’apaisement et de patience pour communiquer avec des étrangers ne parlant pas toujours leur langue, n’étant pas toujours très amicaux.

Le temps avait fait Wimbo et Inuwa retourner sur leurs pas. Marcher vers le sud pour rejoindre la Lande des Sans-Terres était une idée saugrenue pour des natifs de la Terre des Lions, mais il n’y avait plus rien à faire. S’ils trouvaient l’endroit parfait, il appartenait déjà à d’autres.

------

Depuis le temps, Wimbo se doutait que sa compagne de route savait reconnaître sur sa face les faux sourires comme celui qu’il arborait en ce moment-même. Ils allaient revenir sur la Terre des Lions bredouilles. Que leur réserverait la suite ? Valait-il mieux pour les Mositus d’aller se donner à leurs ancêtres Jangowas pour disparaître dans moins de souffrances ? La question se posait.

«  Attends, attends, j’ai une blague, promis elle est drôle ! Tu sais quel est le seul animal que craint le lion ?  »

Alors que le petit lion ouvrait la gueule pour donner la réponse, anticipant un ‘non’ soupirant de la part d’Inuwa, la terre sur laquelle il venait de poser la patte s’affaissa, l’emmenant dans un roulé-boulé incontrôlable le long d’une pente qu’il n’avait pas remarquée, cachée par la légère montrée dans laquelle le duo était engagé dans s’en rendre compte. Ce fut au bout d’une demi-dizaine de mètres de chute que Wimbo senti celle-ci ralentir. Enfin à l’arrêt, il rouvrit les yeux, la tête encore tournoyante. Un brusque mouvement de recul le prit : à un mètre près, sa maladresse l’aurait envoyé par dessus une falaise de plusieurs dizaines de mètres. La mort assurée ! La peur passée, il se figea, cette fois de stupeur. Ses souvenirs de voyage défilaient à toute vitesse derrière ses iris d’or, sans qu’aucun ne colle à ce qu’il avait sous ses yeux.

«  ...Inuwa, tu connais cet endroit ?  »

En contrebat, une immense forêt s’étendait sur des centaines de mètres de large.

Nous sommes la somme des erreurs de nos pères.

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Interminable. Combien de fois avaient-ils retourné la terre pour trouver un nouveau foyer ? Des centaines et des centaines de fois. Pour quel résultat au final ? Rien. Toujours rien. Pourtant, à chaque fois, ils gardaient un infime espoir – du moins, Inuwa – de pouvoir enfin trouver le repos dans ce qu’ils pourraient enfin appeler un « chez-eux. »

La vieille lionne – puisque c’était ce qu’elle devenait – avait beaucoup compté sur le rapport du trio en aventure pour le Nord. Mais là aussi ce fut encore un échec malgré les maigres informations. Ils en étaient revenus à chercher encore et encore. Car c’était au final ce qu’ils savaient visiblement faire de mieux.

Heureusement pour tout, le clan avait su se serrer les coudes et la Mositu pouvait toujours compter sur son fidèle soutien – et ami - qu’était devenu Wimbo. Les deux faisaient la paire depuis plusieurs années déjà et ils étaient devenus un peu indispensables à l’un comme à l’autre. Un duo de choc dont l’efficacité n’était plus à prouver, mais ils s’usaient de ne toujours pas voir le bout du tunnel.

Néanmoins, ils avaient repris la route une énième fois pour traverser la Lande et aller voir au-delà comme avaient indiqué les lions blancs. Un périple long, parfois difficile dont l’issue était inconnue mais qu’ils pressentaient comme un nouvel échec.

Mais ils marchaient encore et toujours plus, au-delà de la Terre des Lions, et avec comme seule distraction les innombrables blagues de Wimbo. Inuwa ne les comptait plus, mais elle était sûre que celle-ci avait déjà été faite…

« Attends, attends, j’ai une blague, promis elle est drôle ! Tu sais quel est le seul animal que craint le lion ? »

Oh, elle n’avait même pas eu le temps de lui faire part de sa réponse peu enthousiaste que l’auteur de cette blague avait déjà disparu sans crier gare, quelques mètres plus bas.

« Wimbo ! Est-ce que tout va bien ?! Surtout ne bouge pas ! »
Que diable pouvaient-ils leur arriver de pire qu’une terre qui s’effondre sous leurs pattes ? L’enfer ? Ils le vivaient déjà en tant normal. Alors quoi de plus ?

A pas hésitants, Inuwa se glissa par là où était parti son camarade, se retenant comme elle put pour ne pas glisser plus loin. De là, comme lui, elle pouvait découvrir un espace encore jamais vu qui s’offrait à eux.

« Qu’est-ce qu.. Où sommes-nous ? »

Existait-il vraiment encore un seul centimètre de cette terre qu’ils n’avaient pas fouillé ? …

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Spoiler:

Les deux Mositus avaient-ils seulement vu cet endroit, à l’aller ? Est-ce que les Grands Esprits avaient creusé cet immense cratère pour y planter des arbres durant l’année écoulée ? La légende de Kuzaidia était-elle vraie ? Ou alors… Nyumba avait-elle entendu le message du petit lion, décidant de le prendre sous son aile ? Aux questions de sa compagne de route, Wimbo resta la gueule ouverte sans qu’aucun son n’en sorti. Lentement, il se redressa droit sur ses pattes, et, d’un pas lent, commença à longer le précipice.

Loin en contrebas, d’immenses arbres formaient une jungle qui semblait remplir tout l’espace disponible. L’un d’eux, singulièrement gigantesque se démarquait incroyablement, paré de feuilles d’un rouge presque surnaturel. Il était impossible d’espérer voir le sol tant la canopée était dense, impénétrable.

«  Tu penses qu’on peut y descendre ?  »

Un souffle dans l’oreille le poussait à croire que si. Un autre le mettait en garde sur une nouvelle déception à venir. Impossible de savoir laquelle écouter avec la plus de sérieux. Le fils de la Jungle fut d’un seul coup crispé et à bout de souffle.

«  Faisons le tour. S’il y a un passage, c’est notre dernière chance.  »

Ils devaient tenter de la saisir, coûte que coûte.

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Ne valait-il pas mieux qu'ils fassent demi-tour tant qu'ils le pouvaient encore ? Inuwa craignait encore un mauvais coup du sort. Ils n'avaient jamais rien vu de semblable auparavant et rien ne leur indiquait si tout ceci était sans risques. Les questionnements de son camarade trahissait également cette inquiétude partagée, mais pour autant la curiosité qui les animait tous deux les poussa à s'avancer davantage, à contourner.

- Tu crois que c'est dangereux ?

Naturellement la lionne brune chercha en Wimbo une réponse rassurante. Cependant, la réalité était que certainement Wimbo lui-même avait également besoin d'être rassuré. Comme deux lionceaux à leur première sortie, ils tâtaient le terrain et de leurs yeux scannaient les moindres détails de leur environnement. Les arbres, les feuilles.. Même la végétation en elle-même était différente.

- Regarde, Wimbo !

Les pupilles braquées un peu plus en contrebas, on y discernait là entre les feuillages comme une sorte de passage dont la formation indiquait déjà son emprunt - probablement d'autres animaux. Aussi insouciante qu'à son plus jeune âge, la brune prit la tête du duo pour confirmer ce qu'elle pensait ; En se glissant à travers les feuilles, Inuwa venait de pénétrer dans un immense boyau souterrain.

- Par les Grands Esprits !...

Bouche bée, et en équilibre instable dans cette descente, la Mositu eut le souffle couper et les yeux brouillés par l'obscurité qui noyait l'immense tunnel. Ici, l'humidité régnait, les parois suintaient et ce qui semblait être un lit de rivière se voyait être en partie asséché : des flaques ça et là traçaient un chemin jusqu'au plus loin de cette cavité découverte.

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Spoiler:

Dangereux, cet endroit ? Rien n’était moins sûr, mais ça le serait toujours moins que de passer des mois et des mois seuls hors de toute terre connue. La vieille lionne, après une exclamation qui fit sursauter Wimbo tant ce dernier était tendu, pénétra dans ce qui semblait être un tunnel descendant. Le duo y descendit, prudent. L’obscurité les engloutit assez vite, trop pour que leurs yeux ne s’y habituent en même temps. Les pas qu’ils faisaient restaient lents, au cas où.

Après de longues minutes de marches passées à se questionner et à se guider l’un l’autre, les Mositus aperçurent le bout du tunnel, et débouchèrent dans une minuscule clairière, comme si les arbres avaient pris soin de pousser à distance de la sortie du boyau. Repensant à la vue depuis les bords de cet endroit improbable, le petit lion leva la tête. La falaise les dominait depuis si haut qu’il se sentait presque écrasé. A coté d’eux, un cours d’eau débouchait du passage qu’ils avaient emprunté et coulait paisiblement jusque dans la jungle qui leur faisait face.

« Avançons en suivant la rivière. Doucement. »

Peu rassuré, Wimbo reprit la marche, s’enfonçant dans les bois. Il était étrange pour lui de se dire qu’il s’agissait là de la troisième jungle différente qu’il avait connu depuis sa naissance, et que chacune d’entre elles étaient si différente des deux autres, tout en étant sur bien des aspects semblables ! Entre les feuilles, toujours plus d’arbres étaient cachés, à tel point que le Mositu se demanda s’il y avait la place d’y vivre.

Sur leur route, il ne croisèrent pas un animal. Les habitants des lieux étaient-ils méfiants à ce point ? Possible. Assez-t-il tout étant, les compagnons de route arrivèrent au bout de la rivière qui les guidait. Une immense mangrove s’offrait à leurs yeux, un marais d’eau stagnante et vaseuse envahi de racines. Une fois de plus, l’endroit était beau, mais pas vivable pour une petit centaine de lions.

« Il n’y a vraiment personne ici ? »

Seuls les cris des oiseaux dans les arbres troublait le silence profond de la Jungle.

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Les voilà sortis de l'obscurité du tunnel qu'ils replongeaient déjà dans la pénombre de la jungle, et puis bientôt dans l'humidité de ce qui semblait être une sorte de marais. L'atmosphère y était plutôt lourde et chaude et l'eau qui y stagnait là recelait d'un tas d'organismes dont on se garderait bien de boire. A pas hésitants, les deux lions s'enfoncèrent davantage dans cette mangrove, de là où ils étaient leurs bruits et leurs paroles ne trouvèrent presque aucun écho, ou du moins, aucun autre son pouvant trahir la présence de quelqu'un si ce n'est celle des oiseaux.

L'espace d'un instant, Inuwa jeta un regard derrière elle : Non pas qu'elle avait peur de se faire piéger par les éventuels autochtones de ces lieux, mais.. arriveraient-ils à retourner d'où ils venaient sans se perdre ?

- Mieux vaut continuer droit devant. Même si ca a l'air d'être étrangement calme, je n'ai pas envie de me retrouver perdue dans cet endroit ...

Ils poursuivaient leur chemin, de temps à autre leur coeur s'arrêtait et Inuwa évitait l'infarctus de justesse à la sortie de l'eau de quelques batraciens. Des insectes, parfois d'une taille très impressionante, venaient parfois à leur rencontre au bout d'une branche. La vie qu'ils y voyaient ici ne semblait absolument pas bousculée, comme si tout cet écosystème avait été protégé de toute agression depuis le départ. Au bout d'un temps, cette sensation de paix imperturbable finit par les gagner eux aussi ; Leur vigilance était retombée et ils abordaient la suite de la découverte avec plus de légèreté.

- Tu crois que nous arrivons au bout, Wimbo ?

Au bout de quoi ? Si ce n'est seulement la fin du marais. Entre toutes les feuilles qui peuplaient les arbres, les deux camarades pouvaient distinguer plus loin devant eux l'écorce forte d'un arbre dont le tronc dépassait en largeur tous ceux qu'ils avaient pu voir jusqu'à présent. Mais le plus frappant restait cette couleur vermeille que l'on entrevoyait vers le ciel. Des oiseaux ? Des papillons ?

- C'est incroyable...

Ni l'un, ni l'autre. Ce que les deux Mositus découvrirent au pied de cet arbre dépassait tout entendement : Non seulement le tronc était énorme, mais la taille de l'arbre lui-même leur échappait. Ils avaient là devant eux un spectacle que la nature leur offrait, un arbre paré de multiples branches égayées par un feuillage d'un rouge éclatant. Peut-être l'ignoraient-ils encore, mais ils venaient de mettre là la patte sur un joyau d'une valeur inestimable.

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Spoiler:

Il avait été long et pénible de contourner la mangrove sans mettre les pattes à l’eau, d’autant avec des ‘CROA’ à vous faire sursauter quand on ne les attendait pas. La vieille lionne demanda à Wimbo s’il pensait que c’était là le ‘bout’. C’était évident qu’elle ne parlait pas de cette jungle.

« C’est possible. Ça a l’air désert, il n’y a l’air d’y avoir aucun lion… mais aucune proie non plus. »

Toutes les forêts du monde pouvaient contenter Wimbo, mais la même problématique lui revenait sans cesse en tête : il fallait nourrir tout le monde, et pas seulement d’écorce et d’eau fraîche. Cela dit, il imaginait déjà que remonter via le passage tunnelier pour chercher à manger pouvait être faisable, bien qu’un peu pénible, peut-être. Toujours moins que d’apprendre à chasser des oiseaux !

Tout comme Inuwa, le petit mâle avait été capté durant leur marche par une immensité flamboyante. Attirés par l’énorme tronc, le duo s’en approcha. Autour, les arbres devenaient moins proches les uns des autres, laissant respirer leur majesté. Un sourire en coin s’afficha à cette idée. Wimbo n’avait pas oublié son escalade du Grand Baobab avec Ajjin, jadis, et qu’il l’avait qualifié de roi. C’était d’ailleurs à cette époque que ce long voyage avait débuté. Allait-il se clore avec la rencontre d’un autre Roi des Arbres ? Il fallait remercier les Grands Esprits, si tel était le c… Et si c’était Nyumba qui avait fait apparaître cet endroit mystérieux, en ayant entendu le message du Mositu ? Et si… le liard avait eu raison ? Et si tout avait été orchestré par cette divinité pour qu’il la découvre grâce à Aludani ?

« C’est insensé que personne n’ait jamais aperçu cet endroit… pas même les oiseaux. »

Lentement, il se mit à faire le tour de l’arbre. Seuls des piaillements et des cris d’insectes se faisaient entendre. Personne qui n’avait l’intention de les chasser. Pris par un instinct enfantin, il s’assit alors dos au monarque d’écorce, laissant vers Inuwa un regard brillant, surjouant une confiance outrancière et affreusement caricaturale.

« Il ferait un beau trône quand je serais élu, tu ne trouves pas ? »

Soudain, son cœur se mit alors à battre plus fort que jamais.

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De toute sa majesté l'arbre les surplombait et couvrait autour de lui un large rayon de ses branches démesurément grandes. L'impression était grande et Inuwa ne pouvait cacher un certain émerveillement face à ce monument naturel. De multiples souvenirs ressurgirent à mesure qu'ils découvrirent l'arbre de plus près : D'une certaine façon, il rappelait le grand Baobab de la Lande jadis le témoin de l'union de ses propres parents mais aussi le lieu où la brune avait rencontré le premier membre de ce qui devint plus tard son futur clan. Un temps révolu où les lions bruns semblaient préservés de tous problèmes, un temps où ils vivaient heureux dans la paix et l'harmonie absolue. Une pensée lui vint pour Ajjin, intrépide et insouciant. Qu'elle était loin l'époque où il souriait encore...

- Tu penses que quelqu'un est déjà venu ici ? Avant nous ?

Elle n'attendait pas de réponses particulières. Comment pouvaient-ils le savoir de toute façon ? Peu importe ce que cet endroit était, ni qui il y avait. Ils étaient arrivés jusque là et ils ne repartiraient pas tout de suite. Ils allaient pouvoir souffler un peu et profiter de ce cadre idyllique.

- Wimbo ? Mais qu'est-ce que tu f-..

Nul besoin de le répéter deux fois. Le susnommé n'avait pas attendu une seconde de plus pour se mettre à son aise et laisser sa nature espiègle reprendre le dessus. Un sourcil arqué, sa compagne de voyage l'observa - la mine quelque peu dubitative - mettre en place son petit numéro.

- Hm, mais pour un beau trône il faut un beau Roi.

Se prenant à son jeu, Inuwa récupéra une à une quelques feuilles chatoyantes de l'arbre pour venir les glisser délicatement dans la crinière du prétendant. Puis elle mima une courbette avant de lui demander d'une voix manierée :

- Votre Majesté, cela vous sied à merveille. Vous aimez ?

Un sourire en coin trahissait cette envie de rire aux éclats. Pas seulement pour toute cette comédie surjouée, mais aussi parce qu'il fallait avouer que cette touche féminine donnait à Wimbo une grâce et un look qu'Inuwa n'aurait jamais pu imaginer.

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Spoiler:

La lionne, loin de se douter de ce qui se tramait devant elle, se prit au jeu de la surenchère, habillant Wimbo de quelques feuilles, le faisant alors rivaliser de virilité avec les plus grands lions de l’Histoire. Ça pour un beau Roi, il était certain avec une telle parure, il devait l’être ! Inuwa ne se priva pas d’une ultime remarque sur ce look improbable. S’il aimait ? Oh, ça oui !

« Je donnerais tout pour me voir actuellement, ahah ! »

Ce fut le mâle qui laissa éclater ses rires incessants au grand jour. La tension et la prudence dont ils avaient fait preuve ces dernières heures, déjà entamées par le calme environnant venaient de disparaître pour de bon. C’était comme si tout le dépit des mois passés s’évacuaient dans le sol, dont Wimbo tambourinait la surface de ses coussinets, tant son rire était tout aussi joyeux que dégoulinant d’une nervosité trop longtemps enfuie. Ils n’étaient même pas bien sûr que cet îlot perdu puisse définitivement accueillir les leurs, mais l’espoir était mille fois plus puissant que jamais, et l’euphorie, bien présente. Des mois et des mois d’aventure, d’errance incertaine semblaient sur le point de se clore. Tellement de temps passé avec pour seule compagnie Inuwa, qui avait achevé de le faire grandir là où Sierra avait commencé. Le petit lion réussit à se calmer après son interminable crise, essuyant au passage les larmes que celle-ci avait fait naître au coin de ses yeux. Il pointa l’arbre rouge du bout de la griffe.

« Au moins, je lui ressemble ! »

Le rire se fit bien plus discret cette fois, le Mositu sentant que quelque chose ne tournait pas rond dans son ventre. Ses yeux allaient du sol aus arbres, des arbres à Inuwa, d’Inuwa à ses propres pattes. L’inconfort était puissant, autant que le feu qui lui envahissait également la crâne. Sa gueule s’entrouvrit de nouveau, mais aucun son n’en sorti, le tordant dans une grimace à faire fuir n’importe qui. Ses yeux ne lui donnaient que des images floues, et les gazouillis des arbres s’étaient évanouis, tant une pression monstre l’avait investi d’un coup. Un souffle bégayant, et infime sorti enfin de sa gorge tandis que son visage restait figé, presque interdit devant l’effort que cela lui demandait.

« I..Inuwa, sois… sois ma reine ? »

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Deux enfants, voilà à quoi ils ressemblaient. Etait-ce vraiment le moment ? Oh, peu importe. Cela faisait bien longtemps qu'ils n'avaient pas rit autant, peut-être même trop longtemps. Après tout, qui serait là pour les voir ? Probablement personne, et encore moins les autres Mositus. Wimbo semblait s'amuser de ce look royal et il ne manqua pas d'en rajouter, allant même jusqu'à se comparer à l'arbre, pour le plus grand bonheur de sa comparse qui ne pouvait cacher un large sourire.

- Qui sait ? Peut-être qu'un jour tu atteindras toi aussi tout autant de grandeur. Haha !

Sur ces mots, Inuwa souleva un instant ses yeux sur l'arbre en question, admirant un instant sa couronne de feuilles chatoyantes. Si Wimbo avait l'air d'un arbre, l'arbre lui même possédait un quelque chose qui ressemblait au lion. Cependant, lorsqu'elle reposa ses iris dorées sur son camarade, l'expression de son visage semblait étrange et ses paroles l'étaient peut-être tout autant.

« I..Inuwa, sois… sois ma reine ? »

Bouchée bée, la susnommée observa le mâle d'un air surpris. Avait-elle bien entendu ? Ses tripes se nouèrent à cet instant et Inuwa n'eut pas d'autre réflexe que d'arracher une fleur qui se trouvait à côté d'elle, gardant celle-ci dans la bouche avant de répondre avec légèreté :

- Un Roi ne peut régner sans Reine.

Etait-ce là encore la continuité de toute cette comédie ? Ou y avait-il là quelque chose d'autre qui échappait à tous ? Inuwa, elle, voulait y croire.

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Qu’il fut difficile pour Wimbo de regarder la femelle en face, de ne pas s’effondrer de honte lorsque celle-ci cru à une nouvelle enchère dans la plaisanterie et s’y adonna à nouveau ! Confus comme rarement il l’avait déjà été, le Mositu eut énormément de mal à rassembler ses idées, pour peu qu’il en eût à ce moment présent. Qu’est-ce qui lui prenait ? Personne, ni même lui ne le savait vraiment.

« Ce… ça fait tellement longtemps que nous voyageons ensemble, qu’on se serre les coudes ! Qu’on a effacé nos secrets, qu’on se confie à l’autre… qu’on se dit tout, qu’on… est ensemble. »

La voix du jeune lion chevrotait, hésitait entre chaque mot dans un effort de rendre son discours cohérent, ou au moins intelligible.

« On a appris à nous connaître pendant tout ce voyage, je… j’ai appris à te connaître. Tu as toujours été gentille et attentionnée envers moi depuis que l’on s’est rencontrés, tu as toujours été bonne… Je… »

En déballer encore et encore ne le tenta pas plus que ça, déjà péniblement occupé à déglutir. Sa gorge s’asséchait à chaque nouveau mot. Cette pulsion l’avait pris d’un coup, emporté par la joie de la découverte, mais il ne pouvait s’agir que de ça : Wimbo aimait Inuwa. Il avait actuellement chacun des symptômes qu’avaient décrit ses parents alors qu’il n’était encore qu’un enfant. L’envie de ne jamais perdre la lionne, la béatitude idiote et les fourmillements dans le ventre dès qu’il posait ses yeux sur elle, cette irrésistible envie de faire le pitre pour avoir son attention ne fusse que quelques secondes !

« Je crois que je suis amoureux de toi, conclu-t-il après un ultime effort. »

Il avait engagé un pas en direction de son amie. Pas une seconde il ne pouvait imaginer que l‘idée de la fin du voyage pouvait l'induire en erreur à ce point.

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Quelque chose ne tournait pas rond. Et si Inuwa persistait dans cet espèce de jeu ou de théâtre qu'ils avaient initié, son compagnon de route, lui, semblait avoir délaissé la partie en cours pour aborder quelque chose de bien plus sérieux. La lionne s'était stoppée net dans sa comédie, observant le jeune lion d'un air interrogatif. Qu'est-ce qui le mettait dans un état pareil ?

Le discours de son ami était si touchant qu'Inuwa en avait presque oublié la fleur coincée dans sa bouche. Elle n'osait ni l'interrompre ni faire quoique ce soit, tant le rouge commençait à lui monter aux joues. Etait-ce la découverte de cet endroit qui avait rendu Wimbo si guimauve tout à coup ? Ou peut-être était-ce tout simplement un relâchement de toutes les tensions qu'ils avaient accumulé durant tout ce temps.

La lionne sombre ne perdit pas une miette des paroles de son camarade, elle se laissa même toucher par leur douceur. Après tout, avaient-ils seulement pu avoir ne serait-ce qu'un seul moment de répit depuis le début de leur voyage ? Qu'un seul moment de paix, de tendresse, ni même d'affection ?

Elle s'était légèrement rapprochée pour écouter ses ultimes paroles, son jaune ami était là tout tremblant et son état l'inquiétait d'une drôle de façon. Seulement, elle était loin d'imaginer qu'un jour une telle situation lui tomberait dessus sans prévenir.

- Je crois que je suis amoureux de toi. Avait-il fini par révéler.

Des yeux plus ronds que des boulons, la principale concernée par ce message eu un mouvement de recul. Submergée par une multitude de sentiments, de peur et à la fois de honte, la fleur qu'elle tenait plus tôt dans sa bouche lui échappa dans sa stupeur. Elle prit maladroitement place assise, le regard fuyant, elle balbutia :

- Je .. Je suis désolée. Je ne peux pas.

Profondément honteuse, Inuwa se redressa d'un bon sur ses pattes pour contourner son jeune ami et quitter la scène en fuyant en direction des marais. Sans avoir une idée précise d'où cela mènerait, la lionne cherchait juste en réalité quelque chose pour se cacher, un trou pour s'y enterrer ou le creux d'un arbre pour s'y loger. Elle avait honte, honte de son propre comportement et peut-être aussi de ses propres sentiments.

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Il ne fallait pas être un génie pour se douter de la réaction de la lionne. La fleur suspendue à ses lèvres était tombée de stupeur, ses yeux, devenus globuleux. Au désespoir de Wimbo, elle laissa tomber son fessier, bégayant des excuses, avant de subitement s’enfuir par là où ils étaient arrivés. Le petit mâle se mit immédiatement à sa poursuite en beuglant.

« Inuwa ! Inuwa, reviens, c’est peut-être dangereux ! »

Son cœur lui serrait atrocement la poitrine, et il trébucha lamentablement sur un enchevêtrement de racines que ses yeux flous n’avaient pas vu. Respirer était d’une difficulté sans nom, et les particules au sol le firent tousser comme jamais. Un goût métallique lui chatouilla la gorge alors qu’il tentait tant bien que mal de se remettre sur pattes.

« INUWA ! »

Les idées mal en place l’empêchèrent de se mettre à la poursuite de la lionne. Cette jungle leur était totalement inconnue, peut-être abritait-elle des dangers qu’ils n’avaient pas croisé ces dernières heures. S’ils se perdaient tous les deux, l’aventure pourrait bien tourner définitivement au cauchemar. Laisser sa compagne de voyage seule n’enchantait pas Wimbo, mais il était à un endroit des plus remarquables qu’ils avaient croisé sur leur route. Attendre Inuwa près de l’immense arbre rouge était sans doute la meilleure option qui s’offrait à lui…

« Inuwa… »

Avait-il ruiné l’amitié qui les liait depuis des années ? La pensée commença à lui arracher les larmes alors qu’il avait entrepris de grimper au tronc du flamboyant pour se réfugier, comme un enfant se cachant pour éviter les remontrances de ses parents après une bêtise. Les force lui manquaient cependant, et il ne pu escalader qu’à peine quelques mètres.

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