La créature était immobile. Sa peau écailleuse brillait ostensiblement au soleil, faisant ressortir ses teintes verdâtres. Les yeux mi clos, le monstre faisait le plein de chaleur, sans se rendre compte du danger qui pesait sur lui. Un prédateur, bien plus grand et massif que lui, avançait silencieusement dans sa direction. Ses énormes griffes raflaient le sol avec détermination, et ses pattes cheminaient doucement vers le dragon endormi. Ce dernier sentit alors qu'une menace planait non loin de lui, et bouger vivement la tête d'un côté, ses yeux globuleux fouillant les alentours. La lionne s'immobilisa, craignant que sa proie ne s'échappe, mais celle-ci ne l'avait pas repéré. La chasseuse fit donc encore quelques pas en avant, reprenant confiance. Trop confiance, visiblement, car la créature repéra sa présence, et fila, courant habilement sur le sol comme s'il glissait. La lionne lâcha un grognement et s'élança derrière elle, sans perdre un instant. La course poursuite allait être endiablé, mais la féline était prête à attraper cette proie. Se souffle devint rapidement haletant, et le dragon ne faiblissait pas d'allure. Pourtant, la prédatrice ne comptait pas laisser tomber, et accéléra d'avantage. Elle y était presque, elle allait l'avoir ! Plus que quelques centimètres, quelques millimètres... Il lui suffisait juste de tendre la patte à présent.

Les Grand Esprits décidèrent que l'instant était opportun pour qu'une minuscule racine vienne faire perdre l'équilibre à Tahora, qui s'effondra sur le sol et roula sur le côté, tandis que le lézard qu'elle coursait s'échapper. Elle se redressa et pesta. Elle était sur le point de l'avoir ! Elle aimait s'inventer des histoires dans laquelle elle était une grande chasseuse qui combattait des créatures mystiques et dangereuse, mais son imagination prenait toujours fin lorsqu'elle échouait lamentablement. Elle avait encore besoin d'entraînement, visiblement. La petite Pridelander soupira en s'asseyant sur le sol. Elle avait eu l'impression de pouvoir enfin attraper le lézard cette fois, depuis le temps qu'elle essayait. Elle ne devait pas se décourager toutefois, elle finirait bien par y arriver, il fallait juste plus de détermination et de volonté ! Elle continuerait de s'exercer tous les jours, jusqu'à ce qu'elle y parvienne, ce n'était pas plus compliqué que ça. Elle deviendrait, un jour, la meilleure chausseuse de son clan, elle se l'était promis. Elle comptait bien réaliser son rêve, et atteindre des sommets. Elle avait du talent qui plus est, elle ne l'ignorait pas, mais elle était encore trop jeune pour en percevoir toute l'étendu.

Tahora regarda alors autour d'elle, se demandant soudain où sa course folle l'avait conduit. Elle ne reconnaissait pas l'endroit, mais elle avait l'impression qu'elle se trouvait toujours dans la Lande. Le sol était boueux et il y avait quelques flaques d'eau et de vase tout autour d'elle, ce qui l'intrigua. Se trouvait-elle dans le fameux Passage Marécageux ? On lui avait déconseillé d'aller jouer là bas, mais comme toujours Tahora n'écoutait rien. Elle se demandait à présent si elle était seule dans cette terre inconnue à et ses yeux, et laissa son regard se promener autour d'elle. Le lézard avait bien disparu en tous cas, il n'était plus en vu. Les oreilles de la féline s'agitaient dans tous les sens, essayant de capter un bruit de pas ou quelque chose du même genre. Elle finit par apercevoir un félin un peu plus loin, qui semblait plus ou moins du même âge qu'elle. C'était un petit mâle, un peu plus grand qu'elle cependant, dont le pelage tout sombre était plutôt surprenant. Qui était-il ? Sans hésiter, Tahora s'approcha et s'écria :

- Eh toi ! T'es qui ? Qu'est-ce que tu fais là ? Moi je suis Tahora !

Toute notion de politesse oubliée, la jeune féline était désormais très curieuse de savoir qui était ce drôle de lion. Il n'était visiblement pas un Pridelander, ou en tous cas elle ne l'avait jamais vu parmi les siens. Et puis un lion de cette couleur, cela lui rappelait d'avantage les Mositus. Peut-être faisait-il parti de ce clan ? Elle n'allait pas tarder à le savoir.

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Depuis qu’il avait prit en âge et en carrure Sadaka était autorisé à aller visiter la lande sans être accompagné. Auparavant il aurait été ravi de cette nouvelle - il n’était pas mécontent, loin de là, mais il sentait que c’était normal, la suite logique de son avancement dans la vie. Il ne trépignait plus comme il l’avait fait enfant, gagnant en patience et en humilité, l’enfant avait juste souris quand sa mère avait donné son accord pour une escapade plus retirée. Un léger merci et il avait tourné le dos à Kuzali pour s’en aller d’un pas lent et flâneur. Depuis leur sortie les rapports étaient différents. En un laps de temps très courts ils avaient survolés ensemble la palette des émotions dans son ensemble. Après ces hauts et ces bas, ils étaient finalement rentrés plus soudés que jamais, la confiance était à présent en place entre les deux êtres et cela permettait donc à la lionne du soleil à se montrer plus souple face à son fils qui grandissait. Cependant, il savait bien que tout n’était pas terminé. Il lui avait dit qu’il ne voulait pas qu’elle lui parle de son père si celle ci ne s’y sentait pas la force. Bien sur que, lui, ne lui demanderait pas, pour autant, il savait que tout ceci venait seulement de commencer. On ne peut éviter la montagne trop longtemps. La contourner est une option mais en rien cela n’implique que l’édifice disparait. Elle est là, présente et fière, droite comme un pique et faisant face à la brume, indestructible. Le secret que portait Kuzali était comme cette montagne, enraciné en elle et bel et bien réel. Un jour viendrait où elle allait lui dire, ou alors quelqu’un d’autre… Il le savait.

Un rien menaçait ce fragile équilibre du mensonge.

Cependant, il ne voulait plus y penser pour le moment. La route avait été longue et il avait eut la chance que peu de lionceaux de son âge n’avaient put saisir. Son voyage avait été merveilleux, baigné de découvertes en tout genre et il revenait d’ici encore plus savant. L’oeil hagard et entrainé par ce premier périple, l’enfant scrutait les environs avec l’esprit en éveil. Réfléchissant à l’eau, au sable, au cycle de la vie et de sa beauté. Il arriva alors dans un endroit qui ne ressemblait en rien à sa vallée. Ici le sol était humide - tout aussi sale mais d’une autre sorte de… saleté. Ici ça sentait mauvais, l’eau avait une couleur terne et verdâtre tandis que nageais quelques bestioles qui ressemblaient peu aux rares poissons qu’il avait eut la chance de voir. Il fit une moue grimaçante. Décidément, il n’y avait vraiment rien à faire de cette Lande sans charme. Soit un désert au sol sec, soit un marais dégoutant. Sadaka levait les yeux au ciel quand une voix enjouée l’interpella.

Le lionceau tourna la tête, oreilles dressées, pour découvrir devant lui une jeune lionne au drôle de pelage. En effet il dépassait cette dernière de peu et pouvait voir jusqu’au moindre détails qui constituait la jeune femelle. Elle avait au sommet de la tête trois petites rayures dansantes, accompagnées par des petites tâches en pagailles à côté de son museau. Ses yeux avaient une teinte très étrange qu’il n’avait jamais vu auparavant et son pelage gris et humide se voyait bien salit. Poliment il répondit à la dénommé Tahora d’un ton très cordial - toujours accompagné de sa légendaire retenue.

« Bonjour, je suis Sadaka. J’étais venue en exploration. Et toi ? » Certes, il se montrait curieux. Non, curieux n’était pas le mot, courtois serait plus juste. Après tout, il retournait simplement la question à la lionne, quoi de plus noble et gentleman ?

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En se sentant interpellé, le lionceau à la robe sombre se tourna vers Tahora, une lueur de curiosité retenue dans le regard. Il n'avait pas l'air particulièrement inquiet, un grand calme régnait dans le fond de ses prunelles, ce qui ne manqua pas d'étonner la petite Pridelander. Elle qui était une véritable pile électrique, toujours pleine d'énergie, elle était plutôt surprise de tomber sur quelqu'un d'aussi serein. Elle se sentit néanmoins longuement observé, comme si le jeune mâle prenait son temps pour la détailler avec soin. Elle avait également tout le loisir de le regarder attentivement à présent qu'il était tourné vers elle. Il avait de jolies prunelles orangés, mais maintenant qu'elle était proche de lui, elle pouvait constater que son pelage n'était pas exactement comme celui des Mositus. Les anciens habitants de l'Oasis avaient le poil plutôt marron, alors que celui du lionceau était presque noir. Quelque chose d'étrange la titillait, mais elle ne parvenait pas à définir quoi.

- Bonjour, je suis Sadaka. J’étais venu en exploration. Et toi ?

Un explorateur ? Voilà qui était intéressant ! Il était donc un voyageur ? Tahora faisait des rencontres drôlement intéressantes ces derniers temps, et elle n'avait pas s'en plaindre. Malgré sa loyauté sans faille pour Prideland, elle était toujours curieuse d'en apprendre plus sur les lions étrangers au clan, et les voyageurs avaient souvent plein d'histoires à raconter. Cela lui permettait de sortir un peu la tête de sa fratrie, avec qui elle passait le plus clair de son temps. Le comportement du lionceau était en tous cas plutôt particulier pour un enfant, il était très tranquille, aimable, et ne montrait pas une grande curiosité, pas visiblement en tous cas. Impossible de dire ce qui lui passait par la tête, tandis que Tahora était un livre ouvert. La moindre de ses émotions pouvaient se lire dans ses yeux, elle était incapable de dissimuler son enthousiasme. Et malgré l'attitude très calme de Sadaka, la petite Pridelander frémissait d'excitation, et avait ouvert de grands yeux sur le lionceau sombre. Elle espérait ne pas le mettre trop mal à l'aise à force de le dévisager, mais elle ne pouvait pas vraiment s'en empêcher. Il y avait toujours ce quelque chose qui la troublait, mais elle n'avait toujours pas identifier la source de cette curieuse sensation. Elle tâcha de ne pas s'y attarder, cela ne devait pas avoir d'importance. Peut-être simplement quelque chose dans l'air. Elle répondit donc d'une voix enjoué et énergique, en s'asseyant face au voyageur, bien décidée à poursuivre la conversation.

- Je m'appelle Tahora, et je suis Pridelander ! Plus tard je serais la plus grande chasseuse de mon clan !

Elle aimait bien rajouter ce petit détail lorsqu'elle se présentait, ce qui pouvait passer pour un manque de modestie, et c'était le cas, il fallait le reconnaître. Tahora souhaitait ardemment qu'on reconnaisse ses talents et devenir quelqu'un d'important pour sa tribu plus tard, malgré les origines de son père. Elle ne voulait pas que cela l'empêche de réaliser ses rêves, même si certains la regardaient encore de travers. Elle ferait changer ça, elle leur prouverait qu'ils avaient tord de se méfier d'elle. Son cœur appartenait à Prideland. Elle se secoua mentalement et posa les questions qui lui titillaient l'esprit :

- Tu viens d'où toi ? Tu vas rester longtemps sur la Lande ou tu es juste de passage ici ?

Elle était en effet curieuse de le savoir. Après tout, les vagabonds cheminaient dans toute la Terre des Lions et restaient rarement à un même endroit. Sadaka venait peut-être d'une terre où tous les lions avaient le pelage sombre. Maintenant qu'elle y pensait, c'était peut-être la couleur atypique de son pelage qui la troublait. Après tout, cette teinte presque noire n'était pas sans rappeler celle des Nyeusis, dont on ne cessait de lui parler, et dont son père faisait parti. Pourtant, ce n'était sans doute qu'une coïncidence. Sadaka n'avait pas du tout le comportement agressif et menaçant des Nyeusis. Oui, c'était simplement un hasard.

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Celle ci se présenta, plus énergique et souriante que lui. La dénommée Tahora ne faisait que trop peu preuve d’humilité. Une grande chasseuse. A ces mots il ne put s’empêcher de lui renvoyer un sourire. A grandir entouré de plus vieux il avait vite grandit et lui offrait à présent ce sourire protecteur et bienveillant. Comme celui d’un adulte qui regarde jouer l’enfant au loin en le voyant bercé de rêves et d’insouciance. Il ne voulait pas paraitre hautain, ça jamais, c’était juste… comme ça. Oui, il était différent, très différent de tout les lionceaux de son âge, et bien qu’il soit en quête perpétuelle de reconnaissance et d’autonomie, il avait du mal à se trouver dans ce grand mélange. Le sortant de ses rêveries la jeune lionne se mit à lui poser des questions. Il ignorait pourquoi mais il se sentait à l’aise tout d’un coup. Loin de sa famille, de ses habitudes et de son logis, il avait l’impression d’être dans sa bulle et Tahora s’y immisçait tout doucement sans que mal ne fasse.

« Je vis avec les miens dans la lande, ça n’est pas loin d’ici. C’est un peu compliqué, disons qu’on vit que tous ensemble, comme une grande famille, je n’ai pas de clan… » Enfin pour le moment… Depuis que Kuzali lui avait avoué son amour pour le Prince Kumpa, peut être que cela changerait la donne. Oui, ça changerait la donne… Bien qu’il s’en plaigne beaucoup, Sadaka s’était fait à son petit cercle et à leur habitat. De passé du statut d’errant à celui de Pridelander lui remuait l’estomac. Lui qui n’appartenait à rien allait se voir décorer d’un titre auquel il n’avait jamais prétendu. Il soupira un peu, pensant une fois de plus à l’amour naissant de sa mère tant aimée. Allait-elle l’oublier au fur et à mesure que la vie allait prendre le dessus sur leur réalité ? Elle lui avait juré que l’amour qu’elle lui portait était différent et indestructible, il la croyait, mais son ventre grimaçait malgré tout.

Il redirigea son regard doré sur la jeune lionne, presque étonné de son attachement à un clan.

« J’ai rencontré une fois ton prince tu sais… » Auparavant dire qu’il connaissait un Prince était une grande fierté, il se remémorait encore l’excitation qui avait prit possession de lui lorsque sa mère l’avait amené au baobab pour la première fois. Mais là tout était différent, non seulement Sadaka n’aimait pas beaucoup le grand lion couleur soleil mais en plus de ça ce dernier l’avait déçu. Il disait donc ça histoire de se sentir concerné, après tout si un jour on faisait de lui un Pridelander, autant s’intégrer doucement…

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Même le sourire du lionceau, qui avait pourtant un visage adorable d'enfant, avait quelque chose d'adulte. Son comportement n'était pas vraiment celui d'un jeune lion, il paraissait totalement maître de lui et de la situation. Peut-être avait-il vécu des choses qui le rendaient d'avantage sûr de lui que la petite Pridelander. Cette dernière ne manquait cependant pas d'assurance, et malgré ses rêves d'adulte, elle restait une enfant, passionnée et joueuse. Dans son regard pouvait se lire toutes les bêtises qu'elle avait envie de faire ainsi qu'une vive curiosité à l'égard de son interlocuteur. Son pelage avait certes quelque chose d'inquiétant, mais son comportement prouvait qu'il n'avait rien à voir avec des fous dangereux de Nyeusis. Tahora était bien placée pour savoir qu'il ne fallait pas juger quelqu'un à la couleur de ses poils. Si elle souffrait parfois du regard des autres, c'était bien pire pour sa sœur, Sahale, dont la robe était encore plus grise. Tahora avait de son côté suffisamment hérité de sa mère, même si son pelage était considéré comme beaucoup comme une marque de sa paternité.

- Je vis avec les miens dans la lande, ça n’est pas loin d’ici. C’est un peu compliqué, disons qu’on vit que tous ensemble, comme une grande famille, je n’ai pas de clan…

La jeune féline leva les yeux, son intérêt piqué. Sadaka ne vivait donc pas dans un clan, mais auprès d'un groupe qu'il considérait comme sa famille. Quel était la différence avec un clan alors ? Pour Tahora, Prideland était sa famille. Peut-être le groupe du petit mâle était-il plus petit, car Prideland était un grand clan, il ne fallait pas l'oublier. Le lionceau ne semblait en tous cas pas se plaindre de sa situation, et la jeune femelle devait bien admettre être curieuse de savoir où se trouvait sa troupe dans la lande. Elle ne se souvenait pas avoir vu un autre groupe près du Baobab, mais il y avait tellement de lions là bas ces temps, il était difficile de s'y retrouver.

- J’ai rencontré une fois ton prince tu sais…

Cette fois, les yeux de Tahora s'ouvrirent en grand, exprimant une grande surprise. Ce petit lionceau avait rencontré le grand Kumpa ? Quelle chance il avait ! La jeune Pridelander aurait donné beaucoup pour pouvoir passer quelques instants avec le meneur du clan, et lui montrer qu'elle deviendrait une grande chasseuse. Lorsqu'elle serait plus grande, elle était sûre que le monarque la remarquerait, mais il fallait qu'elle s'entraîne tout d'abord, et qu'elle perfectionne tous ses atouts. Elle se demandait néanmoins en quelles circonstances Sadaka avait pu rencontrer le futur roi. Une simple rencontre hasardeuse, ou la troupe du lionceau avait-elle eu un entretien avec le leader de Prideland ? Peut-être cela avait-il un rapport avec la guerre qui se préparait ? De nouveaux alliés pour récupérer le Rocher de la Fierté ? Tout cela était possible, et l'esprit de Tahora s'échauffait. Elle tâcha de garder son calme, mais ce ne fut pas une grande réussite. Elle s'exclama donc :

- Waouh, t'as de la chance ! J'aimerais bien rencontrer Kumpa moi ! Je ne fais que le voir de loin, et ma maman ne veut pas que j'aille le déranger. Il est très occupé c'est vrai, puisqu'il prépare la guerre. On va botter les fesses des Nyeusis grâce à lui ! Haha !

L'énergie et la soif de vengeance brillèrent un instant dans son regard. Elle voulait ardemment voir ce fameux rocher dont on lui avait parlé des centaines de fois et qui représentait l'honneur de leur tribu. Sa mère participerait sans doute à cette bataille, et peut-être pourrait-elle se venger de leur père, qui lui avait fait tant de mal. Tahora essayait de ne pas trop y penser, mais cette réflexion ne pouvait quitter son esprit. Kigeni ferait parti du combat. Pour se changer les idées, elle demanda :

- Comment ça se fait que tu ais rencontré Kumpa ? Ta famille le connait ?

Son sourire enjoué n'avait pas quitté ses babines, et ses yeux s'illuminaient d'intérêt. Elle était sûre que le jeune Sadaka avait beaucoup de choses passionnantes à raconter, et elle lui offrait deux oreilles très attentives.

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A cette déclaration la petite se mit à trépigner, elle avait l’air de trouver ça vraiment incroyable. Si elle savait elle n’en ferait pas des tonnes. Quant à sa guerre il en parlait beaucoup mais dans les faits Sadaka n’avait pas l’impression qu’il se remue vraiment - lors de leur dernière rencontre il disait son peuple fatigué et encore en état de choc. Que faire avec de tels guerriers ?

« Tu sais je pense que tu le surestime un peu ton Roi… » Avait-il alors balancé, grimaçant un peu. Sadaka avait en effet du mal à voire Kumpa vaincre ces fameux lions noirs dont on lui avait dépeint un portrait redoutable. Il n’étai pas fier d’avoir à descendre le lion doré face à Tahora qui, elle, semblait l’admirer plus que quiconque. C’était d’ailleurs assez incompréhensible pour lui. Qu’est-ce qui faisait qu’elle l’aimait tant et voyait en lui l’image d’un sauveur ?

« C’est ma mère qui le… connait. » Là c’était lui qui tirait mauvaise mine. La nouvelle était récente et la pilule avait encore du mal à passer. De plus, devait-il le dire ouvertement ou sa mère préférait, pour le moment, garder son idylle secrète ? Il posa ses grands yeux dans ceux de son interlocutrice qui semblait bouillir d’impatience et en demander d’avantage. Il était vrai que ses réponses avaient été relativement vagues pour l’instant et il ne lui en laissait pas beaucoup à se mettre sous la dent. Après tout, ça allait se savoir un jour ou l’autre.

« J’imagine que maintenant ma mère est disons… sa compagne. » Re-soupire. Non, il n’arrivait pas à s’y faire, que ça soit dans la tête ou dans les dires, quelque chose bloquait et lui donnait presque la nausée. Oui, il avait vraiment du mal à comprendre comment une lionne si brave et forte que sa mère pouvait s’être entiché d’un pseudo roi mollasson. Ca n’avait aucun sens. Lancé dans les confidences il enchainait alors :

« Mais moi je ne l’aime pas beaucoup… » Voilà, au moins c’était dit. Ca ne servait à rien de tourner autour du pot. Peut être que cette ultime remarque lui vaudrait les foudre de la jeune femelle au pelage gris mais au moins il jouait cartes sur table. Ca lui faisait presque de la peine de voir qu’elle lui vouait autant d’admiration, lui était persuadé qu’elle était bien plus entreprenante et motivée que son précieux Kumpa. Il lui sourit, doucement, afin de prouver que, malgré ça, il n’était pas un mauvais bougre et qu’il n’avait rien contre les Pridelander en général - juste leur roi, finalement si peu…

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Alors que Tahora débordait d'excitation, Sadaka semblait, quant à lui, plutôt hésitant, presque maussade. Un instant, la petite féline se demanda si elle avait dit quelque chose de mal, et espéra ne pas avoir froissé son interlocuteur. Malgré son caractère plutôt farceur, elle était dotée d'une grande sensibilité et d'un sens de la compassion important. Elle n'avait donc aucune difficulté à percevoir les changements d'attitude du jeune mâle. Elle ne pouvait toutefois pas deviner la cause de ce renfrognement, mais, au vu de son expression, elle n'allait pas tarder à en apprendre d'avantage.

- Tu sais je pense que tu le surestime un peu ton Roi…

La jeune Pridelander ouvrit de grands yeux ronds, complètement interloqué. Comment ? Surestimer son roi ? Mais Kumpa était un héros ! Il avait réussi à ressembler beaucoup de monde pour reconquérir le Rocher de la Fierté, il voulait se battre et ça c'était brave. Pour Tahora, le futur monarque était le seul capable de les guider contre les ennemis qui les avaient chassé de chez eux. L'enfant qu'elle était n'avait jamais connu la vie sur Prideland, mais elle ressentait le même désir que tous les membres de son clan de récupérer ce qui leur appartenait. Kumpa était le leader de ce vent de révolte contre l'injustice que les Nyeusis leur avaient imposé. Comment ne pas admirer le meneur du clan ? Sans lui, tout partait en fumée.

- C’est ma mère qui le… connait. J’imagine que maintenant ma mère est disons… sa compagne.

Cette fois, Tahora fut complètement sur les fesses. La mère de Sadaka... Allait devenir reine ? C'était complètement dingue ! Est-ce que le lionceau la menait en bateau ? Il avait pourtant l'air très sérieux. Enfin, maintenant qu'elle y réfléchissait, elle ne s'était jamais questionné sur la vie amoureuse du futur monarque. Cela ne la passionnait pas beaucoup, il fallait le reconnaître. Grand nombre de fillettes de son âge bavaient devant le corps musculeux de Kumpa, mais Tahora l'admirait surtout pour ses talents de leader, et car il allait leur faire gagner la guerre. Mais, elle ne l'avait jamais vu avec une lionne, à part sa mère. Le prince était-il amoureux d'une voyageuse ? De la mère de Sadaka ? Ce dernier n'avait vraiment pas l'air de plaisanter, mais Tahora avait tellement de mal à le croire... Il devait dire la vérité, c'était possible après tout. Pourquoi mentirait-il ? Pour faire une farce ? C'était plutôt digne de Tahora, comme comportement, pas de cet enfant au visage si grave. Enfin, ce n'était pas si bizarre que ça, en fin de compte. Kumpa était un adulte, et il voulait sans doute fonder une famille lui aussi. Il avait l'âge d'avoir des enfants, et ce depuis un moment. Des héritiers pour le trône de Prideland, ce n'était pas si mal. Et des nouveaux amis avec qui jouer donc ! Mais Tahora se projetait déjà bien trop loin.

- Mais moi je ne l’aime pas beaucoup…

Décidément, elle allait de surprise en surprise avec ce lionceau ! D'abord il lu annonçait que sa mère était la future reine, et maintenant qu'il n'aimait pas Kumpa. Enfin, cela s'était de toute manière sentit dans sa manière de parler de lui et de sa relation avec sa génitrice. Il n'avait pas l'air d'apprécier cet union, mais était bien obligé de l'accepter. Les choix des adultes dépassaient souvent les décisions des enfants. Tahora était curieuse d'en savoir plus sur ce que pensait Sadaka, peut-être savait-il des choses qu'elle ignorait ? Elle n'avait jamais parlé en tête à tête avec le roi après tout, elle ne connaissait que sa réputation, et ce que sa mère lui avait dit de lui. Lui avait-on donné une fausse image du souverain ?

- Pourquoi tu l'aime pas ? Il a été méchant avec toi ? demanda-t-elle, la tête penchée sur le côté.

Alors qu'elle venait juste de formuler ces mots, une autre question lui vint. Avec un sourire soudainement excitée, et les yeux brillants, elle lança :

- Mais eh, si ta maman est la compagne de Kumpa, ça veut dire que tu vas devenir un Pridelander ?

En effet, même si elle ne connaissait Sadaka que depuis quelques minutes, et que leur points de vue divergeaient, Tahora aurait été contente de le voir rejoindre son clan. Elle souhaitait apprendre à le connaître, lui qui était si différent des autres. Il sortait de l'ordinaire, et en cela, il était très intrigant.

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Méchant ? Non, le roi n’avait jamais été foncièrement méchant avec Sadaka, c’était même le contraire, il avait essayé d’être gentil, mais c’était trop flagrant pour être naturel et ce semblant d’hypocrisie avait légèrement froissé le lionceau. En plus de ça, il l’avait beaucoup déçu se part ses airs faibles et son allure fatiguée. Il avait peut être trop idéalisé ce que devait - dans les faits - représenter un roi, de quoi il devait avoir l’air, et Kumpa ne répondait en rien à ses critères. En plus de ça le fait de savoir que sa mère et lui s’aimaient ne le rendait pas plus objectif. Cependant la petit femelle semblait un peu vexé des mots de Sadaka, et bien qu’il ait son avis sur la question il ne voulait pas la froissé.

« Je… Disons peut être tout simplement que j’ai mes raisons mais non, il n’a pas été méchant, pas du tout… » Il voulait se rattraper un peu, faire bonne figure devant la jeune lionne au gentil regard. Des yeux emplis d’un joie communautaire qu'il ne connaissait pas. Elle semblait plus que fière d’être Pridelander et s’empressa alors de lui demander si, un jour, il rejoindrait leurs rangs.

A vrai dire il n’y avait jamais vraiment pensé. Cela semblait logique, mais en même temps il ne se voyait pas quitter la Lande ainsi que sa famille. Bien qu’il y ait des hauts et des bas tous s’habituaient plus ou moins à la cohabitation. De plus, Kuzali avec un Pridelander, Samekh avec l’héritière d’Outland… Il n’avait pas vraiment pensé à tout ça mais cette image lui fit tout drôle. Qu’avaient-ils avec les familles princières ? De plus, ces deux terrains là semblaient relativement éloignés. Il avait entendu dire que les Outlander étaient divisés et que la dénommée Tahani était en bon terme avec Prideland, mais dans l’idée ça faisait un fossé entre les deux chemins qu’ils empruntaient. Bien que Sadaka se doutait bien que leur situation ne serait pas pérenne il ne la voyait pas non plus se terminer, et surtout pas maintenant…

« Je… Je ne sais pas du tout… Je ne pense pas… A vrai dire je ne me suis pas tellement posé la question. Ca serait assez logique si ma mère et Kumpa se déclare aux yeux de tous comme un couple mais je ne sais pas si nous allons venir nous joindre à vous… » Il s’emmêlait un peu, dans les mots comme dans la tête.

« Désolé c’est un peu fouillis ce que je raconte mais je ne m’attendais pas vraiment à répondre à cette question et je ne sais pas quoi te dire. Tu as toujours vécu là bas toi ? » Il essaya de changer un peu de changer de sujet, trouver une échappatoire. Non seulement pour elle - après tout elle ne devait pas tout comprendre - mais surtout pour lui, il n’avait pas tellement envie de se projeter dans ce futur là, pas encore.

Il s’était peut être un peu précipité dans sa question cela dit, et il ne le remarqua qu’un peu tard. Il n’était pas très inquiet étant donné la joie que la petite semblait avoir à parler de son clan, mais il se doutait que son histoire devait être un peu particulière. Elle, tout comme lui, ne collait pas avec le Pridelander type, au moins physiquement parlant. Qui était-elle et quelle était son histoire ?

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Devant l'interrogation de la petite Pridelander, Sadaka sembla réfléchir. Tahora se demandait bien comment s'était déroulée sa rencontre avec le monarque qu'elle admirait tant, et ne pouvait que se questionnait quant aux sentiments négatifs du lionceau sombre. Kumpa faisait tout son possible pour rassembler une armée et vaincre les Nyeusis, en quoi pouvait-il être blâmé ? Il n'avait pas encore officiellement été couronné roi, mais pour tout le clan, il était le souverain légitime et personne ne pouvait remettre cela en question. La jeune féline à la robe grisâtre ne comprenait pas encore toutes les ficelles de la politique, mais elle rêvait du jour où son roi la regarderait avec respect, lorsqu'elle serait devenue la meilleure chasseuse de Prideland. Il lui tardait tellement de voir ce moment arriver ! Tahora reporta immédiatement son attention sur Sadaka, qui pris la parole pour essayer de détailler sa pensée. Il ne donna toutefois pas énormément d'explications, décevant un peu la petite lionne. Il avait ses raisons, d'accord, mais quelles étaient ses raisons ? Avait-il peur pour sa mère, qui était visiblement la compagne de Kumpa ? Ou peur pour lui ? Il enchaîna cependant sur l'autre question que la féline lui avait posée, toujours hésitant.

- Je… Je ne sais pas du tout… Je ne pense pas… A vrai dire je ne me suis pas tellement posé la question. Ca serait assez logique si ma mère et Kumpa se déclare aux yeux de tous comme un couple mais je ne sais pas si nous allons venir nous joindre à vous…

Il n'avait pas l'air enchanté par l'idée de rejoindre Prideland, ce qui ne pouvait que rendre Tahora perplexe. Avoir un clan était sans doute ce qu'il y avait de plus important dans sa vie, avec sa famille bien entendu. Tous ses rêves, son avenir, tout prenait sens car elle était aux côtés des siens. Elle attachait une telle importance à sa tribu qu'elle ne pouvait comprendre pourquoi Sadaka semblait réticent. Aimait-il sa vie de voyageur ? Ce genre d'existence n'intéressait pas la jeune femelle, qui, si elle aurait aimé voir d'avantage le monde, préférait évidemment rester avec son clan. Elle considéra Sadaka, la tête toujours penchée sur le côté. Ce lionceau était étrange, très différent d'elle. Jusqu'à présent, elle avait sympathisé avec tous les enfants de son âge qu'elle avait rencontré, mais cela semblait mal parti avec lui. Elle n'appréciait pas vraiment qu'il dise du mal de son roi sans s'expliquer d'avantage, et il aurait du sauter de joie à l'idée de devenir un Prideland. Il n'y avait pas d'honneur plus grand ! Tahora voulait bien faire un effort pour essayer de le comprendre, car elle lisait beaucoup de doutes et de questions en lui, mais elle ne pouvait pas tourner le dos à toutes ses convictions aussi facilement.

- Désolé c’est un peu fouillis ce que je raconte mais je ne m’attendais pas vraiment à répondre à cette question et je ne sais pas quoi te dire. Tu as toujours vécu là bas toi ?

Ses oreilles se dressèrent à nouveau sur son crâne, un peu surprise par ce changement de conversation. Il n'avait pas l'air de vouloir continuer à parler de lui, et cela pouvait se comprendre. Sa situation devait être assez compliqué après tout, Tahora ne devait pas l'oublier. Pour elle, les choses étaient si simples : elle était née sur Prideland et malgré son géniteur, elle était plutôt bien acceptée. Elle n'avait jamais du se poser la question de sa place au sein du clan. Sahale connaissait plus de difficulté, et devait d'avantage assumer le regard des autres, mais pour Tahora qui n'avait pas un pelage si détonnant, ce n'était pas bien compliqué. Enfin, si Sadaka voulait entendre son histoire, pourquoi pas après tout ? Ce serait peut-être un moyen pour eux de repartir sur de meilleurs bases, après ces quelques échanges un peu tendus. La petite lionne posa donc son postérieur sur le sol et commença, essayant de prendre la même voix que sa mère lorsqu'elle racontait des histoires avant de dormir.

- En fait, c'est un peu compliqué. Ma maman, Nawapa, vient d'une terre lointaine, où elle vivait avec sa famille. Mais la vie là bas ne lui plaisait pas, alors elle est partie, et elle est arrivée sur la Terre des Lions. Elle a rejoint Prideland, et elle a vécu au Rocher de la Fierté pendant plusieurs mois. Puis les Nyeusis ont attaqué nos terres, et le clan a du se réfugier sur la Lande. Mais ma maman... Elle...

Tahora baissa les yeux. Elle n'aimait pas cette partie de l'histoire. Elle eu finalement le courage d'affronter le regard de Sadaka, et continua, d'une voix ferme :

- Elle a eu des problèmes avec les Nyeusis, et l'un d'eux a été méchant avec elle. Heureusement, elle a pu rentrer à la Lande. Et puis on est né, avec mes frères et ma sœur. Je n'ai jamais vu le Rocher de la Fierté, mais tout le monde dit que Kumpa va le récupérer. J'espère qu'il y arrivera, comme ça je pourrais voir à quoi ça ressemble, et on sera débarrassé des méchants Nyeusis ! Et de mon père.

Le dernier mot de sa phrase avait eu du mal à sortir, et elle ne pu retenir une grimace. Elle n'aimait pas trop parler de son géniteur. Elle ne le détestait pas comme Sahale pouvait le haïr, mais elle l'avait rejeté de sa vie. Il n'était que source de honte, et n'attirait que le mépris des autres. Elle aurait aimé que son père soit un vaillant guerrier de Prideland, quelqu'un dont elle aurait pu être fier. A la place, elle avait un partisan des Nyeusis.

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Spoiler:

Il ne faisait pas bonne impression, il pouvait le lire dans les yeux de sa camarade. En même temps, quoi de plus légitime de la part de la jeune femelle ? Elle ne le connaissait de nul part et voilà qu’il se mettait à casser du sucre sur son clan à affirmer la tête haute que sa mère n’est autre que la future compagne de son roi chéri. Bon, Sadaka n’était pas si caricatural de par son attitude un peu gênée, cela dit, le propos restait le même. Cela dit, ça ne bloqua pas la petite lionne grise, elle se mit à lui raconter son histoire, sans demander son reste. A la fin de son récit Sadaka la regardait avec les sourcils hauts. Ces Nyeusis avaient causés du tort à beaucoup de monde… La lionne semblait assez déstabilisée par sa vérité. Son histoire à elle non plus n’était pas simple et le petit lionceau de suie se sentit alors moins seul dans sa vulnérabilité. Il ne se sentait pas apeuré ni faible mais juste perdu. Il en avait tant entendu - en ce qui le concernait lui - et en même temps si peu que la confusion avait fait de lui quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Tahora, au contraire, semblait confiante et entière dans sa personne. Elle connaissait d’où elle venait, ce qu’était sa vie, et maintenant elle allait de l’avant. A cette pensée il sourit, doux.

« Tu sais moi non plus je ne connais pas mon père… et semblerait qu’il ne soit pas un lion qu’on apprécie. » Il ne pouvait s’étendre comme elle à ce propos étant donné que ce qu’il venait de lui dire était tout ce qu’il savait. Il ne savait pas vraiment si il venait de faire cette confession pour lui remonter le moral à elle, ou pour se prouver à lui même qu’il n’était pas seul.

Il posa une patte sur celle de la jeune lionne au visage crispé. Ils n’étaient pas partis sur de bonnes bases, et Sadaka, de part ce simple contact, n’essayait pas de se racheter. Après tout, ça ne changeait pas son avis sur Kumpa, mais il voulait prouver à Tahora que tout deux n’étaient peut être pas si différents que ça.

« Tu sais ton père ça ne fait pas de toi ce que tu es… » Il voulait vraiment le croire. Lui ignorait qui était son géniteur - le saurait-il un jour ? Bonne question… - mais comment pouvait-il lui ressembler sachant qu’il ne l’avait jamais rencontré ? Sadaka pensait qu’on se façonnait non pas par des conditions physio/biologiques mais par les rencontres. Il avait beau vivre loin et dans un clan réduit, il avait eu la chance de tombé sur les bons, il fallait juste leur laisser la chance de faire partie de sa vie. Il ne voulait pas paraitre trop vague, ni qu’elle pense qu’il ait pitié d’elle ou autre, juste lui prouver sa réelle empathie. Lui comprenait la tension et même la honte qu’elle pouvait ressentir. De part son pelage peu commun il en déduisait qu’elle tenait ça de ce fameux père tant haï.

L’enfant retira sa patte, doucement.

« Tu as vu à quoi je ressemble. Je n’ai pas été épargné non plus… » Il ne sous entendait rien par rapport aux Nyeusis - après tout, comment aurait-il put ? Il ignorait tout de Mopanga et de sa ressemblance physique avec les Nyeusis. Il tenait juste à pointer le fait qu’il était différent et qu’il avait toujours été considéré ainsi.

Semi-Absence du 17/06 au 01/09

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kit(c)L// Sadaka parle en : #271e18

Le petit mâle écouta visiblement attentivement l'histoire de la petite féline, qui se battait en son fort intérieur contre des sentiments contraires. D'un côté, elle savait pertinemment que si certains Pridelanders la regardaient de travers, elle était tout de même accepté par le clan, elle et sa fratrie. Sa mère était devenue une vraie Pridelander, même si elle venait d'une autre tribu à la base, et cela avait permis à ses enfants d'être considéré comme membre du clan, malgré leur géniteur. Mais elle savait également qu'elle allait devoir déployer de gros efforts pour se faire remarquer et devenir importante dans Prideland, peut-être que d'avantage que certains lionceaux. Elle était déterminée à devenir la meilleure des chasseuses de la Terre des Lions, et ne laisserait pas la réputation de son père l'empêchait de réaliser son rêve. Elle avait cette profonde détermination encrée en elle depuis toujours, encouragée par sa mère et par ses frères et sœur. Le sourire de Sadaka la ramena à la réalité, provoquant un certain étonnement. A quoi s'était-elle attendue ? Le voyageur ne devait sans doute pas beaucoup connaître les Nyeusis, ce qui expliquait son expression adoucie.

- Tu sais moi non plus je ne connais pas mon père… et semblerait qu’il ne soit pas un lion qu’on apprécie.

Tahora le regarda avec curiosité, se demandant quel secret recelait l'histoire du lionceau de couleur sombre. Il n'avait pas l'air de vouloir poursuivre sur le sujet, mais peut-être n'en savait-il pas d'avantage lui-même. Ce court échange avait radicalement changé leur manière de se regarder, et, étrangement, avait améliorer leur relation. La petite Pridelander pouvait comprendre que Sadaka ai du mal à apprécier Kumpa, si ce dernier devenait le compagnon de sa mère. Tahora aurait du mal à ce que Nawapa rencontre quelqu'un et décide d'avoir d'autres enfants. Le jeune voyageur posa alors sa patte sur celle de la petite féline, provoquant chez elle un curieux mélange de sentiments. Elle n'avait pas l'habitude de ce genre de comportement compatissant à son égard, et elle ne savait pas trop comment y réagir. Elle se détendit néanmoins, reconnaissante envers le lionceau.

- Tu sais ton père ça ne fait pas de toi ce que tu es…

Son regard se plongea dans le sien, et en un instant, leur petite querelle fut oubliée. Tahora comprenait désormais qu'elle avait à faire à un jeune mâle d'une grande gentillesse, qui cachait beaucoup de choses en lui. Elle ne lui en voulait plus, et même si elle ne savait pratiquement rien de lui, elle avait l'impression de pouvoir le considérer comme un ami. Il avait raison, elle en avait la profonde certitude. Peu importait qui était son père, c'était ce qu'elle voulait devenir qui comptait. Elle avait bien l'intention de s'inscrire dans l'histoire de son clan, et ses origines ne seraient pas une barrière à son avancement.

- Tu as vu à quoi je ressemble. Je n’ai pas été épargné non plus…

La petite Pridelander le regarda sans comprendre. Son pelage sombre lui rappelait bien évidemment la robe de couleur noire des Nyeusis, mais était-ce que Sadaka insinuait ? Etait-il le fils d'un de ces monstres, lui aussi ? Ou soulignait-il seulement sa différence ? Tahora n'osait pas le questionner d'avantage, il n'avait pas l'air de vouloir en parler, peut-être même par ignorance. Nawapa n'avait révélé que récemment à ses enfants qui était leur père, et la jeune femelle savait que sa mère ne leur avait pas encore tout dit. Elle considérait qu'ils étaient trop jeunes pour connaître tous les détails, mais n'avait pas voulu leur cacher leur origines. Ils savaient qui était leur père, c'était suffisant. Sadaka n'avait pas l'air d'être dans ce cas. Sa mère avait-elle choisie de garder la vérité secrète ? Tahora décida de se concentrer sur ses précédentes paroles, et offrit un sourire confiant à son interlocuteur.

- Tu as raison. Nos origines, nos parents... Ce n'est pas ça qui définit ce que nous sommes. Je compte bien prouver à mon clan que je suis digne d'y appartenir, et je deviendrais la meilleure chasseuse de la Terre des Lions !

Elle avait parlé d'un ton puissant, le regard désormais droit. Elle ne se permettrait plus de douter d'elle, ni de remettre en question sa place sur Prideland. Elle avait des rêves, des objectifs, et personne ne la ferait dévier. Même ceux qui la regardaient de travers, même ceux qui parlaient dans son dos, elle mettrait un point d'honneur à leur prouver qu'ils avaient tord. La petite féline ajouta ensuite, d'un ton enjoué et taquin :

- Si un jour tu nous rejoins, tu auras peut-être l'immense honneur d'admirer mes talents.

Elle lui fit un petit clin d'oeil, consciente que le sujet était sensible pour le petit mâle. Elle espérait qu'il ne prenne pas mal ses paroles, elle essayait seulement de détendre l'atmosphère.

Tensions mises à l’écart la petite dévoilait ses grands airs. Elle semblait plus déterminé que jamais à devenir une chasseuse redoutable - et c’était tout à son honneur. Bien que l’enfant n’ai jamais réellement cru à la violence, ses longs moments de solitude l’avaient placés dans un entrainement inconscient et, à présent, il développait sa carrure de lionceau, promettant à un devenir tout en muscles. Admirer ses talents, c’était une drôle d’idée. Bien qu’ils viennent d’en parler Sadaka avait encore beaucoup de mal à se projeter. Il allait alors vivre en communauté ? A cette idée il frémit un peu. Vivre avec d’autres, en tout cas plus que sa petite famille… N’en ayant jamais eut l’opportunité il ne s’était jamais posé la question et ça ne lui manquait pas vraiment non plus.

Cependant, non désireux de rallumer les ardeurs patriotiques de la petite, il lui fit un gentil sourire.

« Oui peut être… » Il aurait bien voulu ajouter « ça me plairait » mais il ne se sentait pas d’être hypocrite. L’enfant se sentait assez mal à l’aise. Son esprit s’en allait un peu. Il se voyait là, parmi les Pridelander, entouré d’inconnus et d’une tribue soudée. Lui était proche de sa famille mais ils étaient tous très libres et avaient développés un vrai équilibre et une confiance en béton. Puis être sous la tutelle de Kumpa le révulsait tout autant que de s’imaginer prisonnier avec son peuple. Non, il n’était pas encore à l’aise avec l’idée et cette rencontre ne faisait qu’amplifier son non-désir de suivre sa mère dans cette nouvelle vie. La question ne se posait pas, bien évidemment qu’il ne la quitterait jamais, mais là ça faisait beaucoup en peu de temps.

Il déglutit, et dis, poliment :

« Ecoute Tahora je vais devoir rentrer, on m’attend là où je vis… » C’était un mensonge, plus ou moins. C’était juste que de voir cette enfant face à lui qui lui parlait du futur et vantait, des étoiles pleins les yeux, les mérites de son clan lui donnait envie de vomir. Elle n’était pas le problème, loin de là, elle était parfaite. C’est uniquement ce qu’elle représentait aux yeux du lionceau qui lui était intolérable. Il était livide, on ne pouvait mentir. Il fit alors demi-tour, accélérant la cadence pour éviter qu’elle ne le rapatrie à ses côtés. Il voulait fuir loin d’elle, loin d’ici, et surtout loin de Prideland.


_Fin pour moi, désolée un peu bref et Sadaka prend un peu la fuite mais en ce moment j'ai pas mal de trucs à faire IRL et je préfères pas laisser trop trainer De toute façon on se recroise très bientôt _

Semi-Absence du 17/06 au 01/09

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kit(c)L// Sadaka parle en : #271e18

Malgré sa tentative de faire de l'humour, Tahora remarqua bien vite le trouble dans le regard du petit lionceau noir. L'idée de rejoindre Prideland ne semblait toujours pas le mettre en joie, ce que la jeune féline avait du mal à accepter. Elle pouvait toutefois comprendre que Sadaka soit réticent à l'idée de quitter la vie qu'il avait toujours connu. Tahora rêvait que son clan retrouve le Rocher de la Fierté, mais vivre là bas lui paraissait étrange, presque incongru. Depuis sa naissance, elle n'avait connu que la Lande, c'était sa maison. S'imaginer en partir était presque douloureux. Sadaka devait ressentir la même chose, mais il devait en plus accepter un nouveau membre dans sa famille : un beau père. Tahora ne s'était jamais demandé si Nawapa trouverait un compagnon un jour, cela ne l'inquiétait pas énormément. La lionne aimait ses enfants plus que tout et n'avait pas d'autres objectifs que s'en occuper. Evidemment, ce que la petite femelle ignorait, c'était que sa mère avait éprouver de tendres sentiments pour Kigeni, son père, un pourtant très mauvais lion. Pour toute la fratrie, leur père était un vil personnage, décrit par Nawapa comme un allié des Nyeusis, un monstre. Pourquoi Nawapa l'aurait-elle aimé ? Tout ceci était bien difficile à comprendre pour un enfant.

- Oui peut être…

La jeune lionne regretta aussitôt ses paroles. Elle aurait aimer ajouter quelque chose, l'apaiser, lui dire que la vie dans un clan était belle, agréable, pleine de joie et de rencontres, mais aucun mot ne sortit de sa bouche. Elle n'était pas habituée à réconforter les autres, elle faisait plutôt des farces en temps normal. Que fallait-il faire lorsque quelqu'un avait l'air aussi déboussolé ? Tahora n'en savait rien. Elle avait toujours su où était son destin, elle ne s'était jamais posée de question. Il était évident que les Pridelanders récupéreraient leur territoire, qu'ils retrouveraient leur gloire d'entant et qu'elle pourrait réaliser son rêve. Que ressentait Sadaka, dont l'avenir était encore trouble et incertain ? Comment pourrait-il vivre auprès des Pridelanders s'il détestait tant cela ?

- Ecoute Tahora je vais devoir rentrer, on m’attend là où je vis…

Une certaine panique se lisait à présent sur les traits du petit mâle, la Pridelander ne savait toujours pas quoi faire. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais Sadaka filait déjà sans se retourner. Tahora poussa un long soupir et le regarda s'en aller, un étrange poids sur l'estomac. C'était la première fois qu'elle ressentait cela, comme une grande mélancolie mêlé à du regret. Était-ce de la culpabilité ? Elle aurait aimé rattraper le voyageur et l'aider, mais elle n'avait aucune idée de comment faire. Jamais elle ne s'était sentie aussi impuissante, aussi inutile. En désespoir de cause, comme si cela pouvait apaiser la peine qu'elle ressentait, Tahora s'écria, en espérant qu'il l'entendrait :

- Au revoir Sadaka, j'espère qu'on se reverra !

Il ne lui restait à présent plus qu'à retrouver chez elle, à retrouver sa vie tranquille auprès de sa famille, de ses amis, de son clan, loin des doutes et des interrogations qui habitaient le lionceau noir. Pourtant, elle le savait, au fond d'elle resterait toujours le visage perdu et triste du jeune mâle, et si les Grands Esprits lui permettaient de le revoir, elle l'aiderait, cette fois.


[Pas de problème ! A bientôt pour un prochain RP !]

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