Azari avait couplé ses habitudes d'Outlander au territoire de Prideland. Il s'était levé tôt, pour son habituelle balade, son petit tour d'horizon. Et visiblement trop tôt car de curieux regards l'avaient prit pour cible, surveillant ses moindres faits et gestes. Cela faisait à peine quelque jours que le lion gris avait rejoint son clan d'origine, et certains lions, notamment les plus vieux, ne semblaient pas encore habitués à sa présence. Le faux prince s'autorisa alors un lourd soupire à l'intention de ses « babysitters » inopinés. Le Roi avait pourtant été clair, Azari faisait désormais partie du clan. Il y était chez lui, depuis toujours... et pourtant... tout le monde ne le voyait pas du même œil. Mais le nouveau venu ne pouvait véritablement leur en vouloir. Lui même d'un naturel méfiant, il ne pouvait que répéter cette même routine, encore et encore, qu'était le remplacement de soupire en sourires indulgents. Ils avaient raison de se méfier, il est fort probable que le lion gris en aurait fait autant si les rôles avaient été inversés.

Regagnant progressivement ce sourire constamment blessé qu'il portait si bien, Azari continua sa promenade jusqu'à l’Étang. Ses pattes foulèrent l'herbes vertes de ce nouveau chez lui avec une certaine noblesse. C'était plus fort que lui, comme si l'air frais de Prideland lui glisser des élans de royauté mérité. Une truffe active, les oreilles en alerte, le lion gris pouvait dire sans se tromper que sa « garde personnelle » s'en était allée à de nouvelles activités. Se sentant de nouveau libre de ses mouvements, Azari grimpa sur l'un des multiples rochers ornant le point d'eau pour prendre un peu de hauteur. Sa mère, Uzazi, lui avait parlé de cet endroit ; il s'agissait d'un lieu de paix pour l’ensemble des animaux de la savane. Un petit bassin de calme et de tranquillité, tout ce dont le bâtard avait besoin pour se laisser aller à ses réflexions.

Grand penseur, parfois même torturé par ses propres pensées, Azari leva les yeux au ciel pour en observer les nuages. Agglutinés les uns contre les autres, formant cet amas de blanc et de gris trop peu amical, le gris cherchait dans leurs entrailles un quelconque indice, une quelconque réponse à son sujet. Saura-t-il se montrer utile ? Qu'en serait-il des Outlanders ? Lui en voudraient-ils ? Tant de questions qui pour le moment restées sans réponses. Aucun Grand Esprit ne viendrait lui porter secours et sûrement pas son défunt père dont il ignorait tout. Un nouveau soupire, la tête base, Azari semblait de nouveau perdu. Il se dit alors, en redressant sa frimousse accompagné d'un sérieux regard, que ce qui importait le plus dans l'instant était de passer du temps avec sa mère et de rencontrer progressivement le reste de sa véritable fami-

"Pardonnez moi, est-ce que tout va bien?"

Azari sursauta, griffant la roche sur laquelle il s'était posté tantôt. Ses poils s'herrissèrent sur son dos tandis que ses oreilles se redressèrent droites comme des « i ». Il se retourna, controlant sa surprise du mieux qu'il le pouvait. Son regard doré croisa alors des iris vairons, miroitant de curiosité. Bleu comme les cieux et vert comme la plaine.

▬ O-Oui.. ! Balbutia le lion gris en reprenant progressivement contenance et calme. Il se leva de son rocher, par politesse et se retint d'avancer vers elle, préférant garder une certaine distance. Azari lui décocha automatiquement un sourire d'embarras, de quoi lui faire comprendre que cet amas de crinière hirsute n'était en rien de l'agressivité. Tout va bien. Je m'étais juste perdu dans des réflexions sans queue ni tête. Il faut croire que ça m'arrive souvent en ce moment.

Il comprit en un coup d’œil que la lionne était Pridelander. Son parfum nette d'une pointe de sang et sa carrure lui suggéraient également qu'elle devait sans doute être chasseuse. Mais quelle impolitesse de la détailler comme ça ! Tu n'as pas honte?! Azari redressa d'une traite son museau curieux, replantant ses iris dans ceux de sa nouvelle interlocutrice.

▬ Mais où est donc passée ma politesse. Reprit-il d'un sourire, sentant sa fourrure retomber. Je m'appelle Azari. Je suis nouveau au sein du clan. Il trouva judicieux de ne rien évoquer de trop personnel concernant ses origines. De plus cette lionne était encore jeune, il y avait de forte chance qu'elle ne connaisse rien de toutes ces histoires de famille. Autant l'en préserver pour le moment, Azari préférant apparaitre comme simple lion et non comme prince bâtard.

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Azari était stressé. Si ce n'était pas clairement afficher sur ses moustaches, on pouvait tout de même le sentir dans la tension de ses pattes. Il y avait ce petit quelque chose de nerveux en lui qui trahissait un manque de confiance. Il était pourtant fort, calme et serein, le petit d'Uzazi, mais là, après avoir fait le choix de rejoindre Prideland, avec tout ces regards posés sur lui, il ne se sentait plus aussi tranquille. Car il s'en était rendu compte, de cette animosité, de ce dégoût que parfois on lui portait sans un mot. Le temps aura raison de tout cela. Azari le sait bien...Mais même en sachant tout ça, en l'acceptant, le lion gris sentait son cœur se serrer rien qu'a y repenser. Ça serait une étape de plus à franchir. Une étape qu'il outrepasserait, cette fois ci, la tête haute.

"Enchantée Azari, et bienvenue sur Prideland. Mon nom est Kina."

Elle avait tout l'air d'être une lionne particulièrement charmante et tolérante. Un sourire, elle lui en accorda un. Fin, délicat, sans nuance, sans arrière pensée, juste un rictus convivial et sincère. De quoi calmer la nervosité qui avait commencé a s'en prendre aux pattes d'Azari. Il se dit alors qu'avec elle, qu'avec Kina – car tel était son nom – il n'aurait pas de mal à se détendre. C'était pour ça - d'ailleurs - qu'il était venu à l'Etang. Pour se calmer les nerfs, pour prendre un peu le large, pour remettre toutes ses idées en places. Le lion gris prit donc le temps de sourire à son tour, de redresser ses oreilles et de secouer sa crinière pour se donner meilleure mine. Il rangea ses griffes avec précaution et grignota un peu plus la distance de sécurité qu'il s'était permit d'installer entre lui et la lionne.

"Sans vouloir être indiscrète, vous dites être nouveau mais.. D'où venez-vous?"

L'intégralité de cette question n'était qu'indiscrétion. Cependant cela n'empêcha pas Azari de rire. Un petit souffle d'apaisement, laissant ainsi couler un rien du tout d’anxiété. "Bien sure vous n'êtes pas obligé de répondre, peut-être cette question peut-elle paraître déplac-"


▬ Je viens d'Outland. Bien que mon clan de naissance est toujours été Prideland.

Il avait coupé court a sa tentative de retraite. On ne joue pas les indiscrètes pour repartir la queue entre les jambes. Azari n'était pas mauvais et n'avait rien a cacher. Dans cette optique nouvelle qui s'éloignait de son habituelle couardise, il prit les devants en jetant avec courage ce qu'il tantôt avait tenté de taire.

▬ Sans doute vous a ton parlé de moi. Je suis le fils illégitime de Farao, l'ancien roi. J'ai demander au roi Kumpa, mon demi-frère, de bien vouloir m'accueillir de nouveau pour que je puisse partager les derniers instant de ma mère, Uzazi. Bien que le roi est accepté... tout le clan ne le voit pas du même œil. Surtout l'ancienne reine Malkia... qui... je présume ne me porte pas dans son cœur.

Azari avait baissé ses yeux pour finalement les redresser afin de capter ceux de Kina. Il avait souri, maladroitement, un peu comme un lionceau, décelant une certaine gêne au vue de cette déclaration. C'était bien la première fois qu'il disait haut et fort ce genre d'aveu. Sur Outland, on n'en avait que faire qu'il soit bâtard ou faux prince. Il était là depuis tout petit et ses origines n'avaient pas la moindre importance. Il aurait put le crier au sommet de la termitière, ces mots n'auraient jamais eu autant d'impact qu'aujourd'hui ; sur ces terres qu'il connaissait si mal, dans ce royaume qui aurait normalement dut lui appartenir...

Tout était plus lourd... plus sensible.

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" Il ne fait aucun doute que votre retour sur Prideland doit en surprendre plus d'un.. Je pense qu'ils ne pensaient pas avoir à faire à vous de si tôt, bien que je ne sache de votre histoire que ce que vous venez de me raconter."

Griffe dans la plaie, blessure grande ouverte. Évidement qu'ils ne s'attendaient pas a revoir Azari de si tôt... Il était dit comme mort, dévorer par on ne sait quel prédateur. Dépecer par un lion d'un autre clan ou bien déchiqueter à bon coups de crocs de crocodile. Jeter, tout simplement, comme vulgaire sac de viande dans la gueule du premier venue capable de le faire disparaître... Le secret avait dut rester entier, noyer au fond des souvenirs de Farao, Misaada et de la mère même du bâtard. Quelle fut leur surprise, pour certain, de constater que le lion gris était toujours en vie. Un choc violent, qui réveil les doutes, qui engendre la haine et le dégoût. C'est ce qu'Azari avait ressentit, plus d'une fois, lui suintant les flancs, mâchouillant ses muscles et ses nerfs d'une bien vilaine manière.

" Sans doute certains ne vous voient-ils pas d'un très bon œil.. Mais les écouter et se focaliser sur eux ne servirait à rien, si ce n'est à les contenter."

Azari redressa ses oreilles tantôt plaquées dans sa crinière. Il cligna des yeux, surpris de telle parole et ne put s'empêcher d'y répondre par un autre sourire. Plus large que le précédent abandon de franchise. Un remercient silencieux, un message de reconnaissance. Elle avait raison. Bien évidement qu'elle avait raison. Azari le savait, au fond, qu'il ne fallait pas leur donner de l'importance... Que si il était de retour c'était avant tout pour sa mère et non pour leur haine et hantise du passé. Il reprit cette prestance de presque prince, de ce petit charisme qui hier encore n'existait pas. Uzazi lui aurait dit la même chose, si elle avait croisé son fils dans cet état un peu rêveur.

"Si vous me le permettez, je n'ai qu'un seul conseil à vous donner, les ignorer. Leur prouver que vous êtes au-dessus de leurs regards, qu'ils ne vous atteignent pas. Profitez de votre nouvelle vie et des précieux moments avec votre famille sans vous soucier de ce que les autres penseront de vous. Ce n'est pas ça qui définit la personne que vous êtes. "

Il s'approcha encore un peu. Il fit exprès, tout exprès, grignotant pas à pas la distance qui le séparé de la lionne. Elle avait raison... c'est vrai. Mais... Elle était bien naïve. Azari était quelqu'un de calme, d'agréable et qui n'avait de méchanceté que le titre de bâtard. Mais, il aurait put en être autrement. Le lion gris aurait put être mauvais, foncièrement méchant, vicieux comme un Nyeusis. C'est qu'il était un peu sombre, un peu ombre, lui aussi. De pelage en tout cas. Elle, Kina, ne le connaissait pas. Peut-être qu'il mentait. Peut-être qu'il était entrain de se jouer d'elle, pour qu'elle détende cette stature si droite, qu'elle allège ce rien du tout de tension. Pour mieux la croquer, la mettre à terre ou la manipuler.

▬ Vous ne savez pas comment je suis. Peut-être qu'ils ont raison de s’inquiéter. Peut-être que je suis un réel danger.

Pas sûr qu'Azari soit un bon menteur ou même un peu acteur, en tout cas, il appuya ses mots avec tacts et sévérités. Il se voulait agresseur, un peu puissant, un peu carnassier. Il lui donna un nouveau sourire, peut-être un peu moins amical, un peu moins doux que les précédents. Un test tout au plus bon pour observer sa réaction, pour juger de sa gentillesse, de ses mots tantôt jetés sans hésitation.

▬ M'enfin... Ne vous inquiétez pas. Vos remarques me sont précieuses. Je cherche avant tout a m'intégrer. Pourquoi ne pas commencer par se tutoyer ? Parle moi un peu plus de toi. Tu t'entends bien avec le clan ? Tu as ta famille ici ?

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