DON'T GIVE UP ON HOPE

Comment en étions-nous arriver là ? Les royaumes tombaient tous un à un et un vent de panique se levait sur la Terre des Lions. La saison des pluies avait apporté avec elle un déluge de désolation et l'espoir semblait avoir été brisé par l'avidité de certains lions. Marchant sous les étoiles qui guidaient mes pas, j'arborais la faune du Lac-Au-Roi le cœur lourd. Tout était devenu si sombre... Interpellant mon esprit, une odeur que je connaissais me fit stopper mes pas. Kumpa. Que faisait-il ici ? Intriguée par la présence du lion en ces lieux, je remonta à la source de l'odeur arrivant ainsi aux abords du lac.

Embelli par son aura royal, le roi déchu de Prideland se tenait là, immobile face à l'eau claire du lac. Sans doute n'avait-il pas remarqué ma présence. Nous ne nous étions pas revus depuis la chute de Prideland aussi étais-je surprise que de le voir ici. Peut-être comme nous ces temps-ci cherchait-il à s'évader de la réalité. Kumpa avait peut-être été l'un des plus touchés par les événements. Après la mort de son père, voilà qu'il avait perdu l'héritage que ce dernier lui avait légué. D'abord hésitante, je finis par m'avancer en direction du prince d'un démarche silencieuse. Je craignais de l'arracher à ses pensées et lui octroyer sa solitude mais peut-être était-ce mieux comme ça.

« Puis-je ? » demandais-je dans un maigre sourire.

M'arrêtant à sa hauteur, je désignais l'emplacement à ses côtés du regard. Sa détresse était flagrante et bien que nous soyons pas des amis, Kumpa était quelqu'un que j'appréciais aussi ne pouvais-je rester aveugle face à sa souffrance.

La stupeur se lisait dans le regard du prince, sans doute ne s'attendait-il pas à ma personne. Il n'avait pas tord, cette situation était cocasse dans un sens : l'acolyte d'un des lions les plus détesté du royaume venait offrir sa compagnie au prince déchu... Cela en aurait sûrement étonné plus d'un. J'ignorais pour quelles raisons précises mais j'éprouvais de la compassion pour ce lion et je ne pouvais me résoudre à le laisser dans sa solitude. J'émis un petit rire à l'entente de ses mots.

« Tu sais Kumpa, je ne passe pas mes journées entières à ses côtés. Je mène aussi ma propre vie. » ajoutais-je dans un petit sourire.

Je n'allais pas nié le fait que nous étions proches et que notre duo était bel et bien fondé mais cela ne m'empêchait pas pour autant d'avoir d'autres choses à faire. Tout comme il m'arrivait de vaguer à mes préoccupations plusieurs jours, Samekh disparaissait lui aussi de temps à autre. J'ignorais ce qu'il faisait de son temps, je ne le questionnais jamais à ce propos. Après tout, il ne pouvait rien me cacher de bien grave aussi n'avais-je aucune raison de m'inquiéter. Nous étions plus soudés que les apparences le laissaient croire et nous n'avions pas de secrets l'un pour l'autre. Ou du moins le pensais-je.

« J'en ai eu des échos mais Samekh n'est pas le genre de personne à s'attarder sur de telles choses. » répondis-je d'une voix calme tout en m'asseyant aux côtés du lion.

A vrai dire, j'avais appris à me dépends que Samekh était un lion susceptible et malheureusement pour le prince, il était également rancunier. Peut-être Kumpa l'ignorait-il mais il avait terriblement froisser le vieux lion en écorchant à vif son orgueil ainsi qu'en réveillant certaines douleurs passées. La relation entre ces deux-là semblait bien compliqué néanmoins le lion doré ne devait pas être sans savoir que Samekh avait un temps essayé de l'aider bien qu'à sa façon si particulière. Si le prince avait été surpris par ma venue, c'était son attitude qui pour ma part me surprenait. Alors que je m'attendais à voir de la tristesse sur son visage, il n'en était rien. La perte de son royaume ne l'affectait-elle donc ? Si bien sûr que si, il ne fallait pas être idiot seulement, j'ignorais tout de l'état d'esprit du lion et j'avouais que cela me perturbait. J'aurais aimé savoir le fruit de ses pensées.

« Samekh n'est pas celui que tu crois. Ce n'est pas ce lion vicieux et sans-cœur que tout le monde pense voir, il y a bien plus derrière sa carapace. La vie s'est montré ingrate avec lui, j'ignore si cela justifie tout ses actes mais peut-être le verras-tu un jour comme moi je le vois. »

Cela demanderait bien des rebondissements mais j'espérais que Kumpa pourrait voir un jour mon mentor sous un autre regard. Bien évidemment, Samekh et moi-même partagions une relation particulière et peut-être cela faussait-il mon jugement car jamais je ne pourrais voir le mal en ce lion de feu. Si pour certains il avait été un bourreau, à mes yeux il était mon sauveur. Après tout, Samekh avait participé au rapatriement des troupes lors de la bataille mais sans doute en faudrait-il plus à Kumpa pour lui faire oublier le rôle que Samekh avait joué dans la mort de son père. Mes pensées se focalisèrent alors sur les événements récents et l'impact que cela avait du avoir sur le prince. Quand bien même il semblait calme, je ne pouvais croire que son cœur n'avait pas été chamboulé. Je me souvenais encore de l'amour dont il avait témoigné à l'égard de ses terres lors de notre rencontre au baobab. Elles qui lui étaient si précieuses, être contraint de les quitter devait être un déchirement.


« Comment vas-tu ? » finis-je par demander, tournant mon regard vers celui du mâle.

Étrangement, les mots du prince à l'égard de Samekh ne sonnaient pas faux. Si le lion de feu m'était venu en aide, cela avait été pour m'éviter les erreurs que lui avaient commises par le passé. Son but n'avait toujours été que de me préserver. Je comprenais néanmoins la pensée de Kumpa et ses raisons, il n'était pas évident pour lui de pardonner à l'un des bourreaux de son feu père aussi hochais-je la tête d'un air entendu. Je pensais malgré tout avoir trouvé une étonnante ressemblance entre ces deux lions : ils étaient aussi bornés l'un que l'autre.

Suivant le regard du lion, j'observais son image réfléchie dans l'eau clair du lac. La peine se lisait sur son visage. Après un léger silence, le mâle se confia finalement sur son ressenti. Cela devait être un véritable choc pour lui d'autant plus qu'il avait toujours été destiné à régner sur Prideland. Gara lui avait pris bien plus que les terres de son enfance, il lui avait volé son héritage. Attentive, j'écoutais la moindre des confessions du lion.

« Tu n'as à t'efforcer de paraître fort, je sais combien il est dur de quitter ses précieuses terres natales et le vide que l'on peut ressentir dès lors qu'on les sait loin de nous. »

Je savais ce vide que le prince allait bientôt connaître et cette sensation déroutante que de marcher dans un désert sans fin, se surprendre à chercher du regard un quelconque élément nous indiquant que nous avions retrouver le chemin de la maison et que l'obscurité était derrière nous... Oui, je savais tout ça.

« C'est ton héritage Kumpa, il te revient de droit. Quand bien même un voile d'ombre plane, le soleil finira par briller de nouveau. Il faut simplement y croire. » dis-je avec un sourire qui se voulait rassurant.

Je n'étais jamais vraiment à l'aise quant à la mort de Farao, peut-être parce que celui qui comptait le plus pour moi y était mêlé. Honorer la mémoire de son père lui était important aussi trouvais-je ses intentions nobles. Voilà qu'il me retournait ma question... A vrai dire, j'ignorais quoi répondre. Après un silence songeur, mes mots se formulèrent.

« Venant d'au-delà de la Terre des Lions, je n'avais rien à perdre aussi n'ai-je pas à me plaindre. » Mon ton se voulait détaché et pourtant, quelque chose me rongeait. Accablée par la culpabilité, je détourna finalement le regard de Kumpa avant de répondre plus sincèrement au lion. « Tu sais, Rono il ... la mort de Theluji l'a beaucoup touché. Je me sens responsable, je suis celle qui est allé le retrouver pour lui demander de m'emmener à nouveau dans le Nord y réclamer le soutien du Nord. » confiais-je finalement au prince.

Mais ce qui était fait ne pouvait plus être changé. Aussi quand bien même ma discussion avec mon précieux ami avait apaisé mes doutes, un arrière-goût subsistait en mon fort intérieur. Sans doute me faudrait-il du temps pour accepter l'idée que Gara était l'unique bourreau du Roi du Nord. Préférant ne pas clore mes paroles sur cette note amère, j'ajoutais ces quelques mots dans l'intention de faire comprendre au lion que tout n'était pas perdu :

« Il te reste encore ta mère et ton frère, tu n'es pas seul. »

Seulement, j'ignorais tout de la capture de Malkia.

Venger de la mort de Theluji... L'ombre d'un sourire se dessina sur mes babines à l'entente de ses mots. Malgré sa situation désespérée, Kumpa continuait d'être ce lion confiant prônant une justice à tout crime. C'était bien là l'attitude d'un prince et celle d'un roi. Quand bien même j'étais celle venue à la rencontre du prince pour le réconforter et lui apporter des paroles apaisantes, voilà que les rôles s'étaient échangés. J'étais touchée par ses mots et lui adressa un sourire de remerciement. Kumpa avait raison, les Nyeusis finiront par répondre de leurs crimes, le prince deviendra roi et la mort de Theluji sera vengée. C'était certain.

Me prenant au dépourvu, le lion doré m'annonça que sa mère avait été faite prisonnières des Nyeusis et mes sourcils se haussèrent de stupeur. Je me souvenais alors de cette discussion que j'avais eu avec Samekh après la bataille où nous avions relaté les récents événements et alors qu'il voulait me parler d'un fait important, je ne l'avais pas laissé finir. Trop occupé à l'idée de retrouver Rono dont je craignais l'état psychologique, je n'avais pas pris la peine d'écouter les derniers mots du lion de feu. Je comprenais aujourd'hui mon erreur et je m'en voulais terriblement.

« Je suis sincèrement désolée Kumpa, je l'ignorais... »

Il semblait que les éléments s'étaient réunis pour faire de la vie de Kumpa un va et vient de douleur et de peine. Après la mort de son père, voilà qu'on lui enlevait sa mère. Ma compassion pour le lion ne s'en voyait qu'amplifier et je trouvais admirable son sang-froid dans une telle situation. La tristesse ainsi que le regret dans son regard étaient évidents. Ces Nyeusis... une vague de colère m'envahit. Ils avaient semés tant de haine sur leur chemin et blessé tant de lions. Nous devions les arrêter.

« Effectivement ce serait fou pour un visage connu de leur bataillon de s'y rendre mais... pas pour un inconnu. »

Lentement mais sûrement, une idée germait dans mon esprit. Une idée certes folle et peu réfléchie pour le moment mais qui prenait peu à peu de l'assurance. Une vague d'ombre s'était abattue sur la Terre des Lions et des lions assoiffés de pouvoir avait brisé l'équilibre de ces terres. Nous ne pouvions rester là sans rien faire.

Je me souvenais de ce jour où Sheru m'avait demandé de fuir avec lui sur une terre lointaine connue pour sa beauté, sa verdure abondante et une paix ancestrale. Avant même d'arriver ici, je connaissais d'ores et déjà le nom de Prideland, c'était là où Sheru avait prévu de demander grâce au Roi pour nous laisser vivre parmi eux. Je n'oublierai jamais l'éclat dans ses yeux alors qu'il évoquait ces terres... Sheru était un voyageur venu de contrées lointaines aussi avec le recul, je me demandais s'il n'avait pas déjà visité ces terres qu'il semblait si bien connaître. Et si... et si Sheru en était originaire ? L'idée me traversa brutalement l'esprit. Comment n'avais-je pas pu y songer plus tôt ? Ce n'était qu'une hypothèse mais un chagrin douloureux m’épris tandis que je détournais le regard du prince pour le lui cacher. Je n'avais eu l'occasion de le questionner à ce sujet, la mort me l'avait pris trop tôt. M'accordant un instant de recueillement à la mémoire de cet être aimé, je redressais finalement mon regard, plus déterminée que jamais.

Pour venger la mort de Theluji, pour libérer ces peuples de la tyrannie, pour détruire ces lions de l'ombre, pour ramener sa famille à Kumpa, pour la mémoire de Sheru... Il était temps d'agir.

« Je vais infiltrer les Nyeusis. »

La posture droite et le regard brillant de ténacité, ma décision était prise.

« Oui, ma décision est prise. »

Je savais me montrer aussi têtu que d'autres et une fois mon choix fait, il était quasi impossible de m'en détourner. Inconscience ou détermination, allez savoir. Mes motivations pouvaient lui paraître minces quant à la mission dans laquelle je me lançais mais, le prince ne connaissait pas toute l'histoire. Il était temps que les tyrans tombent.

« … et il est également de notre droit de le savoir. » répondis-je au lion du tac-au-tac. « Quoi de mieux que de les infiltrer et les toucher en plein cœur pour les faire tomber ? J'ignore encore de quelle façon m'y prendre mais je trouverai, le principal étant de libérer les prisonnières dont ta mère. Cela les fragilisera à coup sûr. »

Je savais bien que Kumpa cherchait par ses mots à me faire davantage réfléchir à cette décision si soudaine mais, lui-même semblait me comprendre aussi ne s'opposait-il pas à ma décision de manière catégorique. Après tout, ne souhaitait-il pas retrouver sa mère ? La lumière qui brillait dans son regard m'indiquait que oui.

« Je ne nie pas la dangerosité de cette mission mais il faut savoir prendre des risques. »

Ceux prêts à prendre de grands risques doivent être prêts à supporter de lourdes conséquences aussi ajoutais-je cela à l'intention du prince, comme pour lui faire parvenir que je comprenais la gravité de cet acte mais en assumait également les effets. Il fallait bien tenter quelque chose, les Pridelanders ne pouvaient pas se contenter de laisser leur territoire ainsi, aussi fallait-il riposter. Prendre des risques et ne pas avoir peur de l'échec.

Dangereux... Oui bien évidemment que cela l'était. Je n'étais pas folle et avait conscience du risque que cela impliquait mais il fallait agir. Ce ne serait pas en attendant les Pridelanders conformément à la proposition du prince que les choses changeront. Ils leur faut de l'espoir pour les aider à se redresser et si mon plan fonctionnait, cela pourrait les mettre sur la voie. Ils ne pourront rien faire tant que Malkia et les autres lionnes restaient prisonnières. Une épée de Damoclès retenait tout agissement de leur part, les Nyeusis avaient jouer finement sur ce coup là et rien n'avait été laissé au hasard. Ce qu'il nous fallait maintenant, c'était d'être plus malin qu'eux.

« Ça ne marchera pas et tu le sais. Avant que les Pridelanders puissent esquisser le moindre mouvement, il leur faudra de l'espoir. »

Mes deux ambres luisantes se redressaient vers le prince tandis que je l'observais. Il semblait... nerveux. Peut-être que mon plan l'inquiétait. N'était-il pour pas heureux d'apprendre qu'il y avait là une chance de libérer sa mère ? Je ne comprenais pas, n'importe qui aurait été heureux d'une telle nouvelle mais lui, il continuait de chercher d'autres solutions. Je n'étais pas un membre de son clan, il n'avait pas à me protéger.

« Non, en effet, il ne le sera pas mais c'est ma décision et il n'y a rien qu'il ne puisse faire pour m'en détourner. » répondis-je vivement au lion alors qu'il évoquait mon mentor.

Samekh m'avait déjà imposé certain de ses caprices par le passé, il était temps de faire de même. L'expression du prince se durcit tandis que se dessinait l'inquiétude. Ses quelques mots m'arrachèrent un petit rire amer. Oh bien sûr ce n'était pas une situation comique mais savoir que le futur roi de Prideland se faisait du soucis pour moi était d'une certaine façon amusant. Insupportable disait-il...

« Je ne suis qu'une exilée, tu n'as pas à te soucier autant de moi. » répondis-je d'un ton calme tout en croisant son regard. « Ne serait-ce pas plutôt d'apprendre le décès de ton dernier parent qui te serait insupportable ? »

Mes derniers mots semblaient secs et froids, comme dénués de toute compassion. Je n'aimais pas agir ainsi mais Kumpa devait comprendre que cela pourrait sauver sa mère. Que valait ma vie face à celle de la Reine mère ? La réponse : rien. Sur ces terres, mon sang avait perdu toute sa valeur et je n'étais plus qu'une lionne parmi les autres, éjectée de la scène principale et projetée dans les coulisses. J'avais toujours appris à être la princesse qu'on attendait que je sois mais aujourd'hui, plus rien de toute cela ne comptait. Je n'étais plus qu'une dénommée Kuzali et cette anonymat allait me permettre d'intégrer l'ennemi sans même attirer l'attention.

Mes yeux se plissèrent lorsque le prince évoqua l'une des lois ancestrales du royaume de Prideland. C'était à son tour d'avoir raison pourtant nous avions été mêlés à ce clan dès lors que Misaada nous y avait intégré. Je soutenais alors son regard, me préparant à une nouvelle opposition de sa part mais à mon grand étonnement, ce ne fut pas le cas. Ses paroles m'arrachèrent même un sourire et je lui étais reconnaissante pour les avoir dites. Démontrer au futur roi que ses aïeuls avaient tort, n'avais-je pas frapper un coup fort ? Après un court silence, le mâle conclut en m'affirmant qu'il me donnait son accord et serait derrière moi. Un nouveau sourire éclaira mon visage et je lui répondis d'un ton plus doux :

« Je préfère te savoir avec moi que contre moi. »

M'impliquer dans une cause que je pensais juste me donnait en quelque sorte de l'espoir. Je pouvais ainsi laver nos noms et faire oublier que tous les exilés étaient des lions cruels et sanguinaires ce qui n'était pas le cas. Ces ignorants ne savaient quelles douleurs nous avions dû traversé et ce poids que nous portions constamment. J'étais trop fière pour l'admettre mais ces regards de peur et de dégoûts dès lors qu'on m'identifier comme une exilée me blessaient. Je me souvenais encore de cet ancien temps où tout regard qui me contemplait était bienveillant et j'enviais ces souvenirs. La peine me n'avait jamais quitté, l'aigreur l'avait simplement dissimulé.

« Merci. » ajoutais-je dans un léger murmure.

Merci de croire en moi. Cette mission était périlleuse mais Kumpa était derrière moi, je n'étais pas seule. Je lui ramènerai sa mère coûte que coûte ainsi que les autres lionnes de son clan. C'était ma promesse et il était temps de faire souffler le vent en notre faveur. Il ne me restait plus qu'une chose à faire : parler à Samekh. Mais en serais-je seulement capable ? Cela s'avérait bien plus délicat mais devait être fait bien que je connaissais d'avance sa réponse, il ne me laisserait jamais foncer tête baissé chez l'ennemi avec le risque de ne jamais revenir. Mais si je faisais tout ça, c'était aussi pour lui. Peut-être était-il préférable qu'il n'en sache rien.

« Je tâcherai de faire de mon mieux et de ramener ta mère saine et sauve. »

Je comprenais sa douleur plus qu'il ne le pensait et voulais agir pour dissiper cette peine. Oui, pour que jamais il ne connaisse ce sentiment de savoir son royaume définitivement perdu sans possibilité de pouvoir un jour y poser les pattes à nouveau. Cette douleur qui avait été la mienne... Je ne la souhaitais pas à Kumpa ni même à personne d'autre.

« Nous nous reverrons, futur Roi. » concluais-je tout en lui adressant un regard persuasif. Je croyais en ces mots alors lui aussi devait y croire.

Me redressant dans un mouvement fluide, je me détournais du lion pour reprendre la route. Trêve de bavardage, il était temps d'agir.