Ah quelle drôle de moment... Je me rappelle encore m'êttre réveillé en sein de cette grotte pleine de vie qu'était la caverne des gardiens. Un endroit recouvert de grandes peintures sur les murs. Sûrement un coup de main du mandrill qui gardait cet endroit. J'avais d'ailleurs pu en apprendre plus sur cet endroit depuis ces 7 nuits passées au sein des gardiens. Après tout, on m'avait ordonné d'y rester pour me reposer, je ne pouvais pas vraiment refuser une telle invitation, surtout de la part de mes sauveurs.
J'avais pu avoir le temps de me reposer, en sécurité, ce qui était déjà assez rare en connaissant ma situation vagabonde. La réflexion était d'ailleurs au rendez-vous. Quand on parlait de repos, on pouvait être sûr que je pouvais me permettre à me remémorer avec difficulté l’événement qui s'était passé. Dans tous les cas, je pouvais avouer que j'avais encore du mal à admettre que ma sœur aurait pu commettre un tel acte envers moi et pourtant, je n'avais pas rêvé et je ne m'étais pas trompé en la voyant : Kuhani avait bien tenter de me tuer.

C'est le 7ème soir que je finis par me relever, après un petit moment sans bouger de la grotte, pensant enfin à sortir de la caverne. Le fait-même de rester sans rien faire restait insupportable. Je n'avais encore jamais eu l'habitude de rester dans l'inaction et ce moment allait être une aubaine pour moi. Je sortis alors discrètement de la caverne à la nuit tombée, finissant alors au pied du rocher de la fierté, juste en face de la grotte. L'étoile mère (la lune) avait déjà quitté sa cachette pour se montrer en pleine nuit comme à sa habitude. Je levais un petit regard au ciel tout en soupirant, l'air pensif. Je finis par m'asseoir en enroulant ma queue autour de moi, fixant le même point.

Quel drôle de moment je vivais... Je savais qu'un jour, le passé me retomberait dessus et il fallait que ce soit à ce moment-là. Décidément, l'étoile mère avait choisi une punition bien cruelle si c'était bien ce que je pensais. Choisir ma sœur et la tuer psychologiquement pour qu'elle devienne un monstre capable de tuer son propre frère. C'était bien l'explication la plus rationnelle que je pouvais trouver à ce moment-là. Je finis alors par froncer tout en fixant cette lune. Si je pouvais être sûr d'une chose, c'est bien que j'allais prouver que ce n'est pas ainsi qu'on pourrait se débarrasser de moi, et encore mieux : ma sœur était bien morte, c'était un fait. Mais rien ne pouvait m'empêcher de montrer que je pouvais m'occuper personnellement de ce qui reste de ma sœur.

Au même moment, je me disais bien qu'il serait bien que je puisse enfin me dégourdir les pattes. Peut-être en faisant une petite balade nocturne histoire de penser autre chose ? C'était peut-être une bonne solution dans ces temps pleines de confusion.

La nuit tombée, il était difficile de percevoir les autres lions. Les ombres étaient de sorti et on ne pouvait voir qu'une lueur dans le regard de quiconque ouvrant les yeux dans toute cette obscurité. La seule lumière ne venait que de l'étoile mère, une ironie quand on connaît les habitudes sinistres de cette étoile ténébreuse. Cependant, c'est bien elle qui prenait la place du soleil à la nuit tombée, ce qui lui rendait un pouvoir beaucoup plus grand. Pourtant cela ne m'empêchait pas de sortir à la nuit tombée, le manque de sommeil était monnaie courante chez moi et malgré la peur qui me ronge de l'intérieur, je trouvais comme une envie de rester à l'extérieur. Après tout, il n'y avait qu'une chose qui pouvait m'effrayer, le tonnerre. Après tout, je ne risquais rien tant qu'elles n'apparaissaient pas ? C'était bien ce que disaient les vieilles légendes Geheim.

Ce soir-là, j'étais sorti de la caverne des gardiens, m'asseyant alors non loin de l'entrée tout en regardant l'horizon. Le ciel était bien dégagé, montrant alors toutes les étoiles y compris l'étoile-mère qui avait pris une forme de croissant. Je restais tout de même pensif. Je repensais à tout ce que les gardiens avaient fait pour moi le temps de repos que j'avais eu. Je n'avais même pas eu le droit de sortir. J'aurais même cru que j'allais devenir fou rester cloîtré dans cette caverne pourtant pleine de vie. C'est vrai que je n'avais pas pris l'habitude à tant de tranquillité, et ça me faisait toujours bizarre de voir ce changement.

Je gardais cet air pensif jusqu'à entendre une voix sortir de l'obscurité. C'était la voix d'Itan, un des gardiens m'ayant sauvé la vie. J'étais toujours aussi reconnaissant pour ce geste d'ailleurs. Je tournai mon regard dans sa direction en voyant le lion se rapprocher. Je répondis alors avec ce même air calme :

- Oh... Je n'arrive pas à trouver le sommeil.

Assis dans sa direction, je n'avais même pas besoin de mentir. Ce n'était pas comme si j'étais avec quelqu'un qui me voudrait du mal après tout. Les gardiens s'étaient occupé de moi, m'aidant à me remettre du choc que je venais de vivre. Malgré tout ça, je ne pensais pas toujours à tout dire, sans même ajouter la raison du manque de sommeil, je me relevai doucement, marchant vers le grand lion qui s'était rapproché en ajoutant alors :

- J'aime bien sortir un peu à la tombée de la nuit, ça m'aide à m'endormir.

Depuis que j'étais dans la grotte des gardiens à me remettre de mes émotions et aussi à guérir mes blessures, un lion était resté là pour s'occuper de moi : c'était Itan. J'avoue que j'avais toujours eu une sorte de reconnaissance envers mes sauveurs. Je n'avais pas souvent eu l'habitude d'être sauvé, mais la situation était telle qu'on aurait même du me forcer à manger les jours qui suivaient mon accueil au sein de cette caverne. Itan aurait bien fait preuve de beaucoup de patience à mon égard et je me demandais même comment il faisait pour ne pas en avoir marre. J'étais quand même redevenu un lionceau pendant quelques jours, ce n'était pas rien.

Je me retrouvais face à lui, Itan, un lion plus grand que moi qui m'avais comme déjà pris sous son aile pour s'occuper de moi au moment où j'étais le plus vulnérable. D'un certain coté, ça avait un petit coté réconfortant, me rappelant même des moments que je n'avais jamais cru vivre jusqu'à là mis à part tous ces moments passés à l'âge de lionceau. Je voyais le sourire se dessiner sur les babines du grand lion alors qu'il confirmait que je m'étais bien rétabli physiquement par le fait que je n'arrivais pas vraiment à dormir. Il n'avait pas tort, je m'étais bien rétabli, et j'étais même peut-être prêt à pouvoir revoyager. Mais après tout, je n'avais plus à parcourir les terres à la recherche de ma sœur :

- Oui, je me sens beaucoup mieux. Encore merci pour ce que vous avez fait pour moi.

A ce moment-là, je finis par m'asseoir alors que le lion m'interrogea sur mes ressentis à propos de l'histoire passée dans Outland. C'est vrai que je m'étais posé la question durant toute la semaine : Que s'était-il vraiment passé ? Avec du recul, j'étais plus apte à accepter la réalité, si j'arrivais encore à assumer le fait de voir que ma sœur était devenu une toute autre personne. A ce moment, je détournai alors le regard avec un air pensif tout en lui répondant un peu plus lentement :

- Disons que... Il y a des choses que je suis obligé d'accepter. Tout ne se passe pas comme prévu...

J'aurais temps voulu retrouver ma sœur, et m'installer avec elle au sein des Pridelanders ou des Freelanders, pourquoi pas ? Cela aurait un bon moment pour prendre un nouveau départ, ou bien reprendre avec elle le voyage pour découvrir de nouveaux territoires. Mais la fin de l'histoire était loin d'être gaie. On se retrouvait avec un nouveau chapitre, et j'étais à nouveau seul. Je repris alors après un soupir :

- Vous savez... je croyais que j'allais enfin pouvoir retrouver ma sœur, reprendre un nouveau départ. Au final, j'ai crié victoire trop tôt : je n'ai plus de famille, désormais.

C'était rare que je baisse les pattes (bras) ainsi, mais dans mon état d'esprit, je préférais encore admettre que ma sœur que j'avais tant aimé et cherché n'était plus de ce monde. Après tout, le monstre que j'avais trouvé face à moi ne pouvait pas être ma sœur. Je redressais mon regard vers le lion bienveillant. J'admettais bien que l'histoire m'avait bien touchée, cela se voyait autant par ce que je venais de dire que par mes émotions.
Après tout, j'étais perdu, je n'avais plus vraiment de lien sur laquelle je pouvais me raccrocher pour vivre. Durant toute ma vie, même si je semblais fier, et même parfois cynique à pouvoir ironiser de la situation, j'étais bien le premier à ne pas pouvoir vivre seul, et sans lien affectif : bien ironique comme situation pour un lion voyageur et solitaire.

Je n'étais plus rien.

Quand on ne s'attend pas à être dans une telle situation, il est toujours aussi difficile d'accepter la vérité. Pourtant, c'était bien ce que je me forçais de faire en ce moment-même que j'étais en train de parler avec Itan. Je comptais bien tirer un trait avec ma sœur, après tout... Elle ne pouvait pas être devenu ainsi, n'est-ce pas ? Elle était forcement morte à l'intérieur. C'était l'unique explication que je pouvais trouver à un tel désespoir.

Mon air pensif se coupa alors que le grand lion attira mon attention en reprenant la parole. Me demandant si je pouvais me reconstruire une vie meilleure si j'avais le chance de pouvoir le prendre et que c'était sûrement mon destin qui m'avait amené ici et que je devais alors montrer que je pouvais devenir plus fort. Dans ce sens, il n'avait pas du tout tort... Si je réfléchissais bien, j'avais passé ma vie à rechercher ma sœur et fuir mon clan natal et l'étoile mère, et pourtant, je me retrouvais là, encore poursuivi par mon passé. Mon regard s'agrandit alors face au sourire du lion, me demandant alors ensuite ce que je choisirais s'il me donnait une seconde chance. J'ignorais pourquoi... et j'ignorais aussi ce qui provoquait ça, mais mon regard se détourna aussitôt, le regard perdu dans le vide.

Comme un sentiment de déjà-vu ? Non, je n'avais jamais vécu ce genre de moment. Mais je me rappelais bien de la dernière fois que j'avais eu un certain sentiment de sécurité, comme si on était avec un vieil ami qui nous veut du bien. J'hochai doucement la tête comme pour lui faire comprendre que j'avais bien compris sa question avant de retourner le regard dans sa direction. Je finis par glousser. Un sentiment de bonheur alors que je vivais tout de même un moment assez malheureux, voilà ce que ça provoquait : un rire ironique. Je finis alors par lui répondre alors suite à ce léger rire :


- Je choisirais la seconde chance. Ça me paraît évident... Je suis toujours vivant, après tout.


Sur le moment, cet air cynique que j'avais adopté durant ce petit laps de rire disparut avec un petit sourire qui apparut sur mes babines alors que mon regard croisa celui du lion en face de moi. Malgré ma situation, j'arrivais tout de même à rester cynique et cela depuis que je me reposais dans la caverne des gardiens. Le lion devait être maintenant habitué. Après tout, j'avais pu garder espoir jusqu'à aujourd'hui grâce à cet attitude. Il ne fallait pas non plus que je me voile la face, il me faudrait encore un moment pour accepter la vraie vérité et donc retrouver la joie qui me caractérisait avant l'incident avec Kuhani. Je finis par ajouter dans le même ton :

- Après... ça dépend quelle est cette « seconde chance » ?

Je ne m'attendais pas tellement à grand chance. Mais après tout, quelle chance pouvait me donner un gardien alors que je n'étais qu'un étranger dans toutes ces terres ? J'allais bien finir par le savoir dans un futur très proche.

Le moment était peut-être venu, j'allais peut-être enfin pouvoir retrouver une nouvelle vie après la proposition du lion en face de moi ? Encore fallait-il que ce soit une bonne idée. Je n'étais pas encore sûr de ce qu'il allait me dire même si j'en avais une certaine idée, mais après tout, cela allait dans tous les cas être une aide. Peut-être allait-il me proposer de rester ici pour tenter une seconde vie ? C'était une idée intéressante, après tout, je méritais bien un petit temps de repos. Je le regardais alors, prêt à savoir ce qu'il voulait bien me dire.

Il me proposa alors de m'offrir un foyer, un apprentissage et de lui confier son savoir en devenant son apprenti. A ce moment, mes yeux s'écarquillèrent. J'étais alors très surpris, et surtout étonné. Je ne m'attendais pas à ce moment-là qu'un gardien me propose de devenir apprenti gardien à mon tour pour ensuite devenir gardien comme il avait pu le faire. Il eut comme un paralysie de mon expression facial, souriant et surpris alors que je finis par secouer la tête comme pour me reprendre alors qu'il me murmura que c'était à moi de choisir. Je finis par me rasseoir, alors que mon cœur commençait à battre de plus en plus rapidement.

- Waw... c'est... inattendu.

C'est vrai que je n'étais pas ici depuis ci longtemps, et je connaissais les gardiens que depuis mon arrivée dans la terre des lions. C'est vrai que l'entendre me proposer une offre si alléchante était pleine de possibilité. Cette offre allait tout me donner, plus de savoir, un foyer, la sécurité, mais je ne devais pas prendre cette proposition à la légère. Je pris un petit moment pour y réfléchir au plus profond de moi. Je grattais le sol avec mes griffes en pleine reflexion avant de replonger mon regard dans celui du grand lion avant de lui répondre :

- Et bien... après ce que vous avez fait pour moi, ce serait un honneur de devenir votre apprenti, Itan...

Je ne cachais pas que la première impression avec les gardiens avait été très bonne et que leur mission avait attiré ma curiosité. Mais rien que le fait qu'on me propose de devenir l'un d’entre-eux m’impressionnait déjà. Mon sourire s'élargit, suite à l'étonnement, voilà que je montrais ma satisfaction.

Aussi surprenante que cette nouvelle pouvait être, je gardais tout de même ce même air naturellement calme. Je ne cachais pas non plus être à la fois surpris et satisfait de cette demande, mais cela m'avait quand même poussé à réfléchir un court instant à ce sujet. Je savais bien qu'un entrainement, et surtout pour devenir gardien n'était pas de tout repos et qu'il faudrait que j'y sacrifie un peu de mon temps. Mais après tout, il fallait bien que je rebondisse après ce qu'il m'était arrivé dans les terres d'Outland. J'avais alors accepté sa proposition, ce qui laissait bien Itan satisfait de cette réponse.

Itan finit alors par sourire, ce n'était pas étonné puisque je venais d'accepter sa requête. S'il avait pensé à me le demander, c'est peut-être qu'il avait pu voir certaines choses lors de ma convalescence l'ayant poussé à réfléchir à cette éventualité. Après ma réponse, je stoppai ma reflexion pour alors tirer mon attention sur le lion en face de moi qui regardait le ciel avant de baisser son regard à nouveau vers moi. Il me proposa alors de venir le retrouver avant le lever du soleil pour commencer le premier jour en tant qu'apprenti.

Sur ce moment, je me contentai d'hocher doucement la tête. Peut-être que ça faisait trop d'information d'un coup ? Je me disais plutôt que ce serait trop de changement d'un coup. Cela me surprenait encore de savoir que j'aurais enfin un foyer, en sécurité et surtout que je ne serais plus vraiment seul dans ce vaste monde.

Le grand lion, voyant qu'il n'avait plus à rester sur ses positions me laissa alors, protecteur des étoiles, pour retourner dormir. Sur le moment, je laissai un petit : Bonne nuit, avant qu'il ne retourne dans la caverne des gardiens. Je me retournai alors en direction du grand étendu d'horizon qui se trouvait face à moi, et cela recouvert par le ciel parsemé d'étoiles.

Un grand sourire se glissa dans les babines. J'avais enfin de quoi rebondir, je pouvais enfin dire que je pouvais être chanceux de ma situation. Après tout, j'avais peut-être perdu une sœur, mais je venais de trouver une autre famille et c'était bien le plus important dans cette histoire. Je lançai un petit regard en direction de l'étoile mère (la lune) tout en glissant doucement comme si je marmonnais :

- Je n'ai pas encore perdu..

Un air légèrement moqueur, je finis par me redresser et tourner les talons en direction de la cavernes des gardiens. J'avais de quoi être fier, non seulement j'allais devenir gardien et en plus j'allais survivre aux desseins de la grande étoile mère : Je survivais, et maintenant je vis.