Voilà des jours que je marchais avec pour seul objectif d'atteindre les terres de Freeland. Comme à mon habitude je jouais les nomades, il m'était impossible de m'établir trop longuement sur un territoire, de toute manière je finirai par en être chassée... Aussi avant de n'être contrainte je préférais partir de mon plein gré vers les terres de mon choix. Bien évidemment je détestais me soumettre à l'autorité des différents Royaumes mais lorsqu'une patrouille se mettait à vous chasser, vous n'aviez guère d'autres choix que de fuir. Seul face à cinq patrouilleurs bâtis tout de muscle, il valait mieux pour vous avoir la fuite facile et heureusement pour moi, j'avais toujours été une excellente coureuse. Mais Freeland avait l'avantage tout comme l'inconvénient d'être le seul royaume à pouvoir rivaliser de taille avec le Grand Désert des Jangowas aussi était-ce plus simple de s'y dissimuler lorsque notre présence n'était pas souhaité mais aussi était-il fatiguant d'en explorer le moindre recoin tant le territoire était vaste. Néanmoins le cœur du Royaume de Freeland était jalousement gardé et y accéder n'était pas une tâche aisée. Ayant directement pris le Sud après ma rencontre avec Fleck, j'avais fini par atteindre les Collines Blanches mais il m'avait bien fallu trois longues journées avant de les franchir. Le chemin était difficile mais c'était toujours préférable que de contourner le Pic d'Argent, cela m'aurait probablement pris une semaine supplémentaire. Aussi après ces trois longues journées finis-je par atteindre le cours d'eau qui traversait Freeland. Je l'avais finalement fait et c'était un sourire triomphant qui éclairait mon visage tandis que l'aube se levait, dessinant au loin la forme du fameux Repère des Lions.

Maintenant que j'avais atteint le cœur du territoire, je n'avais plus de soucis à me faire ou du moins pouvais-je me considérer tranquille quelques temps. Pourtant j'avais conscience que l'atmosphère dans ce Royaume n'était pas des plus gai ces dernière temps. Récemment, un événement sordide avait secoué l'intégralité de ces terres : chaque année une grande chasse était organisait durant laquelle tous les lions des différents qui composaient les Freelanders se rassemblaient pour chasser ensemble. Mais au cours de cette dernière chasse, un rhinocéros s'était attaqué au groupe de chasse du roi qui était également accompagné de sa belle-fille. Tous deux trouvèrent la mort ainsi que les autres lions qui avaient constitués leur équipe de chasse. Mais des rumeurs circulaient, et si cet incident n'en était pas vraiment un ? Pour ma part je ne pouvais réellement me déclarer, après tout je ne connaissais pas les Freelanders et les tensions possibles qui pouvaient régner au sein du clan mais je pouvais néanmoins m'avancer une chose : jamais aucun roi n'était jalousé par l'un de ses sujets. Mon propre père avait échappé à une tentative d'assassinat alors que je n'étais encore qu'un lionceau aussi connaissais-je bien la partie sombre de la couronne.

Alors que je contournais le Repère des Lions afin de ne pas être vue, j'eus néanmoins le malheur de croiser un mâle. Enfin si je pouvais ainsi dire... Sa voix était venu troublée la tranquillité du petit matin mais alors que j'avais pensé être le destinataire de ses paroles, je me rendis rapidement compte qu'il s'adressait.. au ciel ? Encore trop éloignée je n'avais pu distingué ses premiers mots aussi ignorais-je qu'il s'adressait à un défunt. Intriguée, je m'approcha de l'individu et grimpa à mon tour sur une roche voisine de la sienne : « Ça te prends souvent de t'adresser au ciel ? » demandais-je tout en posant mon arrière-train sur la pierre froide. Levant à mon tour le regard vers le ciel, j'observais les faibles faisceaux de soleil qui peu à peu perçaient la couche de nuage. Cela annonçait une matinée tranquille. « Tu devrais pourtant savoir que jamais il ne daigne répondre à nos questions. » ajoutais-je d'une voix légère. On avait beau tous connaître le silence éternel du ciel, cela ne nous dissuadait jamais de tenter une approche car on gardait l'espoir qu'un jour il vienne nous apportait une réponse à ces questions qui nous pesaient sur le cœur. Délaissant l'horizon du regard, je reporta l'attention sur le mâle à qui j'étais subitement venu tenir compagnie.