Tu regardais Habari avec un air stupéfait après avoir entendu le "oh" de ta chère Hazina. C'était malin tiens. Mais en même temps, tu ne pouvais pas t'empêcher de provoquer ta camarade, c'était plus fort que toi. Tu te contentas donc de lui adresser un sourire victorieux qui la fit grincer des crocs. Lorsque soudain;
ta nièce reprit :


Oui. En fait, je voulais te poser des questions. Tu veux bien, dis ?

Habari te regarda un instant, t'interrogeant un instant. Comme si tu savais par avance les questions que ta nièce chérie allait poser ! Tu pouffas quelques secondes, moqueur. Si elle imaginait que tu la tirerais d'affaire, c'était bien mal te connaître !


Tu peux rester aussi puisque c’est ton amoureuse.

C'est que tu y comptais bien ! Tu ne raterais ce moment pour rien au monde ! Tu regardais alors Habari avec un petit rictus empli d'orgueil. Elle croyait qu'elle pouvait gagner cette bataille ? C'était bien mal te connaître.

-J'y comptais bien, il était inimaginable pour moi de laisser ma chère et tendre...

Tu accompagnais ces mots d'un clin d'oeil à l'attention de ton épouse qui dû se contenir pour ne pas te gifler. Mais peu importait.

- J-Je t'écoute petite.


Elle pataugeait dans la gêne, tu aimais ça. Tu te délectais de la voir essayer de garder contenance alors qu'elle mourait d'envie de se battre. D'un autre côté... Si elle s'énervait devant ta chère Hazina, tu te trouverais dans de beaux draps... Un cailloux à double tranchant, il fallait bien l'avouer.

Pour une raison qui te fut obscure, ta nièce se mit à rire aux éclats et la jeune Habari te regarda avec incompréhension. Cependant, même si tu partageais son questionnement, tu lui offris un sourire froid; à quoi s'attendait-elle ? C'était fort comique de voir à quel point vous vous ressembliez tout en étant différents. Pourtant, pour rien au monde tu n'aurais accepté de l'admettre. Finalement, la petite fille des sables cessa de rire, reprenant son sérieux :
C’est cool que tu restes, comme ça tu pourras aussi répondre aux questions si Habari sait pas la réponse !
Tu regardas alors Habari qui affichait un air moqueur. C'est qu'elle avait de la réserve. Cela te plaisait. Au moins, elle n'était pas totalement stupide. C'est avec un grand sourire que tu lui dis, rieur :

- Mais j'ose espérer que ma compagne ne me ferait pas l'affront de me décevoir en refusant de répondre à une question de sa nouvelle nièce.

Cela sonnait comme un avertissement, mais Habari savait que tu considérais cela comme un défi. Elle te sourit en me donnant un coup de patte provocateur :

- Mais cela ne m'aurait jamais traversé l'esprit, mon cher !

Cette réponse était digne d'elle, tu n'étais pas désappointé. Au contraire. Cette sentence te plaisait. Restait à voir si elle mentait pour camoufler un futur coup de patte dans le dos...

Puisque vous êtes des amoureux, ça veut dire que vous êtes des supers copains comme Papa et Maman ? Ou vous êtes plutôt comme grand-père Azrael et Hatasa ?

Oups. Cette question qui en fâchait plus d'un. Tu lâchais un sourire taquin en voyant la panique d'Habari qui ne semblait plus savoir où se mettre. C'était pitoyable. Tu attendis un instant qu'elle trouve une réponse, mais voyant qu'elle ne venait pas, tu te décidas à l'aider, pour ne pas troubler ta chère nièce.

- Vois-tu ma petite, nous sommes comme le ciel et le sable. Nous sommes indispensables l'un à l'autre, mais pourtant... Nous ne nous acceptons que rarement. C'est un couple unique. Qui ne ressemble à aucun autre. C'est pour cela que ma chère Habari peinait à répondre. Parce qu'on ose pas ce dire que l'on s'aime...


Tu ris aux éclats en voyant Habari, les yeux ronds, soudain obnubilée par ta personne. Encore une fois, tu avais gagné le combat. Mais restait à voir si tu gagnerais la future joute verbale.

T’inquiète tonton, elle va assurer tata Habari : mes questions elles sont pas difficiles. Attend… Si je suis ta nouvelle nièce, je peux t’appeler tata plutôt que Habari ? Ça sera mieux, non ? Ou alors tu préfères juste que je t’appelle par ton prénom comme grand-mère qui veut pas qu’on l’appelle grand-mère ?

Habari te regarda alors, comme cherchant ton approbation. Mais tu ne voulais pas qu'elle te consulte ainsi comme une pauvre petite perdue ! Tu avais déjà une boule poils à gérer et cela te suffisait ! Soupirant, tu attendais sa réponse, qui fut à la hauteur de tes espérances :

- Comment refuser à une aussi merveilleuse petite de m'appeler par mon nom ? Tu peux m'appeler Tata, choupette.

Elle rentrait dans le jeu, c'était parfait. Cependant, pour une raison étrange, ta nièce se mit à paniquer:

Mais c’est horrible ! Ça veut dire que la nuit on devient des Mositus sans qu’on s’en rende compte ?! Je veux pas devenir une Mositu tonton…

Là, pour le coup, tu ne savais plus quoi faire, c'était ta faute si ta nièce était dans cet état, tu devais l'aider mais... Comment ? Étonnamment, Habari prit les devants :

- Rassure toi petite, ce n'était qu'une image, une manière d'exprimer un fait par un autre. Ce que voulait dire ton oncle, c'est que lui et moi, ne nous comprenons pas. Nous sommes comme le ciel et le sable, nous ne sommes pas composés de la même manière, donc, différents. Lui et moi sommes deux purs jangowas, mais les jangowas ne sont pas tous pareils. Il y a des jangowas bon, et des jangowas mauvais, comme ceux qui flirtent avec les impurs. Mais vois-tu, malgré toutes nos différences, nos coeurs battent pour les mêmes choses car nous sommes liés par le destin. Tu comprends ? Donc, ne t'en fais pas, petit rayon de lumière, tu ne te transformeras pas en mositus... Pas vrai Jenkaa ?

Tu étais surpris par la lionne et presque inconsciemment, un sourire réel vint sur peindre sur ton visage. Tu en oubliais presque ce jeu de domination ridicule.

- Oui, tu as raison, Habari.

Tu regardais ta nièce avec une tendresse non dissimulée lorsqu’elle remercia ta compagne avec enthousiasme. Si à l’annonce de la gestation d’Hiari tu ne t’étais pas montré très engageant, tu étais ravi d’avoir cette boule de poils au sein de ta petite famille. Quant à Daren, peu importe sa dévotion pour le clan, il restait pour toi l’Estropié. Mais également le père des enfants de ta sœur et de ce fait, tu gardais un minimum de respect à son égard. Soudain une question de la part de ta nièce vint couper court à tes réflexions. Si tu comptais avoir des enfants avec Habari ? Tu étais incapable de lui parler tranquillement sans l’agresser verbalement, alors…

Avoir des enfants avec elle ? Même Habari semblait décontenancée. Mais devant la petite bouille ravissante de ta nièce, il valait mieux rester le plus neutre possible. Tu te collais alors à ta compagne et dis, amusé :

— Cela, c’est encore tôt pour le dire, Hazina. Nous y réfléchirons en temps voulu, pas vrai, Habari ?

La lionne te regardait avec un air de défi, comme si elle t’interdisait de la toucher. C’est que tu ne comptais pas le faire. Tu lui adressas alors un regard amusé avant de déclarer, sérieux :

— Nous avons encore du temps.

Le temps de votre réponse à toi et ta compagne semblait peser sur les épaules de ta nièce qui commençait à se dandiner, légèrement gênée. Habari, agacée par ton tour de passe-passe, se décala de toi avant que ta nièce ne réplique, étonnée.

Pourquoi vous avez du temps ? Vous êtes en couple, non ? Et donner de nouveaux guerriers au Désert, c’est pas ce qu’un couple doit faire ?

Tu vis alors ta compagne glisser son regard sur le côté, ne sachant quoi dire. Tu aurais volontiers répliqué que tu n’étais pas assez vieux pour t’occuper d’enfants et que tu n’avais pas que cela à faire, mais vu l’âge auquel avait enfanté Hiari, tu préféras donc te taire. Habari secoua alors la tête, mais n’eut pas le temps de répondre à la question, en effet, ta nièce enchaînait déjà sur une autre question :

C’est Hatasa qui vous a dit que vous pouviez attendre ?

Habari et toi vous regardâtes, étonnés. En effet, Hatasa avait plus ou moins accepté que vous preniez votre temps, mais vous aviez préféré ne pas le crier sous toutes les dunes. Habari entrouvrit la bouche pour parler, mais ta nièce vous questionnait à nouveau :

Tu crois que quand j’aurais un compagnon plus tard, je pourrais lui demander si je peux attendre moi aussi ? C’est dans longtemps mais j’ai pas envie d’avoir d’enfants parce que eux aussi ils auraient le sang de Daren...[/b]

Tu arquas un sourcil, étonné par le fait que ta nièce ait appelé son géniteur par un autre nom que « Papa ». Même si tu n’appréciais pas tant Daren que cela, une telle nomination de la part d’Hazina témoignait d’un problème évident. Le clan ne cessait de bavasser à propos de l’union de ta sœur et de l’Estropié, en mal, bien évidemment. Pour la plupart des guerriers du clan, Hazina ainsi que ses frères et sœurs n’auraient jamais dû voir le jour. Pourtant, bien que tu partageais à moitié l’opinion général, tu ne pouvais t’empêcher d’aimer ces petits, même Ellyn.

Dites ! Dites ! Si vous avez une fille, je pourrais être sa marraine comme Akef avec Ellyn ? S’il vous plaîîîîît !!

Vous vîtes alors la petite Hazina vous offrir son plus beau sourire. Tu ris alors, presque attendri avant de dire, taquin :

— Eh bien, cela fait beaucoup de questions tout ça ! Alors, pour te répondre dans l’ordre : Hatasa nous a dit que nous avions encore du temps, oui. Quant à toi, tout dépendra de celui avec lequel tu seras mariée. Cependant, garde en tête que les femelles n’ont malheureusement pas souvent le choix d’enfanter ou non alors, reste sur tes gardes auprès de ton futur époux, d’accord ? Je ne supporterai pas qu’il t’arrive du mal.

Mais alors que tu pensais avoir fini, Habari reprit, surprise :

— Dis-moi ma petite Hazina, tu as eu vent de ce que raconte le clan à ton sujet ?

Elle se stoppa alors, réalisant qu’elle avait oublié une question, bien évidemment la plus embarrassante :

— Et, si Jenkaa est d’accord, tu pourras être la marraine d’une de nos filles, oui.
— Bien entendu, dis-tu avec un grand sourire. Tout le monde sait que je ne peux rien refuser à mon petit rayon de soleil !

Tu vis alors ta nièce baisser les yeux en entendant les questions d’Habari à propos de son sang. Elle savait. Évidemment, vu le regard froid que lui adressaient la plupart des lions du clan. Pour eux, et pour toi, ces lionceaux étaient issus d’une portée qui n’aurait normalement pas dû voir le jour. Mais il y avait ta sœur, qui aimait Daren et coulait des jours heureux à ses côtés alors… Que demander de plus si ce n’était son bonheur ? Sans compter tes nièces et neveux que tu aimais malgré tout, en particulier celle qui se tenait devant toi.

Ta « compagne » poursuivit en disant que si vous veniez à avoir des enfants, Hazina pourrait être la marraine d’un d’entre eux, à condition que tu donnes ton accord, chose que tu fis. Tu souris alors en voyant ta nièce bondir de joie et s’esclaffer, folle de joie :

C’est vrai ?! Waow, trop génial ! Merci, merci, merci !

Tu ris ensuite aux éclats quand la petite bondit sur ton dos, pour te faire t’allonger, sans doute. Tu n’étais pas du genre à obéir, il est vrai, mais pour ta nièce, tu pouvais faire une exception. Tu t’allongeas donc, souriant. Hazina reprit donc, s’adressant à Habari, cette fois-ci.

Je sais des choses, oui. Y’en a qui disent que mon sang est pourri parce qu’il provient de Daren… T’en pense quoi toi, tata ?

Habari te regarda un instant, ne sachant que dire. Elle avait toujours eu un comportement assez marginal par rapport aux autres membres du clan, mais partageait certainement ton avis par rapport à ce lion, tout du moins, tu le pensais. Elle se racla alors la gorge et dit, se rapprochant d’elle comme pour lui faire une confidence :

— Je pense, que le clan est farouchement opposé à ce qui est différent. Je suis leur route, mais je pense cependant que les enfants ne doivent pas être châtiés pour les erreurs de leurs géniteurs, si tant est que cela soit une erreur. Car après tout, si le Grand Désert à fait survivre Daren, c’est qu’il ne doit pas être si « pourri » que ça, ton sang, finit-elle avec un petit clin d’œil.

Finalement, elle posa sa patte sur le menton de ta nièce en disant, attendrie :

— Je pense qu’au lieu d’écouter les autres, tu devrais attendre de te faire ton propre avis. Car c’est en se questionnant qu’on arrive à se forger, et de ce fait, à servir le Grand Désert noblement. Si en grandissant tu considères que ton père est nul, et bien libre à toi de prouver que tu es mieux que lui. Et si tu considères que ton père est un vrai jangowa, bats-toi pour prouver que ton sang a autant de valeur que celui de tes amis. Dans tous les cas, tu devras te battre pour prouver ta valeur, car un jangowa se bat toujours. Même sans les griffes !

Finalement, Hazina reprit pour te dire que tu n’avais pas à t’inquiéter pour elle, que personne ne pouvait la pousser à faire quoi que ce soit, comme une digne jangowa ! Mais tu ne répondis pas tout de suite, trop obnubilé par ce que venait de dire ta comparse. Elle n’était pas si bête finalement. Bon, son commentaire faisait plus maman poule que jangowa, mais tu savais qu'en cet instant, c'était sûrement la meilleure chose à dire à cette enfant.

Tu savais ce que ta nièce avait en tête, mais tu attendais, tu essayais de prévoir la réaction de ta compagne qui, de toute évidence ne se doutait de rien. Qu’avait-elle à craindre d’un lionceau après tout ?
T’as raison tata, à l’attaque ! Roarrr ! A ces mots, ta nièce sauta sur Habari qui sursauta avant de se laisser choir sur le sol, feignant que la petite fût trop forte pour elle. Elle fit mine de se débattre et quand ta nièce s’y attendit le moins, elle se redressa, rapide comme une flèche. Rattrapant toutefois la petite de sa grande patte, vive comme un éclair. Amusé, tu voulus te prendre au jeu, mais la lionne te fouetta le museau avec sa queue, te provoquant ouvertement. Tu voulus la remettre à sa place, mais Hazina étant là, tu te décidais à passer outre, bien que tu en bouillonnasses d’avance.

Habari rit aux éclats avant te se laisser attaquer par ta nièce. Toi, tu observais ce petit combat improvisé, en donnant des conseils à ta nièce, l’encourageant ouvertement, en sautillant comme un enfant :

— Vas-y Hazina ! Mords-lui la tête ! Attaque-la ! VAS-Y MA PUCE !

Ce jeu dura longtemps, jusqu’à ce que la nuit tombe, et tu dis, amusé :

— Bon… On rentre ?