- Ne t'approche pas des frontières s'il te plaît Zwissia, ordonne, si je puis me permettre de le dire ainsi, ton père.

- Je t'en prie papa, réponds-tu de ta belle voix, le regard auquel personne ne pouvait sans doute résister, je ne les franchirais pas, c'est promis !

Le dernier de tes mots a apparemment de l'effet sur le grand lion blanc. Il se mit à cogiter un peu, silencieusement. Il sait très bien qu'il peut te faire confiance. Tu es probablement la lionne la plus honnête du monde ! Même un criquet que tu croiserais sur ta route saurait que tu ne mens jamais. Tu pourrais le mettre en garde contre le dangereux crapaud derrière la touffe d'herbe, qu'il t'écouterait sans hésiter et sautillerait en faisant un détour, te remerciant même au passage ! Bon, je sais, il n'y a pas de criquet dans les montagnes du nord, trop froid, c'était juste pour illustrer l'idée !

- Bon très bien, soupire alors ton paternel qui ne pouvait jamais rien te refuser.

Si je peux me permettre Zwissia, ton père est vraiment trop naïf. En fait, je sais d'où tu tiens tant de naïveté à présent ! "Non sotte Conscience, c'est le meilleur père du monde, c'est tout !" Bah bah ! Ca revient exactement au même ! Ta mère était plus sage. Oh ! Désolé de ressasser les souvenirs douloureux...C'est un peu mon travail en même temps. "Les souvenirs avec maman ne sont pas douloureux. Sauf le dernier, mais les autres sont tous les meilleures choses dont je puisses me rappeler dans ma vie". Brave petite et ce n'est pas souvent que je le dis !

Tu t'éloignes donc de toute ta petite famille. Revoilà l’insouciante que j'ai toujours connu ! Es-tu sûr que c'est une bonne idée ma belle ? Ah je sais autant que toi que normalement, tu n'avais rien à craindre tant que tu restes dans le Royaume du Nord mais vois-tu, en tant que Conscience de ta propre personne, il est de mon devoir de douter de tout et en particulier de tes propres choix personnels. Mais tu arrivas assez rapidement aux frontières en fait. Tes pattes bien enfoncé dans la neige qui devint de moins en moins abondante. Tu sens aussi dans ta toison épaisse, qu'il ne fait pas aussi froid au coeur des montagnes. Mais de là, je le sais, tu espères voir un peu mieux les terres qui entourent ton beau royaume. Enfin, ce n'est pas le tien à proprement parler, mais...Je me comprends hein !

Oh tu sursautes ! Moi aussi, c'est malin ça ! Tu as entendu un bruit et j'ai la sensation qu'il n'est pas très naturel. Je veux dire, je n'ai pas l'impression que ce soit une simple bestiole partie se cacher à ta présence. Ca a l'air plus gros et cette odeur étrangère ne me disait rien qui vaille. Mais qu'est-ce donc que cette forme sombre au loin ? Tu plisses les yeux, impossible pourtant de ne pas la voir, elle était vraiment sombre. Une tâche au milieu de la poudreuse ! Mais...Mais c'était une lionne ! Oui une lionne sombre ! Tes yeux s'agrandirent de stupéfaction. Non non Zwissia, je sais très bien à quoi tu penses, ce qui est un peu normal en fait, mais ne fait pas la bêtise que je t'entends imaginer, tu m'écoutes ?!

Bah non, évidemment que non, où aies-je la tête ? Au lieu de ça, tu t'approches à grands pas de la dite féline, le sourire aux babines sans chercher du tout à savoir comment cette lionne allait t'accueillir. Même si techniquement, tu es encore chez toi ici mais bon. Voilà, tu l'as vu d'assez prêt, maintenant fais demi-tour je t'en prie !

- Bonjour !

Complètement folle cette lionne...

Me voilà surprise à la vue de cette étrangère qui se recula à ta venue. Pourtant, tu es sans doute la lionne, et même la créature la moins terrifiante de toute la Terre des Lions ! Bien sûr, je ne connais pas toutes les créatures de la Terre des Lions, mais ça reste peu probable. Une mouche serait capable de faire peur à quelqu'un. Mais pas toi. Oh non, pas toi avec ton beau regard de saphir. Pas toi avec ton doux sourire qui rayonne comme le soleil à son zénith. Pas toi avec ta soyeuse fourrure qui fait envier les plus durs à cuir. Pas toi avec ta joie qui a tendance à contaminer tout ton entourage. Pas toi avec ta bonté et ta pureté qui imprégnait l'atmosphère d'un soupçon de bonheur et de confiance.

« … Bonjour. Je suis navrée de m'être trop approchée des frontières alors que je ne suis qu'une inconnue. » répond alors cette vile étrangère.

Te voilà pourtant rassurer. Oui car en la voyant ainsi se méfier de ta venue, tu avais éprouver un peu de regret. Le regret d'avoir pu éventuellement faire peur, ou inspirer de la méfiance. Mais même si le ton de sa voix ne me disait rien qui vaille, le simple calme de la lionne et son excuse te mit dans la plus totale confiance. Je soupire. Si j'avais mon propre corps, je te saisirais entre mes pattes pour te secouer un grand coup !

- Oh ne vous excusez pas voyons, réponds-tu, telle une fleur qui s'épanouit, alors qu'il n'y a même pas de fleur dans les montagnes ! Ou si peu...Vous n'avez rien fait de mal après tout. Seriez-vous...perdue ? C'est la première fois que je vois une lionne de votre couleur ! Vous êtes belle vous savez.

Perdue, perdue...C'est vite dit ! Elle a peut-être fait exprès de venir ici. Et je ne veux même pas en connaître la raison. Rien fait de mal ? Si un peu quand même, elle vient de passer la frontière comme si tout était permis. Non mais, on n'entre pas dans le Royaume du Nord comme dans la lande. Et les manières alors ? C'est pour les pommes de pins ? Belle...? Ca se discute. Tout le monde sait que les lions du nord sont les plus beaux d'ailleurs ! Tu ferais mieux de t'en trouver un plutôt que de faire ami ami avec de parfait inconnus. "Tu veux rire ? Les lions d'en bas aussi doivent être très beaux ! Tout en or comme le soleil ! Comme le lion de mon rêve..." Ah tu penses encore à ce maudit rêve ? Ce n'est qu'un rêve Zwissia ! Les lions d'or comme ça, ça n'existe que dans les contes pour lionceau. La preuve, regarde celle là. Aussi terne qu'une termitière.

« Je suis Moyo, et je viens du clan de Prideland en paix. »

- Ravie de faire votre connaissance Moyo, mon nom est Zwissia, du clan Nordique. Ne vous en faites pas, je n'ai pas du tout l'intention de vous faire le moindre mal. Je ne sais pas me battre et j'aime pas la violence alors soyez sans crainte.

Tu ne veux pas non plus l'inviter à te transpercer le coeur aussi ? Signaler ainsi à la première venue que tu ne sais pas te battre, non mais quelle inconscience !

Zwissia...Sérieusement Zwissia ? Tu cours à ta mort ! Arrêtes de toujours te référer à ce que tu vois ! Et encore, ce que tu vois de loin. Et encore ! Même devant un lion montrant les crocs, le poil hérissé, les griffes sorties, la queue battante et les oreilles couchées, tu chercherais encore à établir le contact et à faire ami ami, au péril de ta vie !

«Merci. Vous avez aussi une très belle couleur de pelage. Pour vous répondre, j'avouerais que je me suis un peu perdue. J'ai voulu voyager un peu mais il faut croire que mon sens de l’orientation ne me fut pas d'une grande utilité. »

Hu...Tu ne vas tout de même pas la croire j'espère ?

- Merci également. Oh vous êtes perdues ? Mais d'où venez-vous exactement ? Nous sommes au niveau des frontières ici alors ne vous en faites pas, vous n'êtes sans doute pas perdue de beaucoup.

Raah ! Inconsciente ! Tais-toi !

- Je peux vous aider à retrouver votre chemin si vous le souhaiter ?

Puis quoi encore ?

- Mais vous savez, le nord est un territoire très joli alors si vous avez un peu de temps et que vous avez envie bien sûr, je peux vous accompagner faire un petit tour mais comme vous pouvez le constater, il fait froid alors je ne sais pas si...N'avez vous pas froid ?

M-mais, mais ça va pas non ?!

« Enchantée, Zwissia. Vous n'êtes pas obligée de le préciser, vous savez, si je voulais vraiment vous faire du mal, vous l'aurez vu bien avant d'avoir fait les présentations. »

Alors ça, ça se discute ma vieille !

- Je le précise toujours car ça me dérangerais que quelqu'un pense que j'ai de mauvaises intentions, réponds-tu tout sourire, petite imbécile.

« Je ne compte pas m'attarder ici, il serait impoli pour moi à rester dans les parages. »

Repars donc d'où tu viens. Enfin, si seulement je pouvais le dire. Parce que Zwissia, évidemment...

- Impoli ? Vous ne dérangez pas, aucun soucis. Comme je vous l'ai dit, si vous avez envie de rester un peu, je serais votre guide. Si vous voulez repartir, je le serais aussi. En revanche, je ne pourrais pas vous raccompagner trop loin. Mon père m'interdit de quitter le royaume du nord. Il dit qu'il ne fait pas assez froid en dehors des frontières et que ça peut être dangereux.

Tu trépignes intérieurement. Je sais très bien, moi, pourquoi tu proposes à cette lionne de rester un peu plus longtemps. Et connaissant ta sincérité et ton honnêteté légendaire, tu ne va pas tarder à lui en faire part.

- En vérité...commences-tu un peu plus timidement, sans vouloir vous encombrer...

Tu marques une pause. Tu as horreur de déranger les gens, de paraître trop prenante et encombrante.

- J'aimerais beaucoup que vous me parlez du monde d'en bas, celui d'où vous venez, les terres brûlés, sur lesquelles vivent les lions aux couleurs du soleil et tout plein d'autres animaux fabuleux ! Et vous, vous avez un pelage si sombre !

Que vais-je faire de toi Zwissia ? Si seulement tu étais un peu plus raisonnable. Même ton père te recommande de ne pas te fier aux étrangers. Enfin, il ne met pas autant d'ardeur que moi, je ne peux que le confirmer mais à quoi bon avec une lionne qui n'en fait qu'à sa tête ? S'il t'arrive une bricole, je ne pourrais rien pour toi ma grande.

« Je me suis en effet perdue. Je viens de Prideland, un clan d'en bas. Je ne sais pas si vous le connaissez. Quant à mon chemin, ne vous embêtez pas. Je serais en mesure de revenir sur mes pas. Quant à découvrir le nord, je préfère être franche : découvrir le territoire serait un honneur. Mais accepter une étrangère est permis, parmi vous ? Je pense qu'attendre de se connaître un peu mieux serait préférable. »

Prideland, oui tu en as déjà entendu parler et tu rêves surtout de découvrir de plus près ce que c'est, tout comme le reste de la savane qui s'étend au pied de tes montagnes. Tu laisses tellement ton esprit vagabonder au sein de la brousse verdoyante qu'une nuit, tu en a même rêver que tu rencontrais un lion venant de ces contrées. Mais même dans tes rêves, tu te retrouve incapable d'imaginer vraiment à quoi peut bien ressembler les vastes étendues dorées de la terre des lions. Tu les regarde depuis les sommets, tu en vois la couleur, plus ou moins la forme, sans connaître les détails. Ce monde inconnu te fais tellement envie alors que tu sais parfaitement qu'il n'est pas fait pour toi.

- Cela ne m'embêterais pas le moins du monde. Ne craignez rien, à partir du moment où vous êtes accompagné, tout va bien. Nous ne sommes pas un clan hostile croyez-moi. Vous savez, il y a tellement peu d'étrangers qui viennent dans nos montagnes. A vrai dire, vous êtes la première que je rencontre. C'est pourquoi je dois reconnaître que votre présence me fascine.

Tu n'as vraiment pas ta langue dans ta poche hein Zwissia ?

« Ce serait mentir de dire que je n'ai pas froid. Mais aux frontières, c'est supportable. »

- C'est vrai que le climat est plus doux à ce niveau là.

Ca n'empêche pas la neige de s'y installer, mais de temps en temps, lors de chaudes périodes, il se peut qu'elle fonde et dégage ainsi les versant rocheux du royaume.

« Je vous déconseillerais de m'accompagner si cela est dangereux, mais vous connaissez sûrement vos limites. Libre à vous de braver les dires de votre père. Je ne repousserais pas votre compagnie quant à moi. Vous n'êtes plus un lionceau. »

Eh bien, il y a des jours où je me pose tout de même la question.

- Je ne les braverais jamais, réponds-tu, certaine, mais si vous accepter un bout de chemin avec moi, jusqu'à la limite, c'est bien aussi et puis, c'est mieux pour vous au cas où vous rencontrerez un membre de mon clan qui pourrait tomber en malentendu face à votre présence.

C'est alors que tu lui avoues tout. Tu te lances et la supplie presque de tout te conter des terres que tu ne connais pas. Tes parents l'ont déjà fait jadis quand tu étais petite lionne mais tu te dis que venant d'une lionne autochtone de la brousse, ça ne pouvait être que meilleur !

« Bien sûr, cela me ferait très plaisir. Certaines choses sont un peu compliquées mais je ferais de mon mieux pour vous les expliquer. Aussi, si vous le permettez, nous pouvons nous tutoyer. Je vais d'abord commencer par mon clan. Mais que souhaites-tu savoir exactement ? Par exemple, nos traditions... nos règles ? L'histoire du clan ? Il y a tant de choses et de choses à dire. »

Tu souris de plus belle. Non seulement elle accepte de te parler, mais en plus elle demande le tutoiement, et elle renchérie ta curiosité en te faisant savoir qu'il y avait énormément de chose à dire. Intérieurement, je sens que tu bouillonne d'impatience et de désir de connaissance.

« Je vous dirais tout ce que vous souhaiterez savoir. Mais si jamais il y à quelque chose que vous ne comprenez pas, dites-le moi. »

- D'accord ! Oh je ne sais pas par où commencer...J'ai toujours entendu dire que les lions d'en bas avec un beau pelage doré mais quand je vous vois, je pense bien qu'il n'y a pas que ça chez vous. J'ai entendu parler de Prideland mais on m'a aussi raconter qu'il y avait d'autres clans. J'ai cru comprendre par contre que Prideland était un peu plus spécial non ?

Tu te couches alors dans la poudreuse et lève ton regard vers l'autre lionne :

- C'est comment la vie à Prideland ? Même dans la savane tout court ? Il fait si chaud qu'on le raconte ?

« Je comprends, tu es aussi la première nordique que je rencontre. C'est un plaisir partagé. »

Aussi chaleureuse que tu peux l'être, tu maintiens ton sourire et hoche modestement la tête. Dans ton clan, tu n'es pas une membre très importante. Tu n'as aucun rang et tu sais à peine chasser correctement. Car oui, tu n'es pas une très bonne chasseuse car tu n'aimes pas tué. Tu te force juste parce qu'il faut bien manger hein ! Tu ne vas pas non plus te mettre à ronger l'écorce des arbres non ? En revanche, tu peux devenir aussi remarquable que la brindille d'herbe perçant la neige : surprenante.

« Merci beaucoup. Je veillerais sur toi dans ce cas, c'est la moindre des choses. Si jamais tu t'attires des problèmes par ma faute, je m'en voudrais. Mais j'en porterais l'entière responsabilité. Tu es très gentille, c'est une bonne qualité. »

Mouais...Non moi je vois plutôt cet excès de naïveté comme un immense défaut qui te coûtera très cher un jour, le jour où tu t'y attendra le moins et où il ne faudra pas venir pleurer. Parce que le jour où ça t'arrivera ma belle Zwissia, je pleurerais aussi sans doute. Tu es confiante car tu sais que rien ne t'arrivera. Quels genres de problèmes pourrais-tu avoir après tout ?

« La vie à Prideland et dans la savane est très compliquée en ce moment. Mais lorsque le cycle de la vie reprendra sa place... la terre des Lions retrouvera sa beauté d'antan. Il y aura de la nourriture à foison, les proies reviendront. L'herbe verte retrouvera son éclat. Le paysage est souvent sublime. Il y a un endroit caché que je connais, qui se trouve dans une grotte inhabitée. Il y a une étendue d'eau sublime et des cristaux, qui donnent vue sur une bonne partie du territoire Pridelander. Je ne peux pas vanter la beauté d'un lieu qui fut désolé par la guerre, mais... j'espère que ça ne t'empêchera pas de rêver d'en bas. Cela ne sera pas éternel. »

Bien enfoncée dans le trou de neige qui s'est formé sous toi une fois que tu t'es couchée, tu écoute attentivement ce que te raconte la lionne sombre, les yeux pétillants. Pourtant, tu es toujours aussi triste d'apprendre la guerre dans le monde d'en bas. Tu étais déjà au courant, depuis un bon moment d'ailleurs, comme tout le monde dans les montagnes, mais cela t'attristais toujours autant car tu ne pouvais rien faire pour les aider. Tu finis par secouer la tête :

- Aucun risque, je rêve toujours de ton monde, mais je rêve surtout qu'il retrouve la paix.

Je me tue à te dire que ce monde là n'est pas fait pour toi et leur guerre incessantes en sont la preuves. Je me demande ce qu'il te faut dans la tête pour que tu calmes tes ardeurs d'espérer un jour pouvoir poser une patte dans la brousse.

« Quant aux clans, c'est une autre histoire. Il y en a tant et tant. Les Pridelanders sont connus pour être les premiers lions à s'être logés sur la terre des Lions. Il y à les Mositus, des lions bruns ou au pelage foncés qui vivent dans la jungle. Les Freelanders vivent à l'écart des Pridelanders, dans un autre rocher. C'est des sous-clans qui n'obéissent qu'à un seul roi. »

Tu hoches la tête, tu bois ses paroles comme l'eau cristalline qui jaillit de la montagne.

« Et puis, il y a les Jangowas. Ce sont des lions du déserts, souvent hargneux. Chaque lion s'adapte à son habitat, alors nous ne sommes pas tous dorés. Par exemple, même si les Pridelanders ont des pelages souvent dorés ou de couleur fauve, je suis brune car j'ai des origines Mositus. Les Jangowas quant à eu sont souvent de couleur pâle car ça leur permet de mieux résister à la chaleur. »

- Oui comme nous les Nordiques, commentes-tu, nous avons une fourrure toute blanche. Est-ce que vous avez aussi des lions blancs dans la savane ? Par contre, je suis presque sûr que nous sommes les seuls à avoir un pelage aussi épais.

« Et quant à la chaleur, il y fait chaud en général oui. Tout varie selon les saisons, mais cela n'est hélas pas vraiment supportable pour un nordique. Cela n'empêche cependant pas les plus courageux de voyager, c'est un fait. Pardonne-moi, j'ai tout dit d'un coup. Je me suis emballée, ces choses sont assez compliquées. »

- Non pas du tout ! J'adore, c'est passionnant ! J'espère juste ne pas t'embêter à te demander tout ça. A vrai dire, rien ne t'oblige à me parler de tout ça bien sûr.

Elle manquera pas de te le faire savoir va.

- Je ne sais pas si un jour j'aurais le cran de descendre voir ça de plus près bien que j'aimerais vraiment essayé de voir les montagnes depuis un autre angle, depuis tout en bas. Les trouves-tu belles les montagnes de là où tu les vois ? Dis-moi, est-ce qu'il y a toujours la guerre en bas parce qu'il y a pleins de clans ? Parce que chez nous, la paix règne en permanence, mais c'est sans doute parce qu'on est le seul clan dans les monts.

Quelle chance que cette lionne était passée par ici. Voilà ce que tu te dis Zwissia. Grâce à elle, la journée que tu pensais identique à toute les autres était bouleversée par cette élément que je qualifie perturbateur. A ta place, je me dis surtout que ce n'est pas normal ni rassurant que des lions qui n'ont rien à faire là, soient là. Toi évidemment, tu espères avoir trouvé une amie, et une amie particulière car elle vient d'ailleurs. Voir autre chose que du blanc autour de toi, ça vaut le coup d'oeil. Tu as de la chance qu'elle soit venu en amie. Mais dis toi bien que la prochaine fois, tu pourrais très bien ne pas avoir cette même chance. Cette histoire de guerre te bouleverse. Tu ne la jamais connue, c'est vrai, mais tu as déjà connu la perte d'un être cher. C'est très douloureux. Alors le simple fait de savoir qu'énormément de monde mourrait dans les guerres, il y a de quoi pleurer des lions que tu ne connais pas. Enfin, là se trouvent tes pensées. Moi, évidemment, je continue de dire que tu devrais te mêler uniquement de ce qui te regarde.

« Il la retrouvera un jour. Il suffit d'y croire, et de tout faire pour. » répond alors la dénommée Moyo.

Tu souris. De l'espoir, tu en as tout le temps. Une réserve infinie, autant que ta bonté et ton soutien pour des peuples que tu ne connais pas. Tu as l'espoir de jours de paix pour le monde d'en bas, celui d'où vient cette lionne au sombre pelage. Tu hoches la tête, convaincu par ses dires et tes convictions. Tu demandes ensuite s'il y a des lions comme toi en bas. Blancs.

«Et bien, je pense qu'ils existent. Je n'en ai pas vu, mais des lions naissent avec un pelage blanc sans être nordique, dans de rares cas. Cela dépends de nos origines. Quant au pelage épais, j'en suis sûre aussi. De tout ce que je sais, il n'y à que vous, les nordiques, qui pouvez avoir un poils si épais pour vous protéger du froid. »

Tu hoches à nouveau la tête, emmagasinant les réponses que t'offre cette femelle Pridelander. Mais lorsqu'elle s'inquiète de te baratiner avec ces histoires, tu l'as rassures expressément. Moi, je l'aurais déjà renvoyé chez elle depuis longtemps.

- Tu n'as pas à t'en inquiéter. Si cela n’importunait, j'aurais refusé poliment. Cela me fait plaisir de t'en parler, c'est normal. »

- D'accord, souffles-tu en reprenant un large sourire empli de confiance.

Curieuse de connaître le point de vue sur les montagnes par quelqu'un d'extérieur, tu demandes à la lionne comment elle trouve cet endroit.

« Oui, c'est... magnifique. Quant à la guerre, je ne peux pas vraiment te répondre. Il y à tant de raisons à la guerre. Mais je pense que cela vient de ça aussi. Ton clan est un clan honorable, ne l'oublie pas. »

- Mais toi aussi tu es quelqu'un de bien, affirmes-tu sans savoir petite idiote, je suis sûr que ton clan a tout autant de vertu. Même dans le nord, on connaît un peu les Pridelanders et ce n'est pas un clan banal.

« Nous devrions peut-être y aller, non ? » fit alors la lionne « Je continuerais mon récit en chemin. Et puis...quant au courage de voyager, tu le trouveras un jour. Tu as encore à apprendre avant. »

- Sans doute, réponds-tu avant de te lever et d'ébrouer ton beau pelage aussi blanc que la neige, faisant jaillir des petits flocons qui s'étaient accroché à toi.

Tu avances ensuite aux côtés de la Pridelander, tes pattes s'enfonçant doucement dans la neige sans en ressentir le moindre froid et tu jettes un regard à celles de la lionne en te demandant si cela là gêne de marcher dans cette poudreuse.

« Et si tu le souhaites, je t'apprendrais tout ce que tu voudras. Pour réaliser un rêve, il faut s'y adonner corps et âme, non ? » te dis alors cette satané lionne.

Elle veux pas non plus te faire descendre dans la savane si ? Encore une qui va te mettre des idées plein la tête et te faire courir de gros risques !

- Oui tu as parfaitement raison, lança-tu joviale, c'est vraiment gentille à toi de me proposer ça. D'ailleurs, si jamais un jour je parviens à aller voir la brousse, tu penses que je pourrais te revoir ? Ton clan serait-il agressif à ma visite ?

(moi aussi, c'est chou <3)



▬ Merci. Sache que tu es aussi une bonne personne. Mais n'oublie pas qu'en ce monde, il y a les bons et les mauvais, tout comme certains ont trouvé le juste milieu. Ne te fais pas avoir par la beauté du monde, mais n'oublie jamais tes principes. Les Pridelanders ont leur histoire, et les nordiques sont un clan respecté en bas. C'est ainsi que nous pensons, pour la plupart. »

Tu restes un moment silencieuse. Tu cogites dans ta petite tête de linotte et tourne plusieurs fois cette phrase autour de ton cervelet. Tu ne l'as trouve pas très juste. Encore ta vision des choses qui déforme tout, pour une fois que je suis d'accord avec cette étrangère. En gros, chacun devrait rester chez soi et puis voilà ! "C'est toi qui déforme tout sur ce point. Elle n'a jamais dit ça." Ah ? Et qu'est-ce qu'elle a dit alors ?

- La beauté du monde est une réalité. Ce n'est pas un piège. Le monde est vraiment beau et incroyable, même s'il est habité par des bonnes et des mauvaises âmes. La volonté de vivre pour préserver la paix face aux mauvaises personnes fait partie de la beauté du monde ey des coeurs loyaux au bonheur de chacun.

Par le Grand Esprit, comment fais-tu pour sortir des choses aussi profondes et stupides à la fois ? Tu souris chaleureusement à la femelle au pelage sombre, toujours aussi convaincu par tes dire mais jamais lasser d'entendre ses avis à elle. Tu aimerais tellement en rencontrer d'autres de ces lions là, juste pour voir aussi leur différent point de vue sur ce sujet. Veux-tu aussi rencontrer les mauvaises âmes ? Hum non sans doute pas n'est-ce pas ? Hein ? Quoi ? Si ? Ca va pas bien ? Tu espère changer leur esprit et les tourner vers le bien ? Pour qui tu t'es pris encore ? Je veux bien croire que tu sais faire des miracles ma belle, mais à ce stade ça serait dépassé le savoir faire du Grand Esprit lui même. Ah oui oui je sais bien ce que tu te dis, que nulle créature n'est profondément méchante jusqu'à la moelle et qu'il y a toujours une raison précise à leur agissement, oui certes, pas toujours une bonne raison mais cela varie encore selon le point de vue de chacun. Bref, arrête de rêver et rentre chez toi Zwissia.

« Je ne pourrais pas t'éloigner trop du royaume nordique sur une trop longue distance si jamais tu te sens prête un jour. Mais en saison humide, je suppose que pendant quelques jours dans des endroits tempérés et frais, tu pourras rencontrer quelques amis. »

- Vraiment ? Ca serait formidable !

« Je suis sûre qu'ils réagiront bien. Je te promet que je te ferais rencontrer d'autres personnes si tu acceptes que je te fasse voyager lorsqu'il sera temps. Je serais là pour toi, tu ne seras pas seule, c'est une promesse. »

Tu hoches la tête, le regard pétillant de joie. Oh là, ça sent la bombe à retardement. Ce que vous pouvez être stupide, tous autant que vous êtes ! Si je pouvais l'avoir cette lionne là, je lui montrerais de quel astre je me chauffe ! J'espère que tu oublieras vite cette histoire Zwissia. De toute manière, bah ton père ne l'acceptera jamais, nah !

- Merci Moyo, finis-tu par dire, conquise par l'idée d'un tel voyage.

Enfin, nous arrivons aux frontières du royaume. Parfait, on va pouvoir être débarrassé de cette satanée lionne qui n'aurait jamais dû mettre les pattes ici !

« Zwissia. Je reviendrais te voir, c'est une promesse. Je t'aiderais, et le jour ou tu voudras que je te fasse découvrir le monde, tu n'auras qu'à me le dire. »

- Moyo...fis-tu, la mine un peu triste de quitter l'autre femelle, vivement ton retour. Ne t'aventure pas trop dans les montagnes non plus, je m'en voudrais s'il t'arrivait quelque chose. Je passerais de temps en temps à la frontière pour voir si tu n'y es pas. Surtout prends soin de toi et garde courage, cette guerre ne sera pas éternelle. Je prierais pour la paix du haut des monts, comme une étoile qui veille sur la savane. Fais bien attention à toi...

Tu crains qu'il lui arrive quelque chose avec tous ces conflits, contrairement à toi qui se trouve bien à l'abri dans le coeur des montagnes blanches. C'est assez effrayant de savoir quelqu'un qu'on aime dans un monde aussi hostile. Tu récupères cependant rapidement ton sourire et regarde ton amie retourner vers chez elle. Tu t'assis dans la neige et décide de l'observer jusqu'à ce qu'elle disparaisse de ta vision. Une fois chose fait, tu reprends la route vers chez toi, dans les sommets des montagnes, là où tu pourras commencer à veiller sur ton amie...