[Je suis navré d'avoir mis tant de temps à répondre à ce RP. J'ai beaucoup de travail en ce moment et l'organisation fumeuse, pour rester courtois, de mon école ne m'aide pas vraiment à bien m'organiser moi-même par rapport aux examens qu'il reste à passer et surtout à l'oral de soutenance de mon mémoire qui se rapproche à grands pas.]

Ce matin-là, comme presque tous les autres, Thamani s'était réveillée assez tôt. Sauf que cette fois elle ne s'était pas éloignée de son père et de son frère. Ce n'est pas bien loin d'eux que sa mère la retrouva et lui demanda de venir avec elle aux marécages pour l'aider à ramener des provisions au clan. Entendre que si elles se débrouillaient bien il serait possible de nourrir plusieurs lions pendent trois jours, la petite lionne ne fut qu'encore plus motivée à aider sa mère et commença donc à la suivre.

De Dhoruba, à n'en pas douter, Thamani avait hérité de la loyauté et de la fidélité sans faille envers leur clan, héritage dont elle n'était pas peu fière. Elle entendit sa mère dire à son père qu’elles seraient bientôt de retour, lui dit au revoir et suivit Dhoruba vers les marécages. Elle se retint de dire quoi que ce soit à propos de l’utilité d’être avec Akiam dans un cas comme celui-ci. Malgré tout l’amour qu’elle avait pour son frère, elle ne lui faisait pas confiance lorsqu’il s’agissait de passer à l’action et de se salir les pattes. Il était de notoriété publique que sa passivité et son pacifisme permanent l’agaçait, il n’y avait nul besoin de le dire pour que ça se sache.

Lorsque le lion crème vit sa compagne s'avancer vers lui, l'air particulièrement affectueuse, il ne put s'empêcher de remarquer son comportement étrangement câlin. Mais il n'en tint pas trop rigueur, répondant gentiment à ses caresses et la rassurant sur la protection de leur fils un peu fragile. Lui-même devait partir en patrouille sur ce territoire inhabituel qu'il fallait tout de même quadriller, mais il n'oublia pas de demander le regard d'une nourrice, Akiam pouvait être seul quelques instants, mais le lion avait pris l'habitude d'être extrêmement protecteur envers ses enfants.

Tandis qu'il observait la lionne caramel partir avec Thamani vers le marécage, il se dirigea alors vers les frontières, calculant mentalement le temps qu'elle devrait mettre pour ramener la viande de ce fameux gnou. Oui, normalement, il rentrerait avant elle, même en préparant ce qu'il avait prévu...


Cela faisait quelques temps qu'il la traquait, désormais... La lionne au pelage roux avait de très bons atouts pour elle, malgré son retard mental. C'était un risque à prendre, sur le résultat, il y avait des chances d'avoir un héritier tout à fait potable, il suffisait de voir les lionceaux qui lui tournaient autour... Kuzimu avait choisi, autant cela le répugnait, autant il sentait la force de l'instinct le commander de transmettre son histoire et ses gènes, la lionne que ses sens considérait comme la meilleure de toutes...

Il suivait dans l'ombre les mouvements de sa cible et vit la proie dans le marécage. Il resta sur place quand elle partit chercher de l'aide et un sombre plan s'établit dans son esprit lorsqu'elle revint avec une jeune lionne, qu'il identifia comme étant sa fille. Erreur fatale, Dhoruba, le démon allait savoir prendre avantage de la situation... Les suivant sous le couvert du fin brouillard, il les regarda, s'approchant chaque seconde un peu plus.

Et soudain, il comprit qu'il était repéré, la tension grandit chez les deux lionnes, il n'avait plus l'effet de surprise qu'il voulait utiliser... Ou, du moins, pas celui sur lequel il comptait. Il gronda devant la situation et se décida, il n'avait plus le choix. Il bondit brusquement hors de sa cache et chargea la plus jeune des lionnes, ne laissant pas le temps à une quelconque riposte, il attrapa la petite Thamani par le cou, la faisant lâcher son chargement qui tomba dans la boue.

Son précieux chargement d'échange entre les crocs, il fit face à la lionne déconcertée, grondant pour calmer cette lioncelle pleine de hargne.

Thamani avait clairement senti venir le danger. Thamani s'était préparée à détaler et à rejoindre sa mère pour faire face à cet ennemi. Thamani s'était vue combattre ce monstre au visage léonin aux côtés de sa mère. Mais qui était Thamani à présent, au juste ? Thamani n'était plus vraiment une personne, Thamani était un amas de chair, d'os et de sang prisonnier de ce féroce prédateur qui la tenait fermement entre ses griffes et ses crocs.

Bien sûr qu'elle avait peur, évidemment qu'elle était terrifiée, elle le savait et le sentait au plus profond de son cœur. Mais elle refusait d'en laisser paraitre quoi que ce soit, elle tenait bon et regardait sa mère, pas d'un regard la suppliant de venir l'aider, mais d'un regard empli de détermination. Elle gardait son sang froid, analysait calmement la situation et réfléchissait déjà à sa prochaine action.

Elle se souvint alors des paroles de son meilleur ami, ce lionceau de son âge qui répondait au nom de Marek, elle se souvenait de ces mots qu'il avait prononcés, les attribuant à son père adoptif, celui qui avant de mourir l'avait confié à une nourrice Pridelander. Elle se souvenait parfaitement de ces mots et les répéta dans sa tête, pour elle-même : « La peur est plus tranchante qu'aucune griffe. » Ce fut alors que Thamani entendit les paroles de sa mère et qu'une chaleur des plus intense, et des plus douce à la fois, prit place dans son cœur.

-Toi... Je... Te conseille de courir très vite ! Tu es venu pour la bouffe c'est ça ? Prend donc un morceau... Et dégage... A la rapidité d'un guépard parce que si je t'attrape je te tue, c'est clair ! LÂCHE MA FILLE !

- Viens donc prendre ton gnou, dégénéré désespéré... Il est tout à toi.  J'te laisserais tranquille... Lâche là et on rentrera chez nous sans rien dire.

Incapable d'en supporter davantage, Thamani mordit sauvagement la patte de son mystérieux agresseur. Si cela ne lui suffit pas à se dégager de sa prise, elle était trop ferme et la petite lionne n'avait pas la force physique nécessaire pour se libérer d'une telle emprise. Mais au moins, cette manœuvre détournerait momentanément l'attention du lion de sa mère.

Elle la regarda droit dans les yeux avec toujours cette même détermination qui brillait dans le regard. Le message était parfaitement clair et Dhoruba n'aurait aucun mal à le comprendre : j'ai confiance en toi et je suis prêtes, nous nous battrons ensemble et advienne que pourra, je donnerais tout ce que j'ai dans cette bataille. La force de sa volonté était clairement perceptible, elle n'avait pas renoncé car cela n'était pas dans sa nature. Voilà ce qu'est Thamani : une battante. Elle le tenait de sa mère.

Kuzimu grondait, l’œil tremblant nerveusement, Dhoruba l'avait reconnu et comme il l'avait prévu, s'enrageait devant son acte impardonnable. Si elle le menaça avec ferveur directement, Kuzimu ne lâcha pas la lioncelle et fixa la lionne, soufflant avec un étrange tremblement le parcourant, ce n'était pas du à la peur... Du moins pas la peur de la mère enragée.

Quand il la vit changer d'idée et lui donner sa proie en échange de la chair de sa chair, un sourire malsain et incontrôlé le prit, il serait partit d'un rire infernal s'il ne tenait pas la petite lionne qui tentait désespérément de se libérer de l'étreinte de ses crocs puissants. Ce n'était pas la viande qui l'avait attiré à elle. Pas cette viande.

La petite lionne finit par le mordre sauvagement à la patte, ce qui n'eut pour effet que d'enfoncer les crocs du démon dans la peau sensible de Thamani, un instant. Kuzimu lâcha prise, plus pour ne pas tuer la lioncelle que par résultat à l'action de la petite prisonnière. Il plaça sa patte sur le dos de Thamani pour la plaquer au sol et releva la tête, tremblant, les crocs serrés, l’œil fiévreux, non, c'était pas le même Kuzimu qui avait rencontré Dhoruba quelques lunes auparavant. Parlant avec presque autant de difficultés que la lionne mais pour des raisons plus obscures, le lion brun articula, d'une voix éraillée et rauque :

"Non... Je ne suis pas là pour la viande..." Il fixait la grande lionne rousse, un mélange de dégoût et d'attirance qui l'horrifiait lui-même, ses griffes formaient une cage autour de la petite lionne et ses muscles tendus tremblaient sous l'effort de retenir la patte meurtrière de s'abattre. Un râle s'échappa de sa gorge, incapable de paraître le poète de son rôle, aujourd'hui, il était véritablement un démon... Et démon il serait jusqu'au bout.

"Pas cette viande..." Précisa-t-il, de cette voix effrayante qu'elle n'était pas mesurée ou contrôlée. "Je veux... Je veux la tienne !" Finit-il dans un souffle rauque, grondant sans le chercher, toujours tremblant comme sous une fièvre.

Les paroles étrange du lion brun avait ébranlé la lionne mais elle se reprit bien vite, sautant sur l'occasion pour ordonner au démon de libérer la lioncelle. Grondant en réponse, Kuzimu sentit un souffle nouveau le porter à de nouvelles réactions. Il voyait la lionne se préparer à combattre, le démon n'était pas à vouloir une telle chose, mais il savait que cela ne serait pas évité.

"Alors qu'est-ce t'attends ? Viens la chercher ma viande."

Les muscles tendus et la gueule tremblante, le démon fixait de ses yeux révulsés la lionne. Il n'entendait que ce que lui hurlait ce terrible instinct et cela l'horrifiait. Jamais il n'aurait voulu faire ce qu'il allait pourtant commettre. Invité par Dhoruba, il racla la terre de la patte qui retenait Thamani prisonnière et l’éjecta le plus loin possible de lui tandis que ses pattes arrières se fléchissaient par à-coups non maîtrisés.

Crispé au sol, les griffes labourant la terre détrempée du marais, Kuzimu lâcha ses muscles, il ne pensait même plus, ses grondements était étriqués et désordonnés. D'un bond, il arriva sur la lionne préparé à le recevoir à crocs découverts. Si lui-même montrait les siens, il s'esquiva rapidement sur le côté aveugle de Dhoruba pour la plaquer rapidement au sol, ne serait-ce que par surprise, les deux pattes sur ses épaules et ses mâchoires trouvèrent la nuque de la lionne rapidement. Si son but était de la chevaucher, il lui fallait d'abord la surpasser en force. Il se savait puissant et plus qu'elle mais la haine qui l'animait présentement n'était pas en sa faveur.

Il n'en avait cure, en ce jour, il ferait ce que cet hurlement lui dictait, même si ça devait être la dernière chose horrible qu'il commettrait. Redoublant d'ardeur autant que de dégoût, le lion entreprit de maintenir la lionne au sol et la dominer en force totalement brute!

Peu importe ce que la grande lionne pourrait riposter, Kuzimu était désormais en proie à ses propres démons, les démons de l'instinct qui le poussaient à agir ainsi, quand bien même ce n'était pas son intention primale. Il y avait longtemps que sa raison avait perdu le combat, et en ce jour, les forces sauvages du lion brun était impératrices!

[Je suis navré de la médiocrité de ce post, je manque cruellement d'inspiration et j'ai déjà trop tardé à répondre à ce RP. J'espère que cela vous conviendra.]

Violemment projetée au loin comme un vulgaire fétu de paille, Thamani atterrit âprement au sol et mit quelques instants à reprendre ses esprits. En écoutant son coeur elle aurait volé au secours de sa mère elle-même, mais bien vite la raison la rattrapa. Ce lion était bien plus fort qu'elle et si quelqu'un avait une chance contre lui, c'était sa mère car elle était bien plus forte que bon nombre de lions.

Elle serra les dents et courut sans faire de pause jusqu'au baobab, dans l'espoir de trouver son père Alois et tous les renforts possibles. Son entrainement avait porté ses fruits et elle fut assez vite arrivée à destination. Elle chercha son père et finit par le trouver en compagnie de sa sœur Nolan, sa tante.

- Papa ! Tante Nolan ! Vite ! Au Marais !

- Maman et moi étions allés ramener une proie et un lion inconnu nous est tombé dessus. Vite ! Nous n'avons pas une minute à perdre ! Dit-elle en faisant demi-tour sur elle-même.

Elle reprit le chemin du marais et comptait bien les accompagner. Certes elle ne pourrait pas se battre, ce lion était plus fort qu'elle et le combat au corps à corps face à un tel monstre ne constituait pas une option envisageable. Mais elle pourrait toujours le déconcentrer par ses paroles, ou tourner autour de l'air de combat pour l'empêcher de se focaliser totalement sur sa famille.

Elle ferait tout ce qu'il lui serait possible de faire, car à ses yeux il était inacceptable qu'elle reste au baobab avec les autres alors qu'un tel danger planant sur les siens. Au diable Akiam, s'il avait été là elle l'aurait emmené lui aussi mais il était encore à flâner elle ne savait où. Qu'il y reste, il apprendrait ce qu'il s'était passé quand il se déciderait à refaire surface. Elle s'en retournait sur les lieux du combat, là où on pourrait avoir besoin d'elle.

Voyant arriver sa fille à aussi vive allure, le lion crème sursauta presque, l’inquiétude n’avait pas mis longtemps à arriver à yeux, la lioncelle était seule ! Où était Dhoruba ? Il l’apprit bien vite car Thamani n’attendit pas d’être à leur côté pour crier l’urgence et le danger. Le sang d’Alois ne fit même pas un tour, il sauta sur ses appuis et s’élancer sans même y réfléchir plus en avant. Sa fille courut à sa suite, elle voulait surement lui montrer le chemin et même les aider au combat, chose que le lion n’accepterait pas mais il n’allait pas prendre le temps de l’empêcher maintenant alors que sa compagne rousse était en danger… Un lion rogue l’attaquait, le lion savait que ça ne serait pas pour la viande qu’elle transportait ou ses beaux yeux, Dhoruba avait de bien meilleurs atouts et une occasion particulière pouvait guider les voyageurs à elle.

Subitement, il s’en voulait de n’avoir pu l’accompagner au marais mais il tacherait de se rattraper, coûte que coûte ! Nolan ne se fit pas plus prier, elle s’élança à la suite de son frère, tout aussi inquiète et n’hésita pas un instant avant de rugir l’urgence de la situation. Si des membres du clan étaient à proximité, elle espérait qu’ils viendraient à leur rescousse. La lioncelle semblait dire que le lion était réellement dangereux !

Dans l’esprit d’Alois, une seule chose importait, arriver à temps pour aider sa compagne contre le rogue en quête d’assouvissement primaire !


Maintenant la lionne de tout son poids, le démon n’avait pas prévu un tel retournement littérale de situation… Il ne prévoyait rien en ce jour, il jouait avec les mouvements et s’en esquivait des conséquences. Laissant régner ses instincts les plus primaux, Kuzimu montrait ce que son histoire avait fait de lui ; un guerrier de sang, poussé par des pulsions trop puissantes pour être contrées. Dhoruba s’était retournée de toute sa force pour l’entrainer au sol, instinctivement, il avait lâché sa prise et laissé la lionne rouler à terre. Elle lui faisait désormais face, à demi-couché au sol et les crocs prêts à l’attaque ! Et l’attaque arriva, lionne se jeta sur lui, visant sa chair avec une avidité ardente.

Le démon n’avait pas l’envie de fuir, ni de continuer le combat, cependant, la volonté qu’il lui fallait pour échapper à ses pulsions n’était pas au rendez-vous. Il bloqua ses muscles et fit face, prenant le choc de plein fouet et laissant Dhoruba refermer sa mâchoire sur son épaisse crinière, le protégeant partiellement d’une mortelle morsure et lui donnant le temps nécessaire de répliquer.

Grondant sous la douleur soudaine des crocs atteignant son cou, Kuzimu se redressa pour accompagner la charge de la lionne et se laissant retomber sur le dos, appliquant ses griffes sur les flancs de son adversaire. Au sol, il utilisa toute la force de son dos et ses pattes arrière pour rouler sur le côté, maintenant la lionne par sa propre volonté à vouloir le tuer. En se tournant, il se retrouvait au dessus d’elle, grondant de plus belle, il appuya sur le poitrail de la guerrière pour l’étouffer et la faire lâcher prise. Sans y penser, il savait qu’il devait agir le plus vite, il savait que la lioncelle allait revenir avec du renfort, mais il n’en avait cure, il éliminerait de son chemin tout obstacle !

Il sentait le sang battre à ses tempes, le goût du sang revenir à sa gueule par avance, il voulait mordre de plus belle la lionne et déchirer sa peau, pourtant, ce quelque chose qui l’avait poussé à engager le combat le retenait de déchaîner ses folies assassines. Il n’ira pas plus loin que l’horreur qu’il s’apprêtait à commettre ! Aujourd’hui, il ne tuera pas… Aujourd’hui…

[Je suis navré du temps que j'ai mis à vous répondre et de la qualité médiocre, à mes yeux de cette réponse. Lundi je devais le faire, mais la fatigue du voyage et la connexion à internet laborieuse m'en ont empêché. Hier, meilleure connexion internet mais manque de temps et d'inspiration pour vous proposer une réponse qui me paraisse valable.]

[Celle-ci ne me plait pas des masses non plus, mais je sais que je ne pourrais pas faire mieux donc je vous propose ceci, en espérant que cela vous suffise à avancer. Je suis encore désolé de la gêne occasionnée par tout ceci.]

Thamani suivait Alois et Nolan pour leur montrer le chemin. Elle voulait se mêler au combat, mais sa raison l'emporta sur sa volonté : quand bien même elle interviendrait, elle risquerait plus de gêner son père que de l'aider. Elle se mordit la langue, furieuse contre elle-même d'être aussi impuissante alors que ses parents auraient tant besoin d'aide. Elle ne put que rester auprès de Nolan, espérant sans grand espoir que le rugissement qu'elle avait poussé avant qu'ils partent avait été entendu par d'autres membres du clan qui auraient compris le danger.

La petite lionne ne comprenait toujours pas ce qui avait pu motiver ce lion à les attaquer sa mère et elle. Dhoruba l'aurait-elle offensé d'une façon ou d'une autre pour qu'il s'en prenne à elle comme cela ? Ou était-ce complètement gratuit et uniquement destiné à apaiser sa soif de sang et de violence. Thamani n'y comprenait plus rien, elle était perdue. Sa mère luttait de toutes ses forces et avait grand besoin d'aide. Elle enrageait d'être à ce point incapable de lui venir en aide. Et ce fut son agresseur qui finit par l'emporter, la plaquant au sol sans qu'elle soit seulement en mesure de lui opposer la moindre résistance.

Le hurlement de Dhoruba glaça le sang de Thamani dans ses veines. Si on lui avait demandé qui elle était ou ce qu'elle était, elle n'aurait pas su répondre. Elle ne se sentait plus être "Thamani", elle ne se sentait plus être une insignifiante petite lionne, elle ne se sentait plus être rien du tout sinon trois émotions : la peur, la haine et la souffrance. La peur de perdre sa mère, la haine envers ce lion qui s'attaquait à elle, et la souffrance qu'il leur infligeait avec tant de hargne. Elle ne pouvait pas intervenir. Elle ne pouvait pas fuir. Elle ne pouvait que regarder impuissante l'horreur qui se déroulait sous ses yeux d'enfant. Cette terreur, elle le ressentait clairement, ne quitterait jamais totalement son cœur.

Le combat continuait, la lionne n'était pas prête à s'abandonner, le lion grondait, sa folie le guidait vers l'horreur mais il s'effaçait, suivait, telle une ombre, ses pulsions. Il sentit les ergots de Dhoruba s'enfoncer dans sa peau, déchirant la peau fine et fragile des balafres reptiliennes de ses flancs mais aucun grognement n'accompagna le sang qui s'écoula des vieilles blessures rouvertes. Il se moquait de la douleur, il se moquait du sang, de son sang, il attaquait, il plaquait, il devait perdurer, quelque soit le prix!

Mais la danse des enfers n'en finissait plus et l'un des partenaires eut raison de la valse macabre. La lionne rousse s'épuisait à éviter quelque chose qu'elle ne comprenait qu'à moitié. Elle avait commencé à abandonner la lutte, Kuzimu avait attrapé la peau de son cou, de sa nuque mais dans un soubresaut, elle se releva et tenta de nouveau de lutter, sauvage et insoumise!

La patte griffue de Dhoruba toucha son but, si les lames naturelles ne touchèrent pas profondément la chair, le démon du reculer, ne serait-ce qu'un instant, lâchant la peau de la guerrière rousse! Il passa en un réflexe sa patte sur son museau ensanglanté, son sang, celui de la lionne, tout était mélangé, et les pulsions criaient de mélanger encore plus. Il releva la tête, fixant dans un grondement la lionne s'effondrer au sol, il l'avait vaincue... Il avait le droit, désormais de la posséder. Il s'avança vers elle, malgré la faible résistance qu'elle offrait, la pitié n'était plus là pour calmer l'esprit perverti du démon brun. Il plaqua ses pattes tout contre ses épaules et mordit la nuque de la lionne avec violence!

Elle cria, hurla à une aide que le démon ne voyait pas de partir, de fuir le combat qui venait de se terminer, s’enchaînant sur un autre, d'une tout autre nature.

Et elle cessa de lutter, enfin... Le démon gronda, ignorant de l'aide qui s'avançait à grande vitesse et ne voulant plus retarder l'échéance, il lui fallait perdurer, survivre, c'était le seul but de son corps, perdurer. Il maintint la lionne vaincu avec une violence qui semblait s'effriter, alors qu'il pénétrait en elle, la puissance qu'il avait mis en oeuvre pour la vaincre se transformait en dégoût et rejet. Pourtant, il continuait, il devait faire perdurer sa lignée, son sang, alors par à-coups, il libérait sa semence en elle, grondant par moment, la peau de son cou entre les crocs.


"ALOIS EMMÈNE THAMANI LOIN D'ICI !!!"

Ce hurlement, jamais il ne l'oublierait, ses yeux se firent encore plus ronds qu'ils ne l'étaient déjà et un rugissement s'échappa, puissant, brutal. Alois ne fuirait pas cependant, ils étaient déjà là. Ils avaient vu le démon l'emporter, mais le lion ne laisserait pas sa compagne seule, il l'avait promis.

Lui aussi hurla, non pas pour rassurer sa lionne de leur retrait, mais avec une colère sans nom envers celui qui s'attaquait à sa compagne, il rugit comme il ne l'avait jamais fait pour personne, rugit avec toute sa haine, tout son amour aussi, son amour bafoué et se rua sur le démon brun commettant l'impardonnable !

Nolan aurait voulu le stopper mais il était déjà trop tard, son frère avait bondi dans la bataille, enragé. Elle se posta instinctivement au dessus de Thamani, pour la protéger, mais aussi l'empêcher d'intervenir, d'en voir davantage, car elle connaissait le tempérament fougueux de sa nièce. Mais elle-même n'aurait pas voulu voir ce qui se passa, si vite qu'elle n'en oublia pas le moindre détail, ne réprimant aucun cri de détresse et d'horreur quand cela se produisit, des larmes impossible à retenir éclatèrent, elle rugit, cachant trop tard la vue de Thamani :

"ALOIS!"


Le lion crème s'était jeté de tout sa force et sa colère sur le démon, l'éjectant en arrière, le forçant à lâcher prise de sa proie, même si l'irréparable avait déjà était commis, le combat s'engagea, violence, les crins volèrent, le sang gicla, mais il fut bref. Alois n'avait jamais été un grand guerrier, il était fort, certes, mais se battre contre l'Enfer sur Terre était un niveau au dessus. Kuzimu, complètement engrené dans la folie qui le guidait, malgré cette once de raison qui lui avait susurrer de ne pas commettre pire qu'il ne l'avait fait, n'arrêta pas cette patte puissante et armée de sa trajectoire. D'un seul coup parfaitement, terriblement précis et brutal, Kuzimu éjecta le mâle crème à terre, le visage ensanglanté.

Alois n'essaya même pas de se relever, la douleur était grande, le sang s'écoulait en effusion sur le sol humide, il le savait, il était déjà mort... Son oeil droit le brûlait, il le sentait plus ce qu'il restait de son oreille droite... Il entendait à peine le grondement fatidique de Kuzimu qui le fixait, à quelques pas de lui. Le démon ne bougea pourtant pas, ses griffes portant le sang de sa victime, il ne bougea pas pour l'achever, se contenta, dans sa demi-sanité, de l'observer, recroquevillé à terre, se vidant de son sang, par sa faute. Il grondait, mais contre qui ? Ses yeux révulsés le montrait dans toute sa splendeur infernale, et pourtant il restait immobile, contemplant son oeuvre : une lionne déshonorée et perdue, un lion à terre, baignant dans son sang, prêt à mourir, une lioncelle et une lionne forcées de voir ce terrible spectacle. Qu'avait-il fait, sinon sa dernière atrocité ?

La douleur profonde et le choc avaient été tels que le lion crème avait rapidement sombré dans l'inconscience, apercevant dans un dernier flash sa compagne se trainer vers lui et offrir un fidèle rempart de sa personne envers le Démon qui les fixait d'un oeil fou.

Sa soeur, éperdue, s'efforçait de garder la petite Thamani entre ses pattes, l'empêchant de céder à l'impulsion familiale, elle-même y résistant à grand peine, espérant que Kuzimu soit suffisamment sensé pour épargner la femelle qu'il venait de saillir.


Rassemblant ce qu'il lui restait de force mentale pour observer les séquelles de ses actes, Kuzimu resta immobile, sous une tension critique qui le faisait trembler. La vue brouillée, l'odeur du sang emplissant ses narines et babines, le Démon fit un pas erratique en arrière, grondant comme possédé. Aucune paroles ne sortirent de sa gueule, il fixait le corps immobile du lion qu'il avait mortellement blessé.

Il voyait au-delà de ses actes, il voyait enfin ce qu'il venait de faire... Jamais... Pourquoi... Non... Mots parsemés en son esprit, peu de sens et pourtant une vérité.. La Vérité qu'il refusait, la Vérité qu'il haïssait, celle qui le tourmentait : celle de son identité, un monstre, toujours un monstre, incapable de changer... Pourquoi ? ... Trop tard.

"Trop tard." Quel était ce cri de douleur qui déchirait son coeur, son âme ? Qu'avait-il fait ? Le lion tremblait, le sang perlait encore, la pièce est jouée, l'épilogue s'ensuivra-t-il ?

Ecarlate destinée,
Funeste et triste sort,
Cette âme en remords,
Dans l'ombre, reste voilée.

Sans un mot, sans une raison, le Démon lâcha un ultime rugissement en quittant les marécages ensanglantés, disparaissant dans l'obscurité. Comment ? Pourquoi ? Tant de questions qui ne laissaient que des larmes.. Car une famille est brisée, mais que penser quand entre les mares proupres de la pire atrocité, les perles d'une infinie détresse coulaient sur les joues ensanglantées d'un pauvre démon anéanti à tout jamais.