Cette nuit-là, une pluie d'étoiles constellait le ciel sombre allumé par la luminosité de la Lune. Une ambiance paisible régnait sur les Sources Chaudes malgré l'éternel chant de certaines cuves d'eaux dont le temps n'avait d'emprise sur elles. Choyo vagabondait en dehors des Terres Nordiques alors que sa grande-sœur, elle, pensait à lui et continuait à vivre sa propre vie, et ce même en l'absence d'un frère ou d'une mère pour l'épauler. Son soupir à ce constat lui arracha directement un regard en direction du ciel nocturne, tandis que la jeune lionne gris-bleu quittait la grotte familiale et délaissait quelques instants son père, endormi un peu plus loin, contre une paroi rocheuse. Elle s'assit à l'entrée, se redressa dignement, posa ses deux belles prunelles bleues sur les multiples étoiles brillantes de la soirée et eut une moue un peu triste, en repensant à sa mère, Suki. Trop longtemps que la femelle sablée n'était plus et que sa fille n'avait de cesse, à chaque fois qu'on la mentionnait, l'envie irrésistible de la pleurer. Quel enfant serait heureux de perdre sa mère si jeune ? Pas elle, en tout cas. Elle se demandait ce dont sa vie aurait été si sa génitrice était restée avec elle. Sûrement aurait-elle pu bénéficier de ses conseils et se soulever contre Nhormero.

Maintenant que sa conseillère était morte et qu'elle grandissait, Sungura se sentait plus que jamais, seule. Elle avait des amies, un père toujours vivant, mais la chaleur corporelle et le parfum réconfortant de la Reine du Nord lui manquait terriblement. Ses souvenirs s'entrechoquaient et de nombreuses images de celle-ci lui apparurent, alors qu'elle s'en retournait dans sa grotte pour dormir. Inconsciemment, la nostalgie la fit se coucher à l'endroit même où la lionne aux chaussettes brunes avait laissé échapper son dernier souffle. Elle ferma les yeux, rapprochant ses deux pattes avant de sa tête, avant de prolonger plus encore le tourbillon de souvenirs qui la saisissait. Son cœur se serra, mais le sommeil ne tarda pas à achever sa souffrance et à l'emporter dans le monde des rêves.

La frontière entre la Réalité et l'Illusion fit frémir la demi-Nordique. Elle rouvrit les yeux et se retrouva, seule, en plein dans la grotte où elle avait succombé aux rêves. Késhia avait disparu et nul parfum, nulle brise ne vint stimuler sa truffe et caresser sa fourrure d'argent. Elle se releva et s'aventura à l'extérieur de la grotte, remarquant un certain silence au sein des Sources Chaudes. Les grondements s'étaient tût. Elle semblait plus apaisée que tout, étrangement … bien que ce qui l'entourait était des plus inquiétants. La fille de Késhia resta là à découvrir les Sources Chaudes comme elle ne les avait jamais découvertes, sous un soleil dont les rayons ne réchauffaient pas, sous un ciel bleu et des nuages blancs terriblement faux.

Un monde sans activités animales, un monde où seul le paysage comptait et rien d'autre. Sungura balayait l'étendue des Sources Chaudes d'un regard curieux ; le grondement des geysers s'était tût. L'aspect nuageux des cuves d'eaux paraissait … bien moins présent que ce dont elle était habituée, depuis toujours. Elle se pensait seule, abandonnée dans un monde où les habitudes se mouraient. Sa respiration se montrait pourtant tranquille, les battements de son cœur également. Elle se sentait libre, fière, invincible. Comme avant. Comme à l'époque où sa mère vivait encore à ses côtés. Le sourire grandissant de la princesse déchue allait se tordre de douleur quand une voix, bien qu'étouffée, lui parvint avec difficulté:

« Sun … Sungura ? »

Surprise à l'idée de ne pas être toute seule dans ce rêve, l'intéressée releva la tête en direction du bruit, un peu curieuse de savoir à qui appartenait le son. La surprise qu'elle avait ressentie en entendant la voix ne fit pas le poids face à celle qui lui tomba royalement dessus quand elle reconnut une fourrure sablée au-dessus d'un promontoire, juste au-dessus de la grotte royale. Elle retomba pitoyablement sur son train arrière en réalisant que deux belles prunelles vertes l'observaient depuis les hauteurs de cet univers illusoire qui l'avait accueilli bien malgré elle. Cette fourrure sable, ces chaussettes brunes et crèmes, cette allure forte et fière malgré l'étonnement.
La gorge nouée à cause de l'émotion, la fille de Késhia murmura, la voix percée par un soulagement et une peine indescriptibles :

« Maman ... »

Suki bondit et atterrit juste devant elle. La Reine du Nord eut une avancée plutôt … timide, respectueuse à l'égard de sa fille. Sungura n'en croyait ni ses yeux, ni ses oreilles. Sa mère. Morte. Juste là, devant elle, en bonne santé. Le rythme de son cœur accéléra. Elle ne pouvait pas y croire !

« Q-que … Comment est-ce possible ? Ce … Maman, c'est vraiment toi ? » bégaya-t-elle, la voix brisée.

Un voile larmoyant recouvrit ses prunelles bleutées. Ce n'était qu'un rêve. Pourquoi fallait-il qu'elle rêve de sa mère au moment où elle la regrettait le plus ? Pour lui faire souvenir à quel point elle était impuissante ? A quel point elle avait été lâche de laisser le pouvoir à Nhormero ? A quel point elle avait trahie sa mère en permettant à Nhormero de cracher sur ses convictions et son rêve ? Pouvait-elle seulement, après avoir autant perdu dans sa courte vie, prétendre tenir tête à l'adversité ? Non. Elle avait tout raté. Et c'était pour ça qu'elle allait décevoir le fantôme de Suki, à défaut de ne pas avoir pu décevoir la véritable mère qu'elle avait aimée plus que tout au monde.
Peinée par ses regrets, la princesse déchue ne sentit que quelques instants après les quelques larmes que ses yeux avaient laissées échapper, pour enfin finir leurs courses en bas de ses joues. Des sillons se creusèrent sur ses joues fournies en poils.

« Je ne suis pas une bonne princesse, Maman … Je n'ai rien fait pour défendre mes convictions, et reprendre l'héritage que Theluji avait légué à mon père … Désolée. Je suis vraiment désolée. »

Toujours d'une voix vacillante et débordée par la peine et la rancœur qu'elle vouait à sa propre personne, Sungura baissa la tête et regarda ses pattes. Elle s'était longtemps convaincue qu'elle était la meilleure, une bonne personne, une bonne princesse et future reine pour le royaume. Mais elle ne pouvait pas mentir ou se voiler la face devant sa mère. Pas devant une confidente de taille et une figure respectable qu'elle avait déshonorée juste après sa mort.

Les larmes affluèrent encore et encore sur son visage, alors que sa gorge se nouait et se disputait à l'envie de sangloter. Les battements de son cœur se multiplièrent, en raison de cette culpabilité qu'elle ressentait en cet instant si douloureux. Et pourtant, une étrange sensation s'emparait de son cœur et l'allégeait, comme si les aveux de la princesse avaient le mérite d'apaiser sa pauvre conscience. Je suis si pitoyable …, pensa-t-elle avec déception. Des mots qu'elle ne se permettait jamais ou presque en public, si ce n'est avec sa propre famille. Si seulement les choses pouvaient être plus faciles, dans la vie ...
Une patte sablée et brune finit par soulever son menton, obligeant la princesse déchue à jeter un regard étonné à sa mère. Alors qu'elle pensait y lire de la déception ou de la peine, elle y décela à la place quelque chose de plutôt rassurant : un sourire plein de confiance. Les mots dits par la suite n'en furent que plus apaisants encore, mais il en fallait davantage pour que les prunelles de la femelle gris-bleu cessent d'être larmoyantes.

« Sungura … Cesse de t'excuser. » assura la Reine du Nord en glissant sa patte derrière son dos. La fière reine-guerrière attira sa fille contre elle et enfouit son visage dans sa fourrure dans l'espoir, probablement, de lui communiquer son soutien. Sungura renifla, ne pouvant s'empêcher de ronronner faiblement au passage. Ces ronronnements et le contact avec la fourrure chaude de sa mère lui avaient tant manqué … terriblement. Le simple fait de ressasser les souvenirs en compagnie de la reine replongèrent la fille de Késhia dans une peine considérable et, cachant à son tour sa truffe dans les poils sablés de Suki, elle recommença à sangloter, malheureuse à l'idée de devoir se réveiller un jour et se dire que tout cela n'avait été qu'un … rêve. Un merveilleux rêve, qu'elle ne vivrait malheureusement plus jamais de sa vie.

« Tu seras toujours une bonne Princesse pour moi. Tu seras toujours ma Princesse. » chuchota Suki, serrant un peu plus fort sa fille contre elle.

Elle était heureuse de demeurer sa princesse à elle mais ce n'était pas suffisant pour la féline aux mirettes bleutées. A sa naissance on l'avait faite princesse, les partisans de Késhia avaient compté sur elle pour reprendre le trône au trépas de leur cher monarque blanc. Elle avait servi de belles paroles à ses amis, des promesses enfantines, mais qu'elle comptait tenir depuis toujours. Maintenant qu'on lui avait retiré ses « droits » de future reine, Sungura avait l'impression d'avoir trahi tous ces camarades qui l'avaient épaulé. Et même sans ça, s'il n'était pas question des autres dans cette recherche d'identité … elle ressentait, personnellement, un profond manque de quelque chose. Un manque. Quelque chose qu'elle aurait dû faire mais qui ne s'est pas passé. Elle ignorait ce que c'était exactement mais elle était pourtant sûre d'une chose : son cœur demeurerait non comblé si elle ne se débarrassait pas de ce souci.
Elle se demandait bien comment expliquer la chose à sa mère, pour qu'elle puisse l'aider à s'orienter. C'était plutôt compliqué à expliquer, à faire ressentir selon elle. Un instant, elle détacha son museau des beaux poils sablés de sa génitrice et plongea son regard bleu dans le sien, cherchant tant bien que mal à faire disparaître ses larmes par de nombreux clignements de yeux.

« Je suis sincèrement heureuse de voir que tu ne m'en veux pas et que tu me considères toujours comme ta princesse … mais, je ne sais pas. Je n'arrive pas à me pardonner d'être là, à jouer mon simple rôle de Nordique quand je vois le Conseil Blanc briller au-dessus des montagnes alors que mon père, dans leur ombre, continue de leur souffler la réplique. Je suis peut-être égoïste, Maman … mais je ne parviens pas à m'habituer à ce groupe de Nordiques. A mes yeux, Papa est le seul et unique Conseil Blanc qui devrait nous représenter. Il a cette douceur dans la voix, cette bonté de cœur et cette grandeur qu'aucun membre du Conseil n'aura jamais. »

Fort heureusement, Zwissia, la compagne de Macha, faisait partie du Conseil Blanc. Il y avait encore une once d'espoir parmi ces esprits tordus et arrogants en qui l'adolescente avait encore dû mal à donner sa confiance – et elle se demandait encore : les jalousait-elle ? Son mépris à leur égard était-il influencé par ce qu'ils avaient fait à son père ?

« Je me sens tellement seule en ce moment, Maman … Je n'ai pas envie de me réveiller, j'ai envie de rester avec toi pour l'éternité. » soupira-t-elle, la voix tremblante. « Les choses sont nettement plus faciles lorsque tu es là pour me soutenir ! »

Et c'était vrai. Sa mère avait été une grande guerrière Jangowa par le passé mais, à la différence de ces brutes, quelque chose en elle brillait d'une lueur fortement rassurante. Son regard, sa voix, son parfum, tout mettait à l'aise Sungura. C'était sûrement une particularité que seuls les mères pouvaient dégager. Et pour un esprit aussi sensible que Sungura, cette particularité était d'une grande utilité dans sa quête d'apaisement.

A cette pensée, Sungura sentit de nouvelles larmes couler sur ses joues. Ses oreilles se baissèrent sur les côtés, tandis que la princesse oubliée dévisageait sa mère, le regard brillant de peine mais pas moins dénuée d'amour à l'égard de sa réceptive. Dans ses yeux reflétait à la fois la tristesse d'un bonheur perdu mais également cet amour familial qu'elle n'avait jamais cessé de témoigner à sa mère jusqu'à son dernier souffle. La femelle gris-bleu avait tant de choses à dire à sa mère avant qu'elle ne s'en aille – elle se doutait bien que cette illusion se dissiperait à un moment ou un autre – mais les mots ne lui venaient pas, l'inspiration refusait de coopérer et elle était bien trop émue et choquée pour se reprendre et ainsi recentrer ses objectifs. Pour le moment, il n'y avait que Suki dans son esprit, Suki et les souvenirs qu'elle avait laissés derrière elle. C'était trop douloureux, Sungura ne pouvait pas se permettre de la perdre une fois de plus. Elle ne le voulait pas.
Si seulement il existait une concession entre le Monde des Vivants et le Monde des Morts … Sungura aurait réalisé tous les sacrifices possibles afin de ramener sa mère parmi les vivants.
Si seulement …

« Sungura … Je suis toujours là. Je suis dans chaque bourrasque de vent qui accompagne tes pas, dans chaque brise venant du Désert. Et le plus important ... » reprit la Reine du Nord, un sourire aux babines. La douceur contrôlait ses paroles. Mais une certaine intensité vibrait également dans celles-ci, comme si la femelle du Désert essayait de lui faire comprendre quelque chose. Du moins, elle le comprenait de cette manière. Suki posa sa patte là où résidait le cœur de sa fille, ce geste surprit quelque peu cette dernière. « Je suis ici. Et je le serais toujours. Aussi longtemps que tu te souviendra de moi, je serais avec toi, jamais je ne t'abandonnerais. Je te le promet. »

S'il en était ainsi, alors Sungura ferait désormais grandement attention aux bourrasques de vent, et surtout celles venant du Désert. Quand elle sentirait le parfum des dunes, elle sentirait à la place le doux encens d'une Reine légendaire et digne. Sungura n'avait jamais aimé le Grand Désert et tout ce qui lui était lié, mais Suki lui avait fait cette promesse, et cette promesse valait toutes les vérités du monde.

« Alors prépare-toi à demeurer pour toujours une légende … Tu perduras dans ma mémoire jusqu'à ma mort. » lui promit la princesse, la voix vibrante de malice, malgré son chagrin. « Maman … Pourquoi continues-tu à te reconnaître dans les propriétés du Grand Désert alors que ses habitants sont indignes de toi ? Aucun Jangowa ne t'a tendu la patte après avoir appris ton amour pour Késhia, d'après les souvenirs de mon enfance et les histoires que l'on m'a raconté à ton sujet. A croire que tu as toujours été seule. » osa-t-elle lui demander. « Je … Je dis ça comme ça, bien évidemment. Je ne connais pas toute l'histoire. »

Face à un inconnu, elle aurait déclaré cela sans même prendre de pinces. Elle avait toujours cru détenir la vérité sur les Jangowas, à savoir qu'ils étaient des êtres méchants et continueraient de l'être pour toujours. Pourtant, elle savait que sa mère avait également été une Jangowa par le passé bien qu'elle ne soit pas du tout méchante. Étrange n'est-ce pas ? Mais alors, si les Jangowas « à part » existaient, pourquoi aucun n'avait daigné la soutenir ? Pourquoi aucun de ses amis n'avait cherché à l'aider ? Accablant.
Au final, les Nordiques ne se différenciaient guère des Jangowas.
Baissant légèrement mais pas moins respectueusement la tête, Sungura ne préféra pas soutenir le regard de sa mère. Elle espérait ne pas l'avoir blessée avec de tels propos.

Le sourire doux de la défunte reine s'effaça de ses babines comme un mirage en plein désert. Comme la jeune lionne l'eut craint précédemment, il s'avérait que ces propos avaient peut-être … touché le cœur de sa mère. Redevenue silencieuse, elle se contenta d'observer le visage de Suki avec un certain regret dissimulé, s'en voulant d'avoir fait « souffrir » sa mère avec son égoïsme. Elle ne pouvait pas se le permettre, pas avec sa génitrice. Ce n'était pas digne d'elle. Suki parut pensive.

« Les Nordiques m'ont-ils davantage tendu la patte ? » s'interrogea-t-elle. « Non. »

Quelque part … Elle avait raison. La mine dénuée de tous sentiments joyeux ou fiers, la demi-Nordique hocha doucement la tête, s'avouant vaincue par la clairvoyance de Suki. Oui, quelque part, les Nordiques ne l'avaient pas tellement soutenue en tant que reine. Ni elle, ni ses enfants d'ailleurs. Sauf que Sungura n'avait jamais rien connu d'autre que le Royaume du Nord. Et ça serait sûrement comme ça pour toujours. La fille de Késhia n'avait pas l'âme voyageuse malgré son côté rêveur et sa curiosité indéniable. Découvrir l'Extérieur, c'était s'ouvrir à d'autres cultures qui seraient peut-être davantage impitoyables que celle des Nordiques. Ça l'effrayait un peu. Elle continua d'écouter les explications de la dame des sables avec attention, découvrant à cette occasion des informations qu'elle n'avait soit jamais entendue, soit oublié avec le temps.

« Ma mère a essayé de me protéger. Maintes et maintes fois. Mon père aussi. Mais mon père a quitté ce monde bien avant mon bannissement et ma mère n'a pas pu empêcher l'Empereur de me bannir. Ils ont toujours été présents pour me tendre la patte. Il y avait aussi un ami à moi … mais il n'était pas présent lorsqu'on m'a forcé à partir. Les choses sont ainsi faites. Je me reconnais dans le Désert, parce que j'y suis né, j'y ai grandis. Il fera toujours parti de moi, comme je ferais toujours partie de lui. Il est ma maison. »

Sur ces mots, sa mère ferma les yeux. Quant à Sungura, elle enregistrait les informations avec beaucoup de soin. Sa mère n'avait jamais eu une vie facile, peut-être suivrait-elle ce même chemin à son tour. Qui sait. Mais en tout cas, à ses yeux, elle serait toujours la plus vaillante et la plus légendaire des guerrières du Désert et la plus noble Reine du Nord du royaume du froid. Elle ne l'oublierait jamais. Elle lui adresserait des prières tous les soirs. Elle se le jurait ! Si elle pouvait devenir comme elle, elle n'en serait que plus heureuse encore.

« Je crains que notre discussion touche à sa fin, Sungura. » reprit son aînée, reposant son regard émeraude sur elle.

Sungura écarquilla les yeux. Qu-Quoi ? Non ! Non ! C'était bien trop tôt ! La demoiselle au pelage gris-bleu regarda autour d'elle, paniquée à l'idée que les paysages se noient dans les ténèbres autour d'elle. Elle ne voulait pas perdre sa mère de nouveau, non … Elle avait tellement besoin d'elle … Mais ça, c'était difficile à avouer. Suki frotta sa tête contre la sienne, apaisant le cœur agité de la princesse. Sungura cessa de regarder autour d'elle pour frotter sa tête contre la sienne, ronronnant bruyamment. Ses yeux se fermèrent inconsciemment.

« N'oublie pas, je serai toujours là pour toi. »

Elle rouvrit les yeux comme pour répondre à sa mère, sauf que la vision de celle-ci avait disparu d'un coup, sans prévenir. En rouvrant les yeux, ce ne fut pas la silhouette athlétique de sa mère qui apparut mais les ténèbres de la nuit qui régnaient en maîtres dans sa grotte et à l'extérieur. Plongée dans l'atmosphère sombre de la soirée. Perdue, Sungura chercha son père du regard : elle repéra la masse endormie de son père non loin d'elle. Soupirant de frustration, la princesse se rendormit.

N'oublie pas, je serai toujours là pour toi …

Des paroles qui apaisèrent l'esprit de la demoiselle. Pas complètement, mais le temps d'une nuit ...