Malgré le fait que ça fasse trois mois que les deux jeunes lions s’étaient lancés à l’aventure, Jioni avait encore du mal à croire que c’était réel. Bien sûr elle en avait toute les preuves puisqu’ils étaient tous les deux autonomes maintenant et loin de leur familles respectives. Elle vivait un rêve éveillée et rien n’aurait pu la rendre plus heureuse. Une simple vision à son réveil réussi à étirer ses babines. Il était là, comme tout les jours, mais depuis qu’ils voyageaient ensembles c’était devenu une habitude qu’elle chérissait énormément.

Taquine elle lui donna un léger coup de museau. Sa réaction ne se fit pas attendre et il bougonna quelque chose comme le laisser dormir encore un peu. C’est un petit rire qui secoua la jeune adolescente et elle se contenta de l’observer quelques minutes. Ils grandissaient tous les deux, c’était un fait, mais lui il devenait bien plus imposant qu’elle. Et sa crinière. Oh qu’elle adorait jouer avec !

« ... Jioni ? »

C’est tout endormi qu’il l’appela alors que l’ex-Pridelander avec les yeux bien ouverts et étaient bien prête à reprendre la route. Elle débordait d’énergie comme à son habitude même si se canaliser était devenu quelque chose d’important pour la suite.

« Tu as bien dormi ? »

D’accord. Le regard lancé par Nedge est carrément à tomber par terre et c’est une chance que Jioni soit déjà couchée. Elle s’avança vers lui et donna un coup de museau affectueux en ronronnant. Impossible à contrôler et de toute façon pourquoi essayer ? Elle hocha la tête pour répondre positivement et entama de jouer avec la crinière de son ami. Une habitude qui ne disparaîtrait pas de sitôt. Elle sourit en lâchant un petit soupir satisfait et plongeant son regard émeraude dans celui de Nedge :

« On va devoir en profiter pour reprendre la route. »

Non pas qu’elle était particulièrement pressée de délaisser ce petit moment de tranquillité avec le lion mais ils ne pouvait pas rester à la même place aussi longtemps non plus. Les dangers étaient peu présents c’est vrai, mais le risque zéro n’existait pas. Se redressant légèrement elle étira ses membres et posa à nouveau son regard sur le mâle, toujours allongé. Elle pencha sa tête jusqu’à son oreille et joueuse dit :

« Ou alors on peut encore rester là et j’en profiterai pour t’embêter ! »

A ces mots elle agrippa son oreille et la tira doucement. Peut-être qu’à force de persévérance pour embêter Nedge, ce dernier finirait bien par laisser sa paresse de côté et se déciderait à se lever ! Dans le cas contraire Jioni profiterait simplement d’un moment de jeu. Gagnante sur tous les points !

« Je me lève, je me lève... »

Victoire ! La jeune lionne ne put s’empêcher de dissimuler ce petit sourire victorieux qui s’était figé sur ses babines à la seconde où elle vit le mâle commencer à se lever. En même temps, sa victoire n’avait vraiment rien d’exceptionnel en soi. C’était facile de convaincre Nedge, elle ne se prétendait pas spéciale mais elle savait parfaitement comment le motiver. Se redressant également, elle prit le temps de s’étirer de tout son long, fermant les yeux et soupirant d’aise.

Qu’il était appréciable de profiter de cette nouvelle vie. Cela faisait à peine quelques mois qu’ils voyageaient c’est vrai, mais le monde leur offrait tellement à découvrir qu’elle n’en serait jamais totalement rassasié. De plus elle était avec son meilleur ami, que pouvait-elle demander de plus ? Rien. Pour le moment.

Ouvrant les yeux, l’adolescente constata que Nedge l’observait. Un doux sourire étira ses babines à cette constatation. Pourtant ça n’avait vraiment rien d’exceptionnel là aussi. Non, c’était même habituel que Nedge observe Jioni. Pourquoi ça serait différent aujourd’hui ? Pourquoi ça signifierait quelque chose de particulier ? Pour rien. Presque. Elle éprouvait une telle affection pour lui que le voir l’observait avec ses yeux là lui procurait une agréable sensation de bien être. Elle en rougirait presque. En réalité c’était le cas mais on va dire que ça restera un secret.

Le fait que ce dernier détourne le regard aussi rapidement comme s’il venait de se brûler amusa la lionne qui émit un petit rire. Rire qui devint un peu plus prononcée quand les paroles de ce dernier se firent hésitante. Elle ne se moquerait jamais de lui, mais c’était tellement adorable qu’elle ne pouvait juste pas s’en empêcher. Il avait toujours cette manière d’être aussi attentionnée envers elle. En même temps il avait juré de la protéger. Dans un sens c’était normal.

« Oh, mais on a des restes... Pas besoin d'aller chasser, alors. »

Sa réaction aurait pu faire fondre le cœur de l’adolescente mais elle réussit à se contenir. Presque. C’était difficile de lui résister dans un sens, parce qu’il représentait tellement. Secouant la tête et souriant toujours, la lionne s’approcha de lui et lui adressa une tendre lèche sur la joue avant de se diriger vers les restes de nourriture.

« Tu as raison. Il nous en reste suffisamment pour nous permettre de reprendre la route ! »

Agrippant un morceau de viande, elle s’attaqua à démarrer son repas. Pour le moment ils avaient de la chance. La nourriture ne manquait pas tant que ça, mais bientôt elle savait qu’ils devraient se débrouiller autrement. Ou du moins être plus prudent. Changeant totalement de sujet elle questionna Nedge :

« Dis moi, tu as vécu longtemps au Baobab ? Je t’ai jamais demandé comment était ta vie là bas ! »

Elle avait les histoires de ses parents, mais les adultes n’avait pas la même perception et les mêmes yeux qu’un lionceau.

« Mes parents m’ont dit qu’il y avait les Mositus avec vous. Tu crois qu’il en reste encore ? »

Lorsque Nedge commença son récit, un doux sourire étira les babines de la jeune lionne, ne pouvant s’empêcher d’être amusée par l’idée d’un Nedge lionceau, encore plus petit que lorsqu’elle l’avait connu. C’était bête, mais elle avait toujours eu cette vision d’un lion bien plus fort et imposant qu’elle, ce qui en soi était normal mais savoir qu’un jour il a été aussi petit qu’elle la faisait rire.

« Les Mositus étaient des lions géniaux ! Mon tout premier ami était l'un d'entre eux, d'ailleurs... Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis, et surtout pas sur la Lande, mais j'ai au moins réussi à me rapprocher de lui. »

Jioni n’avait pas connu Nedge pour son habileté à se sociabiliser sur Prideland. En même temps, les mentalités étaient terriblement différentes là-bas et Jioni s’en trouvait être peinée qu’il est pu se confronter à autant de critiques de la part des autres. Pas seulement lui, mais son frère et ses sœurs aussi. L’adolescente se souvenait parfaitement de l’entrevue qu’elle avait eu avec Sahale et du regard qu’avaient certaines lionnes qui étaient non loin de là.

« Ils ont quitté la Lande juste avant nous... Ils étaient partis chercher un nouveau pays pour y vivre. J'espère qu'ils l'ont trouvé... Et si c'est le cas, je doute qu'il y ait encore des Mositus sur la Lande, même si je dois t'avouer que j'aimerais beaucoup revoir mon ami. »

La lionne dorée hocha la tête et se rappela soudainement des paroles du lycaon avant que cette dernière ne parte. Elle tiqua alors sur ces propos et s’empressa de dire avec un sourire :

«  Fleck m’en avait parlé, je m’en souviens maintenant que tu m’en parles. Il m’a parlé d’une jungle dans laquelle ils se seraient tous installés. On pourra y aller un jour ! Si ça se trouve on retrouve peut-être ton ami sur place, comme tu dis que ça te ferait plaisir de le revoir, ce serait une bonne occasion ! »

La lionne continua de se rassasier, prenant soin de ne pas trop manger pour ne pas avoir l’estomac trop lourd lors du voyage. Cependant les mots suivant de Nedge la frappèrent plus qu’elle n’aurait souhaité l’admettre. Sa pensée avait été à l’exact opposé de ce que le lion craignait. En vérité, elle réalisait un peu plus à chaque fois à quel point Prideland n’était pas le lieu où il aurait désiré vivre. Bien au contraire… Arborant un petit sourire triste elle se justifia :

«  Ce n’est pas ce que j’ai pensé… En fait c’est même tout le contraire. »

La lionne s’était relevée, délaissant les derniers morceaux de viande et balaya le sol de sa queue, ne sachant pas vraiment comment s’exprimer. Hésitante elle tenta tout de même :

«  C’est juste que… Je réalise en fait que Prideland n’était pas du tout fait pour toi. Enfin… Ce que je veux dire c’est que de ce que tu m’en racontes, tu as toujours été plus heureux sur la Lande. »

Les Pridelanders prenaient un visage un peu plus sombre par moment et même si Jioni savait que ses parents faisaient partis de cette petite exception qui l’obligeait encore à y croire – la jeune adolescente savait que ce clan là n’était pas non plus un modèle de pensée. Elle demanda :

«  Est-ce que tu regrettes d’avoir quitté la Lande pour Prideland ? En plus… Si ça se trouve, tu aurai pu rester plus en contact avec ton père si tu étais resté là bas... »

Jioni portait des regrets qui n’auraient pas dû la toucher et pourtant, elle qui était née Pridelander, avait la marque de ceux qui l’avait éloigné de son père. Comment ne pas se sentir coupable quand on dit appartenir à un clan ?

Le sourire qu’avait arboré Nedge avait tout doucement commencé à la rassurer mais son cœur rata un battement avec ce qui suivi. Le contact entre le museau des deux jeunes adolescents avait coupé le souffle à Jioni. Elle ne s’y était pas attendu mais n’avait pas reculé pour autant, au contraire elle apprécia le moment. Son nom résonna agréablement à ses oreilles et elle ne put s’empêcher de se sentir un peu bête de s’être autant emballée dans ses inquiétudes.

Au fond elle savait qu’il avait raison… Ses parents lui avaient bien racontés que la Lande n’était pas l’endroit le plus sûr au monde en comparaison à Prideland. Ou alors c’est qu’ils idéalisaient tous les deux leur terre natale ? Peu importe. Alors que le lion commença à se reculer, le cœur de Jioni battait si fort qu’elle ne fut pas certaine d’avoir entendu la totalité des paroles de ce dernier. C’était ridicule de se sentir aussi déboussolé à un simple contact et pourtant le regret de l’avoir déjà écourté se faisait ressentir. Elle ne manqua pas de lui adresser un sourire alors que lui semblait si gêné. Si elle ne sentait pas ses joues s’enflammer autant, elle aurait probablement ri de la gêne du mâle.

«  Mais tu n'as pas tort... La Lande est bien l'un des très rares endroits où un Exilé peut séjourner en toute légalité... »

La lionne tourna la tête dans la même direction avant de sourire tout en se levant complètement. L’évocation de l’exilé par Nedge déclencha une étincelle dans le regard de Jioni. Elle avait hâte de voir si son meilleur ami pourrait enfin retrouver son père. Elle devait s’avouer elle-même curieuse de rencontrer ce mâle dont elle avait tant entendu parler.

«  … On y va ? »

Hochant la tête vigoureusement, la lionne passa devant son amie rapidement, terriblement excitée à l’idée d’enfin avancer. Sautillant une à deux fois, elle se retourna ensuite, malicieuse et lança :

« Évidemment ! Qu’est-ce qu’on attend ? »

Aussi impatiente qu’un lionceau, elle encouragea son ami à avancer plus vite que ça, joyeuse et rieuse à la fois.

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Jioni devait bien avouer que même si la distance qui les séparait de la Lande était plutôt courte, marcher autant n’était clairement pas dans ses habitudes et malgré les trois mois de voyage, les muscles commençaient à réclamer une pause bien méritée. Mais elle refusait de les écouter et voulait véritablement arriver ! C’était important. Pour lui et pour elle. Surtout pour lui. Elle se doutait bien qu’il nourrissait secrètement l’espoir de revoir celui qui est qualifié de monstre là d’où elle vient.

Ralentissant un peu le pas pour soulager ses pattes, Jioni lança un regard joueur à son ami. Elle avait envie de l’embêter. Son côté lionceau s’atténuait peu à peu mais il lui arrivait, de temps en temps, de ressortir brusquement, comme une folle envie, une lubie sortie de nulle part. Alors que le lion clair s’approchait d’elle dans sa marche, cette dernière lui donna un léger coup de plumeau sur le museau en riant.

Amusée par la situation, elle recommença une nouvelle fois avant de finalement s’élancer brusquement en avant. C’était comme si elle avait retrouvé une certaine vigueur malgré l’endolorissement de ses membres. C’est alors que dans sa course, elle s’arrêta brusquement, appelant son compagnon de voyage :

« Regarde Nedge ! Ça y est ! On a réussi, je le vois ! »

Voir quoi ? C’était une évidence. Le Grand Baobab était en vue. Pas tout proche, mais il était visible et ça voulait donc dire qu’ils étaient bien sur la Lande des sans-terres. Retournant vivement vers son ami, elle lui adressa plusieurs coups de museau dans le but de le faire avancer plus vite, tout en riant comme un lionceau qui découvrait le monde :

« Aller, aller ! Je veux voir ! »

Si le jeu représentait une des plus grandes parties du coeur de Jioni, le fait qu’il s’arrête brusquement ainsi lui fit un peu peur. En fait c’était surtout lorsqu’elle avait entendu la voix de Nedge s’élever et l’appeler. Son cœur s’était serré de manière tout à fait instantané et elle s’était stoppée. Elle avait relevé la tête vers son compagnon de voyage et l’observait, inquiète. S’approchant un peu plus de lui, elle frôla presque son visage au sien mais il ne semblait pas avoir mal quelque part… Fronçant les sourcils, la lionne suivit son regard et ses oreilles vinrent doucement se rabattre sur l’arrière de son crâne.

Elle n’avait pas vu… Elle n’avait pas fait attention non plus et aussitôt elle s’en voulu de son imprudence. Même grandir ne lui avait pas appris que c’était une mauvaise idée de se faire remarquer, surtout dans un endroit qu’elle ne connaissait pas. C’est donc avec une petite pointe d’angoisse qu’elle regardait deux silhouettes s’approcher d’eux. Nedge n’avait jamais parlé que de son père, donc voir deux lions ne l’aidait pas à se sentir pleinement en sécurité. Elle jeta un coup d’œil à son meilleur ami et s’approcha un peu plus de lui, comme si la proximité agirait comme un bouclier.

La distance qui les séparait semblait importante et pourtant elle fut comblée bien plus vite que ne l’aurait pensé la lionne dorée. Elle essayait de paraître détendue mais en réalité elle cherchait le regard de Nedge. Elle ne pouvait se rassurer qu’avec ses yeux, son regard. Il était son pilier et elle avait besoin d’être rassurée et elle savait qu’il le ferait.

« Tu es finalement venu, Nedge… Je suis plus qu'heureux de te revoir, mon fils.  »

Rien ne pouvait tromper. Ils se ressemblaient beaucoup tous les deux et Jioni se détendit un peu plus à chaque seconde. Pas entièrement cependant, parce qu’il fallait dire que le père de Nedge se trouvait être… Terriblement impressionnant. Elle trouvait déjà son compagnon de voyage bien grand même s’il était plus âgé qu’elle mais son père… C’était quelque chose ! Elle se sentait ridicule à côté. La lionne qui accompagnait le lion cendré avait elle aussi une carrure imposante et acheva de faire penser à Jioni que tous les Pridelanders se trouvaient être ridiculement faibles par leur physique. Frêle petite femelle qu’elle était, elle n’osa pas ouvrir la bouche et se contenta de baisser légèrement les yeux.

Tout d’un coup c’était un énorme coup de pression qui s’empara d’elle et pour une raison qu’elle ignorait totalement. Un petit sourire vint cependant illuminer son visage alors qu’une marque d’affection naissant entre un père et son fils. Elle était tellement heureuse pour Nedge à cet instant que son cœur se gonfla l’espace d’un instant. Il méritait tellement qu’on l’aime… Plus que tout au monde. L’esprit de l’adolescente s’égara un instant – pensant qu’elle ne cesserait jamais de lui accorder de l’importance et de l’aimer un peu plus chaque jour. L’imposante voix du mâle la tira de ses rêveries :

« Il semble que nous ayons chacun quelqu'un a présenter.  »

Hein ? On parlait d’elle ? Idiote. Évidemment qu’on parlait d’elle. Elle était un peu comme un intrus dans une réunion familiale et en vérité elle aurait peut-être aimé se faire encore plus petite qu’elle ne l’était. Tenant quand même à se présenter elle même, elle tenta de bafouiller une sorte de phrase qui tenait la route… Ou pas :

« Euh… Jioni… Monsieur… Je m’appelle Jioni. »

C’était ce qui s’appelait une tentative de sortir la tête de l’eau. En fait elle s’était noyée un peu plus. Elle avait violemment rougit et heureusement que son pelage dorée était là pour lui sauver la mise, parce qu’elle aurait probablement fondu sur place. Presque comme une enfant, elle trouva refuge. Et actuellement le seul refuge qu’elle avait envie de trouver, c’était la crinière de Nedge. Sa tête vint donc se nicher dans cette dernière. Elle priait pour que son compagnon de voyage ne se moque pas trop d’elle… Elle ne voulait pas faire mauvaise impression. Et ne lui avait pas dit mais ça lui tenait terriblement à cœur.

C’était terriblement honteux et gênant comme situation, mais Jioni n’avait aucune envie de se défaire de l’abri que constituait la crinière de son compagnon… de voyage. Rohlala, mais c’était impossible aujourd’hui. Elle tenta un coup d’oeil à Nedge mais se ravisa bien vite, pensant qu’elle devait juste s’enterrer un peu plus dans la crinière de ce dernier. Ses oreilles se redressèrent cependant quand l’intéressé parla. Un petit sourire timide étira ses babines avant de laisser place à un petit air songeur.

Sa seule amie ? Dans un sens c’était tout autant un honneur que c’en était triste. Et puis au fond elle était certaine que Nedge devait avoir plus d’un ami sur Prideland, c’est juste que tous les autres n’avaient pas su l’apprécier à sa juste valeur. La voix grave du grand lion sombre s’éleva à nouveau et les oreilles pivotèrent dans sa direction, elle se décolla un peu de la crinière de son ami d’enfance et posa ses yeux émeraudes sur celui qui l’intimidait tant.

« Heureux de faire ta connaissance Jioni. Même si tu dois déjà le savoir... Je suis Kigeni. Le père de Nedge. »

Un petit sourire timide étira ses babines tandis qu’elle lui adressa en reconnaissance un léger signe de tête. C’était une évidence qu’elle le connaissait et même mieux que ce qu’il pensait. Enfin elle n’irait pas jusqu’à dire pouvoir connaître chacun des traits de sa personnalité, mais Nedge lui en avait suffisamment parlé pour qu’il ne soit pas un simple étranger à ses yeux. Comment quelqu’un qu’on décrivait si mauvais, cruel, perfide, pouvait en réalité se révéler être aussi… Normal ?

Quand la femelle se présenta, c’est un air étonné qui s’afficha sur le visage de Jioni mais néanmoins heureux. Heureux pour Nedge, car sa famille s’agrandissait. Elle lui adressa également un sourire, suivi d’une inclinaison de la tête en signe de salue. Elle était toujours autant intimidée certes, mais loin de se sentir en danger, elle réussit à ne plus rester scotchée à Nedge comme une enfant, bien que la proximité avec ce dernier soit encore terriblement exagérée. Enfin, ce n’était pas non plus pour lui déplaire.

« Nous discuterons en marchant. Venez.  »

L’adolescente hocha la tête et laissa les deux adultes s’éloigner de quelques pas avant de commencer à suivre le mouvement. Elle osa se pencher vers Nedge et dans un chuchotement lui demanda :

« Comment tu te sens ? Tu dois être content ! Tu te rends compte, ton père et ta tante, c’est juste génial ! »

Elle était passée où la petite fille terrorisée et intimidée à l’idée de rencontrer le paternel de son meilleur ami ? Pas loin et referait sûrement surface à la minute même où Kigeni, ou même Lava, décideraient de reposer les yeux sur elle. D’ailleurs à ce propos, un petit sourire gêné vint se dessiner sur son petit visage d’ange et elle s’empressa d’adresser des excuses à l’adolescent :

« Désolée pour… M’être cachée. C’est juste qu’il est beaucoup plus impressionnant que tout ce que j’avais imaginé et je savais plus où me mettre. Tu crois qu’il m’en voudra beaucoup ? »

Peu après ses interrogations, elle rattrapa les adultes en une ou deux foulées bien que ceux-ci soient plus disposés à la marche semble-t-il. Elle n’avait pas manqué d’observer l’air alerte qu’avait le père de Nedge et osa poser une question, bien sa voix se faisait toujours petite quand elle s’adresser à Kigeni. Elle osa poser cependant la questions aux deux adultes, préférant éviter d’en laisser un de côté :

« Je… Hm… Dîtes, il y en a beaucoup des dangers par ici ? »

Naïve petite adolescente… Bien sûr qu’il y avait des dangers, il y en a partout. Il fallait qu’elle se mette en tête qu’elle était maintenant bien loin de la sécurité constante de Prideland. Qu’elle quitte enfin son petit nuage. Elle avoua dans un demi-souffle, l’air penaud :

« C’est que… Je sais pas du tout me défendre… »