Cela faisait plusieurs lunes maintenant que Taali, nouvellement adulte depuis quelques mois rôdaient aux alentours des frontières en espérant avoir l'occasion d'y croiser Wema. Après son passage mouvementé sur Outland, où elle était restée aux alentours quelques jours le temps de rencontrer quelques autres représentants de ce Clan -comprenez par là qui ne soit ni un sablé lâche et pathétique, ni un lionceau arrogant et dénué de cervelle-; elle avait pris la route pour la deuxième étape la plus importante de son voyage : le désert.

Prideland avait été sa première grande étape, puisqu'elle représentait Sadaka. Et même si la brunette remâchait toujours tout ce qui s'était passé là bas, le moment de son voyage qui arrivait maintenant était toute aussi importante. Sa meilleure amie était là, quelque part dans cette immensité brûlante... Ou pas.
Taali avait probablement user la savane à la frontière sous la nervosité et l'inquiétude. En effet, elle n'avait pas revu Wema depuis qu'elle était enfant, à son départ pour Apeland, ce qui faisait plus de deux ans. Bien sûr, elle avait passé le plus de temps possible ensembles lorsque la Mositu était encore sur la Lande, mais ensuite, les choses s'étaient enchaînées sans leur laisser l'occasion de se voir à nouveau malgré leur promesse mutuelle. La guerre n'avait rien arrangé, et Taali s'inquiétait de ce qui était arrivé à Wema, qui avait alors été en âge de se battre, et qui risquait donc d'avoir périt sous les griffes de son clan.

La brunette se rappelait de sa meilleure amie comme d'une lionne Jangowa seulement de pelage. Elle possédait une douceur, un pacifisme et une ouverture d'esprit qui avait tout de suite séduit Taali, bien qu'elle lui ai bondit dessus de façon peu agréable à leur première rencontre. L'âge et la guerre avait-ils changé cela en elle ? Était-elle devenue aigrie et réfractaire comme le reste de son Clan des Sables ? Avait-elle perdu son amitié pour elle ? Avait-elle perdu la vie ?
Tout cela, elle était sur le point de le savoir, elle le savait. En effet, il avait fallu à la brunette éloigner un peu son lieu de sommeil de la frontière puisqu'elle avait entendu le clan Jangowa aux alentours ces derniers jours, ce qui impliquait que s'il restait encore un peu de l'enfant qu'elle avait connue en Wema, elle ne tarderait pas à venir fouler la frontière de ses pattes.

Taali était donc à nouveau en train de parcourir la frontière en long et en large pour s'assurer qu'elle ne louperait pas son amie si jamais celle-ci venait à s'aventurer aux alentours lorsqu'elle entendit des voix. Le vent n'était malheureusement pas en sa faveur et la jeune adulte se figea, prête à prendre la fuite au besoin. Elle n'était pas idiote et naïve au point de ne pas savoir que la haine des Jangowas avait encore augmentée avec le Grand Carnage (ce qui était bien ironique étant donné qu'ils avaient décimé la moitié de son clan), et qu'aucun ne serait ravie de la voir ici, avec son pelage couleur du chocolat.
Aussi la brunette fut-elle surprise lorsque les voix -indéniablement féminines, et une enfantines- approchèrent au point qu'une boule de poils ne lui rentrent dedans à toute vitesse. Baissant ses yeux bleus à la rencontre du petit être qui se relevait tant bien que mal dans la précipitation avec la volonté manifeste de fuir le plus rapidement possible, Taali resta gueule bée à la vue du visage du lionceau.

Ses souvenirs se superposèrent à la réalité et elle eut la ferme impression d'avoir à nouveau foncé dans Wema, sauf que celle-ci n'avait pas grandis, et que la couleur d'une de ses iris avait changée. Secouant la tête alors que la boule de poils s'éloignaient à toutes pattes en appelant sa mère, la brunette tenta de revenir au présent, relevant le regard sur une lionne aux reflets argentés qui la menaçaient d'un grondement, crocs découverts et oreilles plaquées sur le crânes.
Pour la deuxième fois en quelques minutes, Taali resta gueule-bée, sans voix, alors qu'elle regardait sa meilleure amie lui montrer les crocs, un lionceau qui venait de l'appeler "maman" entre les pattes avant.

Bon, elle savait bien que Wema avait 6 mois de plus qu'elle, mais quand même, elle ne s'était pas du tout attendue à cela. Dire qu'elle avait prévu de demander à son amie de s'échapper du désert et de venir avec elle découvrir le monde. Pendant un court instant, Taali se sentit seule, et nostalgique. Entre Sadaka qui souhaitait plus que tout devenir Gardien au sein des Pridelanders et Wema qui était maman, elle avait la ferme impression que tout le monde semblait avancer sauf elle.
Non, elle, elle était là, aux frontières du désert, après avoir parcouru Prideland et Outland, à parcourir la Terre des Lions comme une enfant curieuse.

Ses pensées ne durèrent que quelques secondes, et s'évaporèrent lorsque la Jangowa s'avança de quelques pas. La joie envahit soudain Taali à nouveau et elle éclata d'un petit rire spontané et joyeux avant de s'adresser à sa meilleure amie.

Wema ?! Oh nom d'une girafe Wema ! Tu es maman ?!

Elle rit encore, libérée de ses pensées sombres. Elle aurait tout le temps d'y penser plus tard, mais pour l'instant, elle voulait profiter des retrouvailles avec la Jangowa, et tout ce qu'elles apportaient de nouveau.
Assurée que la sablée l'avait reconnue, la jeune Mositu s'avança à sa rencontre à grande foulée pour enfouir sa tête dans son encolure dans un câlin affectueux.

Oh ce que tu m'as manquée !!

Elle se recula lentement, les larmes aux yeux mais le sourire aux babines.

Ce que je suis heureuse de te voir Princesse des Sables !

Le ton était taquin, et le surnom remontait à l'enfance, mais les paroles était sincères.

Wema rit doucement de sa surprise et lui confirma que c'était une longue histoire. Non pas que Taali ne savait pas comment se faisait les lionceaux, mais elle ne s'était pas non plus attendue à trouver sa meilleure amie maman !
Alors que leurs souvenirs respectifs s'effaçaient doucement, la Jangowa s'adressa à nouveau à elle d'un ton toujours aussi doux, bien que définitivement plus mature.

- Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis soulagée de te revoir en vie.. J'ai eu si peur pour toi et ta famille..!

Taali redevint sérieuse quelques minutes, hochant doucement la tête.

Ma famille et moi avons décidé de suivre Siri pour Apeland, refusant les sirènes de la vengeance que chantaient Kwadja. Malheureusement, la moitié du Clan y a succombé...

Secouant la tête la brunette reposa ses yeux, qui s'étaient perdus dans le vide, sur son amie et s'approcha à nouveau pour lui donner un petit coup de museau.

J'étais inquiète pour toi ! J'avais peur que tu ai pris part au combat, et que tu n'en sois pas revenue...

Elles restèrent un instant silencieuse, chacune revivant ses peurs et savourant le soulagement de savoir l'autre en vie et en bonne santé. Puis Wema reprit la parole, arrachant un petit rire joyeux à Taali.

Et toi donc ! Ce que tu es musclée et grande maintenant ! Tu es sublime ! Et quelle férocité, je n'aurais jamais cru que tu étais capable de cela !

Si les deux amies ressemblaient physiquement à des miroirs, l'une en foncée et l'autre en clair, leurs caractères étaient toutefois légèrement différents. C'était la jeune Mositu qui était l'explosive joyeuse, et la petite Jangowa qui était la calme timide. À croire qu'elles étaient nées à l'inverse de leur Clan d'origine.
Pourtant, Wema l'avait accueillie crocs et griffes découverts pour protéger sa fille. Elle était impressionnante. Mais la nature profondément bonne de son amie reprit le dessus et elle s'inquiéta.

- D'ailleurs.. Que fais-tu ici? Je veux dire, tu as des problèmes..? Tout va bien?

Avec un petit rire, la jeune adulte secoua la tête et s'empressa de la rassurer.

Non, non, tout va bien ! Ma famille et le reste du clan ont trouvé refuge dans la Jungle d'Apeland, sur une terre cédée par les Lamasus, en échange d'une surveillance des frontières. Tout va très bien, et nous connaissons la paix pour la première fois depuis un moment..
Mais je suis ici parce que j'ai quitté la jungle pour voyager, et voir la Terre des Lions !

Elle adressa un grand sourire à son amie d'enfance, qui se rappelait sûrement de sa volonté curieuse d'aller visiter tous les royaumes par elle mêmes quand elle serait plus grande.

Je suis passée par Prideland, où j'ai revu Sadaka, puis je suis allée à Outland, et me voilà ! Tu ne crois quand même pas que j'allais voyager partout sans d'abord tenir ma promesse et revenir te voir n'est-ce pas ?

Bon, elle avait eu beaucoup de chance que le clan Jangowa ne s'établisse près des frontières, sinon elle aurait pu attendre encore bien des lunes pour ne serait-ce qu'avoir la chance de revoir sa meilleure amie. Mais les grands esprits faisaient bien les choses...
Soudain, Wema s'enquit de sa fille et invita la poule de poils clairs à les rejoindre, sous le regard attentif et attendri de la jeune Mositu. Elle observa les interactions entre mère et fille avant que Kaya ne lui accorde de l'attention. Amusée par sa tentative, elle lui adressa un sourire doux puis hocha la tête à l'intention de la fière petite sablée.

Enchantée de faire ta connaissance Kaya.

- Vous êtes une Mositu ? Papa dit que les Mositus ont pas le droit d'aller dans le désert.. Vous êtes une amie de maman pour de vrai? Papa dit que les étrangers sont les méchants.. Je peux pas parler aux méchants. Mais vous ressemblez pas à une méchante vous! Vous êtes une méchante? Moi j'aime bien vos yeux! Ils ressemblent au ciel, et à l'eau aussi! Maman aussi a les yeux bleus! Moi j'en ai un bleu, et l'autre il est jaune comme le soleil. Vous aimez le soleil?

Remuant les oreilles de surprise, Taali eu un petit rire face à l'avalanche de question qui lui tomba sur le museau. Ses yeux bleus cherchèrent ceux de sa meilleure amie, et elle la taquina gentiment.

T'es sûre que c'est ta fille ? Elle a certainement pas récupéré ta timidité !

La brunette secoua la tête aux excuses de Wema et les balaya d'un mouvement de queue.

Laisse, on a tous été enfants. Et puis, elle n'a pas vraiment tort.

Se couchant sur le sable chaud pour se mettre au niveau de la petite, Taali décida de lui répondre dans l'ordre, d'une voix douce.

Oui, je suis une Mositu. Pas la peine de compliquer les choses en lui expliquant qu'elle était aussi à moitié Jangowa. Ca pouvait attendre. Et c'est vrai, nous n'avons généralement pas le droit d'aller dans le Désert, raison pour laquelle j'ai attendu à la frontière.
Tous les étrangers ne sont pas méchants, mais il faut toujours s'en méfier tant que l'on est pas sûr qu'ils sont inoffensifs, ton papa a raison là dessus.

Bien que la question lui traversa l'esprit, et elle jeta un rapide coup d'œil à Wema à ce moment là, la jeune adulte ne posa aucune question sur ledit père, se contentant de poursuivre ses réponses devant les yeux vairons et attentifs de Kaya.

Non je ne suis pas une méchante, sinon ta maman m'aurait très probablement réduit en charpie avant même que je n'ai l'occasion de discuter avec toi.

Elle fit une pause, un sourire amusé aux lèvres puis hocha la tête en se redressant pour s'asseoir.

Tu as de très beaux yeux. Et bien que j'adore le soleil, je dois avouer que mon pelage n'est pas vraiment en accord avec ce plaisir.

Elle commençait d'ailleurs à avoir chaud, à rester plantée là au soleil, sur le sable qui reflétait tous les rayons. Heureusement pour elle, c'était la saison humide et l'astre de feu tapait moins fort qu'en saison sèche. Toutefois, aux abords du désert, la différence était à peine visible, surtout pour une lionne au pelage si foncé que le sien. D'un mouvement du regard, Taali chercha un instant à arbre pas trop loin et cibla celui sous lequel elle avait attendu, de l'autre côté de la frontière.
Ses yeux bleus se reposèrent sur Kaya, puis finalement sur Wema, l'air interrogatif. Elle avait dans l'idée que la jeune mère ne serait pas vraiment d'accord pour sortir du désert avec sa fille, mais la brunette ne pouvait décemment pas rester plusieurs heures sous le soleil ainsi sans risquer l'insolation.
L'arbre n'était pas loin, à peine quelque mètres après la fin du sable, mais elle ne bougea pas, attendant la décision de Wema. S'il fallait qu'elle reste cuir sur les grains dorés pour profiter de la présence de sa meilleure amie, alors elle le ferait sans hésiter.

HRP:

Taali adressa un sourire reconnaissant à son amie qui avait accepté de la rejoindre sous un arbre, à quelques mètres à peine de la frontière. L'ombre lui fit un bien fou et elle se coucha près de son amie, lèchant la joue de cette dernière. Elle était si heureuse de la voir, et elle voulait en profiter un maximum.
Kaya ne sembla pas pressée de les rejoindre et bloqua à la frontière du sable, amenant un sourire amusé sur les babines de Taali qui taquina gentiment Wema.

Elle ne te rappelle pas quelqu'un ?.

Eh oui, à leur première rencontre à la frontière, alors que Taali avait voulu emmener Wema découvrir un petit étang non loin sur la Lande, il avait fallu à la brunette développer des trésors de persuasion pour amener la petite princesse des sables à la suivre.
Son amie enchaina et la jeune Mositu lui adressa un sourire radieux.

Eh bien écoutes, je n'ai pas encore tout vu car pour l'instant j'ai fais Prideland, Outland, et ici. Revoir la Lande de mon enfance m'a fait du bien et m'a presque rendue nostalgique, même si je dois avouer que la Jungle où nous vivons maintenant est effectivement très bien adaptée à notre Clan. Tu sais, je n'ai jamais connu l'Oasis, mais je me suis très vite adaptée à la Jungle, comme le reste des petits nés sur la Lande. Comme si notre ADN reconnaissait l'environnement, c'était assez étrange..

Secouant la tête, Taali s'arrêta pour jeter un coup d'oeil à Kaya.

Tu m'entends bien d'où tu es ? Veux-tu venir écouter le récit de mes voyages ? Ou peut être veux-tu que je parle plus fort ?

Elle lui adressa un doux sourire et se retourna vers Wema, comme pour inciter la petite à les rejoindre afin d'entendre le reste. Après un petit clin d'oeil à la jeune mère -comme elle se sentait vieille tout à coup !- la brunette continua.

Prideland est magnifique, j'ai été absolument sous le charme de cette terre luxuriante et emplie d'animaux de tous les genres. Oh, j'ai rencontré la Reine de Prideland d'ailleurs, ainsi que l'une de ses filles la princesses. Kuzali, la reine, a le pelage aussi doré que le soleil c'est absolument magnifique. J'en étais gueule-bée, je ne savais plus comment me tenir devant elle !.

L'enthousiasme presque enfantin de Taali s'entendait dans son récit, mais elle n'avait pas honte. Elle n'avait pas besoin de faire semblant ou d'être quelqu'un d'autre avec Wema. Elle pouvait lui faire part de n'importe lequel de ses ressentis, et elle ne s'en priva pas. Elle aborda même rapidement le sujet de Sadaka.

Te rappelle-tu de ce lionceau couleur de suie dont je te parlais lionceau ? Sadaka ? Il est le fils de Kuzali, mais avant qu'elle ne devienne Reine. Bref, je l'ai revu sur Prideland. Il a tellement grandi ! Il... Il est très beau..

Taali remua les oreilles, et si elle avait été habituée, peut être aurait-elle rougis sous son pelage chocolat. Mais elle n'était pas gênée de ses paroles, et Wema plus que quiconque savait très bien la place un peu spéciale qu'occupait le lion d'ébène dans son coeur depuis l'enfance. Toutefois, déçue de la tournure que les événements avaient pris, la brunette répondit sur autre chose.

Outland dans le cas inverse est assez effrayant. Il n'y a rien d'autres que de la terre rouge, sèche et hostile. Avec des crocodiles et une bande de lions hargneux et prêt à taper sur n'importe qui, même les lionceaux. Ce n'est pas le cas de tous les lions certes, mais la plupart de ceux que j'ai rencontré étaient infects..

Bon, Jango et son frangin ne lui avaient vraiment pas laissé de bonnes impressions. Mais il ne fallait peut être pas généraliser au reste du Clan n'est-ce pas..?
Taali se secoua et sourit à son amie.

Bref ! Assez parlé de moi ! A toi, raconte moi un peu ta vie princesse des sables !.

Son sourire se teinta de complicité et elle jeta un coup d'oeil à Kaya avant de revenir à Wema.

Tu as des choses à me raconter. Je sais qu'on ne s'est pas vues depuis longtemps, mais la dernière fois, aucun mâle ne t'intéressait assez pour devenir le père de ton enfant..

La curiosité dévorante de la jeune Mositu repointait le bout de son museau, mais sa voix restait douce. Elle ne voulait en aucun cas brusquer sa meilleure amie qu'elle savait de nature plutôt timide.

Les deux amies passèrent une bonne partie de l'après midi à discuter pour rattraper le temps perdu, Kaya ayant même le courage de dépasser le sable pour les rejoindre quelques minutes et écouter leur discussion. Puis elles se séparèrent à regret, avec la promesse de se revoir aussi vite que possible, le cœur heureux de cette amitié qui est toujours aussi forte, qu'importe les Clans ou le temps.

HRP: