On voyage mieux seul que mal accompagné

Le grand jour était arrivé, ce pourquoi Akef s’entraînait depuis sa naissance, l’exil. Il s’était reposé la veille, prenant des forces pour se lever ce matin. Le soleil n’était pas encore levé, mais il sentait dans ses veines que son sang de Jangowas l’appelait dans le désert. Nacer, comme au revoir, lui souhaita bonne chance. Le tout jeune adolescent le remercia d’un simple hochement de tête. Seule Maha se leva lorsque son fils partit en dehors du clan encore endormi, ne voulant pas se faire remarquer. Le fait de partir seul lui plaisait, il n’avait que faire des autres, et pourrait partager un moment privilégier avec sa mère. Une fois assez loin, Akef observa pendant de longues secondes la ligne imaginaire qui se dessinait devant lui, le séparant de la sûreté.

- Akef… murmura Maha.

La douce voix de sa mère fit sortir le futur exilé de ses pensées. Il se retourna vers sa mère, cette dernière regardait son fils avancer vers elle, les yeux remplient de douceur et de fierté. La lionne ne dévoilait ce côté “faible” de sa personnalité qu’en compagnie de son fils, elle n’avait rien à lui cacher. Le jeune se sentait donc privilégier. Maha regarda encore sa progéniture dans le silence, contemplant chaque parcelle de son visage.

- Ton père serait fier de toi, de ce que tu es devenu. confia-t-elle.

Akef sourit à ces paroles, imaginant son père parmi les esprits du désert, il espérait vraiment qu’il était le digne héritier du mâle.

- Et il le sera encore plus lorsque je serais revenu.

Maha sourit avant de venir enfuir son visage dans le cou de son fils. Il n’était plus le lionceau qu’elle avait fait naître, et elle ne doutait pas de le voir revenir, mais elle ne pouvait empêcher l’inquiétude de prendre possession de son esprit.

- Je t’aime, Akef. Reviens-moi vite… dit-elle en essuyant ses quelques larmes dans le pelage de son fils.

- Moi aussi, je t’aime, maman. Et je te le promets. dit-il en frottant son museau contre le poil de sa mère.

Il lui semblait que c’était hier encore que le petit n'était qu'un lionceau, mais il était bien là, devant elle, portant fièrement sa jeune crinière, même pas encore complète. La mère et le fils se regardèrent encore quelques secondes. Leurs yeux se séparèrent après un regard chaleureux et aimant de la part de chacun. Akef fit face, à contrecœur, à l’immensité du désert. Il avança, sans se retourner, remettant son destin entre les griffes du désert. Le soleil levant parsemait le ciel de rose, offrant un spectacle magnifique pour Maha, qui regardait son fils partir, courageusement, à l’assaut de la vie.

Lorsque le clan s’éveilla, la silhouette du jeune adolescent avait déjà disparu de l’horizon depuis un long moment.

Codage par Libella sur Graphiorum