Les guerriers étaient presque tous parti fouiller les terres Freeland, chercher le défunt prince héritier. Ils remuaient chaque rocher, tronc d’arbre, point d’eau ou hautes herbes. Cela me fatiguait de les voir s’énerver à chercher quelqu’un qu’ils ne trouveront jamais. Il y avait bien plus de chose importante à gérer sur Freeland, comme ce groupe de lion qui s’est installé.

Je voulais alors en toucher quelques mots à lion qui gère les troupes. Luso, le chef des guerriers. Je me mis à le chercher d’un pas pressé. Je fis le tour de l’intérieur du repère mais à part quelques nourrices s’occupant des petits, la présente du mâle n’y était pas. Fronçant les sourcils je pestais intérieurement. Où était-il encore ? Je sortis et jetais un regard sur l’horizon mais toujours rien.

J’entendis alors une voix qui me fit lever l’oreille. On s’adressait clairement à moi. Je relevais la tête et vit Luso, qui se tenait en hauteur. Je réprimais un rire moqueur. A chaque pas que je foulais ici et partout sur Freeland, j’avais des anciens souvenirs qui revenaient à la surface. L’ombre de mon père courait le long des parois du repère et les empreintes de ma mère sont disséminés sur les terres.

-Certes mais cela ne te regarde pas si je ne m’abuse.

Je regardais le félin droit dans les yeux, les yeux flamboyants. Malgré les épreuves du destin depuis mon enfance, je garde toujours cette hargne brulante au fond de moi. J’avais beau montrer une image de lionne dorénavant docile, ce n’était qu’un pâle mirage. Mes yeux parlaient bien plus que tout le reste.

-Tu n’aurais pas des problèmes à gérer ? Une dépouille à trouver ?

Je relevais le menton après avoir lancer mes mots secs puis sourit en coin.

Luso semblait aussi bien irrité qu’amusé face à mes remarques. Il affirmait que tout ce qui se passe sur Freeland le regarder. Il avait raison, il est le chef des guerriers, celui qui dirige les soldats doit en effet connaitre tout ce qui se déroule sur les terres. C’est obligatoire. Je ne préférais pas répondre, mimant l’indifférence face à ses mots.

Le regard du mâle se mit alors à changer, il devient étincelant. Il semblait avoir relevé quelque chose. Je le su rapidement car il reprit qu’ils chercher un corps vivant et non mort, rien n’indiquer que l’héritier était mort. Personne ne pouvait se douter que j’étais mêlé à ce drame. Je n’étais qu’une victime pour eux. Je roulais des yeux tout en soupirant, légèrement agacer par cette naïveté, tandis que le félin se levait pour ensuite s’étirer de toute sa longueur et enfin, sauter de son perchoir. Je le regardais se mouvoir en tournant autour de moi le visage radieux et amical. Je ne pus m’empêcher de lui répondre :

-Ne me dit pas que tu es assez simple d’esprit, pour toi aussi, croire qu’il est toujours en vie. Il serait en vie, il aurait cherché par tous les moyens de rentrer ou au moins de prévenir sa présence.

Intriguer je l’écoutais alors lorsqu’il me demandait si je voulais venir les aider à chercher le prince. Car pour lui une dépouille devait être plus facile à retrouver d’un enfant disparu. Ces paroles cyniques me firent sourire.

De plus, je relevais qu’il avait employé mon ancien titre. Luso avait connu le règne de mon défunt père, il l’a servi et m’a connu alors que je n’étais qu’un bébé. Le félin m’a connu au sommet de mon rang, princesse, héritière de toutes ses terres, dirigeante au pouvoir, exerçant ses caprices comme bon me chantais. Mais ça, c’était avant le retour de Haki. Maintenant je n’ai plus rien et je compte bien récupérer ce qui m’appartient. Claquant la langue sur mon palais, je me sortis de mes pensées.

-Oui Luso, évidemment, car sinon il faudrait s’inquiéter de vos capacités, si vous ne saviez pas retrouver un enfant perdu, depuis tout ce temps !

Je ricanais puis me tue. C’était ridicule d’accaparer les troupes pour les recherches, si un groupe de lion rebelle veut s’attaquer au repère, Haki n’aura plus assez de lions pour défendre son propre royaume. Il ne sait définitivement pas gérer les priorités. Pour lui son fils est encore en vie et jamais il en démordra. Pourtant, il faudra bien qu’il se fasse une raison. Tous en repensent à la proposition d’aider aux recherches je tirais une triste mine exagérée, pour amplifier l’ironie de mes paroles :

-Oh non, j’ai étais traumatisée par l’attaque du vagabond je ne veux plus sortir !

On voyait totalement que je me moquais du félin et je ne le cachais pas, c’était le but. Puis je repris un air sérieux et me mis à sa hauteur tout en le regardant avec sournoiserie. J’approchais mon visage au plus près du sien et dis dans un murmure.

-Non mais qu’est-ce que tu crois, j’ai bien d’autre chose plus importante à faire ici, c’est votre travail de chercher le prince, pas le mien.

J’étirais alors sur mon visage un sourire malveillant, celui que j’avais l’habitude d’avoir quand j’étais gosse, celui que je cachais depuis mon arrivée ici. Je fis quelques pas, coupant le chemin au félin, et fis frôler le toupet de ma queue sur sa barbichette. Je continuais de faire deux ou trois pas puis m’arrêta dans mon mouvement et tourna mon visage vers celui du chef des guerriers, cherchant à capter son regard. Je ne jouais plus à l’enfant innocente et c’était risquer, j’en étais consciente.

Le mâle ricanait en remarquant que j’étais une petite effrontée. Je n’avais pas perdu de mon caractère et je tenais fièrement de ma mère et de mon père. Princesse n’est pas simplement un titre, c’est aussi une façon de vivre et c’est dans le sang. On ne peut pas changer qui nous sommes.

Le chef reprit qu’ils avaient abandonné les recherches il y a deux levers de soleil déjà. Pour lui il est mort et son cadavre a dû être dévoré. Cela me fit réfléchir. S’il a été manger par des charognards, ils auraient retrouvé des os. Mais après tout, le courant de la rivière à emporter le corps. Chercher les os du prince serait comme chercher une aiguille de cactus dans le grand désert. Je n’avais donc aucun ne soucient à me faire là-dessus.

Luso me prit par surprise en me faisant clairement comprendre que je me fichais de lui et il me questionnait alors sur la véritable raison de ma venue ici. Il affirmait qu’Haki n’avait aucune visite de prévu et encore moins la mienne. Il souhaitait que je sois honnête envers lui. Avec un air angélique je m’assis alors face à la lui.

-Eh bien, je viens voir Naba. Je le cherche partout mais je ne le trouve pas, tu ne l’aurais pas vu ?

J’étais sincère, je n’avais pas menti, c’était bien là le motif de ma venue ici. Je sais qu’à ma réponse j’allais attirer la curiosité du félin, ce qui reste normal après tout, son rôle est de protéger la famille royale. Mais même si au fond de moi je brûle d’une haine sans limite, je ne lèverais jamais la patte sur l’un d’eux. C’est pour ça que je repris :

-Celui-ci apprécie ma compagnie ces derniers temps. Étonnant tu ne trouves pas ?

Je souris malicieusement, les yeux brillant d’un éclat vicieux. Luso comprendra-t-il ? Ou est-il lui aussi stupide que les autres ?

Je pris un air plus sombre et soudain sérieux, quittant mon air malicieux. Le félin ne semblait en aucun cas joueur tout autant que moi. Les soldats, tous les mêmes, leur chef ne sort pas du lot. Il exprimait le fait qu’il me demandait d’être honnête et que j’en étais presque cruelle. Rien d’étonnant. Je roulais des yeux discrètement.

Le félin me répondit enfin que le prince devait surement être avec son père à bavarder héritage. Puis il fit remarquer que je devais comprendre car je n’étais pas étrangère au processus. Un pli vient barrer mon front. Non je n’ai pas vraiment eu le temps d’avoir ce genre de conversation avec mon père et je n’ai pas eu de situation assez stable avec ma mère pour qu’elle m’en parle à son tour.

Le mâle semblait ennuyer par la tournure de la conversation. Haussant un sourcil je le questionnais :

-Dis-moi, que penses-tu de la situation actuelle sur notre terre ? Notre roi, a été menacé et nous voilà envahis plus au nord par les mositus qui débarquent, tels des « gens du voyage ».

J’espérais qu’il soit du même avis que moi. Je sentais le gouvernement d’Haki devenir passif et celui-ci ne semblait pas spécialement réagir. Sharkan serait encore de ce monde, depuis longtemps Nzige serait depuis longtemps rechercher pour pouvoir lui trancher lui-même la gorge et ses vagabonds de mositus seraient chassés des terres pour se trouver refuge ailleurs.

-Tu ne trouve pas qu’on laisse passer trop de chose ? La tragédie du prince n’est qu’un exemple de plus.

Je voulais savoir les réelles motivations du félin.

Luso préférait se vouloir rassurant à indiquait que si des Mositus voulaient venir ils seraient vite renvoyés vers la porte de sortie. Si la réelle ambition des Mositus était de nous envahir plus qu’autre chose ? Se trouver un nouveau foyer en nous volant ? Cela partirait évidemment sur une guerre, mais la question est plus, Freeland est-il prêt ? Je remettais en doute les capacités d’Haki a dirigeais le royaume. Je le trouvais mou et trop clément.

Le chef répondait que la perte de Kama était une tragédie mais que pour le moment on ne pouvait toujours pas savoir si c’était une disparition ou victime de quelque chose de plus malveillant. Peu importe la raison, le chef des guerriers énonçait qu’ils étaient beaucoup plus vigilants vis-à-vis de ces parasites. Je frissonnais, je n’aimais pas ce mot. On m’a pendant un moment qualifié ainsi avec ma mère, tout comme je qualifiais mon demi-frère de cette manière.

-Sûrement. Dis-je d’un ton détaché.

Luso entreprit alors de quitter ma compagnie en s’excusant tout en me souhaitant une agréable journée.

-Oui tu dois avoir du travail, excuse-moi Luso. Je te laisse.

Il fit une courbette pour se montrer polie avant de se retirer. Je souris car mimique mais celui-ci s’éteint bien trop rapidement en regardant partir le félin. Je devais encore rester méfiante et je ne savais pas pour le moment qui pouvais se montrer fiable dans ma mission. Il faut savoir bien s’entourer lorsqu’on entreprend de grandes choses.