Comme il l'avait annoncé, Mapinduzi commença par ramener chacun des enfants auprès de leur mère, vérifiant au passage leur état. Plus de peur que de mal. Il soupira de soulagement. Ignorant les regard interrogateur que les siens lui lançaient à lui ou à Vigo, il s'assura auprès des mâles qu'aucun autres dangers n'étaient en vue. Il n'allait tout de même pas se permettre un discours dans un lieu plein de risques. Fort heureusement, le périmètre était maintenant sécurisé et le cadavre du lion servirait d'avertissement pour tout prédateur un peu trop curieux.

L'hippotrague se plaça près d'un rocher où il invita le rapace à se poser et se mit à marteler furieusement le sol de ses sabots. Le reste du troupeau se rassemble immédiatement en entendant cet "appel". Mapinduzi se tint droit et fier, comme à son habitude. Puis, d'une voix solennel, il déclara :

- Mes amis ! Je vous présente Sire Vigo.

Il désigna l'intéressé d'un léger signes de cornes et tous les regards se tournèrent vers l'oiseau. Tantôt ravis, tantôt intrigués et tantôt... Méfiants.

- Certains d'entre vous le savent déjà mais il m'a informé de l'attaque du prédateur et à rassembler certains de nos enfants qui s’éparpillaient sous le coup de la panique.

Mapinduzi ne pouvait reprocher cet éparpillement à personne d'ailleurs. Ni aux mères, nie aux petits, ni aux protecteurs du troupeau : la peur nous fait toujours faire des choses inconsidérées.

- Il aurait très bien pu fuir au moindre signe de danger mais il ne l'a pas fait. Et en cela nous lui sommes redevable. J'ai également pris la décision de lui proposer un poste de sentinelle au sein du troupeau et il a accepté. Nul doute que ses ailes et ses capacités nous serons d'une grande utilité.

Des murmures se propagèrent rapidement mais Mapinuzi préféra les ignorer.

- Sire Vigo n'attend en retour qu'une chose : la protection du troupeau. Comme n'importe quel membre en faisant parti. Protège le troupeau et le troupeau te protégera.

Finit le dominant en hochant la tête d'un air entendu. Il vit grand nombre de tête se hocher en retour et répéter ses paroles en marmonnant. Mais parmi ceux qui restait pensif, le mâle reconnu le visage de sa compagne. Mapinduzi se tut alors. Il n'avait jamais été un chef tyrannique avec les siens, aussi attendait-il leur réaction. Si l'un d'eux souhaitait s'exprimer, que ce soit pour ou contre, il ne le couperait pas. Il attendait certaine réaction plus que d'autre à vrai dire. Notamment celle de ses deux lieutenants.

signature (c) Khamunrah

Anciennement Papy Fleck et tout un tas de gens !

Nirakay était rentré de patrouille il y a quelques minutes, venant du versant ouest de la savane. Rien d’extraordinaire ne s’était passé au grand damne de l’herbivore. Il aurait été ravi de faire danser ses cornes. Comme quoi, on a pas toujours ce que l’on veut. Encore plus quand il remarqua qu’un attrouppement s’était formé autour d’un des leurs et qu’il ne pouvait pas assouvir son petit rituel favori. Lequel ? Eh bien c’était assez évident, trouver une charmante hippotrague et lui montrer à quel point il était un bon parti.

Fronçant des sourcils il se dirigea vers l’assemblée qui s’était formée et fut surpris de voir que c’était Mapinduzi qui présidait. Enfin ce n’est pas ça qui était surprenant, c’était l’oiseau qui se tenait à côté de lui, sur un rocher. Les explications vinrent d’elles-mêmes, découlant de la bouche du leader tandis que Nirakay fixait le volatile d’un air presque suspicieux. Il n’osa pas intervenir tout de suite, intégrant dans son esprit que certains des siens lui devaient la vie. Il en était presque vexé d’ailleurs, puisque lui même n’avait pas pu intervenir.

Ce qu’il retint du discours de Mapinduzi était que le vautour ferait maintenant parti des leurs, qu’il les aiderait et qu’en retour il souhaitait être protégé. Protégé de quoi au juste ? Un volatile avait déjà plus de chance de survire qu’un herbivore. Cette idée ne plaisait qu’à moitié à Nirakay qui, impulsivement demanda, les sourcils froncés :

«  Qu’est ce qui nous prouve son entière loyauté ? »

Alors que Nirakay avait travaillé si dur pour prouver la sienne – sa dévotion pleine et entière pour le troupeau ainsi que pour son leader. Probablement que la jalousie le dévorait déjà à l’idée qu’un oiseau de malheur venant de débarquer se révèle plus utile que lui. Il croisa cependant le regard de son leader et se racla la gorge, reprenant pour éviter que ce dernier se sente bafoué dans ses décisions, surtout par son propre lieutenant :

« Comprenez, Monsieur, que je ne remet pas votre jugement en cause. Mais je doute que son régime alimentaire soit le même que le nôtre, autant que je doute de ses motivations. »

Comment être sûr qu’il ne veut pas nous flouer et voler nos enfants à son tour ? Rien ne nous permettait d’avancer que ce vautour était digne de confiance – si un lion venait à protéger l’un des nôtres demain, notre comportement changerait-il pour autant ? Serait-il bien accueillit au sein du troupeau ? Non. Le jeune lieutenant dardant le volatile d’un regard méfiant, prêt à l’embrocher de ses cornes au moindre mouvement susceptible de lui déplaire.

Si au départ personne ne semblait vouloir contredire le leader du troupeau, pas même Imani, une voix s'éleva bientôt. Nirakay. Mapinduzi se mit à chercher son lieutenant du regard. Il s'était attendu à ce que quelqu'un se montre méfiant. Mais pas que ce soit lui. D'un autre côté, il savait que le jeune adulte était totalement loyal au troupeau, si bien qu'il ne doutait pas que son intervention soit justifié par une volonté de sécuriser tout le monde. Si bien que, lorsque Nirakay se rattrapa auprès de son leader, lui faisant comprendre qu'il ne voulait pas remettre en doute son autorité, se dernier se contenta hocher la tête dans un geste emplit de compréhension. Le lieutenant avait parfaitement le droit d'exprimer son avis. Comme n'importe quel membre du troupeau d'ailleurs.

Au début, le chef de troupeau préféra se taire, il estimait qu'il revenait également à Vigo de se défendre. Ce qui fit l'oiseau, racontant même sa mésaventure avec une lionne. Un murmure parcourra l'assemblée d'hippotragues. Certain targuant que, puisque lui aussi avait un compte à régler avec les félins, pourquoi ne pas lui laisser sa chance, d'autre arguant que ce n'était pas suffisant, qu'il pouvait très bien mentir, etc.

- Mes amis !

Commença Mapinduzi.

- Toute ma vie, les décisions que j'ai prise étaient celles qui me semblait être les meilleures pour le troupeau. Celle-ci ne fait pas exception.

Le grand mâle poussa un soupir avant de reprendre.

- Bien sur, cela ne signifie pas que je ne peux pas me tromper. Et je n'imposerais pas au troupeau une décision qu'il ne veut pas suivre. Néanmoins...

Subitement le grand mâle se redressa de toute sa hauteur et se mit à fixer son lieutenant.

- Néanmoins, je reste certain de ma position. Nirakay, en tant que Lieutenant et porte de parole de ceux qui ne sont pas partisans de cette idée, dis moi : qu'est-ce qui pourrait te rassurer quant aux intentions de Sire Vigo à notre égard ?

Il coula un regard entendu au volatile avant de se concentrer de nouveau sur Nirakay. Il ne doutait pas un seul instant de l'oiseau pour apportait les preuves de sa loyauté quant à son lieutenant... Même si lui-même avait déjà une idée derrière la tête, il voulait son avis. Après tout, il ne lui avait pas donner ce titre pour qu'il fasse figuration et cela serait un bon exercice pour son cadet.

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Anciennement Papy Fleck et tout un tas de gens !

« Mon bon ami » ? Tss. Qu’il garde ses grands airs pour lui même celui là, cet oiseau de malheur et Nirakay n’était décidément pas des amis, loin de là. Le fait qu’il se soit fait attaquer par un félin ne le faisait en aucun cas entrer dans les bonnes grâces de Nirakay. Mais il n’était pas aux commandes et savait respecter la décision de son leader. Il ne faisait pas confiance à cet oiseau c’est tout. En quoi son passif lui permettait d’avoir un accès au troupeau ? Une reconnaissance ? Il avait fait du bon travail une fois, sous le coup d’une opportunité et voilà qu’il récoltait tous les lauriers ?

« Les prédateurs s’attaquent entre eux, ce ne serait pas la première fois que l’on assiste à ce phénomène, cela ne rend pas vos motivations plus légitimes. Je veux bien croire que vous vous soyez fait attaquer mais c’est loin d’être suffisant pour vous accorder ma confiance. »

L’herbivore gratta le sol nerveusement de ses sabots, faisant ainsi savoir son mécontentement face au comportement de cet oiseau. Bien trop confiant à son goût, ce charognard ou peu importe ce qu’il était, semblait profiter un peu trop de l’opportunité. Mais Nirakay dû reprendre son calme et retrouva une certaine dignité.

Il semblait que son leader trouve le besoin de se justifier et cela ne fit qu’accentuer le malaise chez le lieutenant. Il ne voulait pas douter des paroles de son chef et croyait en ce qu’il faisait mais… Il n’aimait pas cet oiseau. Un regard légèrement abasourdi l’ébranla tandis que Mapinduzi lui demanda ce qui pourrait le rassurer quant à la situation. Il resta silencieux quelques instants, remuant son flot de pensée pour trouver quelque chose de pertinent à dire.

« Eh bien … Il me semble que le surveiller avant de lui accorder une confiance aveugle serait une bonne idée. S’il peut agir pour aider le troupeau, je suis prêt à trouver cela bénéfique mais pas sans un binôme. »

Un binôme qui viendrait de l’un des leurs et qui serait capable de ne pas se laisser faire si cet oiseau de mauvaise augure venait à faire des siennes. Hors de question qu’une menace s’infiltre dans le troupeau en profitant d’une bonne action commise probablement par pur intérêt.

L'idée proposer par Nirakay ne fut pas pour déplaire au chef de troupeau, bien au contraire. Non seulement, cela permettrait de surveiller Vigo, et donc de rassurer les membres du troupeau peu enclin à l'accepter. Mais surtout, il aurait un binôme pour l'aider à s'intégrer, lui apprendre comment fonctionnait le troupeau, etc. Oh bien sur, dans un premier temps, Mapinduzi avait songé s'en chargé lui même, mais puisque l'idée avait été proposé... Au moins il pourrait vaquer à ses occupations de chef sans avoir à s'inquiéter pour l'oiseau.

D'ailleurs, en parlant du volatile, il semblait tout aussi enchanté par l'idée. Il se mit même à rechercher dans la foule son futur partenaire. Mapinduzi ne put retenir un sourire disons... Peu rassurant étant donné les circonstance.

- Je crois, Sire Vigo, que votre partenaire est tout trouvé.

Silencieusement, il tourna la tête vers son lieutenant.

- Nirakay.

Il l'observa un instant avant de retourner son attention vers Vigo.

- J'ai toute confiance en lui. Nul doute que vous formerez une excellente équipe pour la défense du troupeau. N'est-ce pas ?

Son regard glissa doucement vers Nirakay. Bien entendu, il pouvait parfaitement refusé. Tout comme Vigo. Mais Mapinduzi le savait : ce n'était dans l'intérêt ni de l'un, ni de l'autre. Et puis, le lieutenant avait toujours avoir son heure d'éducation avec les jeunes : il pourrait s'en servir pour également éduquer le vautour aux lois du troupeau. D'une pierre deux coups.

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Si Nirakay était satisfait de voir que sa proposition était adoptée, il en perdit vite le sourire. Oui, un binôme était trouvé pour cet oiseau de malheur, mais l’hippotrague ne pensait pas qu’il s’agirait de lui. La surprise passa sur son visage avant qu’il reprenne un minimum de droiture. Si c’était là les ordres de son chef de troupeau, alors il accepterait sans broncher.

Néanmoins, cet oiseau avait intérêt à suivre et pas qu’un peu. Ne pas importuner l’animal cornu serait également une bonne idée de la part de ce vautour. Nirakay pensait que c’était déjà lui accorder beaucoup trop d’importance pour un oiseau dont les intentions étaient aussi inconnues que son identité et son histoire. Le mâle brun racla légèrement le sol de l’un de ses sabots et souffla légèrement. C’est à moitié résigné, que le mâle décida d’abandonner toute posture agressive et défensive, ne laissant paraître au fond qu’un léger agacement. Il n’avait pas pensé à cela et la tournure des événements ne lui plaisait pas réellement. Mais qui était-il pour refuser ? Son image n’en serait que ternie et la confiance que plaçait Mapinduzi en lui risquerait de s’effriter.

Il baissa finalement toute vigilance pour s’avancer et incliner légèrement la tête en signe d’acceptation et de respect :

« Vous ne serez pas déçu, Monsieur. »

Mais il ne manqua pas de lancer un regard méfiant envers Vigo. Cet animal n’était pas près de gagner sa confiance.

Aucun des deux animaux ne semblaient ravi de son partenaire. Mapinduzi n'en tint pas compte le moins du monde. Vigo était à présent un protecteur du troupeau. En cela, il se devait de se plier au même règle que n'importe quel animal en faisant parti. Quand à Nirakay, il allait devoir s'habituer à la présence du volatile. C'était certes un moyen peu avenant de les habitué l'un à l'autre mais le chef de troupeau trouvait ça plus efficace que les laisser se toiser mutuellement sans se parler pendant des jour. Il se mit à fixer son lieutenant avec assurance.

- Je n'en attends pas moins de toi, Nirakay.

Son regard se posa ensuite sur Vigo qui venait de le questionner. L'imposant mâle leva la tête vers le ciel. Le soleil était toujours haut, la journée était loin d'être terminée et d'autres danger pouvait très bien guetter le troupeau en ce jour.

- Dès maintenant.

Fit-il en s'éloignant du rocher où se trouvait Vigo. Après quelques pas, il se retourna.

- Vous viendrez tout les deux me faire un premier rapport lorsque le soleil rasera le haut du Rocher aux Lions.

Autant dire qu'il y en avait encore pour un moment le temps que le soleil continue sa course dans le ciel. Une ou deux heures. Mais cela leur permettrait de s'apprivoiser. Sans rien ajouter, Mapinduzi fit signe aux autres membres du troupeau que la "réunion" prenait fin. Seule Imani demeura en place, le fixant toujours d'un regard interrogateur. Il hésita à la rejoindre un instant mais... Finalement, il lui tourna le dos. Repartant dans une direction opposé. La femelle le regarda s'éloigner et secoua la tête tristement avant de faire de même.

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