Take Flight ♫

Il faisait encore nuit quand Hatari se mit en chasse. Par les chaleurs actuelles, il préférait chasser avant que le soleil ne soit haut dans le ciel, et se reposer à l'ombre dans la journée. Sans doute une habitude du désert qu'il avait conservé. Non pas que sa vie dans le désert lui manquait, mais c'était des habitudes de vie dictées par la nature qui avaient du sens et n'étaient pas là pour rien. Elles étaient efficaces. Ainsi, les lions du désert ne chassaient jamais en pleine journée. De même, lorsqu'ils voyageaient, ils s'interrompaient toujours durant les quelques heures où le soleil se trouvait haut dans le ciel, attendant qu'il fasse moins chaud pour reprendre leur route. L'aube et le Crépuscule étaient leurs horaires de prédilection. Et le grand mâle avait conservée ces habitudes. Il aimait chasser quand les animaux s'éveillaient à peine.

Ce matin-là, donc, il cherchait une quelconque piste pouvant le mener à une proie. Les temps se faisaient durs, il l'avait remarqué. Que ce soit à cause de la Guerre, ou du climat, les troupeaux d'antilopes, de zèbres ou de gnous diminuaient à vue d'oeil, ou bien migraient vers des endroits lointains. De même, les petites proies se faisaient plus rares, sans que l'exilé soit capable d'en déterminer la cause. La saison n'était pas plus sèche ou aride que certaines années, et pourtant. Il passa un long moment avant de détecter une potentielle piste, qu'il suivit avec attention. Un genre de petit carnivore. Qui allait tomber sur plus gros que lui. Et en effet, après une dizaine de minutes à suivre la piste, Hatari put enfin percevoir un petit fennec occuper à fouiner. Pas bien gros. Pas bien épais. Mais ce serait mieux que rien. Alors, après s'être tapi, et avoir attendu le moment propice, il bondit. Attraper sa cible ne fut pas bien difficile, et en quelques instant, il lui ôta la vie d'un geste parfaitement maîtrisé. Cela ne lui calerait surement pas l'estomac, mais qu'importait.

Attrapant sa proie entre ses crocs, il partit à la recherche d'un coin d'ombre pour s'allonger et manger son repas. Il dénicha une petite butte qui dominait les marécages, ombragée par un petit arbre au feuillage fourni. D'un pas souple, il se rendit donc au sommet, et s'allongea près du tronc. Là, il déposa sa proie, et commença son repas. S'il restait attentif à ce qui se passait autour, il ne craignait cependant rien. Sa vie en solitaire avait développé ses sens, et il pouvait sans mal détecter une présence, pour peu qu'elle ne soit pas parfaitement silencieuse. S'ajoutait à cela le fait qu'il fallait avoir du cran pour déranger un mâle dans la force de l'âge, d'autant plus lorsqu'il était occupé à dévorer une proie.

Clouds ♫

Tandis que ses crocs puissants déchiraient la viande sans difficultés, Hatari observait les alentours. Ces derniers temps, il était plus serein, sans réellement savoir pourquoi. Etait-ce parce qu'il avait repoussé sa visite sur Prideland, et donc l'échéance d'un passé bientôt éclairé ? En effet, il avait décidé de retourner dans le Désert rencontrer Vako, le nouvel Empereur. Il voulait savoir ce qu'il en était. Etait-il toujours banni, ou bien Vako l'inviterait-il à rejoindre les Jangowas ? Quoi qu'il en soit, le mâle n'avait aucunement l'intention de retourner vivre là-bas, il avait été trop déçu par ses compagnons de route. Sa vie en solitaire lui plaisait bien mieux. De plus, rien ne prouvait que Vako le laisserait en paix. Il pouvait très bien envoyer des groupes de Jangowas à sa recherche. En tant qu'exilé, Hatari n'était en sécurité nulle part. Aucune loi n'empêchait les lions du désert de le traquer, bien que cela se révèlerait fastidieux.

Peut-être était-ce aussi la mort d'Akili. Savoir que ce vieux lion ambitieux et orgueilleux avait été mis à terre était sans doute un soulagement. Hatari aurait aimé que ce soit de ses propres pattes, mais au moins, c'était fait. Akili était mort, battu par un jeune mâle qu'il avait sans doute considéré inexpérimenté. Erreur fatale. Ou peut-être pas. Lui qui s'était cru invincible avait été balayé comme un grain de sable. Et ce devant tout le Clan. Tel était le sort d'un Empereur. Un jour, le tour de Vako viendrait. Peut-être de la patte d'Hatari, peut-être pas. L'exilé n'avait pour le moment pas de motif à proprement parler, mais son entrevu avec l'Empereur pourrait tout remettre en cause. Néanmoins, il n'était pas encore temps de partir. Ce n'était donc pas son actuelle préoccupation.

Tandis qu'il finissait son repas, le vent porta une odeur légère, qu'Hatari sembla reconnaître. Observant le paysage avec attention, il remarqua bientôt une silhouette caramel qui se détachait. Reconnaissable parmi des centaines. Wakanda. Sans savoir qui elle était réellement, et ce qui faisait qu'avec elle, Hatari sentait toute sa rengaine refoulée, il l'appréciait. Plus que beaucoup. A dire vrai, elle était sans doute un des rares lions qu'il pouvait désormais qualifier d'amis. Ses anciens amis s'étaient pour la plupart transformés en ennemis. Son apprentie le haïssait désormais. Sa famille l'avait abandonné. Il y avait bien quelques lions avec qui il avait encore des liens, mais il ne les considérait pas comme des amis. Il ne restait que Jango. Et Wakanda. Cette lionne mystérieuse qui l'avait bouleversé. Il ne l'avait vu qu'une fois, et n'avait pas su quand il la reverrait, mais désormais que l'occasion se présentait, il ne la laisserait pas passer. Avec n'importe qui d'autre, il aurait détourné le regard, mais pas avec elle. Inconsciemment, elle l'aidait à avancer.

Se levant dans un geste souple, Hatari se mit à trottiner vers la lionne rayée, sans chercher à se cacher. Comme elle avançait tranquillement - à l'affut d'une proie, sans doute - il n'eut pas de mal à la rejoindre. Il s'écarta légèrement pour arriver de biais, et non par derrière. Il savait à quel point cela pouvait être dangereux avec un lion habitué à surveiller ses arrières, et il ne voulait pas brusquer la lionne. Quand enfin il fut non loin d'elle, il ralentit le pas, et s'arrêta, attendant qu'elle le remarque. Un léger sourire ornait ses babines, tandis que sa crinière ondulait lentement au rythme du vent.

[Pas beaucoup mieux xD]

Take Flight ♫

Dès lors qu'elle l'eut aperçu, elle se dirigea vers lui d'un pas tranquille. Un large sourire se dessinait sur ses babines, et ses yeux brillaient. Elle semblait aussi content que lui. D'une voix tranquille, elle le salua :

─ Hatari, je suis ravie de te voir. Je ne m'attendais pas à te croiser sur un territoire si désolé. Que fais-tu sur la Lande si je puis me permettre ?

Le grand mâle était tout aussi ravi. Wakanda avait quelque chose de spécial qui faisait qu'il se sentait bien en sa présence. Était-ce son calme ? Sa façon d'être ? Il était parfaitement incapable de dire ce que c'était, mais il appréciait de se retrouver en sa compagnie. Il s'avança quelque peu, pour se retrouver à ses côté, et la salua à son tour, à sa manière :

─ Wakanda.

La dernière fois qu'il l'avait vu, leur rencontre avait été un peu spéciale. Il faisait nuit, et l'orage montait. Il n'avait pas vraiment eu l'occasion de l'observer. Maintenant qu'il la voyait au grand jour, il constatait que les larges rayures qu'il avait aperçu couvrait tout son corps. Ses yeux était expressifs, et la mèche qui ornait sa tête la distinguait un peu plus des autres. Elle était différente, unique, à n'en pas douter. Facile à repérer, certes, mais on ne choisissait pas toujours qui on était. Lui-même possédait un pelage clair qui - aussi utile soit-il dans le désert - n'était pas forcément un avantage dans les terres les plus rocheuses ou dans la jungle. En même temps qu'elle l'avait salué, la lionne lui avait posé une question. Simple, banale. Mais la réponse ne l'était pas autant. Il détourna légèrement le regard - laissant planer un instant de silence - avant d'ajouter :


─ Je...Je n'ai plus d'attache fixe, je vais donc là où mes pas me mènent.

Comment lui avouer qu'il suivait les Pridelanders de loin ? Elle lui aurait demandé pourquoi. Et si lui expliquer aurait pu éclairer bien des choses, il n'était pas certain de vouloir lui raconter son histoire. Et son but. Il avait une revanche à prendre, et elle ne regardait que lui. S'il appréciait beaucoup Wakanda, il n'était pas sur de la connaitre assez pour pouvoir lui révéler de telles choses sans qu'elle le juge.

Addicted to Your love ♫

Un instant durant, elle avait posé sa tête sur l'épaule du grand mâle. Si ce l'idée de ce contact le mettait mal à l'aise, il n'en restait pas moins réconfortant. Elle le soutenait, ou du moins, le comprenait. C'était un premier pas en avant.

─ Tu sais Hatari, tu n'es pas le seul. Et il suffit parfois de ne faire qu'une seule rencontre pour pouvoir ancrer de nouvelles attaches. [..] Sais-tu qu'ainsi, j'ai trouvé une nouvelle voie vers laquelle m'orienter ?

Souriante, elle avait tourné autour de lui, avant de venir s'asseoir en face de lui. Nul doute qu'elle disait vrai. Hatari le savait bien, il n'était pas nécessaire d'aller bien loin pour trouver un nouvel univers où s'installer. Néanmoins, il avait appris à ses dépends qu'il était aussi très facile de tout perdre. Un simple mot ou un simple geste suffisait. Or, il n'était plus certain de vouloir prendre le risque de tout recommencer, pour tout reperdre à nouveau. Une lueur triste passa dans ses yeux, tandis qu'il songeait à cela. Ce fut le gargouillement sourd qui émana du ventre de la lionne qui lui fit relever la tête. D'une voix douce, il demanda :

─ Tu sembles avoir faim. Souhaite-tu que nous allions chasser ?

S'il avait tenté de paraître simplement serein, sa voix avait laissé transparaître son chagrin. Une infime nuance, que seul quelqu'un d'attentif pouvait déceler, mais qui voulait dire beaucoup. Beaucoup trop, peut-être.

[Désolé, c'est court ]

Addicted to Your love ♫

Tandis qu'il lui proposait d'aller chasser, elle leva vers lui ses prunelles à la couleur si original, et il ne pu que les admirer. Elle s'était relevé, pleine d'entrain, et avait sourit. Il la connaissait à peine, mais il se plaisait rien qu'à l'admirer. Pourtant, il n'était pas certain du bien fondé de ce sentiment qui l'animait quand il la voyait. C'était quelque chose d'inconnu et de profond à la voix, quelque chose qui était fort et qui lui faisait oublier le reste. Mais pour le moment, il ne pouvait - ou ne voulait - pas mettre un mot dessus. Plus tard, peut-être. Alors ils s'étaient mis en route, à l'affut de petites proies qui pourraient leur servir de déjeuner. La jeune lionne avait débusqué quelques suricates, et ils s'étaient séparés pour en chasser quelques uns.

Quand Hatari eut attrapé le sien, il ramassa la petite masse inerte dans sa gueule, et fit demi-tour pour rejoindre Wakanda. Il l'avait trouvé couchée là où ils s'étaient retrouvés, en train de l'attendre. A chaque fois qu'il la regardait, il ne pouvait s'empêcher de noter le pelage si caractéristique de la lionne, avec ses rayures et ses yeux, et se demandait d'où elle pouvait bien venir. L'exilé avait parcouru la terre des lions de bout en bout, et il n'avait jamais croisé de lion semblable à elle, or de telles rayures étaient forcément génétiques, il ne pouvait en être autrement. A ses yeux, cela signifiait qu'elle n'était pas d'ici, et qu'elle avait du faire un long chemin pour arriver ici. Néanmoins, il était encore trop tôt pour lui demander, ils se connaissaient à peine. Le grand mâle repris donc sa marche, et rejoignit la femelle brune, se couchant à ses côtés.

Hatari ne savait pas quoi dire, ni que faire. Au fond, il n'avait pas vraiment faim, il avait déjà mangé. Il avait simplement pensé que la femelle apprécierait de partager un repas pour calmer son estomac, mais il avait surtout eut envie de trouver quelque chose pour apprendre à la connaître un peu mieux. Et maintenant, il se retrouvait là, silencieux, sans savoir quoi dire. Des questions, il en avait beaucoup, mais elles lui paraissaient bien trop personnelles pour être posées maintenant, et il avait peur de vexer ou d'agacer Wakanda en les lui posant maintenant. D'un autre côté, s'il parvenait à ouvrir la conversation, alors il obtiendrait bien plus que ce qu'il désirait. L'exilé souhaitait simplement faire de la lionne une amie. Il ne pouvait ni dire comment ni pourquoi, mais il voulait pouvoir la revoir, et s'entendre avec elle. Imaginer qu'elle puisse disparaître était quelque chose d'insupportable, quand bien même il ne l'avait croisé que deux fois.

Tandis qu'il ruminait en silence, les yeux rivés sur le sol, Hatari n'avait pas touché à sa proie. Les questions lui brûlaient la langue, mais il avait peur de briser une amitié à peine naissante, comme si c'était une petite chose fragile. Au fond cependant, il ne voulait pas attendre. Il voulait apprendre à la connaître dès maintenant, qu'importe le reste. Alors il allait jouer. Il allait peut-être perdre, et se retrouver à nouveau seul et isolé, mais au moins, il n'aurait pas le regret de n'avoir rien tenté, et leur amitié naissante serait plus facile à oublier qu'une vieille amie. Et s'il gagnait, alors il aurait toutes ses chances pour la suite, quelle qu'elle soit. Lentement, la mâle clair tourna donc son regard brun vers la lionne rayée, et demanda d'une voix calme :

─ D'où viens-tu, Wakanda ?

[J'espère que ça ira, j'ai essayé de t'ouvrir un peu les possibilités de réponses, à toi de voir comment tu veux réagir :3]

Addicted to your Love ♫

Hatari avait posé sa question sans réserve, désireux d’en apprendre plus sur la jeune lionne, tout en espérant qu’elle ne le prendrait pas mal, et ne tournerait pas le dos. Elle avait gardé la tête basse un moment, lui faisant craindre d’être allé trop loin, mais bien vite il avait compris qu’elle cherchait simplement à rassembler ses idées. Cela laissait à penser qu’elle avait un passé difficile. Comme lui. Si elle n’avait pas voulu aborder le sujet, Wakanda n’aurait pas attendu avant de répondre, pas de cette manière. Finalement, elle releva les yeux, et sourit légèrement :

─ Eh bien tu ne va sans doute pas me croire, mais je suis une exilée. C'est une histoire stupide. Je suis née sans ces horribles rayures, j'étais juste une petite lionne qui n'avait rien demandé à personne, mais déjà à cet âge j'avais l'impression que le Destin se moquait de moi. Des choses graves se passaient au tour de moi. Je suis née sur des Terres lointaines appelées Terres de l'Oubli. Notre clan a failli connaître sa propre extinction. Et pour sauver notre avenir et restaurer la paix, le peuple s'est retourné contre le Conseil, bannissant son chef et condamnant ses futurs descendants à l'Exil.

Elle était aussi exilée. Comme lui. Pourtant, il ne l’aurait pas parié. Elle semblait être une voyageuse quelconque. Néanmoins, la question de l’appartenance à un clan s’était forcément posée à un moment, comme elle intervenait au moins une fois dans la vie d’un lion. Hatari ne connaissait pas ce qu’elle appelait les Terres de l’Oubli, pas même de nom, et il réalisa alors que la Terre des Lions s’étendaient sans doute bien plus loin que ce que les lions d’ici l’imaginait. Au fond, où étaient les limites ? Y en avait-il jamais eu ? Néanmoins, il ne dit rien, son instinct lui soufflant que la jeune lionne n’avait pas finit :

─ Pour en revenir à ma vie, tout se passa très bien, enfin plus ou moins bien étant donné que les catastrophes semblaient me suivre on m'en fit d'ailleurs très vite porter le chapeau, le réel drame se passa à mon adolescence lorsque je revins de mon rituel d'initiation qui devait définir ma place dans la société. L'arrivée de ces rayures scella mon destin. Car il se fait que ces rayures sont bien génétiques, elles viennent de cet ancien chef du Conseil qui semble être un de mes anciens ancêtre. Et les règles, étant ce qu'elles sont, j'ai été condamnée à l'Exil. Ma mère qui s'insurgea contre cette décision dut connaître le même sort. C'est alors que mon long voyage commença, avec Mäel un banni et sa fille Kisos.

Nul doute que ces rayures ne pouvaient passer inaperçues, et le grand mâle voyait ses dires confirmés ; seule la génétique pouvait transmettre de telles marques. Il était certain que les porter ne devait pas être facile à vivre, surtout lorsqu’elles rappelaient un passé aussi douloureux, rien que par leur apparition. Et contre ces choses là, personne ne pouvait rien. La nature avait des droits qu’il était impossible de contourner. Silencieux, Hatari laissa Wakanda reprendre pied face aux souvenirs douloureux qui faisaient perler les larmes à ses yeux – qu’elle ferma un instant – et se contenta de rester immobile. Il savait que son tour allait venir, et qu’il devrait aussi tout raconter, mais la lionne avait été honnête avec lui, et il en serait de même pour lui. Il ne cacherait rien.

─ Et toi Hatari, me parlerais-tu de ton passé?

Il détourna le regard, non par gêne, mais parce qu’il ne se sentait pas capable de soutenir le regard si particulier de la lionne en même temps qu’il faisait remonter à la surface de douloureux souvenirs. Bien sur qu’il lui raconterait, mais une question se posait à son esprit ; depuis quand était-elle là ? Wakanda connaissait-elle les clans et les mœurs qui régissaient la Terre des Lions, ou bien n’en avait-elle-même pas connaissance ? Son passé à lui y était étroitement mêlé, et si elle ne les connaissait pas, elle ne pourrait pas comprendre. Néanmoins, il estimait qu’elle aurait la justesse d’esprit de lui poser la question si elle n’était pas au courant. Inspirant doucement, il se mit à parler à son tour :

─ Je suis né sur Prideland, il y a quelques années de cela, avant que les récents évènements n’agitent la Terre des Lions. J’y ai grandit, jusqu’à une certaine nuit, où mon Oncle m’a emmené loin de chez Moi, sans que je sache pourquoi. Il est ensuite retourné dans le désert – là où il était né – et y est resté.

Le mâle au pelage clair marqua une pause. Jusqu’ici, sa voix n’avait pas tremblé, mais il savait parfaitement qu’il ne tiendrait sans doute pas jusqu’au bout. Il était difficile de voir ressurgir un passé qu’on avait enterré, tout en sachant que rien n’était encore résolu, et que plus rien ne changerait jamais.

─ J’ai donc grandit dans le désert, mon espoir de voir mes parents venir me chercher s’amenuisant peu à peu. Avec les années, je me suis fait à l’idée que personne ne viendrait me chercher, et j’ai construit ma vie comme je le pouvais. Les Jangowas ne sont pas réputés pour être très accueillant, et il m’a été difficile de faire ma place.

Il se souvînt des stratagèmes qu’il avait mis en place, petit, pour éviter Kifua. Son oncle était colérique et impulsif, et se montrait souvent violent avec lui. Preuve en était de la marque qu’il portait sur le nez. Pour un rien, le vieux mâle le battait ou le maltraitait sans que personne n’intervienne. Nombre de Jangowas avait vu le petit se faire malmener par le vieux lion, mais personne n’était jamais intervenu. Une raison de plus d’en vouloir aux lions du désert. D’une voix pleine d’amertume, il termina brièvement de raconter son histoire, allant au plus court dans il sentait une vague de colère et de chagrin déferler en lui :

─ Lorsque les Jangowas ont voulu chasser les Mositus de l’oasis, j’ai refusé de me battre. Akili a ordonné ma mort, mais j’ai réussit à m’enfuir. Et désormais, je suis un exilé.

Son ton s’était fait plus dur, et sa face plus figée. Des détails qu’il aurait pu ajouter à ses propos, il y en avait beaucoup. Pourquoi ne s’était-il pas battu. Qu’avaient fait ses compagnons Jangowas face à sa rébellion. Qu’était devenu ses parents. Pourquoi son Oncle l’avait-il emmené. Tant de questions qui se bousculaient aussi dans la tête du mâle clair, mais auxquelles il n’avait pas forcément de réponses.

[Ça m'inspire plus aussi, tant mieux !]

Addicted to your Love ♫

Un goût amer dans la bouche tandis qu'il songeait aux Jangowas - à ceux qu'il avait considéré comme des compagnons et qu'il aurait défendu coûte que coûte quand eux étaient prêt à le tuer - Hatari fixait un point à l'horizon, comme son passé houleux le devenait. Se relever, c'était tout ce qui comptait, désormais. Ce fut alors que quelque chose de surprenant se produisit. Wakanda se rapprocha de lui, et finit par l'enlacer avec ses deux pattes, comme pour le réconforter :

─ Le passé ne peut-être réécrit Hatari..Par contre, c'est nous qui décidons de notre futur.

D'abord mal à l'aise - presque réticent à ce genre de contact - le grand mâle se laissa faire, légèrement figé. Puis, petit à petit, il se détendit. Ce contact si doux et réconfortant lui rappelait le contact maternel, et aussi douloureux puisse t-il être, ce souvenir avait quelque chose d'unique. Il était bien, là, serré contre elle. Ils ne se connaissaient pas beaucoup, et si ça avait été quelqu'un d'autre, il était fort probable qu'il l'aurait repoussé. Mais Wakanda n'était pas quelqu'un d'autre. Elle n'était pas n'importe qui, et un instinct primitif soufflait de drôle de chose à l'esprit de l'exilé, qui tentait de ne pas y penser, tant cela paraissait improbable.

Décidant que le destin ferait les choses comme il le déciderait, Hatari se laissa faire, allant même jusqu'à s'appuyer sur la lionne pour renforcer leur contact mutuelle. Il savait avoir une histoire difficile, mais la sienne avait du être une épreuve aussi. Nul doute qu'elle savait ce que coûtait la perte d'un être cher ou d'un univers, et qu'elle connaissait le prix à payer pour se relever après être tombé à terre. Et ça, c'était quelque chose de particulier. Seuls les lions qui avaient vécu l'enfer pouvait se vanter d'être solide, et ne se perdaient pas en futilité. Si Hatari devait renouer avec quelqu'un, et trouver de nouveau une personne en qui avoir confiance, alors il ne voulait pas d'une lionne banale. Il voulait une lionne hors du commun, et semblable à lui. Comme Wakanda.

─ Mais que faire lorsque le futur semble incertain ?

Se décollant légèrement d'elle, il plongea à nouveau ses yeux chocolat dans le regard chatoyant de la lionne rayée. S'il était considéré comme un lion adulte depuis bien longtemps, désormais, Hatari savait néanmoins parfaitement qu'il n'avait pas tout expérimenté. Être exilé brisaient les liens sociaux, et avec eux l'apprentissage de la vie et la socialisation. En grandissant, dans un clan, il aurait sans doute trouvé une compagne avec qui partager sa vie, et perpétuer sa lignée. Mais désormais, en tant qu'exilé, il n'aurait plus cette chance. Du moins était-ce ce qu'il croyait.

─ Les temps changent, et je ne suis pas sur de savoir ce que je veux. Je suis perdu, Wakanda.

Addicted to your Love ♫

─ Lorsqu'on est perdu, il suffit de regarder le sens de la lumière. Notre lumière intérieure. Et d'écouter son coeur. La raison se suffit à la solitude, mais elle n'est pas bon guide, encore moins bonne compagne.

Il avait toujours pensé finir seul, pourtant. Seul, comme il l'avait toujours été. Mais aujourd'hui, Hatari n'était plus certain de le vouloir. Avec Wakanda, il entrevoyait de nouvelles possibilités qui - s'il s'était d'abord refuser à les penser - se faisaient désormais plus présentes. Néanmoins, malgré son âge, il ne savait rien de tout cela. Il n'avait pas eu le temps de grandir entouré de sa famille, et d'y constater les liens fraternels qui unissait un clan. Chez les Jangowas, la tendresse n'était pas de mise comme elle pouvait l'être chez les Pridelanders. Et désormais, le grand mâle se sentait désarmé.

Lui qui avait mis tant de temps à se forger une carapace n'avait jamais pris le temps d'écouter son cœur. La seule fois où il l'avait fait, il s'était retrouvé mis à mort, et condamné à se retrouver seul en exil. Depuis ce jour, il avait fermé toutes les barrières, et se refusait à les ouvrir à nouveau. Pourtant, Wakanda lui donnait l'impression qu'il pouvait à nouveau écouter son cœur, et qu'il obtiendrait quelque chose de bien meilleur. Quelque chose de précieux. Sa crinière ondula tandis que l'exilé se relevait. Dans un souffle, il chuchota autant pour lui-même que pour Wakanda :

─ C'est que mon cœur me souffle d'étranges choses.

Car oui, désormais, Hatari en était certain. Ce n'était pas de la simple sympathie qu'il ressentait envers Wakanda, ni même un sentiment protecteur. Non, c'était bien autre chose. Il l'aimait. Mais il était incapable de lui dire.

[Je pense m'arrêter là pour ce RP. On attends la fin des Events et on fait le suivant ? :3]