« Perdus dans la Lande » Telle une âme sans but, Adana se promenait dans la lande. A la fois ennuyée et saisie par la solitude, jaugeant les blessures qui s'étaient cicatrisées au cours de ces derniers mois, la lionne s'essayait avec divers petits tests.
Ah, là par-exemple, elle avait moins mal. Elle pourrait s'éloigner plus loin.
Ah. Là par-exemple, elle avançait plus vite. Probablement pourrait-elle s'y rendre plus vite.
Pour une fois, Amon et sa fratrie ne l'accompagnaient pas dans l'une de ces « folles » aventures. Tout comme Heshima qui était restée sur Prideland et Vita qui … Oh, elle ne savait pas vraiment où il se trouvait présentement. Mais elle était seule, c'était le plus important à savoir.
Des fois, elle s'arrêtait en plein « test » pour jeter un regard au ciel bleu, à ces terres vides, qui constituaient la Lande aux Sans-Terres. Ses prunelles dorées balayaient l'étendue vide et repéraient, bien que difficilement, des formes et des couleurs dominantes à l'horizon. Elle se demandait bien ce que ça pouvait être … Ces couleurs sombres … Peut-être Outland ? On lui avait déjà décrit le paysage miséreux et sinistre des terres d'Outland. Ces couleurs vives … Oh, Prideland et son Rocher.
Et quand elle tournait la tête en direction du chemin qu'elle avait pris pour venir ici, cette route menant tout droit à la Jungle du Zawadi … Son regard s'assombrit légèrement. Normalement, elle ne devrait pas voir sa terre natale après tant de mois de voyage. Voyage qui avait débuté il y a un an, avant d'être interrompu par l'attaque du vagabond gris et la bienfaisance des Pridelanders. Agacée, honteuse d'avoir un corps qui ne s'en remettait pas aussi facilement, la lionne grimaça et se détourna de cette vue désagréable qu'elle avait sur la Jungle. Ses pensées lui ramenèrent, un instant, le visage tant inquiet de ses parents. Depuis le temps, comment allaient-ils ? Elle se posait souvent la question mais, quand bien même Amon le lui faisait la morale à ce sujet, elle ne lui ordonnait jamais de revenir « chez eux » pour leur transmettre ses nouvelles. Fille exemplaire qu'elle était.
Alors qu'elle détournait son attention et reposait son regard sur la Lande, elle haussa un sourcil. Une silhouette ? Une forme semblait se mouvoir dans le paysage. Elle avait beau avoir pris beaucoup de coups ces derniers mois, ce ne serait pas quelques cicatrices vilaines qui l'empêcheront d'aller « discuter » avec un inconnu. Sans un mot, le pas léger et une lueur de curiosité dans le regard, la femelle avança à son rythme, jusqu'à distinguer nettement ce qu'elle cherchait : un lion. Peu importe qui il était, elle était préparée aux éventuels coups bas. Ses marques dans le dos pouvaient en témoigner.