Le remou était fini, les lions Outlanders et Kulishas s’étaient dispersé d’autour de la carcasse du lion violet qui était resté pourrir sur la terre sèche du Royaume Marozis. Cet événement fut court, mais intense. Pour tout le monde.

Vers la fin du spectacle, Soto s’était retiré et avait lentement suivi la direction qu’avait pris Le Gris un peu plus tôt. Pourquoi cette direction ? Parce qu’il en avait assez de marcher à l’instinct depuis les quelques jours où il se trouvait là. Assez de balader son regard au hasard, il était temps de commencer à traiter au cas par cas, et d’une autre manière que par simple observation de loin.

Et celui qui avait retenu son attention aujourd’hui était Jeuri. Plus que les autres. Car étrangement, Soto comprenait difficilement ce qu’avait le vieux lion en tête par ses agissements. Il semblait qu’il s’agissait d’un soldat docile de Mopango, comme l’était la plupart des autres Kulishas, mais il ne montrait pas,comment dire, le même état d’esprit.

Pour s’en rendre compte, il avait fallu simplement observer le gouffre entre le sien et celui du liard noir, Odon, durant le faux duel. Un lion qui réfléchissait à ses paroles face à un autre qui était tout simplement insupportable à entendre, c’était ce spectacle qui avait été en premier plan à ses yeux dorés. Ainsi, ces scènes étaient bien utiles pour savoir qui ignorer et éviter d'office.

En marchant, il avait fini par le retrouver, arrêté plus loin. S’assurant qu’il n’y aurait aucun lion autour pour venir le déranger, il se dirigea lentement là où s’était posé le lion gris.

C’était une carrure imposante de son espèce mais Soto ne craignait pas de réaction brusque de sa part, tout simplement parce que ce dernier avait montré les preuves d’un lion calme. Peut-être aussi dangereux qu’un Nyeusi, mais calme. Sans doute lui ferait-il comprendre intelligemment s’il s’embarquait dans le mauvais chemin, du moins le pensa t-il. Ainsi, aucun des deux ne perdrait plus de temps et d’énergie pour l’autre qu’il n’en ont.

Mais s’il pouvait converser aujourd’hui avec un lion différent des coquilles vides de toute à l’heure, l’après-midi se montrerait alors bien plus plaisante. Peut-être même la première depuis des semaines de journées pourries.

-Le Royaume Marozis n’est pas dépaysant. Aborda t-il. Voir deux écervelés se battre pour un trône...

Wanji et Ekua se sont tellement hais qu’aucun des deux ne s’étaient inquiétés du lion dans l’ombre, Mopango, qui s’interposerait de façon prévisible. Et à vrai dire, pour Hourasi et Tahani, c’était un peu la même chose. Hourasi était certains de ses accusations, mais dans le cas contraire, les deux au fond ne se feraient-ils pas manipulés bêtement ? Tahani n’a visiblement même pas relevée cette possibilité, c’était dommage pour eux.

L’entente à Outland fut ainsi loin d’être excellente, et on retrouvait la même chez les Kulishas avec exactement les mêmes scènes, c’était au fond fatiguant de voir qu’ils étaient visiblement les mêmes. Autant potentiellement manipulable certes, mais autant incapables alors ?

-Puis-je ? Se contenta t-il de demander pour s'asseoir, en arrivant à la hauteur de Jeuri.

La politesse et la délicatesse, ça n’existait pas dans le camp des Belliqueux, il était difficile de s’y faire en peu de temps. Et tellement rare de trouver un lion qui méritait qu’on en fasse l’effort. Encore fallait-il que le lion présent soit de ceux-là.

"Toute menace envers Outland devra être retrouvée et punie"

Soto vue par Yetsa <3:

(c) Kayrou

Le macabre spectacle était finit. Jeuri avait été l'un des premier à quitter le lieu. Sans doute même le premier, mais il ne doutait pas que les autres finiraient par se disperser de toute façon : il n'y avait plus rien à voir. Wanji était mort, Ekua destitué et le Nyeusi avait fait comprendre à tous qu'il était le Maitre ici. Pff... Le Maitre... Le Maitre de quoi ? On ne trouvait sur ce territoire que de la poussière et des idiots ! Mopango pouvait rester aveugle s'il le désirait mais cela ne changeait rien : il n'avait aucune armé. Rien qu'une botte de guignol qui lui léchait les pattes pour s'y prosterner. Pff. Mopango n'était pas l'avenir, il était le passé. Gizani était l'avenir. Mais aucun lion en ce lieu n'était suffisamment intelligent pour s'en rendre compte et agir en conséquence. Jeuri sourit légèrement. En soit, il n'allait pas s'en plaindre... Bien au contraire. Néanmoins, il ne souhaitait pas penser à cela pour le moment. Il voulait juste... Profiter du calme, pour une fois que personne ne cherchait à l'importuner.

Mais ce ne fut pas le cas longtemps. Un bruit de pas se fit entendre. Suivit d'une phrase pour le moins... Plaisante aux oreilles du félin gris :

-Le Royaume Marozis n’est pas dépaysant. Voir deux écervelés se battre pour un trône...

Tiens donc ? Quelqu'un se rendait donc bien compte de la stupidité de ce "combat" ? Et bien ! Faisant disparaitre son sourire, Jeuri toisa le nouveau venu d'un regard sévère. Imposant, dorée et surtout, totalement inconnu. Le félin gris ne connaissait ni sa voix, ni son image. Qui était donc ce jeune inconnu ? Un Outlander sans doute. Et le vieux mâle n'en fut que plus surpris : les Kulishas ne l'abordait jamais alors un Outlanders. Continuant dans les surprise, le lion doré demanda dans une rare politesse :

-Puis-je ?

Tiens donc... Clairvoyant et suffisamment intelligent pour se montrer courtois. Mais quelle plaisante surprise. Jeuri fit un léger hochement de tête, laissant un sourire pointé sur son visage, invitant l'inconnu à s'assoir.

- Mais je vous en prie, mon jeune ami, installez vous.

Et sur ces mots, l'imposant lion gris se remit à observer l'horizon, les yeux perdus dans le vague. Il patienta quelques instants avant de finalement se décider à parler de nouveau. Toujours aussi calme et posé, il ne fit que confirmé les dire du plus jeune.

- Les dirigeants sont tous les mêmes mon cher. Trop enivrés par leur soit disant pouvoir pour réfléchir convenablement. Mais qu'importe ! Dans notre cas, leur aveuglement les a conduit à leurs pertes.

Wanji n'était plus qu'un cadavre dévoré par les verres quant à Ekua... Si elle était vivante, son rang et orgueil eux n'avait pas survécus. Jetés à terre, piétinés... Avec un peu de chance, leur perte enverrait la vieille carne aux portes de la mort et même au delà. Qu'il était plaisant de la voir se faire remettre à sa place par celui qu'elle pensait être son protecteur en toute circonstance.Jeuri n'aurait pu rêver meilleure fin. Soudain, l'humiliation d'avoir du obéir sans broncher à Mopango lui paraissait moins offensante : ce spectacle avait été trop plaisant pour qu'il puisse en garder un mauvais souvenir.

Tournant de nouveau son attention vers le lion à ses côtés, il prit un air pensif.

- Votre présence ici m'intrigue cela dit... Nombre de lion m'éviterait après le sinistre spectacle qui vient d'avoir lieu. Mais pas vous. Alors, dites moi, qui êtes vous ? Que me vaut le plaisir de votre compagnie ?

Jeuri était véritablement intrigué par sa nouvelle rencontre, c'était assez rare pour le souligner. Habituellement, il devinait vaguement ce qui pouvait bien trotter dans la tête de ses semblables... Mais pas en cet instant.

Aussitôt l’invitation donnée par Le Gris, Soto s’assit sereinement alors auprès de lui.

Et quelle surprise. Finalement Jeuri se comportait de la même façon que Soto vis à vis de leur leader officiel respectif. A priori loyal à l’extérieur, mais dans les intentions profondes il en est tout autre. Jeuri n’était pas réellement le lion aveuglément loyal qu’il avait émis en image. Comme quoi, le lion doré n'avait pas été complètement à coté de la plaque à première vue.

-Mon nom est Soto, et j’ai beaucoup entendu le votre aujourd’hui. Je suis disons, autant un preux serviteur pour Hourasi que vous pour Mopango, je suppose ? Les Kulishas et les autres Outlanders m'ont l'air bien similaires, mais certains lions sortent du lot, par leur incroyable stupidité ou bien parce qu'ils montrent qu'ils n'ont pas rien sous la crinière. Ils vont d'un extrême à un autre.

Mais Jeuri devait bien se douter où le plaçait le lion jaune. Certainement pas dans le même extrême qu'Odon. Qui était aussi largement sorti du lot, pas pour les mêmes raisons.

Il était heureux de trouver un autre lion que ces têtes vides d’Outlanders Hourasistes. Enfin un qui réfléchissait au fond et pas au sang bleu. Et puis de toute manière, il ne devrait même pas être question de royauté à Outland. S’il y avait bien une chose que n’avait jamais prouvé Hourasi, c’était qu’il était le plus fort. Faux.

-J’ai déjà connu ce genre de choses quand j’étais plus jeune, de très près. Mais… Personne ne m’a jamais esquivé, craint ou hais pour cela, parce que personne n’a jamais su. Il y a certaines choses qu’il vaut mieux conserver secret pour le moment, je ne peux pas encore donner grande visibilité à certains de mes actes, comme vous, hélas. Le contexte Outlander m'y oblige encore.

Il apprécierait pourtant de parler de tout cela aux autres, mais le moment n’était pas venu. Car la position du lion dorée n’était pas encore fort confortable pour se le permettre. Contrairement au Gris qui semblait avoir trouvé la place et l’image qui lui convenait depuis longtemps, pour ne craindre aucune représailles.

-Votre sérénité dans vos actions m’impressionne. Votre dissipation de toute excitation sur de tels gestes en dit long sur votre expérience.

Ce qui d’ailleurs, avait valu au Gris de faire un geste simple, parfait et sans bavure. Ce n'était pas le cas du lion doré, qui n'avait montré qu'excitation et stress dans ses actions, et même quelques temps après. Cela avait fait un travail sale, son compère n'avait pas été plus propre non plus. Et à vrai dire, ce n'était pas étonnant lorsqu'il s'agissait d'une première. Il avait été troublé par cet instant bien plus que par le spectacle offert par Jeuri.

Est-ce qu’il enviait une telle indifférence de sa part  ? Certainement, même s’il gardait une fierté personnelle à ne pas trop le faire transparaitre. Jeuri n'avait rien de la bête sauvage impulsive qu'était Mopango. Et pourtant, les lions du Royaume Marozis le craignait tout autant.

-Vous suivez les Nyeusis depuis longtemps. Mais qu’attendez-vous du dernier à présent ? Retrouver Prideland ? Freeland ? La Terre des Lions entière ? Je ne vois que cette revanche dans les yeux des Kulishas, qu'ils espèrent obtenir à présent uniquement de Mopango. Un Nyeusi seul aujourd'hui.


Si bien sûr le lion noir ne se fait pas brûler avant par les lions qu’il pense s’approprier. Car ce qui avait fait la légende des Nyeusis, c’était un groupe entier. Pas un pauvre survivant qui n’avait plus rien et qui voulait faire croire tout autre chose pour sortir de la misère. Et le pire, c’est que cela fonctionnait pour le moment. Alors...Pourquoi Jeuri rentrait dans son jeu ainsi ? S’il n’avait pas une aussi mauvaise image du rôle de dirigeant, il aurait même pu aisément se débarasser de Mopango pour prendre sa place.

Soto n’attendait plus grand-chose d’Hourasi, mais il caressait le moment où il pourrait se recoucher sur la Terre de Massempo, pas forcément pour le lieu en lui-même, mais il savait que cela serait également le moment où les Outlanders de Tahani ne seront plus, forcément. Car jamais sans doute il ne pourrait et souhaiterait revenir parmi eux.

Quitte à ce que lui et Fahari agissent seuls, ils prendraient les choses en pattes sans le fils de Massempo, si ce dernier ne montrait toujours pas un éclair d’utilité. Et bien sûr, rester avec le groupe d'Hourasi était une bonne manière de lui faire porter le chapeau si la situation devenait trop délicate.

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Soto vue par Yetsa <3:

(c) Kayrou

Jeuri écouta avec attention le lion doré qui venait tout juste de s'installer à ses côtés. Et plus il l'écoutait, plus il le trouvait intéressant. Ce lion changeait de tous ceux qu'il avait pu croiser sur cette terre poussiéreuse. De plus, le vieux mal était assez flatté par les propos du jeune... Soto ? C'était cela ? Quoi qu'il en soit, ses paroles plaisaient au vieux mâle. Et loin de l'agacer, la curiosité du plus jeune ne faisait que souligner ses réflexions. Ce jeune lion ne se contentai pas d'être spectateur, il se renseignait ouvertement : il ne souhaitait pas se contenter de foncer tête baisser comme tant d'autres. C'était une qualité que Jeuri ne pouvait qu'apprécier.

- Et bien, et bien, et bien... Que voilà quelqu'un d'intéressant. Et de curieux. C'est rare d'entendre de tel paroles.*

Concéda le vieux mâle, un sourire toujours planant sur ses babines face à cette discussion qui promettait d'être pleine d'intérêt.

- Soyez patient mon jeune ami. Tout viens à point qui sait attendre. Voilà une leçon que j'ai apprit très tôt. Néanmoins... Vous devriez vous montrer méfiant : pour une personne cherchant à cacher ses actes, je vous trouve bien bavard à ce sujet. Cela... attise ma curiosité, je vous le concède.

En effet, même si Jeuri n'avait aucun intérêt ou aucune envie de dénoncé les actes du lion doré, sa façon aussi détaché d'en parler à un total inconnu pouvait être considéré comme inconsciente. Il ne fallait pas être idiot pour comprendre que la loyauté de ce lion à son "Roi" était aussi bancale qu'un tronc d'arbre sur le bord d'une falaise. Qu'un souffle de brise passe par là et elle chuterai sans crier gare. Jeuri était depuis bien longtemps habitué à ce genre de jeu. Cependant, il n'avait pas souvenir de s'y être mis aussi jeune, aussi admirait-il la capacité de Soto a déjà en être capable. Une raison de plus de s’intéresser à ce nouveau venu.

Lentement, Jeuri se remit sur ses pattes et s'ébroua avant de faire quelques pas vers l'horizon, s'éloignant encore un peu du camp.

- … Soto s'est cela ? Me feriez vous le plaisir de marcher avec moi ? Votre compagnie m'est des plus agréable et je ne souhaite guère interrompre notre discussion.

Mais s'ils voulaient parler librement, mieux valait ne pas prendre le risque d'être entendu. Jeuri ne craignait personne chez les Exilés... Mais qui sait ? Il suffisait que Mopango ou Gizani soit là au mauvais endroit et mauvais moment et cela aurait des conséquences fâcheuses.

Se mettant en marche, Jeuri revint peu à peu sur la question de Soto. Il n'y avait toujours pas répondu mais avait bien l'intention de le faire. Agir autrement aurait été bien trop impoli.

- Vous êtes bien le premier à me poser de pareil question. C'est plaisant de se trouver auprès d'un jeune lion qui ne se contente pas de suivre une tête couronné aveuglement, de voir qu'il y a encore des personnes censées capable de réflexion. Et il est flatteur que j'ai un quelconque intérêt à leurs yeux.

Il fit une légère pause et enchaina, toujours aussi posé :

- Je n'attend rien de Mopango. Qu'il le veuille ou non, il est une relique de l'ancien temps. A lui seul, il représente l'échec qu'ont essuyé les Nyeusis. Mon but n'est pas de passer ma vie à ramper à ses pattes comme tant d'autres.

Et dire qu'à une époque, il avait cru les Nyeusis invincible... Quel idiot. Nul n'est invincible ou immortel. Et les Nyeusis, malgré toute la crainte qu'ils pouvaient inspirer, ne faisait pas exception. Mais l'avantage de cette défaite était que maintenant qu'il était conscient de l'existence de faiblesse chez les Nyeusis, Jeuri comptais bien s'en servir.

- Et vous ? Qu'attendez vous d'Hourasi ?

Car après tout, lui non plus ne semblait pas être très... loyal. Alors ? Pourquoi donc suivre ce Roitelet sans terre ?

Que Le Gris ne s’inquiète pas pour la langue du Jaune. Il savait ce qu’il faisait. Ce n’était pas avec ses précédentes confessions qu’il risquait réellement quelque chose avec lui et de plus, il venait de réussir la chose recherchée : attirer la curiosité. Ce qui au fond, se faisait particulièrement bien des deux côtés. Peut-être était-il trop vite sûr de lui ? Mais pour avancer, il ne pouvait pas se faire passer pour un lion banal de la troupe du Prince. Si lui ne s'ouvrait pas, il doutait que Jeuri s'ouvre plus. c'était des risques nécessaires, sans doute.

Des risques payants, car Jeuri flattait le mâle jaune en retour, autant que ce dernier le flattait. Aucune parole n'était creuse, car sinon, cela raisonnerait d'avantage chez les deux lions.

Et comme Jeuri venait de le dire, pas d’impatience. Brusquer n’était pas la chose à faire. C’est pour cela que le lion doré ne répondit pas et attendait d’entendre le reste du discours du Gris.

Il lui proposa ensuite de s’éloigner encore, plus d’où ils étaient qui était déjà un coin isolé, c’était au fond bon signe. Jeuri n’allait pas rester muet comme une tombe, bien que le début laissait déjà pressentir la chose. Soto accepta d’un signe de tête avant qu’ils se mettent alors ensemble en marche.

Durant leur éloignement, ils continuèrent ainsi, mais Jeuri ne répondit pas entièrement à sa question. Il n’attendait plus rien de Mopango, mais il restait encore collé à son image, alors pourquoi ? Le lion jaune était de nature impatiente mais il savait parfaitement qu’il devait changer cela en la présence du Gris. Peut-être ne souhaitait-il pas déballer trop son sac directement.

-D'Hourasi, je n’attends plus rien également. Il a eu sa chance par bien des occasions. Mais… un jouet fissuré ne reste pas encore complètement inutilisable, n’est-ce pas ?

Sinon, pourquoi Jeuri resterait-il attaché lui aussi à un lion dont il n’espérait plus rien ? Il devait avoir une idée similaire en tête. Soto tâcha d’expliquer son raisonnement et ainsi voir le positionnement du Gris vis-à-vis de cela :

-Sur Outland, on me voyait comme un sbire d’Hourasi. Et lorsque je reviendrais là-bas pour de vieilles affaires, comment verra t-on celui qui commettra de nouveaux crimes ? Comme un sbire d’Hourasi, envoyé par Hourasi. Les Outlanders sauront que j’ai conservé ma place dans son groupe, par le vent d’informations provenant des hyènes. Hourasi était nommé principal responsable de la tentative de coup d’état sur Outland, contre sa demi-sœur Tahani, et il sera nommé principal responsable des quelconques malheurs à venir. Ne voyez-vous pas le confort de la « loyauté » dans ces cas-là ?

Hourasi savait que Soto le suivait par intérêt, il n’était pas si stupide. Mais le prince devait l’avouer, Soto en agissant ainsi, lui rendait service même si ce n’était clairement pas ses intentions, car les lions qu’il vise sont également ses ennemis, il ne devait pas s’en plaindre.

Et au fond, la vision des Outlanders vis-à-vis de cela ne sera jamais complètement fausse sur cette loyauté en carton car, Soto et Fahari avait bien l’intention d’y retourner en prévenant et en persuadant Hourasi de la nécessité de la chose. Que le Prince déchu le veuille ou non, ils le feront, mais il était préférable de rendre vrais leurs agissements et d’agir le moins possible dans le dos du Prince en son nom. Ils l’ont déjà trop fait, et il ne fallait pas épuiser trop vite les munitions. Le manipuler directement plutôt qu’indirectement se montrait parfois moins dangereux, contrairement à la croyance populaire.

Ainsi, la majorité de l’attention sera remonté vers Hourasi, pas vers ses pions. Car pendant la guerre, qui voyait-on responsable ? Les Nyeusis ou bien leurs Kulishas ? Soto avait très peu entendu le nom des Kulishas jusqu’à ces derniers jours, c’était pour dire.

Il supposait que le lion gris avait ce même genre de réflexion, ou bien quelque chose de proche. Car c’était vrai, on reliait Jeuri systématiquement aux Nyeusis, et on l’imaginait pas agir sans que cet agissement soit relié aux lions noirs. C’était l’identité qu’il s’était forgé durant l’occupation de Prideland, et Soto était en train de faire de même dans le groupe Hourasiste.

Au fond, ils suivent le même parcours.

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Soto vue par Yetsa <3:

(c) Kayrou

Jeuri ne put s'empêcher de sourire en écoutant le jeune mâle jaune qui marchait à ses côtés. Non. Un jouet fissuré à encore son utilité. Comme un roc qui sert à se protéger d'une tempête : tant qu'il n'est pas effondré, pourquoi le quitter et prendre le risque de ne pas en trouver d'autres ? C'était un point de vue que le vieux mâle partageait à n'en point douter. Néanmoins, Soto prit soin de développer davantage son point de vue sur les choses.

-Sur Outland, on me voyait comme un sbire d’Hourasi. Et lorsque je reviendrais là-bas pour de vieilles affaires, comment verra t-on celui qui commettra de nouveaux crimes ? Comme un sbire d’Hourasi, envoyé par Hourasi. Les Outlanders sauront que j’ai conservé ma place dans son groupe, par le vent d’informations provenant des hyènes. Hourasi était nommé principal responsable de la tentative de coup d’état sur Outland, contre sa demi-sœur Tahani, et il sera nommé principal responsable des quelconques malheurs à venir. Ne voyez-vous pas le confort de la « loyauté » dans ces cas-là ?

Le vieux mâle hocha la tête en signe de réponse. Oh que si il la voyait. Il l'exploitait même depuis des années déjà. Ce n'était pas à Jeuri que l'on apprendrait ce genre de leçon, il était déjà maitre en la matière. Un maitre qui cherchait désespérément un élève soit dit en passant. A cette idée, il jeta un rapide coup d’œil sur Soto... Mais se ravisa bien vite. Il était encore trop tôt. Le jeune mâle avait certes titiller son intérêt en plus de partager ses idées mais ce n'était pas suffisant. Le félin dorés suivait déjà ses propres objectifs. Un but honorable en soit mais qui ne faisait pas de lui un parfait disciple.

Jeuri avait lui même trahit son mentor parce qu'il ne partageait pas ses objectif. Il ne ferait pas cette erreur à son tour. Néanmoins, peut être pourrait-il prodiguer quelques conseils si le lion doré le lui demandait un jour. ... Mais là encore, avant que le vieux mâle en soit certain, il restait quelques mystères à éclaircir.

Si Soto, comme le pensait l'imposant félin gris, suivait son propre objectif, quel était-il ? Il en aurait le cœur net.

- Que voilà un plan ingénieux. Je me demande quelle en est là finalité.

Laissant un cours silence s'installer entre eux, Jeuri enchaina :

- Que souhaitez vous y gagner, mon cher ami ? Pourquoi une telle dévotion envers votre Roi déchu ?

Jeuri avait bien pris soin d'ajouter une pointe de sarcasme en fin de phrase. Cependant, il était réellement curieux. Soto allait-il satisfaire sa curiosité ? Peut être, peut être pas. Mais dans le cas où il le ferait, nul doute que le félin gris devrait, à son tour, répondre à quelques questions. Après tout, on a rien sans rien...

La finalité de ce qu’il faisait… Soto avait dû se mettre à réfléchir pour revenir aux premières origines de son chemin. Il était guidé depuis son adolescence par la haine, mais principalement aussi par l’un de ses plus forts traits, la jalousie. Cette jalousie maladive lui avait enseigné la possessivité des choses et des personnes, qui lui a apporté des problèmes à son tour en le rendant hargneux, c'"tait presque une obssession. Cela avait fini par engendrer des conflits aux conséquences irréversibles avec les Outlanders. Il faut parfois bien peu d’étincelles à un feu pour qu’il se développe et s’étende, sans que personne ne puisse plus en déterminer l’origine au bout d’un certain temps.

En exemple, Chombo et Fahari sont des lions qu’il aurait apprécié gardé sous contrôle et pour lui indéfiniment, mais pour le moment, le premier lui avait déjà échappé depuis bien longtemps. Il tâchait de faire en sorte que cela n'arrive pas avec le Jangowas, bien qu'il semblerait que Dhalahi soit toujours un danger pour ce sujet. Oui, il ne l'oubliait pas elle-aussi.

Et par la suite, lui et Fahari s’étaient inter-influencés pour en arriver là aujourd’hui, guidés par de mêmes sentiments.

Et si on remontait encore d’avantage plus loin, il y avait le sujet de Massempo. Ce roi était bien le le dernier et surtout le seul que Soto avait aimé. Et ses meurtriers sont les Outlanders de Tahani, ceux qui ont gardé Outland, alors que ses soutiens en ont été chassés. Cette illogisme en avait révolté plus d’un. C’est ce qui animait le groupe d’Hourasi, et peut-être bien aussi le Jangowas et le lion de l’Orage, même s’il s’agissait d’une raison secondaire pour eux.

Et dans l’éventualité où Hourasi et cie reprenaient Outland après avoir éliminé Tahani et ses partisans, que ferait le duo ? Ils retourneraient sans doute y vivre en premier lieu, eux aussi, pour la satisfaction d’avoir arraché ces terres. Et arriveraient-ils à vivre une bonne fois pour toute en paix avec le groupe gagnant dessus ? C’est peu probable, les relations avec Hourasi ne sont pas bonnes et il est difficile d’imaginer qu’elle peuvent devenir excellentes, même avec le temps. Le duo n’était pas nés de sang Outlander, mais ils le sont devenus, et la nature typique des Outlanders belliqueux et aimants à embrouilles perdurera toujours, même à travers une minorité de lions.

Mais Soto ne se projetait pas déjà si loin dans l’avenir. Faire payer les lions de Tahani était pour le moment tout ce qui le préoccupait. Quite à sacrifier Hourasi et ses pions. Car il n’agissait pas pour le Prince mais principalement pour lui-même, il n’hésiterait pas à le rappeler. Et généralement, le peu de lions qui lui sont proches le comprennent sans aucun rappel.

-Une revanche sur une famille Outlander, rien de bien compliqué. On se fait beaucoup "d’amis" sur une terre d’exilés, vous le savez, certains de manière plus significative que d’autres. Je me fiche du sort d’Hourasi, mais il a les mêmes ennemis que moi, c’est bien la seule chose qui le rend pratique et qui m’y rattache. S’il faut le faire réussir ou tomber pour ma propre réussite, alors, cela se fera.

Car bien que Soto n'attendait plus de miracle du Prince, il n'était pas non plus encore un gros gêneur. Hourasi était pour lui un pantin qu’il fallait manipuler pour creuser son propre chemin. Mais c’était un pantin difficile à diriger tout seul, et Soto n’avait jamais été tout seul. Il savait qu’il aurait du mal sans Fahari, et c’est bien pour cela aussi qu’il cherchait à porter de l’intérêt à certains autres lions sur le Royaume Marozis.

Jeuri était un exilé de la Terre des Lions trop connu pour pouvoir l’aider directement à l’extérieur du Royaume Marozis, mais le lion jaune ne crachait pas sur un allié et soutien de poids au sein même de la planque qui est un véritable coupe-gorge. Il ne savait pas precisement ce qu’il pourrait en faire dans un premier lieu, mais le courant passait particulièrement bien et cela ne pouvait pas être un simple hasard pour être négligé. Et en soi, en dehors de la recherche de l’intérêt, Soto ne détestait pas cette conversation bien au contraire.

Soto renvoya ensuite la balle dans le camp de Jeuri, en lui posant à son tour une nouvelle question indirecte, qui ressemblait d'avantage à une constatation.

-Hourasi a encore une utilité, mais votre pion à vous arrive en fin de vie, vous l'avez dit. Pourtant... vous restez avec son groupe.

Jeuri avait forcément une idée derrière la tête pour rester dans un groupe rendu au point mort. Il avait sans doute un joker en poche.

Car lorsqu’un objet devenait trop usé ou juste trop gênant, on s’en débarrasse et on en prend un nouveau. Si Soto n’en était pas encore rendu là avec Hourasi, Jeuri avait bel et bien précisé que Mopango était dépassé. Le Lion Gris songe t-il seulement à un futur après Mopango ? Car les deux lions étaient d’accord sur son sujet, il ne fera désormais plus long feu, tout seul. Et pourtant, le lion jaune doutait d’un quelconque intérêt du vieux lion sur les Kulishas, il montrait bien trop d’empathie envers eux.

"Toute menace envers Outland devra être retrouvée et punie"

Soto vue par Yetsa <3:

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Jeuri resta parfaitement silencieux alors qu'il observait le lion doré se plonger dans ses réflexions. Le vieux lion ne s'attendait pas à une réponse rapide et cela ne l'étonnait gère que Soto ai besoin de réfléchir. Que ce soit parce qu'il n'était pas sur de vouloir lui répondre ou bien parce que lui même n'aurais su exprimer clairement quel était son but final. Lorsqu'on est jeune, on pense assez peu à l'avenir pour être honnête. Jeuri se souvenait de cela. On à beau avoir un but, se concentre davantage sur le jour même avant de trop s'avancer si bien que ce but, qui parait pourtant clair, peut changer en cours de route. Au final, toute finalité est assez floue. Néanmoins, le félin doré finit par satisfaire la curiosité de son ainé.

-Une revanche sur une famille Outlander, rien de bien compliqué. On se fait beaucoup "d’amis" sur une terre d’exilés, vous le savez, certains de manière plus significative que d’autres. Je me fiche du sort d’Hourasi, mais il a les mêmes ennemis que moi, c’est bien la seule chose qui le rend pratique et qui m’y rattache. S’il faut le faire réussir ou tomber pour ma propre réussite, alors, cela se fera.

Jeuri ne chercha même pas à dissimuler le sourire qui marqua ces babines à cet instant. Un jeune lion ambitieux... Cela faisait plaisir à voir et le changeait tellement des carpettes qu'il avait l'habitude de croiser. Néanmoins, cela pouvait rendre Soto dangereux. L'ambition est un danger pour ceux qui nous entoure : elle les écrase tous. Jeuri ne le savait que trop bien. Mais il se doutait aussi que son interlocuteur n'avait que peu d'intérêt pour les Kulishas ou Mopango. Si bien qu'il ne craignait pas tant que ça ces manigance, elles ne le mettraient pas en péril. Et au lieu d'être un danger, Soto pouvait devenir un potentiel allié. Il est toujours utile de ce lier à ceux dont la cervelle semble fonctionner et qui, en plus, ont encore la chance d'être jeune.

-Hourasi a encore une utilité, mais votre pion à vous arrive en fin de vie, vous l'avez dit. Pourtant... vous restez avec son groupe.

Jeuri perdit son sourire. Effectivement. Cette phrase était criante de vérité... Ainsi que d'inexpérience de la part de Soto. Mais pouvait-on vraiment le lui reprocher ? Après tout, même s'il était doué, il fallait s'en rendre compte, par rapport à Jeuri, c'était un débutant à ce genre de jeu.

Si bien que le félin gris décida de ne pas lui en tenir rigueur. Ses babines s'étirèrent doucement.

- Effectivement. C'est étrange n'est-ce pas ?

Jeuri eut un léger rire. Ils devaient être suffisamment loin du camp maintenant. Peu de chance que la moindre oreille indiscrète puisse les entendre. Aussi le vieux lion ne vit aucune objection à partager un peu plus avec Soto. Risqué ? Pourquoi ? Même si le jeunot venait à raconter ce qu'il s'était dit ici, qui le croirait ? Les siens ? Tss. Quel importance.

- Peut être n'est-il pas celui que je vise, tout simplement. Vous avez l'air, mon cher ami, de penser que seul les adultes peuvent servir de couverture. Et pourtant... Il n'y a rien de plus manipulable qu'un enfant. Encore plus lorsqu'on lui a emplit la tête de compliment sur combien il est incroyable. La flatterie nous rend toujours plus... sensible aux suggestions.

Mais il fallait aussi savoir sur quelle corde jouer pour obtenir un statut appréciable. Et sa cible à lui prenait en estime son père, alors quoi de mieux que d'être proche du paternel pour obtenir une place de choix ?

- Le sang neuf, la jeunesse, voilà ce qui bâtira l'avenir. Pas les ancêtres comme Mopango ou moi-même. Notre monde s'effondre au fur à mesure que le temps passe. Il faut se débrouiller pour avoir une bonne place dans le nouveau.

Jeuri eut un léger rire.

- Les enfants ont plus d'utilité ou de pouvoir qu'on ne le pense. Voilà une leçon que je vous invite à retenir mon jeune ami. Elle pourra vous être utile.

Le vieux félin fit une courte pause. Soufflant comme un buffle, il porta un regard faussement désinterressé à Soto.

- Mais peut être votre plan est-il d’ores déjà suffisamment bien ficelé pour ne pas nécessiter ce genre de manœuvre.

Le but du lion doré était connu, ainsi que ses motivations, du moins à peu près. La question qui restait, était la mise en œuvre. Comment comptait-il jouer ses cartes exactement ? Hourasi ferait partie de la danse, c'était certain puisqu'il fallait bien quelqu'un pour porter le chapeau. Mais à quel point ? Soto ne s'en cachait pas, sa loyauté envers Hourasi n'était motivé que par des ambitions personnels. Et c'est ce qui rendait son parcours, vécu ou à venir, intéressant. Jeuri n'avait pas honte de l'avouer : s'il le pouvait, il suivrait cette intrigue avec un grand intérêt.

Soto souleva d’abord un sourcil, puis l’autre. Il ne s’attendait pas vraiment à cette réponse, car lui-même essayait de s’intéresser uniquement aux lions les plus convainquants, pas à des êtres qui ne connaissaient rien de la vie. Certes, les enfants étaient biens plus manipulables, mais utiles ? Si c’était un autre qui lui avait raconté cela, il l’aurait pris pour un imbécile et n’aurait pas creusé plus loin. Mais sans doute valait-il mieux se montrer plus ouvert avec l’interlocuteur actuel.

-Des...enfants ? Vraiment ? Demanda Soto sans cacher son étonnement.

Soto n’aimait pas se souvenir spécialement de sa propre enfance, ces années où un simple chaval vieillard était capable de le mener à sa perte. Qu’il était faible et naif. Qu’ils sont tous faibles et naifs. Mais la vie finit par les rattraper, et ces enfants perdent peu à peu leur insouciance. Et c’est là qu’ils commencent à comprendre les enjeux de leur monde. Mais avant cette étape, ils ne sont que morceaux de viande ambulants incapables d’accomplir la moindre chose réellement signifiante.

Alors, en placer un dans les enjeux du lion doré ? Ce n’était pas concevable actuellement pour lui. Qu’irait faire un lionceau entre la gorge d’un Outlander et ses crocs ?

-Je l’estime. Répondit-il. Du moins, je ne vois pas particulièrement la place d’un lionceau à l’intérieur.

Si encore Soto avait besoin de chair à canons ou d’appats, mais ce n’était pas dans ses idées. Non, Jeuri souhaitait sans doute en obtenir dans sa poche pour le jour où ces derniers deviendraient adultes. C’est un plan qui demande de la patience et de l’attention envers un enfant. Deux choses que le lion doré obtenait avec mal ou n’avait actuellement pas du tout. Depuis son départ d’Outland, il savait que son exil le changerait, et qu’il devra s’y faire si ces changements devenaient une nécessité. Mais devenir un gentil lion attentionné envers des enfants avec flatteries, yeux doux et compliments ? Cela non, il ne deviendrait pas un lion se transformant soudainement en Papy gateau avec des morveux. Il agirait à sa manière, plus brut mais aussi convainquant. Et puis, la question lionceaux était-ce vraiment une nécessité maintenant, tout de suite ? Non, mais Jeuri donnait un sage conseil que de se préoccuper de l’avenir.

-Et en cas de besoin… Au Royaume Marozis, seuls les lionceaux de Wanji seraient réellement à ma portée, les deux femelles et le liard qui leur reste de famille ne seront pas des obstacles, personne d’autre n’a l’air de réellement se préoccuper d’eux. Je n’ai pas votre relation avec Mopango pour pouvoir approcher son minus, qui de toute façon, est sans doute votre Joker pour l’avenir, hum ? Avait-il deviné par élimination avec les autres enfants. Le choix qu’il me reste n’est pas des plus glorieux.

Soto ne comptait pas lui demander de partager, de toute manière il ne comptait pas toucher à une chose que Mopango surveillait de trop près, il valait mieux se méfier du Nyeusis pour le moment. Il lui restait alors trois enfants. Et ce qui veut dire qu’en unique mâle au Royaume Marozis, il ne lui resterait que ...Jahvis ? Cela, il l’avait bien compris, mais qui voudrait d’un lionceau aussi faible, quels détails caractériels pourraient bien servir à un adulte chez lui ? Sa naiveté ? Sa faiblesse ? Sa solitude et tristesse permanente ? Se servir de la détresse des lions était cependant facile et utile, Soto l’avait constaté avec Hourasi. Jahvis serait donc le plus facile à modeler entre lui et ses deux sœurs sans complexe. De toute façon, Soto était toujours plus prompt à la compagnie masculine.

Reste à savoir quoi en faire, une fois qu’il aurait ce gamin entre les pattes … C’était une idée qu’il avait encore du mal à assimiler mais qu’il était loin de jeter à la corbeille. Il ne jetait aucune parole du Lion Gris encore à la corbeille.Ce dernier misait son avenir sur un unique enfant, ce n’était pas un geste pris sur un coup de tête, au contraire ça restait bougrement réfléchi. Mais pour ne pas que ce Joker devienne un poids inutile, il fallait le modeler correctement. Sinon, il faudrait rapidement le jeter, un gachis n'est-ce pas ?

-Mais je m’en souviendrais. Termina t-il. Une roue de secours est toujours la bienvenue, après tout. La pire situation serait de se retrouver sans aucune ressource, faisons en sorte que cela n’arrive jamais.

Et puis… peut-être que la palette de choix s’élargira avec le temps. Des naissances peuvent toujours être possibles, Soto doutait que les Kulishas laisseraient leur groupe s’éteindre facilement. Dommage d’ailleurs, cela aurait été une belle sélection naturelle. Mais devoir se rabattre sur les enfants de ces...pouah, il espérait sincèrement pouvoir aller se servir ailleurs plus tard. Les Kulishas n’étaient appréciables qu’uniquement en chairs à canons, Mopango l’a compris depuis longtemps. Dommage qu’il semblait mettre la totalité des Outlanders dans le même panier. Forcément, c’était moins acceptable quand Soto était directement touché.

-Avec des lions de votre trempe ici, notre séjour ne sera pas vain. Il reste à voir combien de temps il durera.

Une semaine ? Un mois ? Un an ? Soto ne le savait pas, mais ils seront beaucoup à compter les jours. Cela serait une période où la paresse et le manque d'attention ne sera pas permis pour tout le monde.

"Toute menace envers Outland devra être retrouvée et punie"

Soto vue par Yetsa <3:

(c) Kayrou

Soto parut surpris des dires du vieux mâle gris. En soit, cela n'avait rien d'étonnant, bien au contraire. Jeuri se tut donc simplement. A l'âge du jeune lion doré, sans doute n'aurait-il pas compris non plus, il manquait encore d'expérience. Rien de plus normal. Mais même sans expérience, il réussissait à se montre intéressant et cela avait de quoi attisé la curiosité du lion gris. Par ailleurs, Soto faisait preuve d'une qualité des plus appréciable : la politesse. Dans sa jeunesse, Jeuri se serait sans doute moquer d'un vieil être utilisant des enfants. Il aurait vu cela comme une preuve de faiblesse, une preuve que le vieillard ne pouvait se débrouiller seul. Mais Soto, lui, restait interrogateur. Presque comme s'il désirait en apprendre plus. Et cette figure de mentor qu'il pouvait porter aux yeux d'une jeune lion ne fit que brosser Jeuri dans le sens du poil. Aggravant davantage son orgueil déjà bien présent.

Néanmoins, Soto ne semblait pas avoir besoin des conseils de Jeuri. Son plan était fixé et le vieux lion ne tenterait pas de le lui faire changer. Il se contenta d'un simple hochement de tête. Dans un cas comme dans l'autre, s'il en avait la possibilité, être simple spectateur de ce genre de spectacle lui suffisait grandement. Malgré tout, le lion doré fit une liste de ses possibilités. Elles n'étaient ni nombreuses, ni glorieuses. Ce jeune lion savait de toute évidence ce qui était à sa porté et ce qui ne l'était pas. A ce propos, les oreilles de Jeuri tiquèrent lorsque Soto mentionna Gizani. Un léger sourire apparut sur ses babines et il daigna quelque peu délier sa langue.

- Il est le futur des Kulishas, l'héritier des Nyeusis. Quiconque se rapproche de lui, se rapproche du pouvoir. Il n'est évidemment pas le seul sur lequel on peut faire une telle remarque, mais il est celui dont je suis le plus proche.

Et donc le plus facile à manipuler. Mais nul doute que pour Soto, Hourasi remplissait les même critère que Gizani. Jeuri soupira.

- La couronne ne m'intéresse pas. Être au premier plan ne m'intéresse pas : lorsque les choses vont bien, on vous acclame, et si elle vont mal, on vous blâme. La bienveillance et la confiance d'un Roi ou d'un être de pouvoir sont bien suffisantes pour jouer le jeu qui est le notre.

Au final, Soto ne semblait pas imperméable à ses conseils. Au contraire, il en prit bonne note. Une bonne chose. Ce lion était prometteur. Il aurait déplu à Jeuri qu'il gâche tout en se montrant fermé à de nouvelles idées. Mais au lieu de ça, il ne faisait que flatter l'égo du vieux mâle et ne s'arrêta pas dans sa lancé.

-Avec des lions de votre trempe ici, notre séjour ne sera pas vain. Il reste à voir combien de temps il durera.

Cette dernière phrase arracha un léger rire à Jeuri.

- J'ose espérer mon cher, qu'il durera assez longtemps pour que nous puissions nous reparler.

Il était si rare pour Jeuri de croiser des gens avec qui il était intéressant de parler... Alors se dire que l'une de ses rares personnes allaient partir avait de quoi être... décevant. Ceci dit, il espérait voir quelques pas du lion doré et peut être, osait-il espérer, le début de ce plan qui semblait si bien ficelé. Pas pour l'améliorer, pas pour l'en empêcher non plus. Juste par curiosité. Les jeux de pouvoir étaient toujours des plus divertissant... Et voir quelqu'un se former dans ce domaine, encore plus quelqu'un qui semblait avoir du potentiel, voilà ce qui était le vrai spectacle. De quoi se délecter de chaque instant.

- Mais nous parlons, nous parlons mais le temps lui continue sa course.

Sur ces mots, Jeuri se releva. La discussion était plaisante mais toutes les bonnes choses ont une fin. Il secoua sa crinière et fit mine de faire un pas pour s'éloigner avant de se tourner vers son hôte, un sourire aux babines.

- Je vous concède sans honte mon jeune ami que parlé avec vous fut un véritable plaisir. J'ose espérer que nous en aurons de nouveau l'occasion.

Plissant les yeux jusqu'à les avoir mi-clos, Jeuri ajouta sur un air entendu :

- Et si d'aventure vous désirez quelques conseils, vous savez où me trouver. Je suivrais vos progrès avec un intérêt certain, n'ayez aucun doute là dessus. Sur ces mots mon cher, je vous souhaite une bonne soirée.

Et sans rien ajouté, il s'éloigna d'un pas souple, un sourire flottant sur ses babines. La demande de Mopango l'avait vexé, l'utiliser comme un outils... C'était inacceptable. Mais refuser l'ordre du Nyeusis n'aurait été que pur folie. Mais alors qu'il ruminait dans son coin, cette rencontre était venu l'apaiser, le rendre curieux. Chose suffisamment rare pour le souligner.

Oui... Il suivrait les progrès du jeune Soto. De près. Après tout... Il serait dommage de rater un tel spectacle... Un tel jeu du trône.