L'Etang... Encore et toujours. De nouveau et comme chaque jour, Mapinduzi y menait son troupeau. Certains auraient pu trouver cette routine fatigante ou ennuyeus... Pas lui. Au contraire, cette routine avait quelque chose de rassurant à ses yeux. Tant qu'elle continuait, ce la signifiait que la vie du troupeau continuait comme elle le devait.

Toujours à l'arrière du troupeau, le dirigeant regardait les siens aller et venir, se désaltérer et, pour les plus jeunes, jouer. Il observait les environs avec la plus grande attention. Prenant garde à ce qu'aucun lion ou lionceau ne se trouve dans les parages ou ne s'approche d'un des siens. On était déjà suffisamment venu lui chercher des puces ces derniers temps. Même s'il ne se laissait pas démonter et ne démordait pas de sa position, le grand mâle préférait éviter de nouvelles rencontres déplaisantes et de nouveaux dialogues de sourds.

Malheureusement, le destin semblait en avoir décidé autrement. Un des jeunes du troupeau s'approchait dangereusement d'un lionceau beige alors qu'il pourchassait un papillon. Certes, aucun des deux n'en faisait exprès : l'un était perdu dans ses pensées, l'autre dans son jeu mais Mapinduzi ne pouvait se contenter d'attendre et de regarder. Il se cabra et se précipita vers les deux fauteurs de trouble. Alors que le jeune hippotrague allait heurter le petit lion, le chef cornu s'interposa entre les deux, faisant barrage de son corps, et ce fut contre lui que le jeune herbivore se cogna.

D'abord un peu sonner, le jeune animal reprit vite ses esprit en reconnaissant le regard doré et sévère de son chef de troupeau.

- Retourne auprès de ta mère. Maintenant.

Le ton employé par le mâle ne laissait aucune place pour une réponse. Le jeune hippotrague déglutit et décampa aussi vite que ses quatre sabots le lui permettait. De son côté, Mapinduzi s'écarta du jeune lion qu'il se mit à fixer avec mépris.

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Les oreilles de Mapinduzi s'agitèrent lorsqu'il entendit le petit lion parler. Papa... Papa, hein ? Ce qu'il aurait aimé être appelé comme ça... Mais surement pas par un lion. Il secoua la tête, agacé. Le petit félin ne savait plus où se mettre c'était une évidence et quoi de plus normal : le grand mâle cornu devait lui paraitre immense... Ou au moins menaçant. C'était son but remarquez. Avec un souffle de mépris, il déclara avec amertume :

- Tu ferais mieux d'aller le rejoindre, ton père.

Il ne put s'empêcher d'appuyer particulièrement sur ce dernier mot.

- Personne ne t'as prévenu ? Il y a des animaux dangereux dans les environs.

A ces mots, Mapinduzi se mit à gratter le sol de ses sabots. Le message était clair à l'encontre du lionceau : cet animal dangereux, il l'avait en face de lui. Enfin... Heureusement pour lui, le leader allait se retenir. Un temps du moins...

- Si j'étais toi, je déguerpirais avant de me faire piétiner.

Il souffla fortement. Oui, il allait se retenir. Mais pas éternellement. Un lion restait un lion, et tout comme le félin, sa nature le rattraperait tôt ou tard... Vous savez ce qu'on dit : chassez le naturel, il revient au galop.

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Le petit lion semblait quelque peu effrayer... Mais il tenait position. Ce qui agaçait Mapinduzi. Il souffla bruyamment tel un buffle. Ce gamin avait de la chance de se trouver à l'Etang, c'était la seule chose qui lui sauvait la vie en cet instant... Ça et le fait que Mapinduzi n'avait aucune envie qu'on revienne lui faire la moral. Les lions pensaient tout savoir... Mais ils ne savaient rien. Ils ne voyaient pas plus loin que le bout de leur museau. Le petit félin se mit alors à décrire la loi de l'Etang tel qu'on le lui avait apprit. Le chef de troupeau retint un rire amer.

- Mppf. Et je suppose que ta mère ne t'as jamais fait de remarque sur à quel point tes semblables sont prompt à briser cette loi ?

Évidemment qu'elle ne l'avait pas fait. Elle n'irait pas briser dans l'esprit de son fils l'image parfaite que les lions souhaitaient se donner. La suite du discours du lionceau ne fut pas non plus pour ravir l'herbivore :

-J'aimerai rejoindre mon père mais...Je ne peux pas...Il est loin et je n'ai pas l'occasion de le voir souvent...Dites m'sieur, est-ce que vous connaissez Freeland ?

Les oreilles de Mapinduzi s'agitèrent. Son père n'était pas avec lui et le reste de sa famille ? Il secoua violemment la tête.

- Non. Et je m'en moque éperdument.

Il en avait entendu parler... Mais c'était tout. Il ne s'était jamais renseigner dessus. La seule terre qui l’intéressait était celle où se trouvait son troupeau. Prideland en l’occurrence. Mapinduzi contourna le lionceau pour s'approcher de l'eau.

- Je suppose que c'est là bas que ton père se trouve...

Après tout, le petit lui avait dit que son père était loin, qu'il souhaitait le rejoindre, et juste après, il lui parlait de se royaume. Les deux ne pouvaient qu'être liés. L'animal cornu pencha la tête vers l'eau pour s'abreuver. Juste avant que ses lèvre ne touche la surface de l'Etang, il déclara :

- Si ton père n'est pas capable de rester près de toi pour t'élever et veiller sur toi tu ferais mieux d'abandonner l'idée de le rejoindre. Il ne le mérite pas.

Mapinduzi avait espéré connaitre cette joie d'élever un enfant... Une joie qui lui avait été arrachée. Il ne pouvait qu'éprouver dégout et mépris à l'égard de ceux qui avait accès à ce bonheur mais préféraient le laisser filer comme s'il ne signifiait rien. Certains ne se rendaient pas compte de leur chance... Sur ses mots, l'herbivore commença à s'abreuver.

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Mapinduzi espérait que, maintenant qu'il avait répondu à sa question, le jeune lion allait détaler. Il n'en fut rien. Non seulement il resta en place, plongé dans ses pensés, mais plus, il posa une nouvelle question.

-Donc...Vous voulez dire que tout ce que ma mère m'a appris sur l'étang n'a aucun rapport avec la réalité ?

Le mâle cornu souffla bruyamment, faisant onduler l'eau de manière chaotique. Il redressa brusquement la tête et la tourna vers le jeune animal. Non mais... Qui était-il pour l'importuner avec ses questions ? Il pensait que Mapinduzi était une sorte d'ami ou quoi ? Non ! L'herbivore n'était rien de tout ça. Cela lui demandait déjà suffisamment d’efforts pour ne pas piétiner ce petit et le lionceaux ne faisait rien pour l'aider. Au contraire, il aggravait son cas.

Passablement agacé, l'hippotrague revint vers le petit lion et lui fit face. Il abaissa la tête au niveau de celle de son interlocuteur et sur un ton glacial, il déclara :

- Tu es bien naïf si tu penses que tous respectent la loi comme ils le devraient.

Mapinduzi releva la tête.

- Maintenant retourne auprès de ta mère ou des tiens, ou va te jeter dans les gorge, ce n'est pas mon problème, mais disparais de ma vue. Ta présence et tes questions m'agacent.

Et personne ne voulait voir un Mapinduzi agacé.

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Plus le temps passait, plus la patience de Mapinduzi s'effritait. Qu'est-ce que cet enfant n'avait ps compris ? A moins qu'il cherchait délibérément à agacer le chef de troupeau ? L'hippotrague l'ignorait. Et s'en moquait bien ! Le résultat était le même. L'imposant mâle se cabra d'à peine cinq ou dix centimètre au dessus du sol et heurta violemment le sol de ses sabot en démonstration de tout son agacement.

- Silence !

Il gratta la terre avec énergie.

- Ta mère ne t'as donc rien apprit, petit insolent ? Ou bien es-tu simplement bouché ?

Mapinduzi était habitué à ce que son autorité soit respectée. Et il n'appréciait guère de la voir bafouée de la sorte, encore moins alors qu'il s'agissait d'un lionceau.

- Oh, mais suis-je bête. Tu es un lion. Les tiens n'ont aucune éducation. Ils se pensent tout permit en toute circonstance.

Le grand mâle souffla bruyamment. Un souffle digne d'un buffle bien qu'il n'en avait pas la carrure.

- Je n'ai pas à répondre à tes questions. Disparais de ma vue !

Surtout des questions aussi stupides. Évidemment que des herbivores avait déjà trahis cette loi. Néanmoins, cela causait toujours moins de dégâts que lorsqu'un prédateur avait la même idée en tête. Mapinduzi quant à lui n'avait jamais considéré qu'il avait désobéis à cette règle. Même lorsqu'il avait pourchassé cette jeune Mositus, il ne l'avait attaqué qu'une fois qu'elle s'était éloigné de l'Etang. Non à l'Etang même.

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Hrp:

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Le jeune lion n'eut jamais l'occasion de finir sa phrase. Tant mieux pour lui d'ailleurs. Mapinduzi se doutait bien de ce qu'il allait dire mais mieux valait qu'il ne l'entend pas de ses propres oreilles. Malheureusement, celui qui lui coupa la parole parvint en une phrase à agacer le mâle cornu bien plus que le lionceau. La... La nourriture ?! Le sang de l'hippotrague ne fit qu'un tour. Ah ! C'était bien inutile de se demander d'où le lionceaux tenait un comportement aussi catastrophique ! Ce manque de respect... C'était aberrant, cela donnait à Mapinduzi l'envie de vomir. Mais il se retint... Jusqu'à présent, seul un lion avait osé parlé ainsi... Et lui au moins avait une bonne raison de le faire quoi qu'en pense l'hippotrague ! Il gratta férocement le sol d'un de ses sabots, tentant avec difficulté de contenir sa colère.

Les parents étaient censé montré l'exemple. Et c'était un exemple bien pitoyable qu'il voyait là. Rarement présent, et lorsqu'il l'était, c'était pour apprendre à son fils à se montrer méprisant avec les autres. Mpf. Il aurait mieux valu pour le lionceau que son père crève.

Pour éviter d'avoir à agir de manière regrettable, Mapinduzi se détourna, retournant vers l'Etang. Son sang, ses muscles, son corps entier lui hurlait de poursuivre cette bête et de l'abattre. Que lui, serve de nourriture au vautour, sous les yeux impuissant de l'enfant qu'il avait l’orgueil d'appeler "son fils". Malheureusement, la dernière fois qu'il s'était emporté ainsi, il s'était éloigné plus que de raison. Il souffla fortement, essayant de se calme. Ce n'était pas grave. Le père ou le fils, il finirait sans doute par les recroiser. La colère qu'il contenait actuellement, il aurait tout le loisir de la laisser s'exprimer. Tôt ou tard.

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