[!] RP a caractère violent pouvant "choquer" la sensibilité des plus jeunes [!]
(ouai enfin vous emballez pas hein, c'est pas non plus Orange Méca... ouai nhan rien)


MOPANGA — MEMBRE DES NYEUSIS

La nuit était chaude et glacée à la fois. Juché sur le Rocher de la Fierté, Mopanga observait le lointain, les yeux figés sur l'horizon. Le ciel était dégagé et d'une terrible beauté, et haut dans le firmament brillaient froidement les étoiles, lueurs lointaines et inatteignables. Nombreuses étaient les légendes à leur sujet, et Mopanga n'avait foi en aucune d'entre elle. Les histoires du royaume qu'il avait conquis l'indifféraient au plus haut point, mais il en avait tellement entendu parler qu'il en était venu à les détester. Grands Esprits par-ci, Rois du Passé par là, Mopanga était un rationaliste qui ne croyait pas aux contes de fées. Preuve en était, ces légendes n'avaient pas sauvé les Pridelander ...

Les Nyeusis avaient pris grand plaisir à les tourmenter, et plus encore à les chasser de leur royaume. Ils avaient désormais tout ce qu'ils avaient jamais désiré : des terres, de l'eau et de la nourriture, et des femelles à profusion. L'une d'elle, récemment arrivée, avait su attirer l'attention de Mopanga : son pelage d'or atypique et sa prestance l'avait rendu remarquable et remarqué, et le mâle n'avait pas été insensible à ses charmes, tout comme ses autres compères. Pourtant, avec celle-ci, Mopanga avait l'intention de bien faire les choses : il ne voulait pas construire quelque chose dans la haine et la violence, mais bien dans la douceur et la tendresse, si tant est qu'il en était capable ... car Mopanga avait grandis dans le chaos et la brutalité, et aucun autre modèle ne s'était jamais présenté à lui. Du moins ne s'en souvenait-il pas ...

C'était à lui qu'était incombé la tâche de la patrouille de nuit. Malgré les prisonniers qu'ils avaient fait, Gara craignait de voir revenir dans un élan de courage inconsidéré les Pridelanders accompagnés des potentiels alliés qu'ils pouvaient se faire. Les premiers jours, les prisonniers qu'ils avaient fais avaient tenté de s'échapper, en particulier cette maudite Reine, Malkia. Avec elle étaient retenus les rejetons des hyènes, trois boules de poils trop petites pour se rendre compte de ce qui se passait. Personne n'était autorisé à leur rendre visite, et les Nyeusis s'assuraient bien que cela soit respecté : c'était Chuma, le père de Gara, qui se chargeait de cela, et rien n'échappait jamais à Chuma.

Mais Chuma était cette nuit partis dormir ailleurs, avec les autres Nyeusis, dans les grottes annexes situées au pied du Rocher, si bien que Mopanga était seul en haut du Rocher. Le mâle se trouvait sur un point stratégique : de là où il était, il pouvait surveiller les potentielles arrivées en provenance des frontières, ainsi que les prisonniers qui se trouvaient dans la grotte. Rien ne pouvait lui échapper ... debout sur le promontoire, Mopanga attendait. Il attendait que le jour se lève - ce qui n'était pas prêt d'arriver - ou que quelque chose se passe pour le sortir enfin de sa monotonie. La nuit était sans pareille, mais le mâle était incapable de l'apprécier, car tout ce qui était beau et pur n'avait aucun sens à ses yeux, si ce n'était cette Kuzali au pelage d'or qui allait être, il l'ignorait encore, sa plus grande déception ...

MOPANGA — MEMBRE DES NYEUSIS

La voix de Kuzali retentit dans l’obscurité, tel un écho dans les ténèbres. L’intention du mâle à la crinière noire se porta vers la femelle au pelage d’or, si bien qu’il se détourna un moment de sa lugubre contemplation de l’horizon. La nuit était sombre, et l’or de son pelage semblait briller sous la pâle lueur de la lune … Mopanga se demanda un moment comment un lion pouvait-il résister à une telle chose et, surtout, comment une si belle femelle pouvait être encore seule. C’était un mystère qu’il ne comprenait pas, une véritable incohérence dans l’équation … mais qu’importe ? Maintenant que Mopanga avait posé ses yeux sur elle, son destin était désormais scellé. Le mâle espérait simplement qu’elle serait d’accord …

Sans lui déplaire, sa proximité l’agita quelque peu … c’était si soudain que Mopanga s’en étonna presque. Il n’avait pas souvenir d’avoir passé cette étape dans leur relation et ce bond en avant le désarçonna … mais il n’en fut que plus satisfait. Un léger sourire se dessina sur le coin de ses babines, véritable rictus de triomphe. Kuzali le dépassa, mais le mâle attrapa doucement l’une de ses pattes arrières, l’immobilisant un moment et la ramenant contre lui. La voix suave du mâle s’éleva dans l’ombre.

— Hum … nous pourrions rester ici aussi, à la vue de tous. Il n’y a rien que nous pourrions faire que la reine n’aurait pas déjà vu … ou vécu. Mes … compagnons … dorment en bas, personne ne nous dérangera ici si ce n’est, peut-être, des yeux envieux …

Affirma Mopanga en jetant un regard vers la grotte où étaient emprisonnés les captifs. Il y avait bien les trois chiots des hyènes, mais ils devaient dormir à cette heure-là, et puis Mopanga s’en fichait bien. Plus de monde saurait qu’elle était à elle, plus grande serait sa satisfaction …

— Et où voudrais-tu aller de toute façon, hum ? N’y a-t-il pas plus bel endroit qu’ici ?

Fit remarquer le mâle au pelage sombre. Il frotta son visage contre le flanc de Kuzali et la tira davantage vers lui. Kuzali semblait s’être fait prendre à son propre jeu, et il allait lui falloir se débrouiller seul car personne n’était là, cette fois, pour venir la secourir …

— Hum … je saurais prendre soin de toi, n’en doute pas une seule seconde …

Assura le grand mâle. La garde des frontières pouvait attendre … Mopanga n’allait certainement pas laisser passer une telle occasion. Et puis, de toute façon, qui aurait l’idée de venir en pleine nuit ? Mopanga défierait quiconque le dérangerait en cette nuit. Cela faisait trop longtemps – à son goût – qu’il attendait cela, et personne ne se mettrait au travers de sa romance. Personne.

MOPANGA — MEMBRE DES NYEUSIS

La femelle lui échappa un moment, et Mopanga du se réfréner pour ne pas lui imposer trop tôt ses volontés. Un sourire se dessina sur les babines du mâle au pelage sombre qui, bien malgré lui, laissa Kuzali s'éloigner. C'était un jeu subtil que Mopanga connaissait bien : les règles lui étaient plus que familières, et s'il avait l'habitude de les changer souvent - toujours - à sa guise, les choses étaient, ce soir, différentes ... Mopanga se devait de les respecter, car il voulait faire les choses bien. Le mâle à la crinière noire tenait à ce que leur relation commence sur de bonnes bases. Il ignorait pourquoi, mais cela lui tenait à coeur ...

Mopanga regarda Kuzali gravir le Rocher de la Fierté, et quittant son poste, il lui emboîta le pas non sans jeter un dernier regard derrière lui. Après tout, personne ne saurait ... trottinant pour la rejoindre, il resta derrière elle et contempla son corps onduler au rythme de sa marche, sa queue battant de gauche à droite en fonction de ses pas. Son pelage doré brillait sous la lune, et Mopanga n'arrivait pas à croire que cela allait être bientôt à lui. Rien ne pouvait le satisfaire davantage.

Ils arrivèrent sans un mot au sommet du Rocher. La vue était effectivement exquise et le ciel sans nuage ne faisait que l'embellir, mais l'intérêt de Mopanga était davantage tourné vers autre chose. Il faisait chaud désormais : la Saison Humide avait laissé sa place à la Saison Sèche et les jours se faisaient toujours plus suffocants et les nuits oppressantes. Les Nyeusis souffraient plus que les autres de cette chaleur, car leurs pelages foncés étaient un réel handicap dans cette savane, mais l'ombre du Rocher de la Fierté savait rendre leurs journées plus supportables.

Mopanga fit semblant de s'intéresser au paysage, déambulant sur la plateforme çà et là sous la lune.

— Hum, tu as raison, la vue est plutôt belle ... concéda un instant le mâle.

Mais bien vite, il se détourna de l'horizon pour revenir auprès de Kuzali, cette créature qu'il désirait toujours plus au fil des minutes et qui avait su, bien malgré lui, le détourner quelque peu de l'obscurité des Nyeusis. C'était une chose bien étrange que de penser, l'espace de quelque temps, à autre chose que soi-même ...

— ... mais j'ai quelque chose de beaucoup plus intéressant par ici.

Affirma simplement Mopanga. Il aurait voulu l'avoir, là, tout de suite : son odeur le tenaillait, mais Mopanga était un lion patient qui savait prendre son temps lorsqu'il le fallait. Malheureusement, c'était là un talent qu'il n'exerçait que trop peu et qui, de ce fait, n'était pas spécialement à son plus haut niveau. S'approchant toujours plus, le mâle passa l'une de ses pattes avant sur le dos puis la croupe de Kuzali, griffant avec légèreté son pelage doré.

A l'entrée de la grotte, véritable soleil au coeur des ténèbres, apparu Kuzali. Malkia ne mit pas longtemps à comprendre ce qu'il se passait et d'un bond souple et gracieux se leva, s'approchant de la jeune lionne au pelage d'or. Elle parlait doucement, de peur de se faire entendre.

— Kuzali ...

C'était là la seule chose qu'il fut en mesure de dire. Sa voix était fébrile et, sans pouvoir le dire, emplis de reconnaissances. Le regard fatigué de la reine croisa celui de la jeune lionne. Dans un sursaut, les trois chiots se réveillèrent ... ils avaient le même âge, et pourtant l'un d'eux paraissait déjà plus grand : il s'agissait de Makeo. Ses yeux orangés fixèrent un moment la nouvelle venue, et de la même manière que Malkia il ne mit pas longtemps à comprendre ce qui était en train de se passer. D'un regard noir, Makeo regarda Kuzali s'emparer de Kuruka qui dormait encore à moitié ... la hyène ne dit mot mais n'en pensait pas moins : cette lionne n'avait pas intérêt à faire de mal à sa soeur ...

Au fond de la grotte, quelque chose s'agita. C'était Djal, qui venait lui aussi de se réveiller et de comprendre ce qui se passait. La jeune hyène paniqua et se mit à trembler lorsqu'elle vit son frère et les deux lions s'éloigner. Djal se terra au fond de la grotte en hurlant.

— iiiiiiiiik !! Non non non, pas sortir, pas sortir ! Djal reste ici. Moch'té, j'veux dire Moch'té ! Sortez pas, ils vont nous zattraper !

Brailla-t-il à n'en plus finir. Le jeune adolescent était terrifié et tremblait de toute part, et la vu de Kuzali ne faisait qu'augmenter sa terreur. Son frère, Makeo, se tourna soudainement vers lui, suffisamment intelligent pour comprendre que la discrétion - et donc le silence - était le maître mot

— Djal tais-toi ! Tais-toi ! le supplia l'adolescent au pelage sombre.
— Non non non, ils vont encore nous taper ! Rappelle-toi, rappelle-toi ...

Djal demeurait irrémédiablement prostré au fond de la caverne, et rien au grand rien ne semblait pouvoir l'en déloger.

***


MOPANGA — MEMBRE DES NYEUSIS
Encore une fois, la lionne au pelage doré lui échappa. Mopanga n'était pas particulièrement patient et ce jeu du chat et de la souris commençait à lui taper sur les nerfs, mais le mâle restait malgré tout irrémédiablement calme ... il lui en fallait plus pour le sortir de ses gonds ce qui, il l'ignorait encore, n'allait pas tarder à arriver.

Fermant les yeux, le Nyeusis laissa Kuzali s'éloigner. En de pareilles occasions, le temps paraissait terriblement long, mais tel était réellement le cas pour Mopanga. La lionne au pelage d'or mettait beaucoup de temps pour revenir d'il ne savait où. Le mâle avait finis par rouvrir les yeux et déambula un moment sur la plateforme du Rocher de la Fierté, seul avec ce maudit paysage. Penser à ce qui l'attendait le mettait dans une joie profonde et si intense qu'il avait dû mal à rester en place ... mais soudainement, dans le silence de la nuit s'éleva un cri, ou plutôt un couinement. Le sang de Mopanga ne fit qu'un tour, et le mâle au pelage sombre se précipita au bord de la plateforme pour voir ce qui se passait en bas ... et découvrit les silhouettes de deux lionnes sortant de la caverne. Le coeur de Mopanga s'arrêta net, et il fut envahit par une colère sans nom. Un hurlement puissant s'éleva dans la nuit - le sien - éveillant ainsi tous les lions du Rocher de la Fierté. D'un bond, le mâle à la crinière noire dévala la plateforme. Personne ne s'échappait jamais sous sa garde, personne, pas même une lionne au pelage d'or.

Au sein du Rocher de la Fierté, tout ne fut bientôt que fureur et confusion. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, tous les Nyeusis étaient apparus, car l’alerte donnée par Mopanga n’avait échappé à personne. Plus rapide que les autres, Mopango arriva le premier sur les lieux, et Kuzali se heurta à lui comme une vague sur un rocher. Un sourire vicieux se dessina sur les babines du mâle au pelage noir, et ses yeux ambrés brillaient dans la nuit comme deux lucioles égarées. D’un violent coup de patte, le grand mâle envoya la femelle au pelage d’or au sol. Il vit une petite boule de poil blanche rouler quelques mètres plus loin, mais il n’y porta pas grande intention : il savait qu’elle retournerait dans la caverne avec les autres … les Nyeusis s’étaient déjà chargés de faire apprendre cette leçon aux rejetons hyènes. Mopango laissa la jeune femelle sonnée reprendre ses esprits, non pas par bienveillance, mais bien pour s’assurer que ses paroles seraient entendues et écoutées.

— Où crois-tu aller comme ça jolie cœur, hein ? Il semblerait que tu ais … contrarié … mon frère. Très mauvaise stratégie … fit-il remarquer.

Dans sa voix planait un amusement non dissimulé. A côté de Mopango apparu ensuite Gara, qui dans la nuit paraissait encore plus grand que les autres. Son regard se posa un moment sur Kuzali et au fond de ses yeux, furtivement, apparu une lueur de déception … qui, bien vite, laissa sa place à une colère mesurée. D’un air hautain, il dévisagea la femelle au pelage d’or, avant de déclarer simplement :

— Finissez-en rapidement. Nous avons déjà perdu trop de temps avec celle-ci. Tuez-là.

Tel un requin de savane, un sourire vicieux se dessina sur les babines de Mobaya, mais avant qu’il n’ait pu faire la moindre chose Mopanga arriva en trombe, dévalant la plateforme du Rocher de la Fierté. Un nouveau rugissement retentit dans la nuit, un rugissement emplit de colère que ne laissait présager rien de bon. Un silence pesant s’abattit, et chacun se figea … de tous les Nyeusis, le balafré avait toujours été le plus calme et le moins impulsif, mais cette nuit risquait de faire exception à la règle. Mopango lui-même ne reconnaissait pas son propre frère, mais il fut terriblement amusé et satisfait de le voir dans un tel état.

Toutes griffes dehors, Mopanga s’approcha en trottinant nerveusement. Son regard haineux croisa celui de Kuzali … quelque chose en lui s’était définitivement éteint, et rien ne semblait en mesure de le raisonner. Dans le cœur de Mopanga ne résidait plus rien d’autre qu’une rage sauvage et insondable.

— Tu t’es servi de moi sale catin ! vociféra le mâle au pelage noir en s’approchant de Kuzali.

Sans même lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit, Mopanga lui asséna un violent coup de patte qui renvoya la jeune femelle au sol. Les Nyeusis s’écartèrent pour laisser le corps de Kuzali s’effondrer … le spectacle qui s’offrait à eux les laissait aussi silencieux que satisfaits. Comme un vautour, le mâle au pelage noir se mit à tourner autour du corps de la femelle. L’odeur qui avait su enivrer Mopanga plus tôt dans la soirée était toujours présente, et à cette suave senteur s’était mêler le doux parfum du sang.

— J’aurai dû me douter que les femelles de ce royaume n’étaient pas dignes de confiance. J’avais tant d’espoirs, pourtant, que tu sois différentes … mais au final, vous êtes toutes pareilles : des MENTEUSES infidèles !

Et il la frappa de nouveau, alors même qu’elle était encore au sol. De la voix suave de Mopanga, il ne restait plus rien : de l’amour à la haine, il n’y avait qu’un pas, et le mâle à la crinière sombre venait de le franchir.

— A quoi est-ce que tu pensais, hum ? Tu pensais vraiment être capable de te jouer de nous, de MOI ?! Je ne sais pas de quel monde tu viens, mais les choses ne se passent pas comme ça ici ! Mopanga fit une courte pause avant de continuer. Pourquoi a-t-il fallu que tu fasses cela ? Nous aurions pus être heureux tous les deux, et j’aurais su te combler mieux que n’importe quel autre mâle de cette terre !

La pâle lumière de la nuit brillait sur le pelage de Mopanga. Ses muscles tendus roulaient sous sa robe de jais, et ses griffes couvertes de sang crissaient sur le sol rocailleux. Il n’avait pas laissé une seule fois le temps à Kuzali de s’exprimer et encore moins de se relever. Cette sale femelle l’avait humilié, et c’était désormais à son tour.

Un sourire se dessina sur les babines de Mobaya qui, avec les autres Nyeusis, avaient formés un cercle autour de Mopanga et Kuzali

— Entendez, mes frères, le bruit d’un cœur qui se brise … souffla-t-il à Gara et Mopango. Puis, il s’adressa à Mopanga : Tue-la, Mopanga, et tu verras que ceux qui disent que l’amour est sucré ne connaissent pas le goût de la vengeance !

Un rictus apparu sur le visage de Mopanga.

— Non, je vais faire mieux que ça. Je vais lui laisser un petit souvenir qui lui rappellera ce que LOYAUTÉ signifie !

Le corps meurtri de Kuzali gisait encore au sol, et le mâle au pelage sombre s’approcha dangereusement d’elle. Au fond de la caverne s’éleva alors une voix désespérée.

— Non, Kuzali ! Ne faites pas ça ! s’exclama Malkia, la voix emplit de terreur.

La Reine de Prideland sortit de l’ombre de la grotte, et en guise de réponse Mopango se retourna et la frappa à son tour, renvoyant son vieux corps au fond de la grotte.

— Retourne dans la caverne, vieille régente ! Tu ne voudrais pas recevoir le même sort, pas vrai ?

La force de son coup avait du assommer la vieille lionne, car aucune réponse ne se fit entendre du fond de la grotte, et rien ne fut en mesure de satisfaire davantage Mopango, si ce n’était le spectacle qui s’apprêtait à se dérouler devant lui.

Mopanga attrapa avec force le corps de Kuzali et le fit glisser jusqu’à lui. Le mâle au pelage sombre ignorait si la femelle était véritablement consciente ou non … il avait mis tant de force et de haine dans chacun de ses coups qu’il craignit un moment de l’avoir sonner. Sans ménagement, il releva la femelle et la fit se coucher sous lui avec une facilité déconcertante. La force de Mopanga était de loin supérieure à celle de Kuzali et sa carrure ne lui laissait aucune chance de s’échapper, ni même de se débattre … penché sur elle, il la recouvrait totalement : l’Ombre s’était emparé du Soleil, et elle n’avait pas l’intention de le lâcher. Le Nyeusis prit dans sa gueule la nuque de Kuzali et ses crocs s’enfoncèrent un instant dans sa chair … sa mâchoire était si grande qu’elle enserrait son échine toute entière, si bien que d’un seul mouvement de tête il aurait été en mesure de lui briser le cou. Au lieu de cela, du sang s’échappa de la plaie, et sans desserrer son éteinte Mopanga le lécha avidement. Son goût était délicat et il en fut comblé. Alors, le mâle se coucha davantage sur elle, et sous lui il sentit le corps de Kuzali se tendre tout entier. Sans attendre plus longtemps, dans un violent coup de rein il s’enfonça une première fois en elle. Mopanga gronda de plaisir, et s’enivrant toujours plus il recommença autant de fois que cela fut nécessaire. La douleur et le déplaisir de Kuzali lui donnait encore plus d’ardeur : ce n’était non pas l’amour qui guidait les gestes de Mopanga mais bien la haine, la haine d’avoir été trahis. Cela sembla durer une éternité, que le mâle prit grand plaisir à faire durer … dans un ultime élan, le grand mâle s’abandonna en elle, et lorsqu’il eut terminé il la fit rouler sur le côté d’un violent coup de patte. Le Nyeusis se dégagea alors et rejoignit ses frères de clan, abandonnant Kuzali sans une once d’amertume. Les jumeaux et Mobaya s’éloignèrent, mais Gara resta un moment auprès de la femelle au pelage d’or, l’observant d’un regard faussement indifférent : il était autant déçu que Mopanga, si ce n’était pas plus … le mâle l’attrapa par la peau du cou et la traîna jusque dans la grotte. Gara la lâcha bien plus délicatement que ne l’aurait fait n’importe quel autre Nyeusis. Gara était cruel, mais il avait de l’affection pour Kuzali.

— Tu aurais dû te contenter de ce que l’on t’offrait, Kuzali. Que cette leçon reste à jamais gravée dans ta mémoire : les Nyeusis ne pardonnent pas et n’offrent pas de seconde chance.

Puis, il l’abandonna à son tour à son triste sort.

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