Au risque d'en étonner plus d'un et surtout moi-même, j'avais franchi un nouveau cap en la personne d'Uhucha qui était désormais mon compagnon. C'était... étrange. Ou du moins l'était-ce dans un premier temps, je me faisais peu à peu à la situation. Je n'en avais dis mot à Samekh, n'y voyant là aucune utilité. A vrai dire, je n'en avais même parlé à personne, mon entourage n'étant pas des plus larges. J'aurais pu en parler avec Rono certes mais, nos rencontres se faisaient toujours dans le cadre du hasard. Quoi qu'il en soit, je faisais à nouveau route vers Freeland pour y retrouver Uhucha. C'était ainsi que l'on fonctionnait, nul besoin d'être constamment sur le dos de l'autre. Cette prise de liberté me convenait à merveille, je n'étais pas encore prête à partager mon quotidien. De plus, Samekh n'aurait probablement pas accepté l'arrivé d'une nouvelle tête dans ce petit gang que l'on formait.

Je n'étais en rien angoissée à l'idée de voir Uhucha et c'était même avec un léger sourire aux babines que je traversais la savane. Si nous étions auparavant tous deux maladroits l'un envers l'autre, notre situation commençait peu à peu à se stabiliser. J'avais appris à davantage connaître le lion et sans surprise, je m'étais attaché à sa personne. Mes sentiments étaient loin d'être de nature amoureuse mais, je l'appréciais et son charme ne me laissait pas indifférente. On savait passer du bon temps ensemble.

Arrivant sur le lieu de rendez-vous, je me mis à humer l'air à la recherche de l'odeur du lion. Il n'était pas encore arrivé. Patiente, je partis m'installer à l'ombre d'un arbre. L'herbe de ce lieu était différente de celle de la savane. Elle n'était si sèche ni rêche mais soyeuse et parfumée. Posant délicatement ma tête sur mes pattes avants jointes, je m'accorda un instant de répit et ferma délicatement mes paupières. La douce brise du vent venait se mêler à mon pelage doré tandis que je soupirais d'aise. Quelle journée agréable.

Les paupières closes, j'étais privée de la vue et seule la mélodie du vent venait retentir dans mes tympans aussi cela fut-il mon odorat qui m’avertit de l'arrivée imminente de ce lion que je connaissais bien. Son odeur émanait un sentiment chaleureux et venait en emplir mes poumons reconnaissants. Quand cela avait-il commencer ? Comme je l'avais crains tout en l'espérant à la fois, je m'étais attachée à Uhucha. Les sentiments ne se contrôlaient pas après tout. Je sentis bientôt le contact du mâle contre ma peau et sa langue vint délicatement se poser sur ma joue et ce tout en tendresse. Qui aurait cru que Uhucha pouvait être aussi doux... Un sourire vint étirer mes babines tandis que j'ouvris délicatement les paupières afin d'observer mon mâle qui venait s'allonger à mes côtés. Si certains étaient effrayés par ses cicatrices, je n'en étais que plus attirée comme si un besoin de protéger ce lion blessé m'animait. Oui, j'étais bel et bien attachée à celui qui était désormais mon mâle.

Délicatement, sa patte vint se poser derrière ma nuque, rapprochant davantage nos deux corps qui s’alignaient à la perfection. D’ordinaire réticente au contact physique, j'en étais ici comblée. Après tout Uhucha n'était pas n'importe quel lion mais mon mâle, le seul. Si dans un premier temps cette pensée m'avait quelque peu déstabilisée, je trouvais désormais qu'elle possédait une sonorité tout à fait plaisante. Mon mâle. Oui, c'était plutôt mélodieux. De sa voix suave, Uhucha prononça des mots qui eurent pour effet d’élargire encore davantage mon sourire. Sa voix grave me faisait toujours un effet particulier. En réponse à ses mots, je lui déposa une lèche tendre et douce sur le bout de son museau. Oui, j'étais sienne et il était mien.

« Tu soignes toujours tes entrées. » dis-je simplement mais d'une voix douce accompagnée d'un léger rire.

Profitant de la présence de mon compagnon, je posa délicatement ma tête contre sa crinière si confortable et soupira d'aise. Sans doute devions-nous dresser le portrait d'un petit couple parfait. Et pourtant, notre relation n'était en rien basé sur des sentiments amoureux mais sur une sorte d'engagement pour s'aider l'un l'autre. Pour ma part, cela fonctionnait plutôt bien. Voir Uhucha me faisait souvent oublier mes soucis de l'autre côté de la frontière et étant voyageur, il n'avait que faire de mon statut d'exilée. Comme si Freeland représentait un autre monde où je n'étais plus Kuzali l'exilée et acolyte du mystérieux Samekh mais simplement Kuzali, la lionne du voyageur Uhucha. Deux mondes, deux vie.

« Tu portes encore sur toi l'odeur du désert, qu'étais-tu parti y faire ? »

Si je n'étais pas aussi pudique sur mes sentiments, j'avouerai au mâle qu'il m'avait manqué mais étant réservée quant à mes émotions, je gardais cette information pour moi-même. Lui adressant un regard pétillant de curiosité, j'attendais sa réponse afin de satisfaire cette envie. Non pas que je le surveillais, Uhucha était libre de faire ce qu'il voulait lorsque nous ne nous voyions pas, je me renseignais simplement quant aux voyages de mon compagnon. Et puis, cela me permettait d'en apprendre chaque jour un peu plus sur lui.

Ce sentiment persistait, celui qu'une frontière nous empêchait d'être réellement unis. Uhucha ne me disait pas tout et je le savais. Il y avait tout un tas de choses que j'ignorais à son sujet à dire vrai, tout comme lui en ignorait des tas me concernant. Notre attachement l'un envers l'autre était sincère mais des non-dits persistaient. Qu'était-il réellement parti faire dans le désert et quel événement l'avait frappé ? Et qu'en était-il de ce félin, qui était-il ? J'aurais pu questionner davantage le mâle à ce sujet mais je choisis de me taire ne sachant que trop bien que cela engendrerait des tensions entre nous. Uhucha le savait également et c'était pour cette bonne raison qu'il avait lui aussi fait ce choix. De plus, je ne pouvais lui en vouloir, moi-même lui cachant certaines choses telle que ma relation avec Samekh. J'ignorais comment Uhucha réagirait en sachant qu'après nos petits rendez-vous, je partais rejoindre un autre mâle qui n'était autre que mon mentor et par crainte de cette ignorance, j'avais choisis de me taire. Une fois de plus.

Le changement de comportement du lion ne faisait qu'affirmer mes soupçons mais je prétendais ne rien voir. C'était sans doute mieux ainsi. L'espace d'un instant, des flammes semblèrent prendre possession de son regard et ses muscles se contractèrent. Ses griffes sortirent subitement pour venir s'enfoncer avec une certaine violence dans la terre meuble, comme si le mâle cherchait à se contenir et chasser les démons qui le hantaient. J'avais beau vouloir feindre l'ignorance, je n'étais pas insensible à la détresse du lion c'est pourquoi lorsqu'il sembla être remis de ses émotions, je vins délicatement poser ma patte sur la sienne, un doux sourire sur les babines. Par ce geste, je faisais savoir au lion que je comprenais son silence et qu'il n'avait pas à en dire plus.

« En tout cas, je suis contente que tu sois revenu me voir. »

J'ignorais quelle épreuve mon mâle avait rencontré dans le désert mais une chose était sûr, nous étions désormais ensembles, heureux et en bonne santé aussi cela me suffisait-il. J'aimais la façon dont Uhucha se comportait avec moi, je me sentais protégé entre ses pattes et à l'abri de tous les dangers. Ce n'était pas un de ces lions indécis et peureux non, Uhucha était vaillant et réactif et je n'avais aucun doute sur sa dominance dans les combats. Ce n'était pas seulement un lion mais un mâle, un vrai, et c'était ce qui me plaisait chez lui.

Souriant aux paroles du lion, je vins à nouveau glisser mon cou contre sa douce crinière. Le climat était idyllique pour ces retrouvailles et rien ne semblait pouvoir ternir cet instant. Ou du moins était-ce ce que j'avais naïvement pensé car d'ores et déjà une ombre s'avançait parmi la faune.

Réactif à l'arrivée du nouveau venu, Uhucha était déjà sur ses gardes et tous ses muscles se tendaient, prêt à accueillir ce gêneur. Mes oreilles s'étaient également redressées et j'observais les mouvements du nouveau venu. Protecteur, Uhucha me gardait blottie contre lui tout en fusillant le lion du regard. Étrangement, j'avais un mauvais pressentiment quant à la suite des événements. L'arrivée soudaine de l'étranger me déplaisait fortement. N'était-il pas assez réfléchi pour constater que nous profitions d'un moment passé seul à seul ? Quel manque de politesse. Arrivant à notre hauteur, le nouveau venu se mit à se déplacer en cercle autours de nous tandis qu'un léger grondement faisait vibrer ma gorge. Comme si cela ne suffisait pas, l'inconnu se planta face à moi et m'accosta par une vieille phrase bateau qui ne fit qu'augmenter mon grondement. Mes nerfs lâchèrent prise lorsque qu'un rictus pervers vint déformer son visage. Alors que je me redressais prête à lui donner un bon coup de griffe sur la visage, une ombre me devança. Une ombre bien plus remontée que moi. Uhucha.

Interloquée, je restais bouche bée devant le déferlement de violence de Uhucha. J'avais déjà pu observer Uhucha remonté et il m'avait même déjà montré les crocs mais aujourd'hui... cela n'avait rien de comparable. Dans un râle de rage, il entaillait le ventre du lion suspect avant d'être repoussé par ce dernier. Les deux continuèrent de se débattre l'un l'autre sous mon regard médusé, incapable d'avancer le moindre mouvement. Mais alors que Uhucha avait déjà l'ascendance sur son ennemi et l'avait soumis par sa force, il ne s'arrêta pas à ce simple stade. Non, il voulait aller plus loin. Il voulait en finir. Alors d'un coup de griffe, Uhucha entailla la gorge de son adversaire au sol et par un coup de patte final, il envoya roulé sa tête déchiquetée devant mes pattes.

« ... »

Quand bien même j'aurais aimé dire quelque chose, aucun son ne sortait de ma gorge. J'étais muette sous le coup du choc. Comment en si court lapse de temps Uhucha avait-il pu passer du lion doux et attention à cette machine de combat ? Ces non-dits qui entouraient notre relation... en voilà un qui se dévoilait. En cet instant je compris que Uhucha n'était pas seulement protecteur mais également possessif et qu'il valait mieux pour lui de ne jamais me voir en compagnie d'autres mâles au risque de les voir finir comme ce crâne à mes pieds, trophée de la victoire incontestable du lion. Quant à Samekh, j'avais enfin ma réponse. Uhucha ne devait jamais savoir.

« Pourquoi l'avoir tué ? » demandais-je simplement, la voix quelque peu éteinte.

Je n'étais pas en colère contre Uhucha, seulement interloquée et je voulais comprendre. Savoir si Uhucha avait une dent particulière contre ce lion qu'il connaissait ou s'il avait simplement agis en guise de protection. Mon regard s'abaissa vers le corps sans tête du lion. Peut-être avait-il une famille qui l'attendait quelque part et ne saurait jamais pourquoi il n'était pas revenu... J'étais toujours touchée face à la mort, peu importe qu'il soit mon allié ou mon ami. Je ne pouvais m'empêcher d'y voir le reflet de la mort de Sheru, mon premier amour. Un voile de nostalgie et de tristesse vint ternir mon regard le temps d'un court instant.

Il n'avait jamais été évident de lire dans les pensées, particulièrement dans celle de Uhucha. Si un regard pouvait nous mettre sur une piste, il n'y avait pourtant rien pouvant m'aider dans celui du mâle. Pourquoi semblait-il aussi perdu que moi ? Comme agacé, il fit rouler la tête décapité de l'intrus avant de faire de même avec son corps. Les prochains arrivants seraient ainsi avertis sur quel genre de personne il avait à faire... Et pour moi-même, cela me rappelait à quel point Uhucha pouvait être un lion imprévisible et violent. Comment oublier cette fois où le lion m'avait montré les crocs... Bien qu'aucun coup n'avait été porté, ma fierté et surtout mes sentiments avaient été tout de même atteints. Encore sous le choc, je regardais le cadavre gisant plusieurs mètres plus loin.

Puis un contact me fit sursauter. Sans même détourner le regard du cadavre, je savais qu'il ne pouvait s'agir que d'Uhucha. Frottant sa tête contre la mienne, une partie de sa crinière vint me couvrir le visage, rendant ainsi impossible la vue du corps gisant. Était-ce là une façon silencieuse de me demander pardon ? Je l'ignorais. Peut-être même pensait-il son acte légitime. J'étais perdue et ne savait que penser. Devais-je lui en vouloir, n'avait-il pas fait cela pour me protéger ? Mais par cette protection excessive, je ne pouvais m'empêcher de relier Uhucha à Hasire. Je restais toujours silencieuse, ne sachant que dire sans pour autant rejeter mon compagnon.

« Partons d'ici. » dis-je subitement, me délogeant du contact de mon mâle tout en prenant d'ores et déjà la route.

Je n'avais pas envie d'avoir ce cadavre sous les yeux pendant ce moment d'intimité avec mon compagnon. Nulle lionne ne voudrait cela. Je profitais de cette marche pour évacuer le choc et reprendre le contrôle de mes émotions. Bien qu'il ne voyait pas d'intérêt à s'excuser, Uhucha n'avait pas agis de la sorte dans l'intention de me blesser. Bien au contraire il voulait me protéger. Sa méthode était tout simplement excessive et peut-être trop radicale mais... il n'avait jamais eu l'intention de blesser mes sentiments. Son regard porté sur cet intrus avait été celui d'un ennemi et il avait vu la nécessité d'éliminer le danger. Son enfance tumultueuse ainsi que sa vie de solitaire l'avait rendu agressif et terriblement méfiant et je pouvais comprendre cela. Ce jour-là dans les Montagnes humides, quand Uhucha et moi-même avions pris la décision de fonder quelque chose ensemble, je lui avais proposer mon aide ou du moins tenter de s'aider l'un l'autre or rejeter Uhucha après son geste n'était pas l'aider mais l'abandonner.

Subitement, je mis fin à ma marche silencieuse et m'immobilisa.

« Tu sais, je ne suis pas en colère. Disons que ça m'a surprise... » dis-je d'un ton calme tout en me retournant vers le mâle.

Et pour la première fois depuis qu'il avait décapité l'étranger, mon regard se planta dans celui d'Uhucha.

Dans un murmure presque inaudible, Uhucha me demanda de lui pardonner et je ne pouvais rester de marbre face à de telle parole venant de ce lion. Lui pourtant si froid, tyrannique et susceptible venait de mettre sa fierté de côté pour s'excuser. Cela pouvait semblait banal pour certains mais venant de lui, cela ne l'était pas. Qui de nous deux avait eu tort, notre relation devait-elle nécessairement être aussi conflictuelle ? Bien que muette, mon regard ne trahissait que trop facilement ces émotions qui me bouleversaient. Je n'aimais pas nous voir ainsi. Mes états d'âmes semblaient se refléter dans le regard du borgne ou bien était-ce de lui dont émanait ces sentiments chaotiques ? Un voile de honte parcourut l’œil attristé du borgne avant que celui-ci ne baisse la tête. Uhucha... était-il lui aussi autant bouleversé que moi je l'étais ? La culpabilité m'épris et je m'en voulais de m'être montrée si dure avec le mâle. N'avait-il pas agis par simple instinct de protection ? Alors que je m'avançais vers le lion, quelque chose d'humide vint stopper ma patte avant. Une larme ?

« Uhucha... » murmurais-je avant que ma voix ne se brise.

J'étais la cause de la tristesse du lion mais ne pouvais l'accepter aussi vins-je glisser mon cou sous le menton d'Uhucha et le fit se redresser avant de venir le câliner. Ma tête blottie contre la crinière beige du mâle, je pensais à quel point notre relation avait évolué. Si tout cela n'était partie que d'un simple jeu, cette situation était désormais bien réelle. J'avais demandé à Uhucha de m'aider car je le pensais, dans un premier temps, incapable de s'attacher à une lionne mais les événements d'aujourd'hui me prouvaient le contraire et j'avais désormais peur de blesser les sentiments du mâle tandis que je m'étais moi-même attaché à ce lion et ce, bien plus que ce que je n'avais voulu. Quand notre relation avait-elle évolué de la sorte sans qu'aucun de nous deux ne s'en rendent compte ? Nous avions été piégés par la liberté de notre propre jeu.

« Bien sûr que je te pardonne. » lui chuchotais-je à l'oreille tout en le serrant contre moi.

Je ne pensais que voir Uhucha dans un tel état me pincerait autant le cœur. Il m'était devenu précieux et c'était donc naturellement que je souhaitais le voir heureux et non pas le contraire. De plus, ses états d'âmes influençaient directement les miens. Nous étions liés.

« Merci de m'avoir protégé. » finis-je par dire d'un ton doux.

Car n'était-ce pas ce qu'il avait fait, me protéger d'un mâle un peu trop entreprenant ? Ce n'était pas un plaisir de tuer ou des pulsions meurtrières... cela n'avait été que dans le but de me protéger. Alors quand bien même cela pouvait paraître effrayant, je n'avais nulle raison d'avoir peur. Uhucha n'était pas mon agresseur mais mon protecteur. Le regard doux et bienveillant, je tentais de convaincre mon mâle que tout allait bien et espérais ainsi lui faire oublier son chagrin.

HORS RPG:

A quel moment ce jeu avait-il prit une telle tournure et quand l'amusement avait-il été remplacé par la véracité des sentiments ? Aucun de nous deux n'avait vu venir la chose et nous étions désormais pris au dépourvu par ces germes naissantes dans nos cœurs. Chaque jour, je découvrais de nouvelles bontés dans ce monstre présumé : l'habitude le voir m'avait accoutumée à ses balafres bien qu'elles ne m'avaient jamais effrayés et loin de redouté le moment de sa visite, je regardais souvent le ciel pour observer l'avancée du soleil car le mâle ne manquait jamais de venir à une heure précise. Oui, j'attendais toujours nos retrouvailles avec plaisir.

D'un chuchotement presque lointain, Uhucha me révéla que tout ce qu'il attendait de moi était de l'aimer et mon cœur manqua un battement. Aimer... pouvais-je me le permettre à nouveau ? J'avais tiré comme leçon du passé que l'amour était une chose dangereuse et j'avais peur d'être à nouveau piégée par lui. Peur de souffrir à nouveau... Toujours blottie contre le mâle, je me demandais si mon cœur accepterait de se libérer de ces murs qu'il avait battis tout autours de lui. Serait-il prêt à aimer à nouveau au risque de souffrir ? … mais la véritable question n'était-elle pas plutôt si moi j'étais prête à donner mon cœur une nouvelle fois ? Seule une peur tenace et foudroyante me retenait. Mais comment dire à Uhucha que j'avais déjà aimé avant lui mais que cet amour avait connu une fin si tragique qu'il me retenait aujourd'hui encore prisonnière des vestiges du passé ?

Bien des émotions pouvaient paralyser un lion : pour certains cette peur se tenait dans la solitude, pour d'autres dans l'idée d'une mort proche... et moi j'avais peur de l'amour. Cela pouvait presque sembler ridicule. Il y avait des lions plus monstres que Uhucha et j'aimais mieux cette figure balafrée que ceux qui, avec leur figure d'aspect si douce, cachaient un cœur faux, corrompu et ingrat.

« Je ferais de mon mieux. » murmurais-je en retour tout en enfouissant davantage mon museau dans sa crinière couleur crème.

Un jour peut-être lui dirais-je les raisons de cette peur... mais pas aujourd'hui. Non, aujourd'hui je voulais profiter de ce bonheur nouveau qui s'offrait à nous et en profiter pleinement jusqu'à en oublier le monde qui nous entourait et les temps songeurs à venir. Il y avait quelque chose qu'hier encore n'existait pas.


[HORS RPG; je te propose de clore là-dessus à moins que tu n'ai quelque chose à rajouter ? ]