Je m’étais aventuré dans le cœur de nos terres, jusqu’à atteindre les collines blanches au Sud. Je me baladais sans aucune raison apparente. Le regard qui me balader de gauche à droite, je surveillais rapidement les terres. J’étais surtout plongé dans mes pensées et pensives sur mon avenir au sein du clan. Je remettais tout en doute dans ma tête aujourd’hui. Pourtant je ne devrais pas, c’est un état d’esprit de faible de penser ainsi mais depuis notre dernière bataille sur prideland le moral de chacun en a pris un coup. Même si je m’en sers pour m’entrainer davantage et aider les autres soldats à mieux se battre, parfois on a un coup de mou.

Alors que je m’étais arrêtée, j’entendis quelqu’un arriver sans chercher à se faire discret. Je tournais la tête et plantais mon regard sur le félin qui s’approchait de moi. C’était Kimya, l’ancienne nourrisse qui nous a élevés, elle et sa mère, moi et les autres Kulishas. Elle s’assit à mes côtés et d’une voix douce elle me saluait et me dit qu’elle n’avait pas eu l’occasion de me féliciter pour mon nouveau post et de mes efforts qui ont porté leurs fruits. Je lui souris alors. Elle doit bien être la seule à me féliciter. La plupart des autres membres du clan me regardent avec toute la noirceur du monde dans leurs yeux. Certains sont rongés par la jalousie, d'autres pensent que je ne serais jamais à la hauteur. Je fis un léger signe de la tête.

-Merci, j’espère juste que les fruits ne pourriront pas trop tôt.

C’était une métaphore évidemment. Je regardais la lionne avec une certaine désinvolture. Je ne m’étais jamais rapproché des nourrices. Elles nous avaient élevés, éduquer et garder mais je me suis refusé de créer tout lien affectueux avec elles. Je n’avais pas besoin de nouveaux parents.

-Sais-tu que les rebelles compte venir nous attaquer ?

Jusqu’ici, ils n’étaient pas encore arrivé, je les attends d’une patte ferme.

Kimya répondit alors qu’avec leur victoire, les rebelles ne tarderaient pas à relancer le combat. Selon elle, la victoire est un bon moteur d’action. Il est vrai, mais la défaite aussi. Quand je perds un combat, je ne veux pas rester sur un échec, je relance jusqu’à obtenir une victoire. Mais ici tout est différent. Lors de notre défaite nous avons perdu des effectifs, en trop grand nombre, ce qui nous empêche alors de lancer un deuxième assaut. Il nous reste alors qu’à attendre l’arrivée des rebelles.

Cela m’exaspère et me rend nerveuse. C’était comme si mon ancienne nourrice venait de le remarquer. Elle me demandait alors si je me sentais prête pour tout ça, pour ce qui se passerait après, quoi qu’il arrive. Je fronçais les sourcils et marquais un air mauvais à ses mots. « Quoi qu’il arrive » comme si notre destin était déjà tout tracé et que notre sort était funeste. Elle rebondit en expliquant qu’elle n’avait aucun doute sur mes capacités. Je déglutis.

-Physiquement, je suis entièrement prête pour l’arrivée des rebelles.

Rien qu’à prononcer leur nom, on sentait la haine que je ressentais envers ces misérables insectes. Je les écraserais tous jusqu’aux dernières si Sharkan me le demanderait. Mais je ne suis pas stupide, je n’y laisserais jamais ma vie à mon Roi. Je serais tiré mon épingle du jeu.

-Mentalement, je ne le suis pas si nous perdons cette future guerre. Elle sera décisive et je ne préfère pas penser a l'hypothèse de perdre, ça serait une forme de faiblesse.

La fin de ma phrase était froide, et je la soutenais du regard. Je entendais sous alors par-là que Kimya était faible ne pensait que nous perdrons peut-être cette guerre, si c’est vraiment ce qu’elle pense. En tout cas elle semble bien sceptique. Avec un regard assez dur, je lui demandais :

-Et toi, aura tu au moins le courage de participer à cette bataille ?

Ou restera-t-elle planquer dans un coin comme une peureuse. Je pencherais bien pour la deuxième option. C’est une nourrice après tout, elles n’ont pas l’aptitude au combat, toute leur vie elle la passe à élever des lionceaux. On ne sait pas se battre quand on passe ses journées à surveiller des enfants.

Kimya me répondit alors sur un ton qui se trouvait être tout aussi dur que le mien. Ce combat n’était pas le sien. Elle n’avait aucunement une carrure de guerrière et j’étais bien d’accord sur ce faite avec elle. Elle expliquait que la seule raison qui ferait qu’elle prendrait part au combat serait, que les rebelles s’attaqueraient aux jeunes, mais que si ce n’était pas le cas, elle ne bougerait pas son fessier.

Interloquait je la dévisageais. Elle est donc dans cet esprit-là. Elle restait là, sans broncher, me fixant de ses yeux bleus. C’est dans ces yeux-là qu’on pouvait voir l’horreur de la guerre, les ravages de ce qu’elle a fait et ses répercussions. La nourrice a vécu plus longtemps que moi, elle a connu la guerre qui nous a rendus, nous les Kulishas, orphelin. Je n’avais donc pas à la juger sur ses choix.

Kimya ne semblait pas vouloir en démordre, ne me lâchant pas du regard. Je fis de même, je ne baisse jamais les yeux lorsque je m’adresse à quelqu’un, que ce soit mon roi, un membre du clan ou alors un « parasite ». Depuis que notre souverain m’a confié la tâche de diriger les Kulishas, de les remettre sur les pattes pour le prochain affront, la reine parasite ne cesse de me jeter des regards noirs pleins de dédain. À chaque fois c’est un régal pour moi de lui adresser un sourire narguant.

La nourrice décrit alors mon regard comme étant trop dur, envers quelqu’un de mon propre clan, sur quelqu’un qui m’a permis de survivre. C’est sans la lâcher du regard que je serais mes lèvres. Elle n’avait pas tord. Je me radoucis et me décrispais.

-Comprends-moi, nous sommes tous à crans ces temps-ci.

Ce n’était certainement pas des excuses mais ma voix était tout comme. Je continuais alors d’un air perplexe :

-J’ai remarqué que certains commençaient à douter les uns des autres. Comment allons-nous gagnée ainsi ?

Je commençais à faiblir un instant, laissant échapper de la peur dans mon regard et ma voix. Je cherchais un brin d’espoir dans le comportement de la nourrice, quelque chose, auquel je puisse me raccrocher pour me redonner de la force. J’ai beau me donner des airs de dur à cuire, j’ai parfois mes faiblesses. De plus, cela fait plusieurs mois que je n’ai pas revu Uhucha, cela m’inquiète mais je n’ai pas le droit de partir de Freeland, le devoir m’appelle.

-J’ai l’impression que tout s’écroule.

Une note de peur pouvait s’entendre. Je la regardais un instant, pour ensuite lever les yeux au ciel, encore bleu, éclatant. Puis je tournais mon regard vers le repaire, il semblait tellement petit et ridicule d’ici. En le regardant je réfléchissais. Si Sharkan perd le pouvoir et que les rebelles reprennent leur place, je ne sais vraiment pas ce que je vais devenir. Tous mes efforts seront alors balayés d’un revers de la patte.

Kimya prit alors un air doux, comme elle avait l’habitude d’avoir lorsque les lionceaux avaient peur. L’espace d’un instant, j’avais vraiment l’impression d’être encore une enfant. La nourrice me conseillait alors de faire ce qui me semblait le plus juste, ce qui me semblait être bon. Mais comment je peux savoir ce qui est bon et ce qui les pas ? Pour moi ce qui est bon c’est d’être une modèle parfait pour les autres soldats et que Sharkan me voit comme l'un de ses meilleurs atouts.

La lionne continuait sur le faire que je n’étais pas choisie au hasard pour ce rôle qui est de chef des guerriers Kulishas. En effet j’ai beaucoup travaillé pour obtenir ce poste j’ai donné tout mon potentiel et j’essayais à chaque fois d’attirer l’attention de mon roi pour lui montrer à quel point j’étais la meilleure.

Je voyais la bienveillance dans le regard de Kimya. Cela me fit sentir en confiance et comme une chaleur rassurante j’allais déjà un peu mieux. La lionne continuait sur ses bonnes paroles. Il était normal selon elle que j’ai peur, tout le monde a plus ou moins peur en ce moment avec ce qui se passe. Le seul conseil qu’elle pouvait me donner était de se préparer à toute éventualité. Ainsi sur le moment venue j’aurais plus de facilité à faire mon choix sur quoi faire et j’hésiterais moins. Les paroles positives de la lionne beige me fils du bien et en moins je sentait une vague d’espoir.

-Merci Kimya, tu as su trouver les mots pour me rassurer.

Je fis alors un sourire rassurer à la lionne, pour lui montrer qu’elle avait réussi à me sentir mieux. Elle accentua la chose par une dernière phrase qui se révélait être vrai « On dit que chaque fin est un nouveau départ. » Elle avait entièrement raison. Les doutes s’échappaient de ma tête pour laisser place à une forte ambition de gagner. Je lui lançais alors quelques mots avec un air motiver.

-Je retourne patrouiller un peu, on se revoit au repère dans la soirée si tu y seras.

Je lui adressais un véritable sourire, la remerciant encore d’un geste de la tête respectueux. J’avais encore beaucoup à apprendre et ce n’est que maintenant que je m’en rendis réellement compte. Je tournais le dos à la lionne et partie surveiller les alentours.