Les deux voyageurs quittèrent le Cimetière des Éléphants plutôt rapidement, aucune hyène ne vint se mettre en travers de leur chemin. Baradi ressentit un certain soulagement en s'éloignant de ce territoire sinistre, et espérait que Zeke n'aurait pas d'ennuis. Le canidé leur avait permis de traverser ses terres, prenant un risque d'être accusé de trahison par ses camarades. Par chance, l'endroit était désert pour le moment, car la majorité des hyènes étaient partis se réfugier dans la Lande des Sans-Terre, comme les Pridelander et les Mositus. La féline songea avec amusement que la lande deviendrait bientôt le lieu le plus peuplé de la Terre des Lions, ce qui était assez ironique. Il faudrait peut-être renommé l'endroit la Lande de Tous les Peuples. Baradi avait l'impression de ne plus avoir vu la vallée depuis très longtemps, tant elle avait découvert des paysages différents. Pourtant, son départ ne remontait que de deux jours en arrière, les Mositus avaient avancés vite. Ils devaient cette rapidité à l'aide qu'ils avaient reçu, de Chombo Hiki notamment, qui leur avait permis de se reposer sur Outland dans une grotte qui lui appartenait. A présent, la nuit n'allait pas tarder à tomber, ils allaient devoir trouver un endroit tranquille où dormir.

Ils avaient parcouru le territoire des hyènes en silence, éprouvant chacun un certain malaise depuis leur discussion avec Zeke. Ce dernier avait demandé à Nsaï si la lionne était sa compagne, et cette question avait semé le trouble entre eux. Baradi ne savait plus comment se sortir de cette situation des plus gênante. Les sentiments qu'elle éprouvait pour son ami ne semblait pas réciproque, ou du moins elle n'en savait rien. Nsaï avait semblé gêné mais il avait répondu à la hyène par la négative, ce qui avait froissé la féline. Cette réaction était absurde, elle le savait, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Elle sentait que le mâle voulait parler de tout cela, et elle priait pour qu'il n'aborde pas le sujet. Comment pourrait-elle s'en sortir ? Si elle lui avouait ce qu'elle ressentait, et que ce n'était pas réciproque, il y aurait un grand froid entre eux et leur amitié serait peut-être brisé à jamais. Cette idée la terrifiait, car elle ne voulait pas perdre ce lion qui comptait plus que tout pour elle. Elle avait espéré que lors de ce voyage, il se rende compte qu'elle était devenue une adulte et qu'elle était digne d'intérêt, mais son plan n'avait visiblement pas fonctionné.

La jeune lionne glissa un regard vers Nsaï qui cheminait à son côté. Il semblait pensif, perdu dans ses réflexions. Baradi ne pouvait s'empêcher de se perdre dans son beau regard vert. Il ne ressemblait plus à l'adolescent un peu chétif qu'il avait été, il était devenu un lion massif, doté d'une magnifique crinière brune. La féline ne voyait pas les cicatrices qui barraient son visage, elles ne l'enlaidissaient pas à ses yeux. Baradi détourna les yeux, se sentant sa peau rougir sous son pelage, et se concentra sur la route. Elle eu alors le souffle coupé. Elle ne s'en était pas rendu compte, mais ils avaient bel et bien quitté le territoire des hyènes à présent. Une brume épaisse entourait à présent les lieux et s'étendait devant, encerclant des montagnes qu'ils avaient vu de loin lorsqu'ils étaient encore sur Outland. Ils étaient donc arrivé sur Freeland ? Il n'y avait visiblement personne aux alentours, mais ils n'étaient pas à l'abri pour autant.

- Il commence à faire sombre, déclara-t-elle en regardant autour d'elle. Essayons de trouver un coin tranquille pour passer la nuit, on pourra se remettre en route demain.

Prendre des directives l'aidait à ne plus penser à ce qui la tracassait. Elle aurait tout le loisir de réfléchir à cela lorsqu'ils seraient loin du danger, de toute manière. La priorité était de se mettre à l'abri. Il ne fallu pas longtemps à la féline pour repérer un gros buisson qui pourrait dissimuler leur présence et dont l'odeur camouflerait la leur.

- Regarde ! Là c'est parfait !

Sans attendre, Baradi s'y dirigea d'un pas enthousiaste. Elle s'assit à côté du buisson et resta attentive, au cas où un inconnu surgirait et les interpellerait. S'ils étaient bien sur Freeland, ils étaient en territoire ennemi.

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Spoiler:

Une nouvelle journée de voyage touchait à sa fin, alors que le ciel au dessus des deux voyageurs s'obscurcissait, et que derrière eux s'éloignaient le cimetière des éléphants et le territoire des hyènes. Le duo mositu avait avancé très vite, et Nsaï avait du mal à concevoir que seulement deux jours de marche les séparait de la Lande. Tellement s'était passé en si peu de temps, ou en tout cas c'était l'impression qu'il avait. Impression renforcée par les sentiments qu'il pouvait déceler chez Baradi. Elle en pinçait pour lui, il en était à présent presque sûr. Sans s'en rendre compte, Zeke avait tout éclairci dans l'esprit du mâle aux yeux émeraude. La hyène, en posant une question maladroite, avait créé une gêne entre les deux lions. Et la réponse de Nsaï, qui était pourtant honnête, semblait déplaire fortement à sa congénère. Elle n'était pas sa compagne, il l'avait dit, et à présent elle semblait vexée. Cette réaction n'aurait eu aucun sens, si la lionne brune n'avait pas eu de sentiments pour son ami. Il n'y avait plus de doute possible.

Mais tout n'était pas clair dans l'esprit du jeune lion pour autant. S'il était maintenant quasiment sûr que Baradi voulait plus que son amitié, il ne savait pas ce que lui voulait. Bien sûr le temps passait et dépouillait la femelle de ses traits enfantins, et oui elle devenait une belle lionne, oui elle gagnait en charme. Nsaï ne pouvait pas se mentir, il ne pouvait pas nier les faits. Mais que ressentait-il réellement pour elle ? Tout était flou dans sa tête, et bien que plongé dans ses pensées, il ne semblait pas pouvoir en faire quelque chose de concret. Au dessus de lui, les étoiles se montreraient bientôt, et il était évident que les deux acolytes allaient devoir trouver un endroit où se reposer pour la nuit. Mais le mâle brun était trop profondément plongé dans les tréfonds de son esprit, trop absorbé par sa réflexion, pour se rendre compte de ça. Quand il sentit le regard de son amie - s'il pouvait encore la considérer comme telle - se poser sur lui, il fit tous les efforts du monde pour fixer droit devant lui. Il avait trop peur qu'elle voie dans ses yeux le trouble qui le hantait.

Il regardait donc, sans véritablement y prêter attention, le paysage que l'on pouvait observer depuis le territoire de Freeland, quand il fut tiré de ses pensées par la douce voix de sa camarade de voyage.

- Il commence à faire sombre. Essayons de trouver un coin tranquille pour passer la nuit, on pourra se remettre en route demain.

Oui, elle avait raison. L'imbécile, il aurait dû s'inquiéter de ce genre de choses, plutôt que de se perdre dans les méandres de son cerveau ainsi. Ce qui n'avait d'ailleurs été d'aucune utilité, puisqu'il se sentait toujours aussi perdu. Ce fut donc Baradi qui prit les commandes, et ce fut elle qui dénicha l'endroit adapté. "Parfait", selon ses propres mots. Alors qu'elle se dirigeait vers le buisson qui les abriterait pour la nuit d'un pas enthousiaste et déterminé, Nsaï la suivit lentement et calmement. Il gardait à l'esprit qu'ils se trouvaient à présent sur des terres particulièrement dangereuses pour eux. Il balaya les alentours du regard, tendit l'oreille, essaya de déceler l'odeur d'un éventuel étranger. Rien. Ou bien ils étaient seuls, ou bien les lions de Freeland avaient un don pour se dissimuler.

La jeune Mositu se posa au pied de leur abris, et elle fut vite imitée par son ami. Ce dernier aurait voulu lui parler de ce qu'il avait deviné, lui dire qu'il était inutile de se cacher à présent. Mais il ne voulait pas qu'elle lui demande si ce qu'elle ressentait était réciproque. Il avait tellement peur de tout gâcher, de dire "non" et de passer à côté d'une belle histoire. Ou de dire "oui" et de se rendre compte plus tard qu'il s'était trompé. Il ne voulait lui faire de mal, il tenait trop à elle. D'un autre côté, il sentait que ce soir serait le soir. S'il n'abordait pas le sujet, elle le ferait. Devait-il prendre l'initiative ? Il se devait d'être honnête, et ce manège ne pouvait décemment pas durer plus longtemps. Ils étaient seuls. C'était le moment. Lequel d'entre eux le saisirait ?

Dans un effort qui lui parut astronomique, Nsaï leva les yeux vers Baradi, et se plongea dans les prunelles de cette dernière. Pouvait-il espérer qu'elle comprenne qu'il voulait lui dire ? Il était terriblement réticent à l'idée de s'exprimer à haute voix. Une fois que les mots résonnaient dans l'air, tout semblait tellement plus réel. Bon, assez tergiversé. Le lion rassembla tout son courage et prit enfin les devants.

- Hem... Baradi. J'aimerais te poser une question. C'est à propos de notre conversation d'hier soir.

...Apparemment, tout son courage se limitait à ça. Le rythme cardiaque de Nsaï avait augmenté, il appréhendait la réponse. Et en même temps, il espérait que sa congénère comprendrait où il voulait en venir, et qu'elle serait moins réticente que lui à l'idée d'avoir cette conversation là.

[Désolée du retard '^']

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Les paroles de la jeune lionne semblèrent sortir le mâle brun de ses pensées, et cela surpris la féline. Nsaï n'était pas si distrait d'habitude. Il ne répondit pas non plus, et se contenta de la suivre jusqu'au buisson, son regard fuyant. Baradi devinait sans mal que quelque chose n'allait pas, comme si le malaise qui les poursuivait depuis leur départ de la terre des hyènes venait de s'accentuer. Que se passait-il dans l'esprit du Mositus ? Baradi avait peur de le savoir. Il n'était pas idiot après tout, il avait bien du remarquer le manège de la femelle, et sans doute avait-il décidé d'y mettre un terme. Les temps des rêves et des idylles étaient donc terminés, elle allait devoir affronter la froide réalité. Pourquoi s'était-elle bercée d'illusions ? Evidemment, aux yeux de Nsaï, elle resterait toujours une amie, il l'avait vu grandir, il ne pouvait pas l'aimer, pas ainsi en tous cas. Elle avait pourtant cru, si fort, qu'elle pouvait lui montrer qu'elle était devenue une adulte. Son cœur se serra. Elle savait bien ce que son refus signifiait. Leur amitié en prendrait un sacré coup, et peut-être serait-elle détruite à tout jamais. Comment allait-elle pouvoir vivre en regardant Nsaï s'éloigner d'elle, jour après jour ? Et lorsqu'il trouverait l'amour ? Que pourrait-elle bien faire ? Rien, bien entendu. Elle ne pourrait être que la spectatrice de ces tourments. Pourquoi aimer était-il si difficile ?

- Hem... Baradi. J'aimerais te poser une question. C'est à propos de notre conversation d'hier soir.

Le regard du mâle se plongea dans le sien, et cette fois, elle y lu tout le doute, toute l'hésitation, et toute la peur qu'il éprouvait. Sans doute voyait-il la même chose dans ses propres prunelles, même si, à tout cela, s'ajoutait une lueur qui n'apparaissait que lorsqu'elle rencontrait les yeux de son ami. Ainsi donc, il s'était lancé, apparemment décidé à en finir avec cette histoire dès maintenant. Baradi du faire un effort immense pour ne pas détourner les yeux. Son cœur battait à tout rompre et l'angoisse enserrait sa gorge. Ou bien était-ce la peine ? Elle était résignée à présent, consciente qu'elle ne serait jamais plus qu'une amie pour le Mositus. A quoi bon en parler alors ? Etait-elle vraiment obligé de l'entendre de sa bouche ? Elle le savait, elle ne voulait pas qu'il le lui martèle. Elle pouvait pas s'esquiver cependant, elle devait affronter la chose une bonne fois pour toute. Elle devrait ensuite terminer son voyage avec lui, en faisant taire sa souffrance, et une fois de retour, elle le regarderait partir de son côté, et s'empêcherait de le retenir. Mais pour l'heure, elle devait se confronter à la réalité, même si cela lui causait grande peine. Prenant une grande inspiration, elle déclara, en faisant un ultime effort pour garder son sang froid.

- Je comprends. Enfin je veux dire, je sais que tu ne ressens pas la même chose que moi. Tu as toujours été là pour moi, et avec le temps, je pense que j'ai arrêté de te voir comme un simple ami. On se connait depuis tellement longtemps, je pensais que tu ne me regarderais plus comme l'enfant que j'étais...

Elle baissa la tête, retenant les larmes qui lui montaient soudain aux yeux. Son courage commençait à l'abandonner, elle qui avait pensé pouvoir affronter tout cela sans s'effondrer. Elle dégluti lentement, puis se redressa et se força à aborder un visage neutre, tandis que ses prunelles exprimaient tout son désarroi. Devait-elle ajouter quelque chose ? Sa gorge était toujours serrée, elle avait peur que les mots y restent bloqués ou que sa voix ne déraille. Elle ferma les yeux quelques secondes, et parvint à retrouver un semblant de calme.

- Je suis désolée d'avoir gâché notre amitié, murmura-t-elle.

Voilà, elle n'avait plus à dire à présent, et se sentait écrasé par tout cette épreuve qui lui avait paru insurmontable. Elle allait à présent devoir accepter la réponse de Nsaï et peut-être la laisserait-il dormir, ou du moins essayer. Elle pourrait toujours filer en douce lorsqu'il se serait assoupi. Où irait-elle ? Nulle part sans doute, il lui semblait qu'elle n'avait plus de destination. Tout n'était que ténèbres, tout n'était que doute.

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Spoiler:

Ce que Nsaï vit dans le regard de son amie lui déplut énormément. Il vit l'angoisse, la douleur, la résignation. Qu'avait-il fait ? Peut-être n'aurait-il pas dû attaquer ce sujet, peut-être venait-il de commettre une grave erreur. Il avait fait du mal à Baradi, c'était ce qu'il comprenait à présent. Sans le vouloir, sans s'en rendre compte, il avait fait souffrir celle qui comptait le plus à ses yeux. Comment pourrait-elle le pardonner ? Comment pourrait-il lui-même vivre en sachant ça à présent ? Si le fait ne pas avoir à dire quoi que ce soit aurait dû le soulager, il se sentait maintenant excessivement mal. Quelque chose se bloqua dans sa gorge alors qu'il observait, impuissant, sa camarade de voyage s'effondrer sous ses yeux. Elle qui était toujours optimiste, joyeuse... Nsaï se sentit coupable d'avoir effacé le sourire sur son visage.

- Je comprends. Enfin je veux dire, je sais que tu ne ressens pas la même chose que moi. Tu as toujours été là pour moi, et avec le temps, je pense que j'ai arrêté de te voir comme un simple ami. On se connait depuis tellement longtemps, je pensais que tu ne me regarderais plus comme l'enfant que j'étais...

Non, non, non, ce n'était pas ça qu'il avait voulu lui dire ! Elle n'était plus une enfant, c'était une évidence, et Nsaï aurait été bête de ne pas s'en rendre compte. C'était juste qu'il ne savait pas ce que lui même ressentait. Il aurait voulu lui dire ça, mais il resta muet, incapable d'articuler. Ce qui lui permit de se poser certaines questions, qui lui parurent alors très pertinentes. Pouvait-il toujours se permettre le luxe de prendre quelques jours pour réfléchir à la situation ? Ou bien devrait-il plutôt mentir et expliquer à son amie qu'elle avait raison, et qu'il était sûr de ne rien ressentir des sentiments dont elle faisait l'expérience ? Ne serait-il pas tout simplement monstrueux de la part du mâle brun d'offrir de l'espoir à son amie, sans savoir lui-même si cet espoir serait vain ou pas ?

Le flux des interrogations s'interrompit quand le Mositu vit que son amie avait baissé la tête, et comprit qu'elle luttait contre les larmes. Il avait envie de la rassurer, de lui dire qu'elle se faisait des idées, que tout irait bien et qu'ils vivraient ensemble pour le restant de leurs jours. Mais là encore, ça aurait été mentir, puisqu'il n'en savait rien. Oui, l'idée était fort alléchante, mais Nsaï se refusait à faire des promesses qu'il n'était pas sûr de pouvoir tenir.

- Je suis désolée d'avoir gâché notre amitié

Ce dernier murmure poussa le jeune lion à agir d'un manière qu'il ne comprit pas. Ce fut un geste absolument impulsif, irréfléchi, mais impossible à retenir. Il s'approcha de son amie et apposa son front contre le sien. Le contact de leurs deux têtes le calma immédiatement. Espérant que cela ait le même effet pour Baradi, il attendit que la tension redescende, avant de reprendre la parole. Cette fois, il aurait du courage, cette fois il irait jusqu'au bout.

- Tu n'a rien gâché du tout, c'est moi je... Écoute, j'avais deviné tes sentiments, mais j'ai eu beau réfléchir à notre relation, je ne sais pas ce que je ressens.

Nsaï se recula, ne lâchant pas sa congénère du regard. Il s'essaya à un sourire, se voulant rassurant.

- Crois moi, tu n'es plus une enfant à mes yeux, je peux au moins te dire ça. Mais je ne sais pas si tu es une amie ou plus. Je... J'ai besoin de temps. Je voulais t'en parler ce soir parce que je voulais être honnête avec toi, et voilà.

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Alors que Baradi sentait un poids douloureux lui écraser le ventre et les épaules, un frisson lui traversa l'échine. Nsaï venait de poser sa tête sur la sienne, créant une vague effroyable d'espoir dans le cœur de la féline. Avait-elle seulement le droit d'avoir de l'espoir ? A quoi ressemblerait la déception si elle se trompait ? Le mâle brun ne l'aimait pas, elle devait se le persuader, et ainsi elle aurait peut-être moins mal. Pourtant, il était là, près d'elle, et elle ne pouvait s'empêcher de savourer ce bref contacte qui faisait s'affoler les battements de son cœur. Comment pouvait-elle nier tout ce qu'elle ressentait pour lui ? Sa seule présence la bouleversait. Elle finit par se calmer légèrement, comme apaisé par la respiration douce du lion et par le contacte de sa crinière contre sa joue. Il pris enfin la parole, et Baradi eu l'impression que le temps s'était arrêté. Etait-ce le moment de vérité ? Le moment de voir ses maigres espoir fondre ?

- Tu n'a rien gâché du tout, c'est moi je... Écoute, j'avais deviné tes sentiments, mais j'ai eu beau réfléchir à notre relation, je ne sais pas ce que je ressens.

Il s'éloigna d'elle, à son grand regret, pour la contempler d'un œil qui lui sembla différent. La jeune lionne ne savait plus que penser à présent. Nsaï ne pouvait donc définir ce qu'il ressentait, ou était-ce juste une excuse pour ne pas lui faire trop de peine ? Elle était en droit de se poser la question, mais elle faisait également confiance à son ami, elle savait qu'il ne lui mentirait pas. Ou du moins, elle l'espérait. Au fond d'elle, elle voulait y croire. Elle voulait croire en la possibilité qu'il ait des sentiments pour elle, même si cela devait lui faire du mal. Le sourire du mâle se voulait apaisant, pourtant il existait encore tellement de questions, tellement de doutes... Baradi avait du mal à le regarder droit dans les yeux, elle avait tellement peur de le perdre, de le perdre à tout jamais.

- Crois moi, tu n'es plus une enfant à mes yeux, je peux au moins te dire ça. Mais je ne sais pas si tu es une amie ou plus. Je... J'ai besoin de temps. Je voulais t'en parler ce soir parce que je voulais être honnête avec toi, et voilà.

La féline baissa légèrement les yeux, toujours perdue. Elle ne savait pas si elle devait être rassurée par les paroles de Nsaï, ou encore plus inquiète. Aurait-elle préféré une réponse définitive ? Bon, elle aurait évidemment préféré que le mâle lui dise qu'il l'aimait, mais visiblement, il n'en était pas sûr lui-même. Que pouvait-elle faire à présent, à part attendre ? Elle savait que l'espoir était ce qu'il y avait de plus à craindre, car la déception en serait plus douloureuse encore, mais elle ne pouvait pas s'en empêcher. Elle redressa la tête pour plonger son regard dans celui de Nsaï. Les larmes ne perlaient plus ses yeux à présent, et malgré sa boule au ventre, elle avait réussi à reprendre contenance. Elle essaya un petit sourire, en vain.

- Je... D'accord. Je comprends. J'espère que tu pourras y voir clair bientôt.

Sa voix était un peu faiblarde à son goût, et manquait de confiance, mais elle n'était au moins plus sur le point de se briser. Elle allait donc devoir patienter à présent, jusqu'à ce que son ami ait fait le point sur ce qu'il ressentait. Combien de temps cela prendrait ? Elle n'en avait aucune idée, et ne pouvait pas vraiment lui poser la question. Elle devait simplement accepter la chose, elle n'avait pas le choix. Elle regarda autour d'elle, se rendant compte que la nuit était réellement en train de tomber, et prenant conscience de la fatigue dans ses muscles pour la première fois de la journée. Ils avaient beaucoup cheminé, il fallait le reconnaître. Elle lança donc, d'un ton qu'elle espérait un peu plus neutre, mais qui trahissait toujours ses conflits intérieurs.

- On devrait dormir maintenant. On pourrait essayer de chercher Jango demain, il y a des chances qu'il soit dans le coin. On devrait peut-être se séparer pour être plus efficace, et se retrouver ici demain soir, comme une sorte de point de ralliement ?

Sans qu'elle l'admette, c'était également un moyen de laisser Nsaï seul pour réfléchir à tout cela, car il aurait sans doute besoin d'un peu de solitude pour se plonger correctement dans ses pensées. Ils étaient beaucoup resté ensemble ces derniers jours, et si cela ravissait bien entendu Baradi, elle savait à présent qu'il fallait du temps à son ami pour savoir exactement ce qu'il ressentait. Elle l'interrogea du regard, attendant sa réponse.

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Spoiler:

La pression était redescendue, et même si Baradi semblait toujours triste, elle n'était plus l'être brisé que Nsaï avait entrevu quelques minutes plus tôt. Lui-même se sentait bien mieux, à la fois parce qu'être ainsi honnête le soulageait, et parce que son amie se sentait également visiblement mieux. Hélas, pour en arriver là, le mâle au regard émeraude lui avait donné le plus terrible des cadeaux empoisonnés : de l'espoir. Il espérait de tout son cœur que cet espoir ne serait pas vain, car faire souffrir Baradi à nouveau était une idée qui lui était insupportable. D'autant plus qu'il ne savait pas si cette dernière pourrait accepter de rester son amie après ça. La dernière chose qu'il voulait voir arriver, c'était de devoir se séparer d'elle... mais d'un autre côté, si cela était la seule solution pour que la jeune lionne brune ne souffre pas, il accepterait la sentence.

- Je... D'accord. Je comprends. J'espère que tu pourras y voir clair bientôt.

Oh, il nourrissait exactement le même espoir. Il aurait même voulu y voir clair déjà, mais le manque de recul l'en empêchait. Peut-être que s'il passait un temps éloigné de sa camarade ça l'aiderait... Non, il ne pouvait pas l'abandonner sous le prétexte qu'il avait besoin de réfléchir. Ils étaient en territoire dangereux, ils auraient besoin de rester ensemble. Et même si l'idée d'un peu de solitude semblait salvatrice pour Nsaï, il ne pouvait pas, après ce qu'il venait de faire, soumettre l'idée à Baradi. La soirée avait été bien assez douloureuse pour elle. Il serait bien trop cruel de la part du lion brun d'annoncer à son amie qu'il avait besoin de rester seul un temps. Et il devait penser à elle avant de penser à son confort personnel.

- On devrait dormir maintenant. On pourrait essayer de chercher Jango demain, il y a des chances qu'il soit dans le coin. On devrait peut-être se séparer pour être plus efficace, et se retrouver ici demain soir, comme une sorte de point de ralliement ?

... Enfin, si c'était elle qui proposait la séparation, il n'allait pas refuser. De plus elle avait raison, s'ils cherchaient le dénommé Jango, ils seraient sans doute plus efficaces en se séparant. Nsaï acquiesça.

- Tu as raison. Faisons ça.

Puis il s'allongea à l'abri du buisson, ayant hâte de la séparation du lendemain, puisque ce serait pour lui l'occasion rêvée de se décider sur ses sentiments, mais en ayant peur aussi. L'idée de rester loin de Baradi lui déplaisait assez, surtout sur Freeland. Et puis il avait également très peur de se retrouver seul au point de rendez-vous le lendemain soir. Si elle profitait de cette journée pour le fuir, lui, le lion qui lui avait fait du mal ? Il préférait ne pas y penser.

- Bonne nuit Baradi.

[Désolée, c'est bof-bof '^']

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Tandis que l'obscurité se faisait autour des deux lions, Baradi sentait une étrange mélancolie l'étreindre. Une étrange barrière la séparait de Nsaï pour le moment, une frontière qu'ils ne pourraient franchir ce soir. Le mâle avait besoin de temps pour réfléchir, et la féline le laisserait. Elle eu, durant un bref instant, envie que sa mère soit là. Moka et sa sagesse, voilà ce qui l'aurait bien aidé en cette situation. La réalité la frappa néanmoins. Sa mère ne pourrait plus le prodiguer ses conseils à présent, elle n'était plus là, elle était partie. Le cœur de la jeune Mositus se serra violemment et une boule se forma dans sa gorge. Pourquoi avait-il fallu que cette guerre brise sa famille ? Cela faisait plusieurs mois à présent, elle avait eu le temps de faire son deuil mais pourtant, la peine revenait de plus bel, la percutant en plein visage. Baradi avait la sensation d'être loin de tout, loin de son père, loin du Baobab, loin des Mositus, des siens. Elle avait attendu ce voyage avec impatience toute sa vie, et elle avait éprouvé une telle joie en parcourant ces terres inconnues... Tout ça pour en arriver là. Seule, aux côtés de Nsaï, celui qu'elle aimait. Cela aurait pu ressembler à un beau songe, mais le rêve avait tourné au cauchemar. Elle devait désormais attendre l'aube.

- Tu as raison. Faisons ça.

Elle esquissa un petit sourire et s'allongea, la tête posée sur les pattes. La nuit promettait d'être longue, tant son esprit était tourmentée. Quelle pensée pouvaient apaiser son cœur en ces temps de troubles ? Elle ferma les yeux, et les images du royaume du nord lui revinrent. Elle se souvint de sa rencontre avec Késhia, le roi de ces terres enneigées, un moment de joie et d'allégresse, d'émerveillement. Elle n'oublierait jamais ces heures passées à observer ce territoire magnifique et merveilleux. Ces images étaient gravées en elle pour toujours, tout comme le sourire serein du monarque au pelage immaculé. Ce souvenir calma la tristesse que Baradi avait ressentit plus tôt, la douleur s'apaisa.

- Bonne nuit Baradi.

Son regard glissa vers les cieux, contemplant les étoiles qui commençaient partiellement à apparaître. Oui, une bonne nuit, voilà ce dont elle avait besoin. Dormir, tout oublier, tout recommencer. Peut-être qu'en se réveillant elle constaterait que tout allait bien, qu'elle pouvait regarder Nsaï droit dans les yeux et lui sourire sans risquer qu'il la repousse. Peut-être pourrait-elle juste l'aimer sans avoir peur.

- Bonne nuit. Souffla-t-elle, les yeux clos.

Son souffle se fit peu à peu régulier, épuisée par toutes ces émotions et par la journée de marche. Elle avait bien besoin d'une trêve dans cette guerre qu'elle livrait contre ses propres sentiments. Baradi en avait assez d'avoir mal, assez pour ce soir en tous cas. Elle avait beau songé qu'il y avait pire dans la vie, son esprit ne cessait de lui demander ce qu'il pouvait bien y avoir de plus grave que l’insurmontable souffrance d'être amoureux. Elle s'endormit enfin, songeant que demain serait un autre jour. Un jour meilleur, du moins l'espérait-elle.


[Ton post est très bien ne t'inquiète pas ! Je te propose qu'on s'arrête là pour se RP et qu'on fasse comme on avait dit par MP (c'est à dire faire un ou deux RPs de notre côté, qui se dérouleraient le lendemain de celui-ci du coup) puis qu'on en fasse un nouveau pour faire "le point" sur la situation. A voir les détails en MP si tu veux ajouter quelque chose du coup !]

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