Encore un jour. Encore un jour de perdu. Une recherche parfaitement inutile. Où ces couards de Kulishas pouvaient-ils bien se cacher ? Ils n'avaient tout de même pas disparus ! Jeuri était certains qu'il se trouvait quelque part dans le Royaume Marozi. Mais ce royaume était vaste et ceux qu'il cherchait peu nombreux. Ce jour-ci était une perte de temps. Mais tout comme l'étaient les précédents et le serait sans doute les suivants. Tant qu'il n'aurait pas rasé cette terre au peigne fin, le vieux mâle ne pourrait atteindre son objectif.

Pour le moment, il restait surtout aux frontières, se méfiant de l'inconnu de cette nouvelle terre. Cependant, il s'en doutait, ce n'était qu'en s'approchant de l'inconnu que le vieux lion trouverait ceux qu'il cherchait. Mais ce voyage méritait préparation. Et par préparation, il entendait surtout nourriture. La steppe qui s'étendait sous ses yeux lui semblait vide. Trop vide. Pas le moindre troupeau ne semblait y paitre. Sans doute quelques proies s'y cachaient-elles, mais le solitaire ne souhaitait pas prendre le risque de mourir de faim en chemin.

L'imposant Jeuri se trouvait près du territoire des hyènes. Il fit rapidement le calcul. Le territoire des vermines était sec et mort mais non loin se trouvait Freeland. Mmmh. Cette terre était riche et ses proies abondantes. Ses habitants ne remarquerait même pas sa présence.

Un sourire sinistre apparut sur les babines de Jeuri. Il savait ce qu'il allait faire maintenant. Se remettant en marche, le lion suivit la frontière du territoire désolé pour en rejoindre un bien plus accueillant. Cependant, alors qu'il contournait le cimetière des éléphant, le vieux lion entendit un bruit. Celui d'os craquant et tombant. Qu'est-ce que... ? Il tourna vivement la tête pour apercevoir un lion qui venait de dévaler une pente d'os. Et au vue de son regard et de la peur qu'on y lisait, il l'avait reconnu. Aaah. Cette peur, cette crainte, cette frayeur... Si agréable. Si revigorante. Oui. Cet inconnue au pelage brun avait raison de le craindre et cela brossait l'imposante bête dans le sens du poil. S'il l'avait reconnu, alors il devait mourir... Mais peut être sa mort ne serait-elle pas immédiate. Après tout, il lui avait fait le plaisir de lui rappeler la délicieuse sensation d'être craint. Jeuri pouvait faire un effort et le tuer moins vite. Héhéhéhé... Etait-ce vraiment sympathique ? Une mort longue ? Sans doute pas. Mais c'était bien plus amusant.

Jeuri était âgé, mais ses réflexes étaient intacte. En à peine quelques secondes, il se précipita vers le lion, toutes griffes dehors et le plaqua violemment au sol. Les griffe du lion gris s'enfoncèrent avec facilité dans la tendre chair de son "adversaire". Non. Il n'avait aucune chance.

- Et bien, et bien, et bien... Vous n'alliez tout de même pas partir si tôt mon ami ?

La voix de Jeuri était suave et chaude. Presque rassurante. Comme la voix d'un vieil ami qui vous retrouve après une longue absence. Mais quel ami était-ce !

- Vous savez qui je suis n'est-ce pas ? Mmmh ? Quel dommage. Ce n'est pas mon cas. Dites moi, quel est votre nom ? Que je l'ajoute à ma liste.

La phrase du félin se termina sur un rire malsain. Il ne mettait pas tout son poids sur le lion cependant, lui laissant une chance de fuir. Mais la saisirait-il ? Son meurtre serait bien plus morne si l'animal se laissait simplement faire.

Jeuri avait craint un instant que le combat soit trop facile, que son nouveau joué se laisserait écraser comme une vulgaire termite. Quel ne fut pas sa surprise et sa joie de constater que le lion brun parvint à se libérer de son entrave d'un coup d'épaule. Oh. Il n'en était pas impressionné, le vieux mâle avait, de lui même, laisser la possibilité au Pridelander de se libérer. Il aurait été ennuyeux que les choses soient trop facile.

A peine libérer, l'inconnu lui fit face. Jeuri se redressa de toute sa hauteur. Comme d'habitude, il était plus grand que son adversaire, sans doute plus fort aussi, mais il restait méfiant. Sous-estimer un opposant pouvait se révéler particulièrement dangereux, voire mortel. Et le lion sombre n'avait aucune envie de perdre. Pas maintenant. Pas face à un faible Pridelander. Un Pridelander à la langue trop bien pendu d'ailleurs, puisqu'il ne pu s'empêcher de déclarer d'une voix glacial :

- Je sais que vous êtes un de ses partisans des nyeusis, mais votre nom de lâche hélas m'as échapper. La liste ? A votre âge et vu que vous êtes rechercher depuis un moment, elle doit être bien courte. Si votre but était, de m'effrayer c'est raté !
Tout les pridelanders, freelanders et hyènes, surveillent leurs territoires à la recherche de partisans, ayant pris la fuite. Je suis sur, que je ne serais seul très longtemps, les frontières son surveillés fréquemment. Et croyez moi, je ne vous laisserais pas partir de si tôt, mon chère ami.

Les oreilles de Jeuri se plaquaient sur son crâne alors que ses narines se dilatèrent de mépris. Son âge ? Quel sombre idiot. C'était grâce à son âge qu'il avait pu mettre fin à autant de vie. Contrairement à ce que pouvait penser celui qui lui faisait face, sa liste était longue. Il était néanmoins optimiste. Pas seul très longtemps ? C'était exact. Bientôt il rejoindrait ses ancêtres dans l'autre monde. Mais d'abord, le vieux lion aurait l'occasion de s'amuser un peu.

- Mon nom est Sangha, rappelez vous en comme la dernière fois, que vous vous en prendrez à un pridelander.

Sangha ? Il s'en souviendrait. Le lion brun attaqua subitement et Jeuri poussa un rugissement de surprise alors que son adversaire se mit à lui mordre le cou et lui griffer les épaules. Non... Ça ne se passerait pas comme ça ! D'un puissant coup de patte, le félin sombre abattit ses griffes sur ce Sangha, lui entaillant violemment une partie du visage, dont l'oeil qui devait être crever à présent. Jeuri se dégagea, reculant de quelques pas avant de se jeter de nouveau sur l'ennemi. L'idiot avait fait le choix de le mordre au cou : une stupidité, la crinière était une barrière naturelle. Mais l'exilé, lui, ne ferait pas cette erreur. Il fonça tête la première dans le Pridelander, lui coupant le souffle et le jetant à terre. Jeuri sentait ses épaules le bruler à cause de futiles griffures. Il le lui ferait payer.

On dit que s'en prendre à un lion à terre est un signe de faiblesse. Aussi l'imposant mâle n'en fit rien, ou presque. Son opposant était tomber sur le ventre. Griffes sorties, Jeuri posa une de ses patte sur la tête et l'autre sur le dos de Sangha, se plaçant au dessus de lui et l'immobilisant de nouveau. Et doucement, lentement, très lentement, il fit glisser sa griffes le long du dos de son adversaire. La peau du lion brun se retrouvait déchiré avec aisance. Il risquait d'avoir du mal à marcher avec le dos en lambeaux... Dommage, pas de course poursuite.

Lorsque les griffes eurent atteint le bas du dos du pridelander, Jeuri les replaça à leur position initiale et se remit à les faire descendre, le plus lentement possible. Le but n'était pas tant de tuer Sangha. Non. Le but était que ce soit douloureux. Et à vrai dire, si l'exilé prenait son temps, ce n'était que pour être certain que la douleur de son adversaire atteignait son maximum. Il voulait l'entendre hurler, supplier. Continuant son manège, il abaissa sa tête et chuchota à l'oreille du félin brun :

- Oooh... Ce doit être douloureux n'est ce pas ? A votre avis, si je continue de creuser, je verrais bientôt votre colonne vertébrale ?

Jeuri eut un rire malsain. Et subitement, il stoppa sa patte pour enfoncer ces griffes profondément dans le dos de Sangha. Une douleur vive qui réveillerait son adversaire au cas où celui-ci serait en train de perdre petit à petit patte à cause de la douleur ou de son sang manquant qui s’écoulait le long de ses flancs. Puis, une fois que la douleur vive fut passer, il se remis à faire ses allés et venue, creusant de plus en plus dans la chair de sa victime.

- Mais j'oubliais, je ne me suis pas présenté. Mon nom est Jeuri. ... Mmmh ? Mon jeune ami ? Je suis d'humeur généreuse aujourd'hui. Si vous me suppliez, je tacherais d'achever vos souffrances. Ou alors vous pouvez faire votre forte tête et notre petit jeu peut continuer. Le choix est votre très cher.

Dans un cas comme dans l'autre, le lion sombre serait satisfait. Dans un cas comme dans l'autre, le lion brun verrait sa vie s'éteindre. A lui de décider comment.