Maman, tu me manques !

Six mois déjà que les Nyeusis avaient été terrassé.
Six mois que les alliés Freelanders du côté de Sharkan devenaient de plus en plus méfiant quant à la date d'arrivée des rebelles chez eux pour qu'Haki retrouve son trône.
Et six mois que … Kamba n'était plus là à présent.

Masika ressentait une peine immense ces jours-ci. Il n'oubliait pas sa mère, c'était impossible, c'était inconcevable, c'était irréel que ce soit le contraire : Fils et mère étaient reliés par un lien indestructible. Le Freelander était profondément blessé mais cherchait à garder sa peine pour lui, pour ne pas qu'on se pose trop de questions à son sujet : Des nourrices lui demandaient parfois s'il allait bien, Masika répondait que oui, il allait bien. Mais ses mensonges répétitifs s'accumulaient et les plus futées d'entre elles finissaient par se douter de ce qu'il avait sur le coeur, sans pour autant vouloir remonter les souvenirs causent la douleur du mâle chocolaté.
Plusieurs fois le lion aux yeux émeraude repensait à ses souvenirs avec sa mère, à celle qui l'avait protégé depuis toujours. Désormais, et selon les dires de certains guerriers, Kamba était morte pendant la guerre, et Masika bouillonnait de colère au fond de lui : S'il retrouvait celui qui avait donné le coup fatal à la chef des nourrices, il en payerait le prix bien cher …

Et pourtant, il ne trouverait jamais le nom de celui qui avait fait ça. Personne n'avait retrouvé le corps de Kamba, alors on supposait simplement qu'elle avait disparu : Et vu qu'elle n'était pas retournée au Royaume de Freeland, qu'elle était morte. Masika n'arrivait pas à croire comment on pouvait si facilement tirer un trait sur sa mère. Enfin, bien sûr, pas tout le monde avait agit ainsi en la proclamant officiellement morte, et heureusement.
Le Freelander espérait au plus profond de son cœur et priait les Grands Esprits pour que Kamba soit saine et sauve. Il rêvait que son champs de vision la recroise un jour, et qu'enfin, il puisse de nouveau sentir le parfum réconfortant de sa mère. Quand Kamba était là, Masika se disait toujours que rien de grave n'arriverait après.

M'enfin. Aujourd'hui, il prenait l'air en mettant déjà les pattes en dehors de la tanière commune de tous les Freelanders : Une nourrice au pelage sablé arriva, barra la route au jeune mâle – devenu officiellement adulte, en passant – et s'écria, désespérée :

«  Masika ! Te voilà ! Je suis contente de t'avoir trouvé avant que tu ne partes : Est-ce que tu pourrais … retrouver Abiria et Kiboko ? Ce sont deux lionceaux aventureux dont je devais surveiller aujourd'hui. Leur mère est partie en chasse, elle va me tuer si elle découvre que je les ai perdus de vue ! Il me semble qu'ils voulaient partir vers les Montagnes Humides, mais je ne peux pas me permettre d'y aller en risquant la vie notamment de Kanisa, la plus jeune du trio. Elle est au repère mais elle risque de tout répéter à sa mère si on y va toutes les deux … Donc … Tu peux ?
- Euh … Oui, bien sûr ! » répondit-il avec un sourire coincé.

Elle n'était pas gênée, celle-là ! Cependant, Masika ne fit pas d'histoire et la salua de la queux. Puisqu'il connaissait assez bien Freeland pour y avoir fait plusieurs balades – son passe-temps favori à l'adolescence et aussi jeune adulte – il ne devrait pas trop se planter à trouver les Montagnes Humides. D'ailleurs, celles-ci se montraient dans le paysage grâce à la brume qui s'y dégageait : Néanmoins, il y avait quand même un certain trajet pour y venir, alors le mâle brun ne perdit pas de temps.


Un temps passa et le Freelander arriva enfin aux pieds des Montagnes Humides : Vu le temps qu'il avait pris, il ne pouvait croire que les deux lionceaux s'étaient décidés de faire un tel parcours. Peut-être qu'un adulte les y avait emmené ? Certainement.
Masika souffla un bon coup puis reprit la marche en prenant un petit chemin qui montait aux montagnes humides : Il repensa alors à Kamba, et se souvint que c'était elle qui le lui avait montré un jour, à l'adolescence, pendant que mère et fils prenaient un temps à eux deux. Son cœur se serra par la peine mais il tenta de ne pas y faire attention. Ses yeux se voilaient par l'envie soudaine de verser des larmes, mais Masika secoua la tête et fronça les sourcils. Au final, tout le Freeland se rapportait à Kamba, mais il ne serait pas définitivement attristé par la disparition de sa mère : Elle lui racontait souvent à son enfance que la vie continuait et donc elle continuerait, le temps que la vieille lionne revienne.
Lorsque le chemin se fit plus court et que la brume commençait à brouiller sa vue, il huma l'air afin de retrouver une quelconque odeur de lionceaux Freelanders, mais il ne sentit qu'une odeur inconnue. Le cœur de Masika battit à la chamade sur la seconde, mais il se calma à la suivante. L'odeur semblait appartenir à celle d'un tout jeune lionceau.

«  Maman ... Pardon ... Mais je ne sais plus où je suis ... » dit une petite voix.

Le félin aux yeux vert redressa les oreilles et tourna la tête vers la direction ou venait la voix. La voix ressemblait tout bonnement à celui d'un enfant. Il s'était perdu ?
Masika s'avança d'un pas tranquille vers la direction, et la brume dévoila soudainement un petit lionceau à la fourrure foncé, presque noir, et blanc. L'adulte ne prit pas beaucoup de temps à se rendre compte que sa trouvaille semblait perdre patience sur ses émotions au vu de son expression au visage.
Doucement, et dans un sourire se voulant rassurant, Masika le salua et lui demanda :

«  Bien le bonjour, petit. Que fais-tu ici ? Tu es perdu ? Les montagnes humides ne sont guère recommandées pour des lionceaux comme toi. Qu'est-ce qui t'arrive ? »

Le mâle chocolaté posa son arrière-train sur le sol, en face du lionceau, mais à une petite distance. Le Freelander contemplait calmement le petit sans un unique grain de malveillance : Depuis le temps où il s'occupait de certains lionceaux par moment pour aider sa mère et les nourrices, ce n'était pas aujourd'hui qu'il voudrait la mort à un tel enfant.

Maman, tu me manques !

En l'apercevant, le lionceau l'observa avec méfiance puis essuya son museau de ses larmes humides grâce à l'une de ses pattes avant. Sous la question bienveillante de son aîné, le petit mâle noir et blanc sembla hésiter à répondre. Masika pencha légèrement la tête sur le côté, le regardant avec curiosité. Plus il le regardait, plus il se rendait compte que cet enfant avait un pelage assez spécial, rare chez les lions : Bien sûr, des soldats du Clan en possédaient eux-aussi, mais ils étaient que quelques-un, et encore, l'on savait depuis toujours qu'ils n'étaient que des orphelins venus de croisements entre un(e) Freelander et un(e) lion/ne natif/ve d'ailleurs. Cela expliquait cette fourrure noire si étrange. Et en pensant aux parties blanches du petit, Masika accordait une pensée aux Nordiques qui vivaient dans les montagnes.
Le jeune mâle n'était pas bien gros et semblait assez jeune pour ne pas pouvoir se rendre compte pleinement du danger. Assurément, ce n'était qu'un pré-jugé selon le lion brun, car bien des lionceaux jeunes en savaient plus que des adultes : Cependant, on ne savait jamais … L'état d'esprit classique pouvait s'avérer être devant lui.

Soudain, et fièrement, son plus jeune répondit avec audace et fierté :

«  Non, je ne suis pas perdu. Je me promène juste, par-ci par-là.  »

Il agita sa patte levée dans le but de faire des cercles dans le vide. Masika se redressa et cessa vivement de pencher la tête pour regarder son interlocuteur normalement, à la seconde où le petit acheva ses paroles sur le mot « par-là ». Le lionceau posa sa patte parterre, puis rabaissa ses oreilles en avouant :

«  Mais Maman a besoin de moi ... »

Le félin aux yeux émeraude, attentif, l'interrogea d'une voix calme :

«  Comment ça ? »

Il trouvait ce petit lion un peu étrange. Dans un sens, ce n'était qu'une question de s'exprimer, Masika voyait bien que son interlocuteur n'allait pas directement au but dans ses dires et, en même temps de vouloir se faire voir comme un « lionceau qui connaît très bien son chemin et qui n'a peur de rien », il mettait en danger sa véritable intention. S'il n'avait pas de problème naturellement, ce petit aurait pu assister à une petite plaisanterie du fils de Kamba, mais puisque ce n'était pas le plus important à faire dans l'histoire, le Freelander se reprit et mit plus de détails dans sa deuxième question qui reprenait la première :

«  Qu'est-ce qu'elle a ta maman ? A t-elle besoin d'aide ? Tu ne pourras pas combler son besoin en restant ici. N'hésite pas à m'expliquer ton problème, tu sais, je ne mange pas des lionceaux, ou tout du moins pas à ce jour. » plaisanta t-il d'ailleurs.

Masika enroula sa queux autour de ses pattes, toujours à l'écoute du petit, bien même si, au fond, il se sentait un peu gêné : Il était vrai qu'à part les surveiller et aider les nourrices, il n'avait jamais réellement compris à parler avec les enfants … Il n'était pas une femelle, les femelles comprenaient mieux les enfants. Kamba comprendrait bien mieux que lui les problèmes du petit mâle noir.
Le félin ajouta :

«  Quel est ton nom, d'ailleurs ? Moi je m'appelle Masika. Mais tu peux m'appeler Masi', si tu veux. »

Son prénom signifiait Saison des Pluies. Il était fier de s'appeler ainsi, la saison des pluies ré-animait la Terre des Lions après la sécheresse.

Maman, tu me manques !

Le bambin ria en entendant Masika lui assurer qu'il ne mangeait pas les lionceaux, ou tout du moins pas à sa connaissance. Le lion chocolaté afficha un sourire bienveillant au petit, content secrètement que pour une fois, ses plaisanteries n'étaient pas mal vues. En même temps, ce n'était certainement pas Sharkan qui éclaterait de rire comme le lionceau, tiens  ! Oh non, ce tyran, lui, il était surtout susceptible. Les dires de Masika n'étaient même pas censés faire rire, non, ils exprimaient un peu ce qu'il pensait de lui, mais d'une façon non malveillante dont le Roi de Freeland, l'unique fois où il les avait entendu, était limite prêt à refaire le portrait du Kulishas.
Nostalgique, le félin aux yeux vert faillit en frissonner en pensant à ce sombre jour de son adolescence. Il ne secoua pas la tête pour chasser ses songes de son esprit, car son jeune interlocuteur aurait pu croire que ce geste était adressé à lui. Aucunement.
Masika se contenta de penser à autre chose tout en écoutant le petit aventurier aux yeux ambrés. Celui-ci lui jeta un sourire en se présentant  :

«  Moi, c'est Jinai. C'est Maman qui a choisit mon nom. Un nom de lion fort et courageux, pas vrai ?  »

Jinai ? Sans pour autant le penser sérieusement, le mâle brun du Freeland lui répondit gentiment  :

«  Bien sûr. Enfin, je ne suis pas spécialiste en nom, mais le tiens est pas mal, Jinai.  »

Ce qu'il disait n'était pas totalement faux, cependant. Jinai était un nom comme le sien, il était normal, mais sympathique néanmoins.
Jinai relança le sujet concernant sa maman  :

«  Ma maman … Je dois la défendre ... Elle pourrait se faire attaquer, ou même se faire tuer ! C'est pour ça que je dois rentrer ! Tu comprends ?  »

Le lionceau noir et blanc se redressa et fit quelques pas devant lui, devant Masika, avant de s'arrêter tout net pour jeter un œil autour d'eux. Le regard ambré du petit mâle se tourna vers l'adulte, et son sourire se fit … plus insistant. Le ton de sa voix fut peinant à être entendu lorsque l'enfant miaula  :

«  Et c'est certainement pas Kijivu qui la sauvera ...  »

Masika ne connaissait pas ce Kijivu, mais ce ne fut pas pour autant qu'il s'y attarda dessus. A son tour, le Freelander se redressa, et il proposa à Jinai  :

«  Et si je t'aidais à sortir de ces horribles montagnes humides, Jinai  ? Après cela, je suis certain que tu sauras rentrer chez toi pour venir en aide à ta mère  ! Je n'ai pas raison  ? De toute façon, avec ta mine, j'en vois déjà un très grand guerrier fort et brave. Elle sera contente de revoir son courageux fiston adoré. »

Prenant conscience de ce qu'il disait, Masika se prenait au jeu du lionceau en pensant … comme un enfant ! Enfin, bien sûr, il ne le prenait pas pour un idiot, c'était totalement différent. Lorsqu'il était petit, le félin à la crinière encore plus chocolaté que le pelage se souvenait que, jeune, il était créatif dans sa manière de visionner le monde des adultes et adorait lorsque les plus grands le suivaient, même s'il s'en doutait à la fin que ce n'était que de la comédie. En l'espace d'un instant, il avait encore plus de copains ! Même si le rêve était éphémère.
Est-ce que Jinai faisait de même ? Il ne pouvait le deviner.
Le fils de Kamba lui fit un petit signe de tête pour qu'il le suive. Pivotant pour se retrouver face au chemin qu'il avait prit, Masika tourna la tête vers le lionceau, et l'avertit :

«  Par contre Jinai, reste près de moi. Il suffirait d'une seule distance pour se perdre de vue à cause de la brume épaisse. D'accord ? Ne sous-estime jamais cet endroit, il est trompeur. »

Et il attendit que le petit s'approche de lui pour commencer sa marche, sagement.
S'il lui avait proposé de l'aider à sortir des montagnes humides, c'était parce que Masika avait comprit la difficulté du bambin à travers le sourire forcé de celui-ci. Enfin, c'était ce qu'il avait crû comprendre, car si ça se trouvait, Jinai s'en fichait de lui et voulait aller ailleurs. Dans ce cas, il en était désolé, et espérait que ce lionceau ne lui en voudrait pas à la fin du trajet.
Pour lancer la conversation et empêcher le petit mâle de s'inquiéter davantage pour sa mère, Masika lui affirma en souriant, tournant sa tête vers lui :

«  Tu sais, moi aussi, j'ai une maman. Elle s'appelle Kamba. Quand j'étais petit, je cherchais à la protéger, et je la protège toujours. Ou tout du moins … Je la protégeais avant. » Sans le vouloir, et pourtant ces mots l'avaient cherché, mais le visage du guerrier lui dessina un petit air attristé. Il soupira doucement en continuant son récit : «  En fait, une sorte … d'accrochage entre mon Clan et un autre s'est déclenché et elle a … hmm … disparu. Mais ne t'inquiète pas, ce n'est pas le Clan adverse qui en est à l'origine de sa disparition. Kamba est très débrouillarde et libre, je suppose qu'elle est partie quelques parts, je ne sais où, mais elle reviendra ... Si un jour tu repasses sur Freeland, je pourrais peut-être te la présenter. Non ? »

Son mensonge était réellement infiltré dans ses paroles. Mais il ne pouvait parler de la bataille sur Prideland à Jinai, ce genre de sujet n'était pas pour lui ! Alors, pour ne pas le perturber, Masika tentait lentement de changer la vérité, non pas pour la garder officiellement pour lui à jamais afin de cacher sa peine, mais pour éviter au lionceau noir de penser à de si ... sombres choses ! A côté, le Freelander acceptait froidement la vérité, même si elle était blessante à cause de l'absence de Kamba à ses côtés ...

Hors RPG:

Maman, tu me manques !

Masika regardait devant lui, maintenant que Jinai s'était choisit une place à ses côtés pour la marche. Du coin de l'œil il pouvait le surveiller désormais. Bien sûr, pour ne pas épuiser le lionceau, le Freelander veillait à ne pas marcher trop vite, car on remarquait bien pertinemment qu'entre un adulte et un enfant, la vitesse était différente à cause des avantages et des désavantages de chacun ...
Le mâle chocolaté regrettait presque, un instant, d'avoir parler de Kamba au petit. Il tourna la tête vers celui-ci, et constata que Jinai baissait la tête silencieusement. Masika s'apprêta à dire quelque chose, mais la question sèche du lionceau lui arracha la voix :

« Et toi ? Tu étais où pendant ce temps ? »

Où il était pendant ce temps ... ?
Le lion natif des Terres Libres racla doucement la gorge, mais ne répondit rien. Il en profitait pour se remémorer ces souvenirs qu'il avait gardé du visage de Kamba, de l'expression et des actes de chaque Freelander avant que Sharkan et son armée ne partent en guerre. On lui avait fait parvenir, lorsqu'il avait enfin remarqué la disparition de sa mère au Repère des Lions, que paraissait-il que le roi Sharkan l'aurait forcé à venir se battre avec son armée lors de la bataille. En vérité, c'était tellement flou dans sa tête qu'il ne pouvait expliquer ce qu'il avait retenu avec assurance ... Non pas parce qu'il avait mauvaise mémoire, mais comprenez, six mois, quand même ...
La seule chose dont il était sûr, c'était que Kamba était partie et qu'il ne pourrait plus la câliner avec amour comme il le faisait lorsqu'il était un lionceau.
La gorge de Masika semblait sèche, mais le Freelander répondit à Jinai, d'une voix peu claire à entendre :

« Quelques parts. Un lieu, où je pensais qu'il était bon d'y rester pour limiter les dégâts inutiles. »

Sur le coup, il était peu sûr que son jeune interlocuteur puisse comprendre d'où il voulait en venir. Mais il s'en fichait, ça ne le concernait pas vraiment.

Maman, tu me manques !

Jinai n'avait pas connaissance des souffrances de Masika, lorsqu'on lui avait dit qu'il ne verrait plus Kamba, qu'elle s'était envolée lors des affrontements entre les différents Clans.
Fuite, décès, ou autres, il n'en savait rien de la raison qui avait provoqué ce drame, et peut-être serait-ce qu'il ne voulait pas le savoir, finalement. Le Freelander était-il vraiment un si éternel … enfant  ?

Non, pardon, il s'était senti comme un enfant lorsqu'on lui avait parlé de la disparition de sa mère. La perdre de cette façon, de vieilles réactions qu'il adoptait autrefois dans son enfance revenaient à l'avant de son esprit mais il les repoussait. Au lieu de se conduire en adulte, de relever la tête, de soutenir le regard des autres et passer à autres choses, on lui chuchotait à l'oreille de pleurnicher, de s'isoler dans un coin en suppliant les autres de faire revenir «  sa si gentille maman  » … Mais il n'était plus un enfant. Il était adulte, pourtant il se pensait bien être l'un des seuls à regretter le temps passé lorsqu'il voyait, certains matins, ses anciens frères et sœurs de cœur partir en entraînement de combat. Le temps de leur enfance était magique, lorsqu'ils partaient tous en sortie à la jungle des gorilles pour venir y jouer ou pour aller l'explorer. Aujourd'hui, les seules sorties que les Kulishas possédaient, c'était celles où ils allaient se battre contre les intrus trop «  difficile à maîtriser  » ou pour régler des conflits en y venant aux crocs et aux griffes.

Masika ne regrettait pas d'avoir refusé de s'entraîner pour devenir un guerrier de Sharkan, seulement, peut-être que se changer les idées en s'améliorant dans des domaines dignes de félins ne lui aurait pas fait de mal. Se replonger dans ses souvenirs, son petit défaut favori, n'était pas bon pour son moral …
Ah zut, c'est vrai que y'a Jinai, à côté  ! Pauvre petit, les Grands Esprits ne l'ont pas épargné en me faisant croiser sa route.

«  Et c'était qui ces ennemis ? Peut-être que ta maman s'est battu contre eux et s'est faite kidnapper ! Tu ne veux pas aller la sauver ? Moi c'est ce que je ferais à ta place ! Je pourrais t'aider d'ailleurs !  »

Le lion chocolaté redressa les oreilles et lança un sourire à son plus jeune. L'aider  ? Quelle idée  ! Il devait se battre tout seul, merci. S'il n'était pas capable de se remettre les idées en place, au moins, on devait le laisser tenter de changer sa triste donne.
Même si Jinai était gentil, Masika ne pouvait … pas, se le permettre.

« Enfin non, moi, faut que je retourne protéger ma maman. »

Comme s'il lisait dans ses pensées, le fils de Kamba n'avait pas besoin de lui répondre. Il avait trouvé sa réponse bien avant même qu'on ne le lui dise.

«  Mais même sans moi, tu retrouveras ta maman, hein ? »

Il hocha la tête, lui jetant un regard rassurant.

«  Oui, ne t'inquiète pas. » Avec plus d'enthousiasme et d'un ton bien moins nostalgique, Masika ajouta, souriant «  Bien sûr que je la retrouverais. Tout comme toi qui retrouvera bientôt ta mère ! »

Jinai devait l'avoir remarqué aussi, mais la brume se faisait moins handicapante sur le terrain. Le chemin qu'ils prenaient se faisait moins en pente et la terre devenait bien plus dure et solide qu'au sommet de la montagne. Est-ce qu'ils ne se reverraient plus, après cette heure passée entre eux aux Montagnes Humides ?
Qu'importe. Si le mâle des Terres Libres ne revoyait plus ce jeune lionceau, alors il pouvait être au moins sûr d'une chose : Il deviendrait un grand et fort lion qui ne se plierait en rien du tout pour défendre sa mère et ceux qu'il aime. Qui sait, à l'avenir, s'ils se recroisaient ? M'ouais. Bon. La Terre des Lions était trop grande pour cela, si Jinai s'avérait être un voyageur.

«  Et toi Jinai, j'y pense, mais tu ne m'as jamais dit d'où tu venais. Moi c'est carrément simple à deviner, nous appelons les lions vivant sur Freeland « Les Freelanders ». Je suis un Freelander. »

Maman, tu me manques !

Maman, tu me manques !

Maman, tu me manques !