Lorsque j’eus retrouvée toute ma vitalité, toute la force et ma silhouette que beaucoup envier à l’époque, je pris une décision importante. Il était temps, que je me retrouve de nouveau, face à mon ancienne reine. Le problème c’est que je ne savais pas où elle se trouvait. J’avais donc mené une petite enquête. Les lions n’étaient pas mes alliées. J’optais donc pour les rois du ciel, les rapaces, vautours, oiseaux en tous genres.

La longue recherche, me fis traverser Prideland et longer Outland. Arriver à la fin de la frontière du territoire de tahani, je me retrouvais en territoire inconnu. Selon le dernier aigle que j’ai questionné, celui-ci avait vu un groupe de lion se dirigeait direction pleins sud-est après la guerre.

La route était longue, dure et fatigante. Je prenais le temps de ne pas m’épuiser, marquant des poses pour chasser et dormir quelques heures seulement. Je n’avais pas envie de perdre relativement de temps. Plus d’une fois j’ai faillis rebrousser chemin. Mais la détermination me fit continuer, à chaque fois plus motivé que jamais.

Puis, un matin, à l’aube, alors que le soleil pointait seulement le bout de son nez, j’aperçus des marques au sol qui me semblaient familières. Des lions étaient passé par ici, il n’y a pas si longtemps. En effet, des empreintes de pattes, des herbes pliées avec des odeurs accrochées à celles-ci. Un sourire de vainqueur se dessiner alors sur mon visage. Je me mis à accélérer dans ma marche. J’étais bientôt arrivé à mon but.

Le soleil crée des ombres, qui s’étiraient sur le sol, m’accompagnant dans mon cheminement entre les herbes et les rochers. Le paysage ici était tellement différent de Freeland. La végétation semblait plus sèche, il y avait plus de roche et de poussière que d’arbre. Sur mes terres natales l’herbe est plus verdoyante, les arbres plus imposants.

Assoiffée par la route je décidais donc de m’arrêter un instant prêt d’un point d’eau pour me désaltérer. Je m’accroupis donc prêt du bord de l’eau observée mon reflet quelques instants. Mon visage s’était endurcit, j’avais perdu mes joues de jeune fille et mes yeux brillaient d’un éclat inconnu. Je me mis alors à donner des coups de langue énergique pour envoyer le liquide au fond de ma gorge.

Alors que je lapais l’eau avec avidité, une forme brune sortie des hautes herbes. Je levais en premier lieu les yeux, me stoppant net. L’étonnement traversait soudainement mon visage, l’espace de quelques secondes et disparues. Ekua, te voilà enfin ! La lionne avancer dans l’âge et cela se voyait par ses poils grisonnant à de nombreux endroits, les rides qui se sont installées sur le visage, le ventre qui avait perdu de sa souplesse et sa silhouette qui était devenue plus fine, surement à cause des muscles qui ont perdu en masse depuis la dernière fois que je l’ai vu.

La vieille reine coupa le silence en s’exprimant sur le faite que cela faisait longtemps que ne nous n’étions point vus. Je relevais la tête bien haute, ce qui relevait automatiquement mon torse. Un fin sourire se dessinait sur mes babines où des gouttes d’eau restaient accrochées. Je passais alors ma langue sur mes babines pour les chassait. Je vis alors quelque chose que je n’aurais certainement jamais fait au temps de Sharkan. Je fis une légère révérence tout en l’appelant par son nom. J’essayais d’être la plus distinguais possible.

-Ekua.

La mère reprit alors. Mhysa semblait avoir informé la brune de ma venue. Mhysa m’aurait remarquée depuis longtemps et elle se serait fait une joie de m’accueillir à la place d’Ekua. Je sentais alors le malin plaisir que la lionne prenait à dire cela. Tout le monde savait la relation que j’entretenais avec Mhysa. Ce n’est pas que je n’aime pas cette lionne, mais si elle se faisait attaquer par une bande de crocodiles, je la regarderais se faire dévorer avec délectation. Ekua semblait aimer me piquait à ce sujet, elle me demandait si je me souvenais d’elle sous forme d’affirmation. J’acquiesçais calmement avec un sourire crispé. Si la vieille lionne m’aurait dit ce genre de chose il y a plusieurs années, j’aurais eu beaucoup de mal à me contenir.

-J’aurais eu un grand plaisir à la voir, pour l’éteindre fortement.

Je me gardais bien de dire le fond de ma pensée « Jusqu’à l’étouffer ! ». Je m’assis alors et fis encore quelques lèches sur mes babines pour remettre mes moustaches en place. J’avais espéré au fond de moi que cette garce meurt au combat mais hélasse, il semble qu’elle soit plus dure à tuer que je ne le pense.

-Mais je suis encore plus heureuse de tomber sur vous directement.

Mensonge évident ! C’était bien la dernière personne, avant Mhysa, que je voulais voir. Mais je devais me contenir, voir même mentir. J’avais besoin de la persuader que je n’étais plus la même et pour cela j’use de mes talents d’actrice. J’y mettais le fond, la forme et le ton. Personne n’aurait pu y décelait la vérité.

-J’ai fait tout ce chemin pour vous parler Ekua.

La féline brune hochait la tête doucement montrant qu’elle m’écoutait. Elle semblait apporter toute l’attention que je souhaitais. Ses mots suivaient qu’elle m’écoutait, pour m’inviter à parler. Je fis alors une moue légère tout en laissant entendre des mots qui m’étaient durs à prononcer, par le peu de fois où j’ai dû les prononcés.

-Je suis revenue pour vous demander pardon.

Je fixais l’œil de la lionne. C’est alors à ce moment-là que je remarquais la blessure d’Ekua. Elle était maintenant borgne. La guerre nous a donc tous changé, les bons comme les mauvais. Moi-même la première, la bataille m’a laissé des cicatrises tout comme la reine, sauf que les miennes sont dans la tête. Je ne baissais pas les yeux et entrepris de continuer.

-J’ai eu le temps de réfléchir et aucune autre cause que celle de Sharkan n’est bonne à servir.

Paix à son âme, grand monarque des terres Freeland. Je faisais ici allusion au faite que depuis la guerre je n’avais pas essayée de me racheter auprès de Freeland ni de Prideland. En même temps, même le dernier des abrutis a assez de fierté pour ne pas le faire. Cela sonnait pour moi comme un bon argument et je poursuivis :

-Je m’en remets à vous car nous avons vécu la même guerre, nous avons vécu les mêmes choses. Je sais donc ce qu’est la douleur de la défaite et le sentiment de colère qui gronde dans la poitrine, criant vengeance.

Oui mon cœur crie vengeance. Je n’avais aucun mal à trouver des « mensonges » car mes arguments je les pensais sincèrement. De plus j’avais grandi et muri, mes convictions étaient tout autres. Avant je vivais seulement pour être la meilleure auprès de mon souverain. Maintenant je n’ai plus aucun but et j’erre sans vie. Je me devais se retrouver quelque chose qui me permettait de reprendre gout à la vie, quelque chose auquel me battre. Même l’amour n’était pas quelque chose qui me permettait de me sentir vivante, quitte à laisser Limau pour une énième fois.

-J’ai grandis dès mon plus jeune âge avec des directives, des ordres et des entrainements. Je ne sais pas vivre seule, je dépéri. Je ne peux pas renier ce que je suis, je reste et je resterais toujours un soldat.

Le « happy end » n’existe pas pour moi…

Ekua ne semblait pas prête de me pardonner. Elle remit sur le tapis le moment lorsque Sharkan est tombé, lors de la fuite des Kulishas vers les grandes steppes, je m’étais enfuie de mon côté. Elle ne semblait pas comprendre la postule dans lequel j’étais à l’époque. Elle me dit même que je n’avais pas semblé chercher à les retrouver. Pour elle ne le faisait que vanter ma loyauté mais je n’apportais aucune preuve.

Profitant alors de ce petit moment de silence, de sa dernière phrase ponctuer d’un point, je me permis alors de glisser une réplique, qui se voulait des plus sincère. Des explications étaient à donner et depuis mon exil je ne vis aucunement une vie toute rose et où le soleil brille.

-Lors de la défaite, vous avez fui alors que je me retrouvais de l’autre bout du champ de bataille. Si je devais vous suivre à cette époque, il m’aurait fallu traverser les guerriers d’Haki. Ce qui relevait être de la folie.

Je fis une légère pause tout en continuant de fixer de mon regard émeraude, l’œil au reflet ambre de la vieille lionne. La sincérité se mit à surpasser mes mensonges et rapidement ma voix était portée par des mots que je pensais du début à la fin.

-Je n’ai jamais cessé de servir Sharkan, même après la guerre. Chaque lion qui passait sur ma route me voyais comme une Kulishas redoutable et me fuyais. Je ne cherchais aucune sympathie envers les autres clans, j’ai cheminée discrètement jusqu’à vous, depuis le départ, même si cela m’a pris du temps.

Ekua semblait cependant toujours remettre en cause ma sincérité. Elle reprit alors, exprimant une excuse informulée. Selon elle ils avaient perdu beaucoup de membre dans le groupe et ils ne semblaient pas prêts de lancer de nouveau assaut contre les usurpateurs. Elle voyait bien que j’avais grandi, elle l’avouait même, mais pour elle, j’ignorais tous des secrets de ses lieux. Elle avait raison je ne connaissais pas ses nouvelles terres qui étaient maintenant pour eux leur nouveau foyer d’exilés. Mais étant moi aussi une exilée je pouvais y trouver ma place.

-Je ne connais serte rien aux grandes steppes et à votre nouveau mode de vie mais vous êtes bien placer pour savoir que j’apprends vite.

Je faisais ici référence à mon entrainement au temps de Sharkan. J’étais très jeune et tous les Kulishas étaient en cours de formation. Je m’étais vouée entièrement à ses entrainements et même Uhucha m’enseigner bien plus. Rapidement je m’étais démarquée par ses techniques non vues aux cours et par ma motivation. Je repris alors essayant de donner alors un bon argument :

-Je suis revenue vers vous, cela est déjà une preuve que je suis et resterais toujours fidèle au principe des anciens royalistes.

La lionne borgne semblait satisfaite, selon elle je la suppliais de m’aider. Je pus distinguer un rictus sur son visage, un sourire que je connaissais trop bien. Ce genre de grimace qui faisait fuir les trouillards mais moi, je décidais de faire face à elle, comme je l’ai toujours fait. Ma voix était de plus en plus forte, se voulant résonner la voix d’Ekua.

-Je ne vous supplie pas de m’aider, je viens apporter mon aide, au nom de Sharkan. Une guerrière en plus dans un groupe peut parfois faire la différence. Ce n’est pas comme-ci je ne savais pas me battre.

Si elle semblait avoir évoqué le fait qu’il était peu nombreux maintenant dans leur groupe je ne pus m’empêcher de soulevait une question qui me brulait alors les lèvres. Une question qui pourrait surement jouer en m’as faveur.

-Dites-moi la vérité, avez-vous tellement de guerrier au point de refuser une lionne prête au combat ? Avez-vous ce luxe ?

Nous connaissions toute les deux la réponse.

Ekua semblait sourire, je ne connaissais pas la cause et cela était douteux. Elle ne semblait pas être prête à m’accueillir dans le groupe Kulishas et cela ne m’étonnais pas d’elle. Je la connais assez bien et n’importe quel Kulishas peut dire qu’entre la reine et moi il n’y a jamais eu de grandes affections. Sur Freeland plusieurs fois nos regards noirs se sont croisés et plusieurs fois des mots venimeux s’entrechoquèrent. A cette époque j’ai été plus jeune et plus impulsive. Aujourd’hui, je sais contenir ma colère.

La vieille lionne me répondit qu’en effet elle n’avait pas le luxe de se passer d’unité mais qu’elle n’avait pas besoin de guerrier. Je fronçais les sourcils ne comprenant pas. Les explications suivaient. Elle avait besoin des chasseuses et des protectrices. Je crispais alors mon visage. Je n’étais pas venue pour ça. Je ne suis pas une chasseuse dans l’âme et je n’aime pas protéger les enfants, les blessés ou encore les patriarches. Je ne protège que ma propre personne et je suis une lionne de combat. Je suis faite pour tuer des adversaires, pas des proies.

La reine reprit bien assez vite que la vie de la steppe était une toute autre vie que sur Prideland. Les problèmes y sont différents et beaucoup plus durs que ce que j’ai connus auparavant. Selon elle, si je désirais vraiment l’accompagner il me faudrait me soumettre à ses ordres et le moindre de ses désirs.
Je vis le sourire d’Ekua. Ah qu’elle était fière la garce ! Elle avait réussi à retourner la situation à son avantage. Cela était trop dur pour moi, je ne peux pas accepter cela ! Je ne peux pas me permettre de passer mes journées à chasser et servir une veille peau dans la pente de l’âge. Je ne suis pas une babysitteur.

J’étais prête à endurer une vie difficile au sein d’un groupe qui préfère me voir morte que vivante. J’ai l’habitude de ce genre d’atmosphère, et cela ne m’effraie pas, ne m’intime pas. Je sais me défendre et ce n’est pas mon ancienne rivale Mysha qui me fait peur ni ce bon vieux Wanji. Après tout pour moi ça serait comme rependre ma vie sur Freeland.

La lionne brune reprit que si je voulais rejoindre mes frères d’armes je devais le faire en son nom et non en celui de Sharkan, car maintenant il ne reviendra jamais d’entre les morts pour venir nous aider. Seul elle pouvait m’offrir un foyer. Elle n’avait pas tort au fond mais je ne pouvais concevoir l’idée de le faire en son nom. L’idée de revenir et de prôner mes services au nom de mon ancien roi était beaucoup plus facile, autant l’ultimatum d’Ekua l’était beaucoup moins. Je ne suis pas du genre à me soumettre contre ma volonté.

-Vous ? Mais dite moi ce n’est pas votre fille à qui je devrais me soumettre ?

Ce fut alors à mon tour de tirer un léger sourire sur mon visage. Je ne savais pas si elle avait seulement survit au voyage. J’espérais au fond de moi que oui, je n’avais aucune envie de me soumettre à Ekua. Je ne pourrais en aucun cas le faire, mon instinct de survie m’obligerait à soit lui sauter à la gorge, soit à fuir. Je repris rapidement essayant une méthode bien plus dangereuse.

-Je connais bien trop d’informations pour que vous me laissiez glisser hors de vos rangs.

Le sous-entendu était clair. Si Ekua ne semblait pas vouloir m’accepter, il pourrait y avoir des répercussions. Je pourrais alors aller voir Haki et lui dire tout ce que je sais à leur sujet. Peu importe si par la suite je serais en danger, juger et tuer car rien ne pourrait m’arrêter. Je serais capable de le faire, qu’Ekua ne remette jamais en doute mes ambitions et toute ma motivation.

Ekua me répondit alors que c’était bien le cas. Mais que cela faisait plusieurs semaines qu’elle n’était plus ici. Selon les mots de la vieille reine, sa fille serait partie reprendre ce qui lui avait été volé. La nouvelle venait de faire un écho dans ma tête. Sumu aller essayer de prendre sa place légitime sur Freeland ? Il n’y a pas énormément de chemins pour venir jusqu’ici, cela voulait donc dire que j’avais peut-être croisé le chemin de la jeune lionne sans le savoir.

La vieille lionne semblait critiquer quelque chose chez moi, le fait que je ne puisse jamais avoir, un air innocent. Non, j’étais bien trop franche pour avoir ceci. Je ne suis pas comme elle ou sa fille, à mentir. Même lorsque j’essaie, mes yeux me trahissent et reflexe la vérité.

Selon la brune, je ne pourrais jamais retourner sur Freeland et je n’aurais jamais le pardon de ce clan, maintenant dirigé par haki. Ainsi, moi et tous les autres Kulishas encore en vie ici, jamais nous ne pourrons vivre en paix sur Freeland. Mais cela, je ne savais depuis longtemps, la reine ne m’apprenait rien de nouveau. Elle exprimait alors que c’était donc pour cette raison qu’elle réclamait ma loyauté, pour elle seule et non pour sa fille. En effet, selon elle je n’étais plus d’aucune utilité pour Sumu.

L’ancienne monarque de Freeland me répondit alors que cela faisait bien longtemps que nous n’avons pas eu de grande chasse. Je n’étais pas idiote, je savais parfaitement ce que c’était même si je n’ai pas connue la dernière en date. Elle enchérit sur le fait qu’elle était certaine que cela pourrait faire plaisir aux Kulishas, ils s’ennuyaient tellement en ce moment. Moi-même je pensais au fond de moi que cela les rendraient heureux. La majorité ne m’apprécie pas.

Je rester de marbre face à ses paroles, gardant alors mon sourire cassant, remplie de colère. Mes supplices, mes arguments et maintenant mes menaces, ne semblaient pas intéresser cette vieille peau. Ce qu’elle voulait, c’était ma loyauté. Cela était bien trop dur pour moi, je ne pouvais pas le faire. Cela sortait de mes capacités. J’avais vouée entièrement ma loyauté à un seul roi et il l’avait emporté avec lui. Il était dur pour moi d’en avoir à nouveau, surtout envers cette lionne.

-Que la mort m’emporte plutôt que de te jurer fidélité.

Je continuais de sourire sans bouger. Il y a plusieurs années je serais sortie de mes gonds face aux paroles d’Ekua, mais j’avais gagnée en comportement et j’arrivais à me contenir. Je pensais réellement ce que je venais de dire, je préférais plutôt mourir. Mais ce n’est pas elle qui s’en occuperait, elle se trouve être trop faible pour ce genre de chose maintenant. Son corps n’est plus ce qu’il était, je savais très bien qu’une vieille lionne ne tiendrait pas tête à une jeune qui est dans la force de l’âge. J’avais trop d’orgueil et plutôt que de courber l’échine devant cette vipère je préférais faire face.

Je vis la reine se levait, lançant un regard vers le ciel tout en décrivent deux cercles en prenant soin de se tenir à distance de moi. Je la regardais d’un air curieux. Puis un cri d’oiseau se fit entendre. Ekua s’assit de nouveau avec le torse bombait. Je voyais dans son œil, une lueur de joie mêler à un dédain profond. Je compris alors lorsqu’un vautour atterrit non loin de nous.

Ekua se penchait vers le vautour comme pour lui dire un secret mais sa voix était tout autre. Forte et claire, la lionne voulait clairement que j’entende ses paroles. Elle lui demandait alors de porter un message aux Kulishas. Ekua ouvrait une grande Chasse pour abattre une proie. Cette proie c’était moi.

La vieille reine tournait vers moi son regard de braise, où bruler un incendie de bonheur. Elle ne m’avait jamais aimé. Je n’aurais jamais réussi à lui plaire et obtenir ses faveurs. Elle était bouffée par l’égocentrisme jusqu’à la moelle. Intérieurement je bouillonnais, ce n’était pas de la colère mais de l’excitation. Je ne regardais même pas le vautour s’en aller transmettre le message.

Un défi de taille que je relevais avec un sourire malsain. Est-ce que je me rendais compte qu’elle ferait absolument tout pour voir ma débouille sans vie ? Je n’avais plus la façon de penser d’une petite adolescente capricieuse et têtue, j’avais muri mais mon orgueil ne voulait pas que je fléchisse devant cette vipère.

La borgne reprit alors que j’avais une heure pour prendre la fuite et que n’importe où j’irais, j’aurais toujours les Kulishas qui me retrouveront. Je ris doucement. L’envie folle de rester là à les attendre me démanger. Revoir leur visage choqué de me voir encore en vie et d’avoir réussi à les retrouver. De me voir encore en vie et en bonne santé. J’avais envie de leur montrer que j’étais resté la même et que j’étais toujours aussi forte. Je me sentais capable de leur mettre une raclée à chacun. Surtout Mhysa, dont j’arracherais bien le cœur de mes propres griffes, tout comme cette vieille harpie qui te tenait là devant moi.

Je gardais toujours mon air mauvais sur lequel trôné mon sourire étiré. J’avais l’envie soudaine de lui sauter à la gorge et d’en finir une bonne fois pour toute avec elle, cette pourriture. Je me levais gracieusement et lentement. Je me dirigeais vers Ekua, le regard brulant. Mon instinct voulait me pousser à bout. Je retroussais les babines, laissant voir mes crocs tout en poussant un lourd grognement. Je me retenais totalement, les muscles tendus. Si je la tuer maintenant qu’est-ce que cela m’apporterait au final ? Il y aura toujours sa fille au final. C’est sa fille que je dois tuer. J’étais à quelques centimètres d’elle et murmurais alors d’une voix mielleuse :

-Et si j'allais retrouvais ta très chère fille, tu as mentionné qu’elle est partie reprendre ce qui lui a été volé, est là on parle de sa place de princesse sur Freeland. Je vais m’y rendre je crois bien, pour aller la saluer et lui tordre son petit cou fragile.

Toute marque de politesse disparue dans la voix, je ne me donnais même plus la peine de la vouvoyer. Je reculais alors et me mis à faire quelques pas dans aucune direction logique en prenant une voix beaucoup plus forte :

-Que tes Kulishas me poursuivent, je les entrainerais dans la mort avec moi !

Je rivais mes yeux brulés de rage et de colère vers la vieille reine tout en gardant scotcher sur mes babines mon sourire.

-Tu auras l’air tellement cruche sans soldats ma pauvre !

Je serais capable de le faire, après tout j’avais déjà tout perdu.

La vieille peau s’était mis alors à éclater d’un rire de plus en plus fort, jusqu’à en avoir les larmes aux yeux. Lorsqu’elle réussit à se calmait elle essuyait ses larmes du revers de la patte et s’adressait à moi d’une voix légère. Elle fut surprise de voir que malgré toutes ses années je ne la connaissais toujours pas et elle ne semblait pas dépendre des Kulishas. Mon sourire se cassait au fur et à mesure qu’elle parlait.

Je ne pus me retenir de fixer ses joues saillantes lorsqu’elle parlait, celles-ci étaient parsemées de poils grisonnants. Elle semblait physiquement plus fragile qu’avant et ce détail me le fit rappeler. Un jour tout le monde meurt, même la plus grande reine des vipères. Si je ne m’occupe pas personnellement de son cas, le temps le fera et je lui en suis déjà reconnaissance. J’aurais tellement aimé pouvoir être présente, lorsque ce jour-là arrivera, mais il semble que le destin en est décidé autrement.

La voix de la vieille lionne me sortit de mes pensées. Ekua finit par dire que je devrais me dépêcher de fuir, car bientôt les Kulishas seront là, participant à la Grande Chasse. Je relevais un sourcil, marquant un air hautain sur mon visage, relevant le buste pour être la plus droite et haute de nous deux.

-Sérieux, je m’en fous de qui tu dépends, tout ce que je sais c’est que ton règne est fini, ton temps est compté et tu ne sers plus à rien dans ce bas monde.

J’eus un hoquet de rire mesquin. Il devait lui rester quoi, un an à vivre à tout casser. Si elle traine sa carcasse en s’accrochant à la vie elle peut aller jusqu’à deux ans. Mais quel plaisir tire-t-on de la vie lorsqu’on traine son corps tel un fardeau ? Personne ne nous regarde car pour eux nous sommes déjà partie, les anciens sont du passé et la jeunesse avance dans le futur. J’étais prête à m’enfuir, mais avant toute chose, je me tournais une dernière fois vers le visage d’Ekua, prononçant mes derrières paroles, qui sonnaient comme une promesse.

-On se rejoint en Enfer salope.

Et sans demander mon reste, je me mis à racler le sol de ma patte, envoyant un nuage de poussière dans la direction du visage de l’ancienne reine de Freeland. Mange la poussière et n’en n’ai pas une trop mauvaise opinion, bientôt c’est ce dont tu deviendras.

Je me mis à sprinter en prenant une direction au hasard, tant qu’elle s’éloigner de la brune. Je ne comptais pas véritablement fuir, j’allais plutôt m’amuser avec cette fameuse traque. Je fais les faire courir, tourner en rond et voir marcher sur leur propre pas. Qu’ils viennent tous, je vais me battre, c’est encore la seule et dernière chose que je sais véritablement faire.