Juste la mère et le fils partant tous deux à l'aventure, sans rien ni personne pour venir partager avec eux ce moment qui n'était que le leur. Kuzali n'avait pas menti au lionceau de suie et dès lors de leur retour auprès des leurs, la lionne dorée avait tenu à ce qu'elle et son fils se reposent avec excès pour être prêt à entamer leur petit périple. Bien qu'elle avait déjà arpenté les terres plus au nord, Kuzali ne s'était encore jamais vraiment aventurer là où elle comptait emmener son enfant, ce serait une découverte pour eux deux et elle était ravie de pouvoir partager ce moment avec son fils.

En digne petit lion qu'il était, Sadaka ne s'était pas plaint du voyage mais la mère avait su lire la fatigue de son fils aussi avait-elle régulièrement imposé des pauses pour permettre au lionceau de se reposer avant de finalement quitter la Landes des Sans-Terres. Cela faisait longtemps qu'il ne s'était pas retrouvé que tous les deux et la lionne dorée était aussi comblée que pouvait l'être son fils. Kuzali n'était pas dupe et savait parfaitement que ses absences pesaient au lionceau qui se retrouvait alors seul, dans un foyer où il était à demi-rejeté par le mâle de famille et où ne vivait aucun lionceau de son âge mais malgré ses nombreuses absences, l'esprit de la lionne était toujours vers son fils.

Sur ces terres, la faune était différente, plus fleurie et verdoyante. Respirer un air nouveau était toujours quelque chose d'agréable, d'autant plus lorsqu'il était partager en si bonne compagnie. Soucieuse de prendre le temps de découvrir les environs et d'agrandir les connaissances de son fils, Kuzali avait pris soin de ne pas avancer trop vite afin de prendre le temps de bien explorer les environs. Les deux compères avaient ainsi eu la chance d'assister à un terrible combat entre deux gnous qui se battaient sûrement pour un rôle dominant ou bien une femelle. Le fracas de leurs cornes avait causé un terrible remue-ménage dans les environs mais au moins cela avait-il permis à Sadaka de prendre conscience de la dangerosité de ces animaux. Dire que longtemps avant sa naissance, sa mère s'était attaquée seule à un buffle adulte... Heureusement que Samekh était venue la sortir de ce pétrin et la lionne n'avait manqué de conter cette histoire à son fils pour peut-être lui faire comprendre ce lien qui unissait la lionne dorée au lion de feu.

Chasseuse aguerrie pour son fils d'autant plus lorsque ce dernier l'observait, Kuzali s'était fait une joie de rapporter de la viande à son fils. Faute d'être seule, la lionne s'était attaquée à une gazelle isolée mais au moins avait-elle pu remporter la mise sans grande difficultés. Adorée par son fils et l'adorant en retour, Kuzali avait chassé avec fierté et noblesse, soucieuse de rendre fier ce petit lion qui l'avait observé plus loin dans les fourrées. Ils s'étaient ainsi nourris et la mère avait pu montrer au fils quelles parties de l'animal étaient les plus tendres et les lui avait cédé avec bonheur, ravie de voir son fils se régaler. Ils s'étaient finalement couchés dans une petite grotte improvisé, blottis l'un contre l'autre en se partageant leurs impressions de cette première journée.

Kuzali n'avait pas réprimander le lionceau pour son comportement avec le prince héritier de Prideland, Sadaka avait simplement été lui-même et jamais la lionne ne pourrait lui reprocher une telle chose, ce serait insensé. Kuzali ne pouvait pas forcer son fils à aimer les amis de sa mère et du moment que le jeune lion restait poli avec des derniers, cela de dérangeait pas la lionne. Kuzali avait conscience de beaucoup gâter son fils mais elle l'aimait tant qu'elle ne voulait risquer de le fâcher pour des détails qui lui paraissait futiles. Jamais elle ne le forcerait à aimer qui que ce soit et tant que son fils l'aimait elle, rien d'autre ne comptait à ses yeux.

L'aube du deuxième jour avait finalement pointé le bout de son nez, réveillant en douceur les deux endormis. Tous deux aussi pressés l'un que l'autre de partager d'incroyable moment, la mère et le fils s'étaient rapidement levés, prêt à attaquer cette nouvelle journée avant autant d'enthousiasme que la précédente. Tirant vers l'ouest, la lionne dorée avait emmené le lionceau de suie dans des endroits peu connus de la Terre des Lions sans pour autant le faire s'aventurer dans des lieux dont elle ignorait tout : ils n'étaient jamais à l'abri d'un quelconque danger.

Le soleil était déjà bien haut dans le ciel lorsque Kuzali attira l'attention de son fils sur la flore environnante. Ils avaient déjà eu le temps de bien avancer sur leurs routes et tout le long, la lionne avait pris le temps de répondre aux moindres petites questions de fils, l'enrichissant de connaissances qui le rendrait plus instruit. Quand bien même elle l'élevait à l'écart du monde, Kuzali ne souhaitait pas que son fils devienne un ignorant, elle le savait intelligent et pointilleux dans sa réflexion et était désireuse d'entretenir cette flamme. Son fils deviendrait un grand parmi les grands, elle en était persuadée.

« Regarde Sadaka, on ne le voit presque pas mais il y a un reptile posé sur cet branche... » murmurait la lionne en pointant l'écorce d'un tronc d'arbre du bout du museau. « C'est un caméléon, il a l’habilité de pouvoir changer de couleur pour se fondre dans le décor. C'est un terrible chasseur ! »

Le regard doux et aimant posé sur son fils, la lionne dorée l'encourageait à s'approcher de la petite créature. Elle était heureuse, heureuse de partager ces découvertes avec son fils et de pouvoir se retrouver seule avec ce lionceau qu'elle gardait jalousement comme le plus précieux des joyaux.

Dans un premier temps émerveillé par cette découverte, le lionceau ne perdait pas la face pour autant et questionnait sa mère sur ses propres connaissances à savoir les suricates. D'abord étonnée, le regard de la lionne s'adoucit en découvrant la mine amusé de son fils. Hmm, visiblement lui aussi avait fait des découvertes le temps de ses diverses absences et bien qu'elle fut heureuse que son fils élargisse ses connaissances par ses propres moyens, elle était également chagrinée de ne pas avoir pu partager ce moment en sa compagnie. Était-elle réellement une bonne mère ? Bien qu'elle aimait son fils de tout son cœur, Kuzali avait conscience que ses multiples absences pesaient sur son jeune fils et elle-même s'en voulait. Elle craignait de passer à côté de moments notables dans sa vie de jeune lionceau, moments où une mère devait normalement être présente mais le temps passait et Sadaka grandissait apportant autant de joie que de chagrin à la lionne dorée. Celui qu'elle appelait si tendrement son ange prenait de l'ampleur jour après jour et ses crins ainsi que ses muscles en témoignaient. Elle savait qu'un jour il n'aurait plus l'allure de son précieux petit bébé mais à ses yeux, Sadaka resterait toujours cette petite boule de poil qu'elle avait guidé vers ses mamelles pour qu'il goûte la première fois à son lait. Beaucoup de secrets entouraient la naissance du lionceau mais jamais Kuzali ne l'avait vu comme une malédiction. Il était son plus précieux bien et la lionne ne pardonnerait jamais quiconque lui causerait du tort.

« On peut croiser des suricates à une multitude d'endroit, il en existe diverses colonies. » répondit calmement la lionne en passant la patte sur la nuque de son fils. « Mais dis moi jeune lion, comment connais-tu ces animaux ? Aurais-tu fais des rencontres dont tu m'as tenu écartée ? »

La caresse de la lionne devint une poigne légère sur la peau de son fils tandis que son regard tentait le diable néanmoins, la lionne n'était pas remontée pour une griffe et son sourire taquin témoignait de la fausseté de son agression. Tout comme elle était ravie de découvrir que son fils avait fait des rencontres qu'il pouvait aborder avec un sourire, elle n'était pas vraiment enchantée à l'idée qu'il s'improvise voyageur mais cela, elle s'en cachait bien de lui faire part afin de ne pas couper net l'enthousiasme du lionceau. C'était cette même crainte qui hantait le cœur de la lionne depuis la naissance de son fils... Un jour ou l'autre, il apprendrait pour ses origines et toutes ces barrières que la lionne avait érigé afin de protéger son plus précieux diamant voleraient en éclat. La seule question était de savoir quand est-ce que ce moment arriverait et surtout malgré le mal que cela lui causait, Kuzali avait conscience que ce serait son rôle que de dire la vérité à son fils seulement, il lui fallait être prêt à entendre la vérité. Mais lequel des deux était réellement prêt et lequel ne l'était pas ? La lionne dorée préférait éviter cette question car au fond d'elle-même, elle connaissait déjà la réponse.

Son regard se fit plus tendre et son étreinte se desserrait d'elle-même pour finalement couler le long du dos de son fils dans un geste purement maternelle. Tandis qu'elle se détournait du caméléon pour reprendre la route tout en incitant son fils à la suivre, la lionne reprenait d'une voix douce et compréhensive :

« Raconte moi ces aventures que je ne connais pas. »

Kuzali était avide d'en connaître plus sur les aventures de son fils et le lion que, petit à petit, il devenait. Quelle mère ne se comporterait pas de la sorte... Consciente de ses absences à recrudescence, la lionne voulait rattraper son ignorance et elle avait hâte d'en savoir plus sur les aventures du petit lion de suie.

Fort et sûr de lui, le jeune lion ne se laissait pas défaire face à l'autorité maternelle et justifiait son écart par un manque de temps. La lionne lui souriait doucement, consciente qu'elle n'avait en rien facilité la tâche. Les oreilles droites et attentives, Kuzali prêtait une grande attention au récit de son fils ainsi qu'à la nouvelle d'un ami, ce qui enchantait la lionne. Qu'il soit lion, suricate ou d'une toute autre espèce, elle n'en jugerait pas la couleur puisque tout ce qui l'importait était que son fils ait pu noué des liens avec autrui. Mais alors même qu'elle s'émerveillait de voir son fils s'épanouir, la joie de la lionne fut de courte durée et s'estompa dès l'instant où son fils aborda le sujet des Nyeusis. S'il avait déjà parlé de combattre les tyrans qui oppressaient Pridelander, c'était bien la première fois qu'il prononçait leur nom, comme si un tabou était tombé. Ce n'était pas la première fois que le lionceau parlait de ces lions mais l'effet sur la lionne était toujours le même, elle n'aimait pas cela.

« Tu as bien fait mon fils, il faut toujours se méfier des inconnus mais je suis heureuse d'apprendre que tu t'es fait un ami. » répondit-elle bien que son esprit était un peu ailleurs.

Fier de ses nouvelles connaissances, le lionceau de suie ne s'en arrêtait pas là et continuer de livrer à sa mère ses autres périples en abordant les Mositus. Tiens donc, il ne semblait pas avoir lésiner durant son absence... Après lui avoir parlé de sa rencontre avec deux petites lionnes, il basculait l'orientation de son récit pour parler de leur pelage sombre, similaire au sien. Le regard profond, la lionne l'observait sans mot dire, sachant d'avance où cette discussion allait les mener. Enfant, Sadaka n'avait jamais cherché à connaître l'identité de son père, se contentant du peu d'information que lui avait donné sa mère à savoir qu'il était parti avant sa naissance et le lionceau s'était toujours tenu à ces maigres indications mais voilà qu'il avait grandi, voilà qu'il se posait désormais des questions mais était-il prêt ? Ou alors était-ce Kuzali qui ne l'était pas ? La posture du lionceau était différente d'ordinaire, ce n'était plus celle d'un enfant et sa mère ne s'en apercevait que maintenant. Trop occupée à courir dans les quatre coins de la Terre des Lions, elle n'avait pas vu son fils grandir et quitter peu à peu l'insouciance de l'enfance.

La sentence du lionceau tomba sans pour autant surprendre sa mère qui s'attendait d'ores et déjà à cette question, ce n'était que l'acheminent des nouvelles connaissances de son fils et de ses interrogations. Sans s'en douter, Kuzali avait elle-même conduit à cette discussion mais que ses paroles aient été dites ou non, ils n'auraient pas pu échapper à cette conversation. Pensait-il être le fils d'un Mositus ? Ses suppositions avaient du sens, leurs pelages étaient similaires mais sans doute n'avait-il jamais vu un Nyeusis de ses propres yeux... Ce lionceau allait vite en déduction et ses hypothèses étaient fondées, il n'aurait jamais questionné ainsi sa mère sans avoir amassé suffisamment de preuve pour soutenir sa thèse.

« Sadaka, ton père ... » commençait la lionne, vacillante entre vérité et chimère. Qu'allait-elle lui dire ? Le seul des deux qui craignait la vérité, c'était elle, Sadaka n'avait pas à subir l'égoïsme de sa mère, il devait savoir mais plutôt que la vérité sur son père, ce fut un cri de douleur qui s'échappa de la gorge de la lionne.

Surprise et interdite, la lionne dorée observait la plaie sur sa patte d'où un liquide pourpre s'écoulait. Lentement, son regard se redressa vers son fils qui semblait aussi stupéfié qu'elle. Oh bien sûr le lionceau avait déjà entaillé sa mère lors de leurs divers jeux mais jamais au point de recueillir le sang son sang entre ses crocs. Tandis qu'elle était encore surprise de la violence de la contre-attaque de son fils, ce dernier était chamboulé par son acte et se confondait en excuse, profondément marqué par ce qu'il venait de faire.

« Chut, ce n'est rien Sadaka, c'était un accident. » murmurait la lionne tout en attirant son fils contre sa poitrine de sa patte abîmée.

Tandis qu'elle câlinait avec tendresse son enfant, la lionne, à l'abri du regard de son fils, laissait enfin son bouleversement animé son regard. Nyeusis et Fils du Soleil, ces deux gènes avaient façonné cet enfant qui se voyait tiraillé entre le chemin suivi par son père et celui de sa mère. Kuzali avait compris dès la naissance de Sadaka que ce dernier avait hérité des particularités physiques de son père, sans doute deviendrait-il aussi grand et sa force lui serait-elle égale. Serrant un peu plus fort son fils contre elle, Kuzali priait silencieusement pour que jamais l'identité de son père ne vienne surplomber celle du lionceau et pourtant, elle l'avait vu, Kuzali avait vu le Nyeusis qui sommeillait en son fils.

Sadaka était un prince du Soleil, sa place était aux côtés de sa mère et dans le chemin du Bien mais jamais elle ne pourrait faire oublier à son sang ses autres genèses. S'il avait eu connaissance de l'intégralité de ses origines, le lionceau aurait pu lui-même choisir quel chemin il souhaitait suivre mais quand bien même Kuzali avait confiance en la bonté de son fils, son éternelle peur resterait à tout jamais de le perdre. Neuf mois s'était écoulés depuis la naissance du fils de l'Ombre et de la Lumière et toujours aucun signe de Mopanga. Avait-il seulement connaissance de l’existence de son héritier ? Oui bien évidemment, la nouvelle de sa naissance avait fait le tours de la Terre des Lions et le mâle n'aurait pas pu rester dans l'ignorance seulement, cela étonnait presque l'ancienne princesse que le Nyeusis n'ait pas encore cherché à entrer en contact avec son fils. Une autre hantise pour la lionne.

« La plaie n'est pas profonde, un simple nettoyage et tout ira bien. Pendant ce temps-là, je vais te parler de ton père. »

Délaissant l'étreinte qu'elle avait offerte à son fils, la lionne dorée plantait son regard similaire dans celui du lionceau. Cet acte de violence inattendu de la part de son fils avait quelque peu chamboulé la lionne qui, désormais, n'était plus aussi sûre d'elle quant à lui dire la vérité. Si Sadaka apprenait maintenant qu'il était le fils d'un Nyeusis après avoir blessée sa propre mère, ne penserait-il pas qu'il était lui aussi un monstre ? Malgré l'assurance de sa mère quant à son bon fond, ne penserait-il pas qu'il était comme son géniteur ? Son devoir de mère était de lui apporter la vérité sur ses origines mais elle prenait peur. Savoir qu'il avait blessé sa mère l'avait tant chamboulé alors apprendre qu'il avait récidivé les actes de son père... non, il n'était pas prêt. Pas aujourd'hui. Après avoir déposé une lèche sur le crâne de son fils, Kuzali s'occupa de sa blessure et en ôta les dernières gouttes de sang.

« Ton père était un grand guerrier et nul doute que tu as hérité de lui. Il n'avait pas de clan à proprement parlé lorsque je l'ai rencontré, seulement un groupe d'individus qui l'accompagnait dans ses voyages. Il était différent des autres lions que j'avais pu rencontré jusqu'ici, il était... tourmenté. Ses fréquentations n'avaient rien de positives, ces lions l'ont tiré vers le bas et lorsque je l'ai rencontré, ton père était un lion violent avec une mauvaise réputation. Ce n'était pas un coup de foudre mais nous étions irrationnellement attirés l'un par l'autre. Peut-être que sans le savoir, je ressentais le besoin de l'aider et de lui faire voir la lumière. » Semi-mensonge, semi-vérité, la limite était floue mais si elle ne pouvait dire à son fils qui était réellement son père, elle pouvait néanmoins lui laisser entrevoir quel sorte de lion il était. « Ce n'était ni de l'amour ni de l'amitié, un lien indéfinissable nous unissait mais je pouvais voir le bon en lui, j'espérais pouvoir l'aider à changer mais je m'étais trompée. J'ai... j'ai commis une faute, un simple écart que ton père n'a pas supporté. Il n'était pas l'ami de tous et en aidant ceux qui m'était cher, il s'est senti trahi. Ton père était un lion rancunier et il ne connaissait pas le pardon, il est parti avant ta naissance et je ne l'ai plus jamais revu. »

Héroïne des Pridelanders, Sauveuse de la reine et l'espoir pour ce peuple de retrouver ce qui leur avait toujours appartenu... Kuzali n'avait jamais osé confier à quiconque l'attirance réelle qu'elle avait eu pour Mopanga. Comment dire à tous ces lions qui voyaient en elle une parfaite super-lionne qu'elle avait en réalité fauté en tombant sous le charme de l'ennemi ? Kuzali le savait, elle aurait pu aimé Mopanga et lui avait espéré d'elle un avenir meilleur et moins sombre seulement, elle l'avait trahi. La vengeance du Nyeusis n'avait pas été celle d'un lion profondément mauvais mais plutôt celle d'un lion blessé qui avait vu son seul espoir de rédemption se retourner contre lui.

« Tu es son portrait craché... » lâcha finalement la lionne, le regard un peu mélancolique.

Si elle haïssait désormais Mopanga de tout son cœur, Kuzali n'oubliait pas pour autant qu'il n'était pas le seul monstre dans cette histoire mais qu'ils étaient deux. Si elle avait été suffisamment forte pour venir en aide au lion sombre, peut-être aurait-il pu réellement changé et devenir quelqu'un de bien, peut-être auraient-ils pu former une véritable famille mais tout ceci n'était que des suppositions et il était dangereux de s'y fier. Seul le présent compter et les spéculations n'avaient pas lieu d'être. Plutôt que de répondre à la question de son fils, la lionne dorée lui avait parlé de son père, quel genre de lion il était tout en omettant quelques détails incluant les massacres qu'il avait commis. Sans doute cela nourrirait-il la curiosité du lionceau qui ne poserait alors plus de questions sur les origines de son père, Kuzali n'avait pas le cœur à lui mentir. Un sourire tendre aux babines et l'esprit empli de songes dont le lionceau n'avait pas idée, elle vint doucement poser son front contre celui du petit lion, soufflant d'une voix presque implorante :

« Ne grandit pas trop vite, mon fils... »

Il serait toujours ce petit lionceau qu'elle avait peiné à mettre au monde et qui avait du se battre pour survivre, son petit ange qui l'avait sauvé des griffes de la pénombre. Il était la source de sa force et sans lui à ses côtés, Kuzali perdrait tout son éclat.

Rien ne se passait comme Kuzali l'avait espéré, rien. Elle qui pensait apaiser la curiosité de son fils ne s'apporta que son venin. Ses mots avaient été maladroits et le lionceau avait mal interprété ses paroles, cela se voyait sur sa figure mais ce regard noir qu'il lui lança bouleversa profondément la lionne dorée. Jamais encore son fils ne l'avait regardé de la sorte et Kuzali sentait une poigne s'emparer de son cœur pour le serrer douloureusement dans sa poitrine. Elle avait blessé son fils en choisissant des mots maladroits et elle s'en brûlait désormais les babines. Était-ce d'avoir heurté les sentiments du lionceau qui lui tordait tant le ventre ou bien le fait qu'il se soit éloigné de son étreinte pour la toiser de la sorte ? La vue de la lionne sembla soudainement se troubler et plutôt que son fils, ce fut l'image de Mopanga qui lui faisait face. Apeurée et chamboulée, la lionne se redressa soudainement et tourna le dos au lionceau. Ce regard, elle l'avait déjà vu auparavant, c'était le même que celui que lui avait adressé le Nyeusis lors de sa trahison, l'histoire semblait se répéter une fois de plus.

Le cœur battant la chamade, Kuzali reprit les pleins pouvoirs sur les tours que lui jouait sa vision et se retourna vers son fils, le regard interdit. Elle était à la fois blessée que son fils ait pu pensé qu'elle ait cette image de lui, blessée qu'il la rejette ainsi, blessée qui la toise de la sorte et blessée qu'il se braque de la sorte... Oui, Kuzali avait mal.

« Non Sadaka, ce n'est pas ce que je voulais dire, je parlais de ton pelage sombre. Toi même ne te questionnes-tu pas sur le pourquoi du comment ? Tu as bien remarqué que tu es plus grand que les lionceaux de ton âge et surtout plus puissant... Toutes ces choses, tu les tiens de ton père, pas de moi mais cela ne veut en rien dire que tu lui es semblable sur le plan caractériel. Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dis... »

Le regard de la lionne s'abaissa sur ces dernières paroles et elle s'assit lourdement sur la terre meuble en poussant un profond soupir, excédée par la tournure des événements. Le sujet de son paternel était décidément une question sensible et elle qui avait pensé bien faire, peut-être aurait-elle mieux faire de se taire. La mine abattue, elle ne savait plus quoi dire ne sachant comment rattraper ses paroles maladroites. Ce voyage qui avait pour but de les rapprocher semblait bien au contraire les éloigner l'un de l'autre. Piteusement assise au sol et le regard rivé vers ses pattes, Kuzali semblait avoir perdu de son éclat, ternie par son cœur blessé.

« Tu n'es pas ton père, je n'ai jamais pensé cela. » finit-elle par dire, la voix enrouée. « Cette plaie béante qu'il a causé, tu as été le seul à pouvoir la guérir. Sadaka, tu es irremplaçable dans mon cœur et jamais je ne pourrais porter un tel regard sur toi. Tu es la source de mon bonheur, le seul à pouvoir m'apaiser quand personne ne le peux. Tu es mon fils. »

Enfin, son regard se redressa vers le lionceau, attestant de toute sa tristesse mais aussi de ses remords. Elle lui avait toujours caché la vérité dans le but de le protéger mais au jour d'aujourd'hui, ce n'était pas ces non-dits qui avaient blessé le lionceau mais la lionne elle-même. Bien des lions avaient mis Kuzali en garde, ce secret qu'elle gardait finirait par l'engloutir tant il était lourd à porter mais l'idée de blesser à nouveau Sadaka lui était insupportable. Et si ses craintes se réalisaient, et si elle n'était pas à la hauteur pour être mère ? Kuzali n'avait jamais souhaité que le meilleur pour son fils mais à trop vouloir le protéger, elle serait la seule à le détruire. Fatiguée de cette constante pression et meurtrie par le rejet de son fils, la lionne laissa une larme perlée le long de ses joues. Elle était abattue.

Le contact de son fils contre son pelage dorée suffisait à apaiser les maux de la lionne, elle ne se sentait plus rejetée. C'était la première fois qu'une telle altercation avec Sadaka se produisait, c'était troublant. Abaissant doucement sa tête, la lionne vint coller son menton contre le crâne de son fils, savourant cette étreinte comme des retrouvailles. Il était confus et elle aussi, ses mots la touchaient bien évidemment mais n'éteignaient pas pour autant les craintes de la femelle : si la tempête était passée, elle se relèverait tôt ou tard. La vérité attendait patiemment son heure.

« Ne t'excuse pas, c'est moi qui ai été maladroite. » répondit-elle tout en donnant une lèche à son fils. « … et ne te soucis pas de Samekh, c'est un vieux lion ronchon. » ajoutait-elle dans un petit sourire.

Sans doute son mentor rugirait-il en entendant ses mots... La lionne dorée eut un sourire amusé à cette pensée. Sadaka était très mâture pour son âge et cela l'effrayait de temps à autre, il grandissait si vite... Voilà qu'aujourd'hui, le lionceau atteignait pratiquement sa poitrine. Le petit lion d'autrefois devenait grand... L'ancienne princesse observait son fils d'un regard intense, caressant tendrement ses joues de sa patte dorée. Qu'importe son apparence et qu'il la dépasse d'une ou deux têtes, il serait toujours son bébé, voilà un sentiment qu'on ne pourrait jamais enlever aux mères.

Le sujet de son paternel semblait clos et Sadaka affirmait une nouvelle fois son amour pour sa mère, chose qui ne manquait pas d'émouvoir cette dernière. Elle était son phare et lui cette mer qu'elle se vouait à guider, l'un sans l'autre était impossible et ce lien qui les unissait était des plus forts. Kuzali portait bien des lions dans son cœur mais la place qu'occupait son fils était unique, jamais rien ni personne ne pourrait égaler l'amour qu'elle lui vouait.

« Un jour tu sauras tout mon fils, je te le promet... » murmurait la lionne et tandis que son fils resserrait son étreinte, elle passait ses deux pattes autours de son cou pour l'attirer davantage vers elle. Deux êtres qui n'en formaient qu'un.

Son chagrin était passé et l'éclat de la lionne brillait à nouveau, entourant chaleureusement le petit de ses rayons lumineux. Il était sa force mais aussi sa faiblesse car perdre Sadaka serait la pire tragédie pour la lionne mais il lui procurait également tant d'amour... Parmi tous ces malheurs par lesquels elle était passée, il était le seul à pouvoir les lui faire oublier. Près de lui, le temps semblait s'arrêter et ils étaient comme seuls au monde, perdu au milieu de l'adoration qu'ils se vouaient tous deux.

« Moi non plus je n'aime pas ça Sadaka, moi non plus... mais après la dispute vient la réconciliation, pas vrai ? »

Un doux sourire aux babines, elle offrait une énième lèche au lionceau avant de le laisser se déloger de son étreinte. Il était son monde et le roi de son cœur. Il n'était désormais plus question de parler de Mopanga, cela n'apportait que ténèbres à leur amour et de toute manière, il y avait autre chose dont la lionne se devait de tenir informer son fils...

« Sadaka, tu te souviens du futur roi de Prideland, le prince Kumpa ? » Bien sûr elle était suspicieuse quant à la réaction de son fils puisque le lion doré ne semblait pas lui avoir fait bonne impression mais, il était impensable qu'elle ne lui révèle pas le pot aux roses. Après tout, leur famille s'agrandissait... « Il est plus qu'un ami pour moi... je ne suis pas encore certaine mais, je pense que je l'aime. »

D'abord confiante et sereine, la visage de la lionne se métamorphosait au fur et à mesure de ses mots et l'on pouvait voir ses joues s'empourprer. C'était bien la première fois qu'elle confessait cette chose de vive voix et elle n'était pas encore très à l'aise avec ses mots. Elle eut même un petit rire nerveux avant de très vite se reprendre, consciente qu'elle pouvait jouer l'adolescente amourachée en compagnie de Tahani, sa petite sœur, mais pas avec son fils. Elle avait déjà faibli une fois devant lui et s'en voulait, Kuzali se devait de se montrer forte devant son fils pour lui montrer l'exemple et faire de lui le plus grand des lions.

Après un soupir qui lui permit de retrouver son calme, la mère contemplait son fils droit dans les yeux.

« Accepterais-tu qu'il entre dans notre famille ? » demanda-t-elle alors, le visage très sérieux. « … et je ne veux pas de mensonge mais un avis honnête et savoir ce que tu penses car peu importe la situation, tu seras toujours le roi de mon cœur Sadaka, et ça ne changera jamais. Cette décision, je dois la prendre avec toi et si tu refuses, saches que je ne t'en voudrais pas. Ton bonheur est le mien, ne l'oublie jamais. »

Son avis était plus que primordial et guiderait la décision que se devait de prendre la lionne. Elle ne demandait pas à Sadaka d'aimer Kumpa comme un père mais simplement de l'accepter comme étant le compagnon de sa mère, cette seule chose comblerait son cœur.

Le cœur de la lionne dorée était sujet à bien des caprices en cette journée et elle attendait bien qu'avec un peu d'appréhension la réponse de son fils. Cela n'avait jamais été une surprise pour Kuzali, le lionceau n'appréciait guère le futur monarque des Pridelanders. Le courant n'était pas passé entre ces deux-là et bien qu'ils aient tous deux fait des efforts pour se montrer polis l'un envers l'autre, Sadaka avait été loin d'être conquis. Kumpa, lui, avait bien compris que pour s'apporter les faveurs de l'ancienne princesse, il lui fallait à tout prix faire bonne impression à son fils car marcher sans ce dernier était impensable pour la lionne. Jamais elle ne forcerait Sadaka à la suivre là où il ne le désirait pas, son bonheur lui était primordial aussi, bien qu'il soit son premier et unique enfant, Kuzali savait que ce lien qui les unissait était unique. Ils étaient si soudés et fusionnels... jamais elle ne retrouverait cette relation avec quiconque. Ayant grandi sans père, Kuzali avait eu la lourde tâche que d'assurer les deux rôles parentales auprès de son fils mais jamais elle ne l'avait regretté, cela les avait rendu plus forts et plus unis.

Alors même que son regard trahissait son ressenti, Sadaka accorda sa bénédiction à sa mère et tandis qu'elle aurait du se réjouir de l'accord du jeune lion, la première pensée qui traversa l'esprit de Kuzali fut à quel point son fils était devenu grand, que ce soit par la taille ou par le mental. Désireux d'offrir le meilleur à celle qui lui avait donné la vie, le lionceau n'avait pas hésité à placer ses propres sentiments de côté pour que ceux de sa mère soient exaucés. Il soupira et la lionne fit de même avant d'égayer son visage par un beau sourire. Elle était si fier de son enfant... L'accord de Sadaka lui était primordial dans le sens où il était son monde et que c'était lui qui engageait les rouages ou les bloquait, qu'il en ait conscience ou non. Elle qui avait autrefois accordé tant d'importance à sa nouvelle liberté acquise ne pourrait désormais jamais se défaire de ce lien qui les unissait à vie. Quand bien même la lionne pouvait être entourée d'amis d'une valeur si précieuse à son cœur, aucun n'avait su apaiser ses maux comme Sadaka le pouvait et ce bonheur auquel elle pouvait aujourd'hui prétendre n'était possible que grâce à lui.

« Tu es devenu grand, mon fils... » murmura doucement la lionne avant d'attirer le lionceau contre elle dans une belle étreinte. « Merci. »

Mais malgré ces belles paroles, la mère n'était pas aveugle à la détresse de son fils. Bien qu'il vivait parmi les rouges, cela avait toujours été qu'eux deux. Malgré son jeune âge, il était capable de lire en la lionne comme dans un livre ouvert et elle, avait toujours été l'oreille prête à recevoir ses confidences. Cette relation qu'ils détenaient tous les deux était un cadeau du ciel et elle ne pouvait laisser douter son fils quant à sa durabilité.

« De par mon expérience, je peux te le confier : l'amour romantique peut être aussi beau que cruel et c'est un lien qui se forge avec le temps mais qui reste toujours imprévisible. On ne peut savoir s'il durera toute la vie ou non. Alors qu'un enfant... un enfant est lié à nous pour la vie. Ce que tu représentes à mes yeux et à mon cœur, ce sera toujours un titre que tu seras le seul à détenir Sadaka. Je n'ai qu'un seul et unique roi de mon cœur et c'est toi. Ce sera toujours toi. »

Peut-être était-ce égoïste de penser de la sorte mais Kuzali avait souffert de l'amour et en serait à jamais marquée aussi si elle aimait sincèrement Kumpa, elle était incapable de lui donner l'intégralité de son cœur car la menace planait toujours autours d'elle. Peut-être que ces barrières tomberaient avec le temps mais il faudrait de la force et de la patience pour les voir tomber une à une. Ce dont elle était sûre au contraire, c'était que jamais son fils ne trahirait son amour. Il avait été celui qui avait de nouveau ouvert son cœur au bonheur et apaiser ses nuits, ce n'était qu'à ses côtés que Kuzali pouvait aspirer au sommeil. Elle l'aimait fort, tellement fort qu'elle était terrorisée à l'idée de le perdre un jour, sûrement était-ce la raison qui poussait la lionne à sans cesse retarder l'heure de la vérité mais à agir de la sorte, elle ne finirait que par blesser son fils. L'amour pouvait être une force comme une faiblesse et autant que Sadaka faisait régner la paix en elle, lui seul était capable de faire tomber la nuit dans son cœur.

Un regard tendre et un sourire doux aux babines, la lionne effleurait avec bienveillance la joue de son fils. Devait-elle lui parler de cette guerre qui planait sur Prideland et dont elle prendrait part ? Non, leurs émotions avaient été suffisamment à vif pour aujourd'hui, nul besoin d'en rajouter... Après tout, c'était bien la première fois que les deux se disputaient de la sorte et le cœur de la lionne en était encore troublé. La tempête passée, Kuzali désirait simplement passer du temps avec son fils et laisser ces querelles derrière eux. Cela faisait si longtemps qu'ils n'avaient pas passer du temps juste tous les deux... la raison pour laquelle la mère et le fils vivaient avec les rouges étaient également une question de survie : malgré ses talents de chasseuse, une lionne seule et son lionceau aurait eu bien des difficultés à survivre dans la savane. En compagnie de Samekh et de sa famille, ils avaient pratiquement formé leur propre clan où ils se suffisaient à eux seuls seulement, ces temps ne dureraient pas éternellement. Samekh se faisait vieux et bien que la lionne ait reçu une offre du prince de Prideland, elle s'était refusé de le suivre en raison de son mentor. Ses jours étaient comptés, nul besoin de se voiler la face, et Kuzali comptait bien profiter de leurs derniers instants ensemble. Elle ne souhaitait pas vivre avec le regret d'avoir laissé son mentor mourir sans être à ses côtés... aussi l'accompagnerait-elle jusqu'à la fin. Samekh le lui avait demandé et elle le lui avait promit : il ne mourait pas seul.

Un bref soupir chassant ces idées noires, la princesse exilée reporta de nouveau son regard doré sur son fils et lui dit dans un sourire radieux :

« Comme tu le sais, j'ai eu le temps de parcourir la Terre des Lions dans le moindre ses recoins... enfin, il me reste encore quelques contrées à explorer mais j'ai tout de même une certaine expérience de ces terres. » commençait-elle le ton doux tandis que son regard exprimait de la malice. « Je sais que je t'ai longtemps contrains aux landes mais tu n'es plus un enfant désormais aussi j'aimerais te proposer quelque chose : quand les temps seront plus calmes, y aurait-il un territoire où tu aimerais te rendre en particulier ? Si c'est le cas, je serais ravie de t'y accompagner. »

Elle ne parlait pas simplement de Prideland ou des territoires voisins, Kuzali voyait plus loin encore, elle faisait ici allusion à des terres plus lointaines telles que le royaume du nord, Freeland ou encore le désert. Là où son fils souhaitait se rendre, Kuzali l'accompagnerait avec joie. Bientôt, il serait un adolescent dans la fleur de l'âge et cela rendrait alors possible des voyages plus avertis où l'endurance était de rigueur. Tant que Kumpa n'aurait pas besoin d'elle pour gouverner Prideland, Kuzali était bien décidée à profiter de ses derniers instants de liberté en compagnie de son fils. Ses souvenirs la ramenant au temps de son enfance, elle savait pertinemment que les monarques ne pouvaient guère se permettre de s'absenter de leur royaume. Bientôt, elle ne pourrait plus s'accorder ces périples avides de connaissances et de nouveautés aussi souhaitait-elle passer ces dernières heures avec l'être le plus cher à son cœur : son fils.

Oui, il était son monde.

A l'entente du nom de son précieux ami, le visage de la lionne s'illumina d'un beau sourire. Rono... voilà longtemps qu'elle n'avait pas croisé sa route et un manque certain se faisait ressentir. Kuzali se plaisait à l'idée de se répéter qu'eux deux étaient des âmes sœurs tant le lien qui les unissait était fort. Son premier ami sur ces terres et celui qui l'avait aidé à mettre au monde son fils, Rono avait toujours été présent pour la lionne dorée, que ce soit dans les bons comme dans les mauvais moments. La lionne dorée savait qu'il était une figure importante pour Sadaka et elle était heureuse que le lion cendrée soit dans sa vie, il ne pouvait pas y avoir meilleur parrain au monde que Rono.

« Oh oui c'est une bien drôle de chose le nord ! Ces petits flocons blanc qui tombe en masse pour former cette neige d'un blanc si pur... Prends garde à ne pas être ébloui et surtout à ne pas attraper un rhume, je ne m'étais plus arrêter d'éternuer pendant trois jours consécutifs ! » contait la lionne non sans un certain plaisir.

Pour la première fois, Sadaka avait osé une petite blague quant à son pelage sombre et la lionne lui rendit son sourire après cet acte qu'elle savait rare et même difficile pour le petit lion. Contrairement à sa mère qui arborait avec fierté son héritage doré, Sadaka avait toujours été sensible quant aux réflexions sur sa couleur qui était pour lui aussi lourde à porter qu'un fardeau.

Mais alors même que le lionceau s'était réjoui de cette nouvelle, il fut bien vite rattrapé par la réalité et dans un soupir las, il confia à sa mère savoir que ce projet en resterait un avant quelques temps et à l'écouter, Kuzali semblait converser avec un adulte. Par moment, Sadaka semblait avoir perdu toute sa foi en ce monde et de se contenter d'exister dans un monde qui n'avait pour lui aucun sens. Son insouciance d'enfant semblait s'être envolée mais cette disparition n'était pas récente, Sadaka était un lionceau désenchanté.

« Ce que tu dis est vrai, nous ne partirons pas de si tôt mais nous partirons. Je t'en fais la promesse. »

Se redressant alors, Kuzali s'avança vers son fils pour frotter sa tête contre la sienne avant de se détourner vers l'étendu de plaines inexplorées qui s'offraient à eux.

« Allez viens, nous avons encore des tas de choses à découvrir ensemble. »

Laisser le sérieux derrière eux pour replonger dans leurs costumes d'explorateurs et combler ce temps qui, Kuzali l'espérait, deviendrait de beaux souvenirs de précieux moments passés ensemble.