♫ War for the Planet of the Apes OST 03 - Exodus Wounds ♫

Cela commençait à faire un moment que Sabaru voyait son corps peu à peu fatiguer. Depuis déjà longtemps, il ne pouvait plus chasser. Mais les étapes de la vieillesse se succédaient naturellement. Maintenant, il lui était devenu fatiguant, trop fatiguant de faire ses voyages quotidiens jusqu’à la Jungle des Gorille pour son travail, où bien jusqu’à Prideland pour sa compagne. D’ailleurs, le nombre de ses visites là-bas avait considérablement diminué depuis que ses fils s’étaient tous les deux émancipés. Il passe de la visite par semaine à la visite tous les, disons, trois mois ? C’était peu. De plus, il mangeait de moins en moins, sa part de viande qu’il prenait à chaque retour des groupes de chasses diminuait. Tous ces détails se ramenait à un seul et même signe.

Celle d’une bougie qui s’éteint petit à petit.

Son fils, Nyamu, le prévoyait également. Il commençait à prendre l’habitude de l’accompagner dans tous ses déplacements. Et chaque jour, c’était le même échange de paroles qui se répétait lorsqu’il voyait les mouvements raidis de plus en plus chaque jour du vieux lion.

-Papa, retourne au repère, je me charge de tes tâches aujourd’hui, Haki comprendra certainement.

Mais lui, il ne comprenait pas. Où du moins, il s’entêtait à ne pas comprendre. Alors qu’il savait. Il continuait le chemin prévu, sans se plaindre d'aucune sorte. Mais le temps où c'était aux enfants de s’occuper de leurs parents était pourtant venu, c’était l’échange de rôles inclus dans le cycle de la vie. Celle qui signait bientôt la ligne d'arrivée.

Et il dû l’accepter le jour où ses muscles le lachèrent subitement sur l’herbe du Pays Verdoyant en fin de journée, avant d’avoir regagné le repère. Ce jour-là encore, Nyamu était avec lui, et après avoir vainement essayé de le prendre sur son dos, il dut partir chercher de l’aide au pas de course. Le diagnostic fut sans appel et ce fut là un cas de surménage évident.

Le lion marron savait qu’il ne pourrait pas continuer. Et les jours qui suivirent, il ne s’éloignait plus du repère, restait avec les plus vieux lions du territoire et avec les plus jeunes qui ne s'éloignaient pas encore de l'endroit. Il savait que son rôle de Majordome dans Freeland était terminé désormais. Que c'était à son tour d'allez dans les tribunes, pour observer la jeune génération animer le clan.

Un matin, alors que tous les lions étaient levés, Sabaru fut le seul qui n’en fit pas autant. Alors que le soleil était déjà bien haut dans le ciel, il était toujours couché et respirait difficilement. Nyamu comprit ce qui était en train d'arriver.

-Tiens bon, je vais chercher Maman !

Est-ce que son père serait encore conscient après son allez-retour de Freeland à Prideland ? Il l’espérait. Il en aurait pour la matinée mais peu importe. Il devait y arriver. Pendant ce temps, des Freelanders étaient restés pour le veiller et quelques dizaines de Minutes après le départ de Nyamu, Sabaru tomba doucement dans l’inconscience malgré ses efforts.

Alors il allait mourir ? Les Freelanders autour de lui le pensaient, car il finissait par fermer complètement les yeux, malgré leurs appels à rester éveillé.

Inconscient. C’était le blanc. Du blanc partout, un horizon infini, sans autre couleur que du blanc. Etait-il enfin mort ? Il l’ignorait. Mais si c’était le cas, rejoindrait-il enfin tous ceux tombés avant lui ? Dejem, Itan, Uzazi… Et depuis récemment, son vieil ami Itan Itan.C’était à son tour de passer de l’autre coté pour le savoir. Et soudainement, alors qu’il continuait à regarder autour de lui, deux petites silouhettes sombres se dessinaient face à lui. Du sombre dans un endroit sans ombre, c’était étrange. Mais ces silouhettes grandissaient et s’éclaicissaient peu à peu, comme pour donner un effet de rapprochement. Encore plus étrange dans un endroit avec un horizon infini. Lorsqu’elles devinrent complètement nets et assez proches , elles s’arrêtaient face au lion marron. Et il put alors les contempler et les dévorer du regard pour en saisir la moindre description. Un lion brun, plus foncé que lui, avec une crinière qui paraissait particulièrement similaire à la sienne. Il en fut troublé et posa sa patte sur sa crinière, comme pour vérifier que ce lion ne venait pas de lui voler. A ses cotés, la seconde silouhette était finalement une femelle, de couleur assez beige claire et avec un bouc sur le menton. -Cela fait si longtemps… Tu es devenu plus que grand. amorça l'une d'entre elles. -Vous êtes… ? Il savait déjà. L’instinct familial lui assurait de qui se tenaient devant lui. Mais il était presque honteux de douter, car au fil des années, l’apparence de ceux qu’il a perdu s’était peu à peu brouillée dans son esprit. Et la vieillesse ne l’avait pas aidé. -Ceux de qui tu as marché sur les traces jusqu’au bout. Et ils en étaient fiers. Soru et Barina. Sabaru ne put pas répondre. Non, ce qu’il vivait était au-delà de tout ce que chaque être vivant pouvait vivre. Sans rien dire, il se dirigea vers eux d’une telle vitesse comme un enfant de 3 mois aurait pu le faire sous l’excitation, et il les pris contre lui. Son corps ne lui faisait étrangement plus mal, il avait l'impression d'avoir retrouvé la vitalité de ses trois ans. D’abord surpris par ce geste soudain, les deux lions complétèrent l’étreinte. Ce n'était pas des fantômes, il pouvait les toucher. Enfin. Quelque peu troublé par la situation, il essaya de démarrer une explication maladroite sur ce qui s'était passé après la Grande Chasse d'il y a environ 10 ans. -Le rhinocéros, c’était Sharkan qui… -Nous le savons. Nous savons tout. Rien de ce qui s’est passé en bas ne nous est inconnu. De ta fuite du territoire, jusqu'à... la construction de ta famille. Les deux lions émirent un sourire, leur fils avait réussi là où ils avaient échoués. -Nous étions effrayés de devoir te laisser dans une telle situation à Freeland, mais tu as su faire face , tu t’es extirpé de l’endoctrinement de Sharkan et de ce vaurien de Tarufi. -Cette histoire n’est peut-être pas fini. Coupa presque Sabaru. Sumu est parmi les Freelanders, et j’ignore si elle a vraiment livré tous ses secrets. Même à l’heure de sa mort, Sabaru était dans le tourment pour le futur. Mais Soru et Barina comprenaient. Après tout, ne l’étaient-ils pas lorsqu’ils sont eux-même mort sous les pattes du Rhinocéros en laissant leur lionceau seul derrière ? De là-haut, ils ont constaté longtemps leur impuissance à lui venir en aide. Et ils ont fini par l’accepter. Car même s’il était avéré que des défunts étaient parvenus à entrer en contact avec des vivants, eux n’y sont pas arrivés. Et ce n’était pas une chose qui devait arriver en temps normal. Personne ne savait comment cela fonctionnait, et personne ne saurait jamais sans doute. - Que peux-tu y faire à présent, Sabaru ? Vois où tu es à présent, il n'est plus l'heure de se mettre à ces nouveaux problèmes pour toi. Tu en as fait beaucoup plus qu'il ne le faut pour Freeland. Il est temps de laisser la place à la génération suivante. Ait confiance en ton fils, fais confiance aux Princes. C’est tout ce que tu pourras faire, de là-haut. Comme nous l’avons fait. Sabaru n’avait pas tellement le choix à vrai dire. Barina, sa mère, s’avança vers lui. -Ton fils sait qui tu es et ce que tu as fais pour les Freelanders. Enonça t-elle. Le vrai tombeau des morts est le coeur des vivants. La mémoire collective, chose difficilement destructible. Le lion brun comprenait, et le fait d'en parler avec ses propres parents l'apaisait. Cela l'apaisait tellement qu'il se sentait de nouveau partir. Tout s’évapora soudainement autour de lui. Le blanc, les deux silouhettes, et il eut l’impression de chuter dans le vide. Il se laissa alors faire dans cet étrange chaos et ne fit aucun mouvement.

Nyamu était en train de secouer son corps allongé au repère, ce qui le fit ouvrir les yeux doucement, avec les dernières forces qui lui restaient.

-Papa, tu m’entends ? Maman est là !

Il vit de manière trouble son fils, sa compagne, ainsi que d’autres Freelanders autour, qui étaient venus le voir.

Nyamu venait de le reveiller avant qu’il ne s’endorme définitivement. Venait-il de délirer à cause de sa fatigue ? N'était-ce qu'un rêve ? Non, il était convaincu que ce n’était pas son imagination, il avait vu ses feu parents. Mais dans peu de temps, il savait qu’il allait refermer ses paupières et sans doute revivre ce qu’il venait de voir. Pour toujours. Et il observerait les événements de là-haut..

[Pour ceux éventuellement qui veulent parler au personnage tant qu’il est encore éveillé, je laisse le rp ouvert. Dans le cas contraire, il fermera les yeux pour de bon après de courts adieux avec Mina et Nyamu. x) ]